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Russie: taux directeur maintenu à 20%

AFP et La Presse Canadienne|Mis à jour le 16 avril 2024

Russie: taux directeur maintenu à 20%

«La crise ukrainienne n'est pas quelque chose que nous souhaitions voir» arriver, a déclaré le président chinois Xi Jinping, selon des propos rapportés par la télévision chinoise. (Photo: 123RF)

Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 18 mars 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici.  

12h00 | Moscou — La patronne de la Banque centrale russe a indiqué vendredi que de nouvelles prévisions sur le PIB et l’inflation seraient rendues publiques «en avril», jugeant pour l’heure «extrêmement difficile» d’en faire du fait de l’effet des sanctions.

«Il est extrêmement difficile de donner des prévisions concrètes», a déclaré Elvira Nabioullina dans un discours consacré au maintien par la banque centrale de son taux directeur à 20%, trois semaines après le début de l’offensive russe en Ukraine qui a conduit la Russie à subir une foule de sanctions dévastatrices.

«L’inflation sera cette année et vraisemblablement l’année prochaine supérieure aux précédentes prévisions» s’est-elle bornée à pronostiquer. «Le PIB baissera lors du prochain trimestre», a-t-elle ajouté, indiquant qu’elle prévoyait de présenter de nouvelles prévisions «en avril».

Un peu plus tôt, la BCR avait annoncé dans un communiqué maintenir son taux directeur à 20% après l’avoir fortement relevé le 28 février.

«Fin février, nous avons augmenté le taux directeur en premier lieu pour faire face aux risques pesant sur la stabilité financière dans le contexte des nouvelles sanctions sans précédent» infligées à la Russie, a déclaré Elvira Nabioullina. 

«Quelle est la situation aujourd’hui: le système bancaire fonctionne sans défaillance, la situation des liquidités s’est stabilisée», a-t-elle exposé.

«Pendant un certain temps, l’inflation restera élevée, mais nous ne laisserons pas se développer une spirale inflationniste», a-t-elle assuré.

«L’accélération de l’inflation fin février début mars a été provoquée par une hausse de la demande, essentiellement dans le secteur non alimentaire », a expliqué Elvira Nabioullina. «Les gens ont acheté activement de l’électroménager, des voitures, des produits électroniques, des meubles, craignant que ces produits ne soient plus disponibles en raison des sanctions imposées». 

La cheffe de la banque centrale a observé également une hausse de la consommation de céréales, de farine, de pâtes et du sucre. «Nous avons suffisamment de stocks, la production de ces denrées se poursuit», a-t-elle assuré.

 

Le taux directeur est le principal outil de lutte contre l’inflation.

Le 28 février, quatre jours après l’entrée des troupes russes en Ukraine, la BCR a relevé son taux de 9,5% à 20% pour faire face aux sanctions économiques décrétées par les Occidentaux contre Moscou.

Elle a aussi imposé des mesures drastiques sur l’achat de devises pour freiner la chute du rouble et maintient la Bourse de Moscou fermée pour éviter de la voir s’écrouler. Mais la moitié de ses réserves, environ 300 milliards de dollars US, ont été gelées dans le cadre des sanctions. 

Elvira Nabioullina a indiqué que les échanges obligataires reprendraient lundi à la Bourse de Moscou, et que la Banque de Russie achèterait des obligations émises par l’État russe, afin de contrer la volatilité sur ce marché.

La prochaine réunion du conseil d’administration de la Banque centrale se tiendra le 29 avril.

 

 

10h45 | Pékin — La Chine et les États-Unis ont la responsabilité d’aider à la paix mondiale, a déclaré vendredi le président chinois Xi Jinping à son homologue américain Joe Biden, lors d’un entretien consacré à la guerre en Ukraine.

«La crise ukrainienne n’est pas quelque chose que nous souhaitions voir» arriver, a déclaré M. Xi, selon des propos rapportés par la télévision chinoise.

«En tant que membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et en tant que deux premières économies mondiales, il nous incombe non seulement de conduire les relations sino-américaines sur la bonne voie, mais aussi d’assumer nos responsabilités internationales et de travailler à la paix et la tranquillité dans le monde.»

Lors de cet entretien, le président américain devait appeler M. Xi à prendre ses distances avec le président russe Vladimir Poutine, dont les troupes ont envahi l’Ukraine le 24 février.

Depuis cette date, Pékin s’est gardé de condamner l’invasion russe et a mis la responsabilité du conflit sur le compte de l’OTAN.

Selon un bref compte-rendu diffusé par la chaîne publique CCTV, le président chinois a estimé que «les relations entre États ne peuvent aller jusqu’à la confrontation armée».

«Les conflits et les antagonismes ne sont dans l’intérêt de personne. La paix et la sécurité sont les biens que la communauté internationale doit avoir le plus à cœur», a-t-il déclaré à son homologue américain.

 

Biden veut que Xi choisisse son camp

9h38 | Washington — Que la Chine choisisse enfin son camp et se détourne de la Russie: c’est l’enjeu, considérable, de la conversation vendredi entre le président américain Joe Biden et son homologue chinois Xi Jinping.

L’échange entre les deux chefs d’État, le quatrième depuis que le démocrate de 79 ans est devenu président des États-Unis, a débuté à 9h03, heure du Québec, selon la Maison-Blanche.

Joe Biden le mène depuis la «Situation Room», cette pièce ultra-sécurisée de la Maison-Blanche d’où les États-Unis conduisent leurs opérations les plus risquées et leurs négociations les plus ardues.

Wendy Sherman, numéro deux de la diplomatie américaine, a exposé on ne peut plus clairement l’enjeu de la conversation, vendredi sur CNN: «Nous voulons que le Parti communiste chinois, qui est une puissance très importante sur la scène internationale (…) comprenne que son avenir est avec les États-Unis, avec l’Europe, avec d’autres pays développés et en développement. Leur avenir ce n’est pas de soutenir Vladimir Poutine.»

 

Avertissement

Des propos conciliants, mais qui font suite à un ton plus menaçant jeudi du chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.

«Nous sommes préoccupés par le fait qu’ils envisagent d’assister directement la Russie avec de l’équipement militaire qui serait utilisé en Ukraine. Le président Biden va parler au président Xi demain, et lui dira clairement que la Chine portera une responsabilité pour tout acte visant à soutenir l’agression russe, et que nous n’hésiterons pas à lui imposer des coûts», a déclaré le secrétaire d’État à la presse.

«Nous voyons avec préoccupation que la Chine réfléchit à apporter à la Russie une assistance militaire directe», a-t-il ajouté.

C’est l’avertissement le plus clair lancé par les États-Unis depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, eux qui avaient déjà reproché à la Chine son «alignement» avec la Russie.

Pour Joe Biden, les deux superpuissances sont certes vouées à se livrer une concurrence impitoyable sur le plan économique et stratégique, mais en maintenant un dialogue suffisant pour que cet affrontement ne soit pas facteur de chaos au niveau international.

Mais cette vision du président américain ne résisterait pas à un soutien ouvert de la Chine à la Russie, se manifestant par des livraisons d’armement, ou par des accords économiques et financiers donnant à Moscou les moyens de contourner en partie au moins les très sévères sanctions occidentales.

 

«Amitié sans limites»

Depuis le début de l’invasion russe le 24 février, le régime communiste chinois, soignant sa relation avec Moscou et partageant avec la Russie une profonde hostilité envers les États-Unis, s’est abstenu d’appeler le président russe Vladimir Poutine à retirer ses troupes d’Ukraine.

Mais l’«amitié sans limites» professée par Pékin et Moscou est mise à l’épreuve par la guerre, le régime du président Xi Jinping semblant avoir été surpris par la résistance ukrainienne et par la vigueur des sanctions étroitement coordonnées entre les États-Unis et leurs alliés, destinées à couper la Russie des échanges économiques et financiers mondiaux.

Xi Jinping «doit arbitrer entre diverses priorités. Il accorde beaucoup d’importance au partenariat avec la Russie, mais il ne veut pas saper les relations avec l’Occident», dont la Chine dépend «pour son accès à certaines technologies de pointe», a expliqué à l’AFP Ryan Hass, expert auprès de l’institut de recherche Brookings, et ancien conseiller du président Barack Obama pour la Chine.

«Les intérêts de la Chine et de la Russie ne sont pas alignés. Poutine veut dynamiter le système international alors que le président Xi se voit comme l’architecte d’un nouvel ordre international», analyse encore l’expert. 

 

La Russie taxe Google et YouTube d’activités «terroristes»

9h26 | Moscou — Le régulateur russe a taxé vendredi le géant américain Google et son service vidéo YouTube d’activités «terroristes», première étape vers un possible blocage du site comme l’ont été Twitter, Instagram et plusieurs médias ces dernières semaines.

Selon Roskomnadzor, le gendarme russe des télécoms, des utilisateurs de YouTube «diffusent des publicités avec des appels à mettre hors service les communications ferroviaires de la Russie et du Bélarus», pays allié de Moscou duquel est menée l’offensive sur le nord de l’Ukraine.

«Les activités de l’administration de YouTube sont de nature terroriste et menacent la vie et la santé des citoyens russes», a affirmé Roskomnadzor, cité par l’agence de presse Interfax.

Dénonçant la «position clairement antirusse» de Google, le gendarme russe a dit exiger que la société américaine «cesse de diffuser les vidéos anti-russes dans les plus brefs délais».

La Russie a déjà bloqué l’accès aux populaires réseaux sociaux Instagram, Facebook et Twitter et engagé des poursuites contre le groupe Meta, l’accusant de propager des «appels au meurtre» contre les Russes.

La Russie est un des pays les plus restrictifs en matière de liberté de la presse et d’expression, et la situation s’est encore détériorée ces dernières semaines avec le blocage de la plupart des médias indépendants qui subsistaient après le déclenchement de l’offensive contre l’Ukraine le 24 février.

 

À la page suivante, l’AIE a dévoilé vendredi des mesures pour réduire la consommation de pétrole

7h55 | Paris — Baisser la vitesse sur route, télétravailler, rendre les transports publics moins chers: l’AIE a dévoilé vendredi des mesures pour réduire rapidement la consommation de pétrole face au risque de «choc» causé par l’invasion russe en Ukraine.

L’ensemble de ces 10 mesures permettraient de réduire la consommation de pétrole de 2,7 millions de barils par jour en quatre mois, l’équivalent de la consommation de toutes les voitures en Chine, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Elle avait déjà présenté un plan pour réduire la dépendance au gaz russe et s’est désormais concentrée sur le pétrole, dont la Russie est le premier exportateur mondial et le second pour le brut, derrière l’Arabie saoudite.

«Conséquence de l’horrible agression de la Russie contre l’Ukraine, le monde est peut-être bien confronté à son plus gros choc de l’offre pétrolière depuis des décennies», a souligné le président exécutif de l’AIE, Fatih Birol, qui présentait son plan.

Une partie de la production russe ne sera en effet plus disponible pour les marchés internationaux, qu’elle soit frappée par des sanctions (comme celles des États-Unis) ou tout simplement boudée par des entreprises qui se détournent volontairement de la Russie.

Les pays développés membres de l’AIE, créée en 1974 après le choc pétrolier, ont déjà puisé dans leurs réserves stratégiques et l’institution a lancé un appel vendredi aux pays producteurs à faire plus pour alimenter le marché.

Fatih Birol a ainsi dit espérer que la prochaine réunion de l’OPEP+ (qui réunit les membres du cartel et leurs alliés, dont la Russie) à la fin du mois permettra de «soulager le marché» et a demandé aux pays producteurs de pétrole d’être «du bon côté».

 

«Agir sur la demande»

«Mais nous pouvons aussi agir sur la demande», a-t-il souligné, en dévoilant les mesures pour économiser du pétrole, concentrées sur le secteur des transports.

Il suggère de baisser d’au moins 10 km/h la vitesse autorisée sur autoroute, travailler de la maison jusqu’à trois jours par semaine si possible, ou encore d’organiser des dimanches sans voiture dans les villes.

Ces mesures n’ont pas seulement l’avantage d’améliorer la sécurité d’approvisionnement, mais aussi de réduire les émissions de gaz à effet de serre et la pollution de l’air, tout en réduisant les dépenses. 

Les cours du pétrole ont fortement augmenté à la suite de l’invasion de l’Ukraine, ce qui s’est traduit par une flambée des prix à la pompe et des mesures de soutien aux automobilistes et aux professionnels dans certains pays.

Le plan de l’AIE a en outre l’avantage de pouvoir être mis en œuvre rapidement, d’ici l’été. Car le pic de la demande, avec les grandes vacances en juillet et août dans l’hémisphère nord «approche», a souligné Fatih Birol.

Barbara Pompili, la ministre française de la Transition écologique, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE, a salué «des idées intéressantes qui sont pour certaines en ligne avec nos propres idées», sans reprendre spécifiquement les propositions énoncées.

A plus long terme, l’Europe souhaite rompre avec sa dépendance énergétique envers la Russie. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a indiqué qu’elle proposerait l’objectif d’une indépendance de l’UE envers les énergies fossiles russes d’ici à 2027.

 

Le Royaume-Uni retire sa licence de diffusion à la chaîne russe RT

6h38 | Londres — Le régulateur britannique des médias a retiré vendredi la licence de diffusion de la chaîne d’État russe en anglais RT au Royaume-Uni, estimant qu’il n’était plus «adapté ni approprié» de la diffuser dans le pays après l’invasion de l’Ukraine.

La diffusion de RT au Royaume-Uni avait déjà été interrompue début mars après l’arrêt de la livraison du service satellite à tous les fournisseurs à la suite de sanctions imposées à la Russie par l’Union européenne.

«L’Ofcom a révoqué aujourd’hui la licence de diffusion de RT au Royaume-Uni, avec effet immédiat», a indiqué dans un communiqué le régulateur, qui avait ouvert 29 enquêtes à l’encontre de la chaîne pour manque d’impartialité dans sa couverture de l’invasion russe de l’Ukraine. 

«RT est financée par l’État russe, qui a récemment envahi un pays voisin souverain», a poursuivi l’Ofcom, qui note également qu’une «nouvelle législation en Russie criminalise tout journalisme indépendant qui se détache du discours des médias d’État russes».

«Dans ces conditions, il apparaît impossible pour RT de se conformer aux règles d’impartialité de notre code de diffusion», conclut le régulateur.

«La liberté d’expression est quelque chose que nous défendons bec et ongles dans ce pays», a indiqué la directrice de l’Ofcom, Melanie Dawes, dans le communiqué. «Nous avons conclu que RT n’était plus adaptée ni appropriée pour recevoir une licence au Royaume-Uni».

La rédactrice en chef adjointe de RT, Anna Belkina, a contesté cette décision, estimant qu’«en dépit d’une indépendance de façade bien ficelée, (l’Ofcom) n’est rien d’autre qu’un outil du gouvernement dans sa volonté de suppression des médias».

Elle a dénoncé «des raisons purement politiques liées directement à la situation en Ukraine», qui privent «les Britanniques d’accès à l’information». 

La décision du régulateur fait craindre une mesure de la part de Moscou, qui a déjà bloqué mercredi en Russie le site du groupe audiovisuel britannique BBC et a promis d’autres répliques dans ce qu’elle qualifie de «guerre de l’information».

Le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, a dénoncé une «folie antirusse» et «un pas de plus dans la lignée de restrictions grossières à la liberté d’expression, en violation de toutes les lois sur le libre travail des médias, y compris des lois européennes». 

Début mars, RT avait été interdite de diffusion dans l’Union européenne, accusée d’être un instrument de «désinformation» de Moscou dans sa guerre, et enregistrée comme «agent de l’étranger» aux États-Unis.

En 2019, la chaîne avait déjà été épinglée par l’Ofcom et condamnée à 200 000 livres d’amendes (238 000 euros au cours actuel) pour son manque d’«impartialité» dans le traitement de l’empoisonnement d’un ex-agent double russe au Royaume-Uni et dans celui de la guerre en Syrie.

Mise en service en 2005 sous le nom de «Russia Today», RT s’est développée avec des diffuseurs et des sites web en plusieurs langues, notamment en anglais, français, espagnol, allemand et arabe.