Risque de défaut: JPMorgan a reçu un versement de Moscou
AFP et La Presse Canadienne|Publié le 17 mars 2022L'invasion de l'Ukraine par la Russie a entraîné une flambée des cours des matières premières, gaz, pétrole, cuivre, et aluminium, ainsi que de nombreux prix alimentaires, ce qui menace l'activité économique et la capacité de nombreux États à nourrir leur population. (Photo: Getty Images)
Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 16 mars 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici.
12h00 | New York — JPMorgan a bien reçu un versement de la Banque centrale russe destiné à payer une tranche d’intérêts liés à des obligations et l’a ensuite, avec l’accord des autorités américaines, transmis à Citigroup désormais en charge de distribuer l’argent aux détenteurs des obligations, a indiqué une source proche du dossier.
Ni JPMorgan ni Citigroup n’ont souhaité faire de commentaires sur cette opération.
11h25 | Moscow — Le chef de l’Agence spatiale russe (Roscosmos), Dmitri Rogozine, a dit jeudi regretter amèrement la suspension de la mission russo-européenne ExoMars, annoncée par l’Agence spatiale européenne (ESA) en lien avec l’offensive russe en Ukraine.
«Les Européens se retirent du projet ExoMars. C’est un évènement très amer pour tous les enthousiastes spatiaux», a écrit M. Rogozine sur Telegram, alors que la mission ExoMars prévoyait le lancement en septembre d’un rover de l’ESA à destination de la planète Mars, à l’aide d’un lanceur et d’un atterrisseur russes.
«C’est très regrettable», a-t-il souligné.
Dmitri Rogozine s’est toutefois voulu rassurant, en affirmant que la Russie pourrait effectuer toute seule cette mission, «dans quelques années».
«Oui, nous allons perdre quelques années (…), mais nous pourrons effectuer tous seuls cette mission de recherches depuis le nouveau site de lancement du cosmodrome de Vostotchny», a-t-il assuré.
L’ESA a acté la suspension de la mission russo-européenne ExoMars et la recherche d’alternatives pour le lancement de quatre autres missions, à la suite de l’arrêt de la coopération avec l’agence spatiale russe Roscosmos en raison du conflit en Ukraine, selon un communiqué publié jeudi à l’issue de son Conseil.
Initialement prévu en 2020, le lancement d’ExoMars avait été reporté à cause de la pandémie de Covid, à septembre 2022. Il est aujourd’hui plus que compromis à cause d’une fenêtre de tir vers la planète rouge qui ne s’ouvre que… tous les deux ans.
L’ASE suspend la mission ExoMars
10h16 | Paris — L’Agence spatiale européenne (ESA) a acté la suspension de la mission russo-européenne ExoMars et la recherche d’alternatives pour le lancement de quatre autres missions, à la suite de l’arrêt de la coopération avec l’agence spatiale russe Roscosmos en raison de la guerre en Ukraine, a-t-elle annoncé jeudi par communiqué à l’issue de son Conseil.
La mission ExoMars prévoyait le lancement en septembre d’un rover de l’ESA à destination de la planète Mars, à l’aide d’un lanceur et d’un atterrisseur russes. Le conseil de l’agence spatiale européenne a chargé son directeur de lancer une étude industrielle rapide pour relancer ExoMars et chercher des alternatives pour les autres missions.
Les lancements de nombreuses missions de l’ESA reposaient jusqu’ici sur l’utilisation du lanceur russe Soyouz depuis le port spatial européen de Kourou, en Guyane française.
Roscosmos a riposté aux sanctions européennes, imposées à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine, en suspendant ses lancements de Soyouz depuis Kourou et en en rappelant son équipe d’une petite centaine d’ingénieurs et techniciens.
Initialement prévu en 2020, le lancement d’ExoMars avait été reporté à cause de la pandémie de Covid, à septembre 2022. Il est aujourd’hui plus que compromis à cause d’une fenêtre de tir vers la planète rouge qui ne s’ouvre que… tous les deux ans.
Selon une chorégraphie millimétrée, le rover de l’ESA, Rosalind Franklin, devait être transporté par une fusée Soyouz depuis Baïkonour au Kazakhstan, et se poser sur le sol martien à l’aide de l’atterrisseur «Kazatchok», également russe.
Toutes les autres missions de l’ESA reposant sur l’utilisation du lanceur Soyouz sont elles aussi suspendues. Il s’agit notamment de deux satellites destinés à la constellation européenne de localisations Galileo, de la mission scientifique Euclid et de la mission européo-japonaise d’observation de la Terre EarthCARE.
OCDE: le coût de la guerre évalué à plus d’un point de croissance
8h39 | Paris — Pas encore remise de la pandémie, l’économie mondiale pourrait voir sa croissance amputée de plus d’un point et son inflation augmenter de 2,5 points sur un an si les effets de la guerre en Ukraine s’avéraient durables, avertit l’OCDE.
«Le monde semble sortir du choc de la pandémie de COVID-19, qui a duré deux ans, mais seulement pour être frappé par une guerre brutale et dévastatrice en Europe», a affirmé jeudi l’économiste en chef de l’institution Laurence Boone, au cours d’une conférence de presse.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a entraîné une flambée des cours des matières premières, gaz, pétrole, cuivre, et aluminium, ainsi que de nombreux prix alimentaires, ce qui menace l’activité économique et la capacité de nombreux États à nourrir leur population.
«Le rôle de la Russie et de l’Ukraine dans l’économie mondiale est faible», concède l’Organisation de coopération et de développement économique dans un rapport publié jeudi, chiffrant ce poids à 2% du PIB mondial, tout comme la part de ces deux États dans le commerce mondial.
Mais ces deux pays ont une influence «importante sur l’économie mondiale» au regard de leur poids dans de nombreuses matières premières : ils représentent 30% des exportations mondiales de blé, 20% pour le maïs, les engrais minéraux et le gaz naturel, et 11% pour le pétrole, estime l’institution qui rassemble l’ensemble des pays développés.
Ces prix renchérissent très fortement le coût de l’énergie pour les ménages, celui des consommations intermédiaires pour les entreprises, et des prix alimentaires tels que le pain, la semoule, l’huile ou le sucre.
Si la flambée des prix se poursuit sur une année après l’éclatement du conflit, alors la croissance mondiale pourrait se voir amputée de plus d’un point et l’inflation augmenter de 2,5 points supplémentaires, a-t-elle calculé.
Le Fonds monétaire international a pour sa part affirmé le 10 mars qu’il reverrait à la baisse ses prévisions de croissance mondiale le mois prochain.
Inflation record
L’inflation est déjà persistante depuis des mois dans la plupart des régions du monde : elle est au plus haut depuis quarante ans aux États-Unis, à 7,9% en février, et a pulvérisé en zone euro son record en février depuis que l’office européen des statistiques la mesure en 1997, à 5,8%.
La présidente de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde a affirmé jeudi que «la dynamique de l’inflation à moyen terme ne reviendra pas au schéma que nous avons connu avant la pandémie».
L’Europe sera la région la plus affectée par les conséquences économiques de l’invasion russe, anticipe l’OCDE, en raison de ses liens économiques et énergétiques étroits avec la Russie, particulièrement concernant les États ayant une frontière avec Moscou ou Kyiv: le choc pourrait se chiffrer à 1,4 point de croissance en moins pour la zone euro.
Parmi les réponses préconisées face à la crise, l’OCDE recommande une aide budgétaire «ciblée» aux secteurs les plus affectés par la flambée des prix, celle-ci pouvant être financée notamment par «l’imposition des gains exceptionnels dans certains pays».
Plusieurs États ont annoncé des mesures pour faire face à la hausse des prix: en France le gouvernement a présenté mercredi un «plan de résilience» visant les entreprises et les ménages.
Bien que le secrétaire général de l’OCDE Mathias Cormann a affirmé jeudi que les bouleversements économiques «devraient se poursuivre à l’avenir», l’OCDE estime que l’impact économique du conflit est «très incertain et dépendra de la durée de la guerre et des réponses des États».
Sur les denrées alimentaires, elle appelle les pays membres de l’organisation à augmenter leur production. Elle préconise aussi de s’abstenir de toute mesure protectionniste et de proposer un soutien multilatéral à la logistique.
La flambée des prix alimentaires représente un danger particulièrement grand sur la capacité à se nourrir dans de nombreuses régions du monde.
Exporté massivement par Moscou et Kyiv, le blé est la nourriture de base de très nombreux pays: un potentiel arrêt complet des exportations des deux capitales entraînerait «un risque accru de crises économiques dans certains pays, mais également des désastres humanitaires avec une forte augmentation de la pauvreté et de la faim», avertit l’institution.
La Turquie et l’Égypte importent plus de 70% de son blé des deux pays, et la Tunisie et Israël plus de 50%, selon les données fournies par l’OCDE.
À la page suivante, Zelensky appelle devant le Bundestag
Zelensky appelle devant le Bundestag allemand à abattre le nouveau «Mur» érigé en Europe
6h33 | Berlin — Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté jeudi l’Allemagne à abattre le nouveau «Mur» érigé en Europe contre la liberté depuis l’invasion russe de l’Ukraine, faisant un parallèle avec l’ancien Mur de Berlin.
«Cher Monsieur le chancelier (Olaf) Scholz, détruisez ce Mur, donnez à l’Allemagne le rôle de leader qu’elle mérite», a lancé le dirigeant ukrainien qui s’adressait par visioconférence à la chambre basse du parlement allemand.
Il a ainsi dressé un parallèle avec un discours historique du président américain Ronald Reagan, qui avait lancé en 1987 depuis la Porte de Brandebourg à Berlin au dirigeant de l’époque soviétique Mikhaïl Gorbatchev: «Détruisez ce Mur» («Tear down this wall»). Deux ans plus tard tombait le Mur de Berlin.
Le chancelier allemand a dans la foulée salué les «paroles percutantes» du président ukrainien, sans pour autant répondre directement aux demandes de M. Zelensky. «Nous le voyons bien: la Russie poursuit chaque jour sa guerre cruelle, avec des pertes terribles», a déploré sur Twitter le successeur d’Angela Merkel.
«Nous nous sentons tenus de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour donner une chance à la diplomatie et mettre fin à la guerre», conclut le chef du gouvernement allemand.
Comme la veille devant le Congrès américain, le président ukrainien a reçu une ovation debout du Bundestag, avant son intervention d’une dizaine de minutes.
M. Zelensky a déploré, depuis l’invasion russe, l’érection d’un nouveau «Mur» en Europe. «Ce n’est pas un Mur de Berlin, mais un Mur en Europe centrale entre la liberté et la servitude et ce Mur s’agrandit à chaque bombe» lancée sur une ville ukrainienne, a souligné le président ukrainien.
«Chaque année, les politiques répètent “plus jamais ça”. Et à présent, nous voyons que ces mots ne valent tout simplement rien. Un peuple est en train d’être détruit en Europe», a averti M. Zelensky, selon lequel 108 enfants ont été tués en Ukraine depuis le début de l’offensive. «Aidez-nous à arrêter cette guerre».
Le président ukrainien a regretté dans son discours les étroites relations économiques tissées ces dernières années entre Berlin et Moscou, en matière énergétique notamment.
Critiques contre Nord Stream II
«Cher peuple allemand, comment est-ce possible que, quand nous vous avons dit que Nord Stream 2 (un projet de gazoduc entre la Russie et l’Allemagne), c’est une sorte de préparation à la guerre, nous ayons entendu comme réponse “c’est purement économique, c’est l’économie, l’économie”?», a-t-il lancé.
Ces projets menés par l’Allemagne et la Russie, «c’était le ciment pour le nouveau Mur», a fustigé M. Zelensky.
«Pour certains, c’est de la politique, mais ce sont aussi des pierres, ce sont des pierres pour le nouveau Mur», a-t-il martelé.
L’Ukraine est opposée depuis le début au gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie et l’Allemagne, finalement suspendu quand Vladimir Poutine a reconnu l’autonomie des provinces prorusses ukrainiennes.
Le régime ukrainien exhorte aussi depuis de nombreuses semaines l’Allemagne à lui livrer des armes, ce que Berlin a finalement concédé après l’invasion russe lancée il y a tout juste trois semaines.
Mais le gouvernement d’Olaf Scholz continue de s’opposer à un boycottage de l’importation de gaz et de pétrole russes, que souhaiterait Kyiv.
Risque de défaut : Moscou dit avoir payé 117 M$ US d’intérêts
6h10 | Moscow — La Russie a assuré jeudi avoir payé une première tranche d’intérêts liés à des obligations, éloignant dans l’immédiat la possibilité d’un défaut de paiement, alors que ses avoirs à l’étranger sont gelés par des sanctions occidentales.
«L’ordre de paiement sur le versement d’intérêts d’obligations (…) d’une valeur totale de 117,2 millions de dollars américains (…) a été exécuté», a indiqué le ministère russe des Finances dans un communiqué.
Le ministère indique avoir envoyé ces fonds à une «banque étrangère» le 14 mars.
Quelques minutes plus tard, le gouvernement russe a précisé que le versement avait été effectué en $US, et non en roubles, alors que Moscou a menacé à plusieurs reprises de rembourser ses dettes étrangères en devise russe.
«La Russie a tous les moyens nécessaires et le potentiel pour éviter un défaut, et aucun défaut ne peut avoir lieu. Si un défaut se produit, il sera uniquement de nature artificielle», a commenté pour sa part le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors d’un point presse.
Moscou avait jusqu’au 16 mars pour verser ces 117 millions de $US, première échéance d’une série d’autres attendues en mars-avril.
En représailles à l’intervention militaire russe en Ukraine, la partie des réserves russes détenues à l’étranger, environ 300 milliards de $US, est gelée dans le cadre des sanctions occidentales.
Ces sanctions font craindre que Moscou ne soit plus en mesure de rembourser, et donc menacé d’un défaut de paiement.
Les sanctions occidentales ont paralysé une partie du système bancaire et financier du pays et provoqué un effondrement du rouble. Un défaut de paiement coupe un État des marchés financiers et compromet son retour pour des années.