Justin Trudeau a dit comprendre que les mesures punitives du Canada ont «évidemment un coût», puisque «c’est comme ça que le commerce international fonctionne». (Photo: La Presse Canadienne)
Ottawa — Le premier ministre Justin Trudeau n’écarte pas la possibilité de compenser les entreprises canadiennes qui souffriraient des sanctions imposées à la Russie.
«Oui, il va y avoir des industries ou des gens qui vont être affectés, on va voir ce qu’on peut faire pour compenser», a-t-il déclaré mercredi matin lors d’une brève mêlée de presse à l’entrée du caucus libéral.
M. Trudeau a dit comprendre que les mesures punitives du Canada ont «évidemment un coût», puisque «c’est comme ça que le commerce international fonctionne».
Selon le premier ministre, ces sanctions feront «beaucoup plus mal à la Russie» et, espère-t-il, convaincront le président russe Vladimir Poutine de reculer.
Quelques minutes plus tard, le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a estimé que «l’impact sera probablement très modéré pour le Canada».
Les échanges commerciaux avec la Russie représentent «moins de 1%» des importations et exportations canadiennes, a-t-il noté, admettant cependant qu’un impact est cependant à prévoir sur les prix de l’énergie, du blé et de denrées alimentaires.
Le prix de l’essence est basé sur le prix mondial, a-t-il expliqué.
Le Nouveau Parti démocratique a indiqué qu’il encouragera l’octroi d’aide aux entreprises touchées par les conséquences des sanctions contre la Russie.
Production pétrolière canadienne
Des discussions sont en cours avec plusieurs entreprises canadiennes pour savoir si elles peuvent ajuster leur production de façon à «équilibrer certaines pénuries» potentielles, a indiqué le ministre Champagne.
Le Bloc québécois s’oppose vigoureusement à l’idée que le Canada augmente sa production énergétique pour approvisionner l’Europe.
«C’est du gros n’importe quoi, a lancé mercredi le chef bloquiste Yves-François Blanchet. À peine les bottines russes claquaient-elles dans les rues de Kyiv que les conservateurs utilisaient ça comme prétexte pour vouloir relancer le commerce du pétrole de l’Ouest.»
C’est un «faux argument», à son avis, puisque les infrastructures nécessaires prendraient «entre cinq et dix ans» à construire et que la guerre en Ukraine serait alors terminée depuis belle lurette.
La semaine dernière, le premier ministre albertain, Jason Kenney, a écrit sur Twitter que «le choix est clair: le pétrole de l’Alberta est meilleur que le pétrole du dictateur».
Les conservateurs ont renchéri aux Communes en début de semaine en affirmant que le Canada devrait approvisionner le monde en énergie afin de protéger «la souveraineté, la paix et la sécurité» à l’échelle mondiale.
M. Blanchet a dit craindre que cela serve à «forcer inutilement» le passage de l’oléoduc Énergie Est à travers le Québec, un controversé projet qui a été abandonné par TransCanada et qui visait à acheminer quotidiennement plus d’un million de barils de pétrole bitumineux de l’Alberta vers des raffineries de l’est du pays.
Selon le Bloc québécois, la véritable solution à la sécurité énergétique de l’Europe est la transition vers une économie qui sera moins tributaire du pétrole.
Le premier ministre Trudeau a déclaré mercredi à la Chambre des communes que le Canada sera «là pour appuyer nos amis en Europe, nos amis en Ukraine avec tous les différents moyens dont on dispose».
«On sait très bien que l’avenir de notre planète compte sur une décarbonisation, et de moins dépendre sur les combustibles fossiles, mais on sait très bien qu’en ce moment, l’Europe a besoin d’aide», a-t-il ajouté.
M. Blanchet a reproché à M. Trudeau de sembler «faire un conservateur de lui» en acceptant «le prétexte» de la guerre en Ukraine pour soutenir le pétrole de l’Ouest.
Le NPD dit également croire que la guerre en Ukraine a démontré l’importance d’investir dans les énergies renouvelables.
Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh estime cependant que «s’il y a un besoin, s’il y a des demandes des pays qui sont dans une position de crise à cause d’un manque de ressources pour l’énergie, pour leur pays, on doit penser à comment on peut aider».