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Sanctions: Washington vise la Douma et les industries de défense

AFP et La Presse Canadienne|24 mars 2022

Sanctions: Washington vise la Douma et les industries de défense

Washington va continuer de cibler les entreprises qui fournissent des équipements de défense de la Russie ainsi que leurs propres fournisseurs. (Photo: 123RF)

Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 24 mars 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici.  

10h55 | Bruxelles — Washington a annoncé jeudi de nouvelles sanctions financières contre la Russie, visant le monde politique, des oligarques et l’industrie de défense, en réponse à l’invasion de l’Ukraine, et renforce la coordination avec ses alliés occidentaux pour empêcher la Russie d’utiliser ses réserves d’or.

Ces mesures, qui impliquent en particulier un gel des avoirs aux États-Unis, concernent 328 députés de la Douma et l’institution elle-même ainsi que 48 «grandes entreprises publiques» du secteur de la défense, selon un communiqué de la Maison-Blanche.

Les sanctions visent ainsi notamment Tactical Missiles Corporation JSC (KTRV), un conglomérat de défense russe appartenant à l’État et dont l’armement est actuellement déployé en Russie, a indiqué le Trésor dans un communiqué séparé. 

«KTRV produit du matériel de défense russe, y compris des armes aéroportées et des systèmes d’armes pour la marine russe», a-t-il précisé.

Les dirigeants des pays du G7 et de l’Union européenne veulent également continuer à empêcher la banque centrale russe d’utiliser les réserves internationales, y compris en or, afin de bloquer le financement de la guerre. 

«En coupant des dizaines d’entreprises de défense russes du système financier américain, l’action d’aujourd’hui aura un effet profond et durable sur l’industrie de défense russe», a indiqué le secrétaire d’État américain Antony Blinken, dans un communiqué.

Il a assuré que Washington continuerait de cibler les entreprises qui fournissent des équipements de défense de la Russie, ainsi que leurs propres fournisseurs.

La Douma «continue de soutenir l’invasion de Poutine, d’étouffer la libre circulation de l’information et de porter atteinte aux droits fondamentaux des citoyens russes», a déclaré la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen.

Parmi les personnalités, figure Guerman Gref, patron de la première banque russe Sberbank et «conseiller de Poutine depuis les années 1990», selon la Maison-Blanche.

Le milliardaire Gennady Timchenko, ses entreprises Volga Group et Transoil, ainsi que les membres de sa famille, sont aussi concernés, et son yacht, le Lena, est bloqué.

Sont également sanctionnés 17 membres du conseil d’administration de la banque Sovcombank.

L’oligarque Roman Abramovitch ne figure en revanche pas dans cette nouvelle liste. 

Le propriétaire du club de foot de Chelsea est visé par des sanctions de l’Union européenne et du Royaume-Uni. Mais le président ukrainien Volodymyr Zelensky aurait demandé à Joe Biden de ne pas le sanctionner, selon le Wall Street Journal mercredi, estimant qu’il pourrait jouer un rôle dans les négociations de paix entre l’Ukraine et la Russie.

Les Occidentaux ont par ailleurs annoncé un renforcement de leur action pour empêcher les cibles des sanctions d’y échapper. 

Le gouvernement britannique avait, un peu plus tôt, annoncé une nouvelle salve de sanctions.

Les États-Unis ont déjà rallongé à plusieurs reprises la liste de personnalités russes dont ils gèlent les avoirs et auxquelles ils interdisent toute activité financière ou économique impliquant des individus ou entreprises américaines, voire, dans certains cas, l’entrée sur le territoire américain.

Y figure déjà, entre autres, le président russe Vladimir Poutine lui-même.

 

Expulsion de diplomates: Moscou accuse Varsovie d’une «escalade»

9h03 | Moscou — La Russie a accusé jeudi la Pologne d’une «escalade dangereuse dans la région», après l’expulsion par Varsovie de 45 diplomates russes accusés d’espionnage.

«Varsovie a procédé à une escalade dangereuse dans la région, guidée non pas par ses intérêts nationaux, mais par les principes de l’OTAN fondés sur une russophobie ouverte élevée au rang de politique officielle», a dénoncé le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.

Il a promis une réponse «qui fera réfléchir les provocateurs polonais et se faire sentir».

Le ministre polonais de l’Intérieur Mariusz Kaminski a annoncé mercredi que la Pologne expulsait «45 espions russes se faisant passer pour des diplomates», dans le contexte de l’offensive russe en Ukraine menée depuis un mois.

Cette décision est «une mesure à dessein en vue de la destruction définitive des relations» russo-polonaises, a accusé le ministère russe des Affaires étrangères.

Les expulsions annoncées par la Pologne suivent de près des mesures similaires prises vendredi dernier par les trois pays baltes et la Bulgarie.

La Lituanie, la Lettonie et l’Estonie ont déclaré au total 10 diplomates russes personæ non gratæ, «en solidarité avec l’Ukraine», tandis que la Bulgarie a expulsé le même nombre de membres de l’ambassade russe.

 

La Finlande va envoyer de l’aide militaire supplémentaire à l’Ukraine

8h53 | Helsinki — La Finlande va envoyer du matériel militaire supplémentaire à l’Ukraine, a annoncé jeudi le pays nordique, trois semaines après une première cargaison d’armes.

Pour des «raisons de sécurité», le détail de cette nouvelle livraison ne sera pas rendu public, a expliqué à l’AFP Miikka Pynnonen, un conseiller du ministère de la Défense.

Le 28 février, la Finlande avait annoncé l’envoi de 1 500 armes antichars, de 2 500 fusils d’assaut et de munitions pour soutenir l’Ukraine face à l’invasion russe, rompant avec sa doctrine de ne pas livrer d’armes à des zones de guerre.

Le pays, riverain de la Russie, s’interroge actuellement sur une éventuelle candidature d’adhésion à l’OTAN du fait de la menace russe, même si Helsinki a écarté une demande dans l’immédiat.

Plusieurs pays dont le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Suède ont annoncé cette semaine de nouvelles livraisons d’armes à l’Ukraine après des appels du président ukrainien Volodymyr Zelensky à accroître l’aide militaire.

 

À la page suivante, l’Occident envisage pour l’Ukraine des missiles antinavires

L’Occident envisage pour l’Ukraine des missiles antinavires

8h49 | Bruxelles — Les États unis «ont entamé des consultations (avec leurs alliés) pour fournir des missiles antinavires à l’Ukraine», a indiqué jeudi une haute responsable américaine, soulignant toutefois que ce scénario présentait des «défis techniques».

Elle a par ailleurs affirmé que lors du sommet de l’OTAN à Bruxelles, «l’humeur générale était grave, résolue et incroyablement unie».

La même source, qui a requis l’anonymat, a dit pendant un échange avec la presse que «beaucoup» de dirigeants de l’alliance militaire internationale avaient estimé que «la Chine (devait) prendre ses responsabilités dans la communauté internationale» et qu’il fallait «continuer à demander à la Chine de ne pas soutenir la Russie dans son agression.»

La haute responsable de la Maison-Blanche a précisé que le résident ukrainien, dans un message vidéo aux dirigeants de l’OTAN jeudi, n’avait pas répété sa demande d’une zone d’interdiction de survol de l’Ukraine.

Le président américain Joe Biden a plusieurs fois rejeté cette demande, qui impliquerait potentiellement d’abattre des avions russes, estimant que le risque de confrontation directe avec la Russie serait trop important. 

La haute responsable américaine a par ailleurs indiqué que le potentiel usage par la Russie d’armes chimiques, bactériologiques ou nucléaires avait été évoqué lors des débats jeudi.

Elle a fait valoir que «les États-Unis prenaient déjà des mesures aussi bien sur le plan national qu’à travers l’OTAN pour renforcer (…) l’aptitude de nos forces de défense à répondre à des incidents chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires».

 

La Pologne refuse de payer en roubles le gaz russe

8h37 | Varsovie — Le groupe gazier polonais PGNiG a annoncé jeudi qu’il continuerait à régler ses achats de gaz russe conformément au contrat en cours et refuserait les paiements en roubles réclamés par Moscou.

L’Allemagne — pour qui un tel changement représente une «rupture de contrat» — et l’Autriche ont déjà rejeté cette demande formulée mercredi par le président russe Vladimir Poutine.  

«On ne voit pas trop une telle possibilité», a dit le président du groupe polonais Pawel Majewski, interrogé sur l’exigence de Moscou.

«Le contrat, dont je ne peux révéler les détails, fixe le mode de paiement. Il n’est pas prévu qu’une partie puisse le modifier selon son bon vouloir», a-t-il déclaré, selon l’agence PAP. 

«Nous remplirons ce contrat conformément à nos engagements», a-t-il conclu.

Le contrat en cours, dit «contrat Yamal», expire à la fin de l’année. La Pologne compte se dégager bientôt complètement de sa dépendance du gaz russe grâce notamment au gazoduc Baltic Pipe qui l’approvisionnera en gaz norvégien via le Danemark, et à son terminal gazier du port de Swinoujscie recevant du gaz naturel liquéfié acheminé par bateau.

 

Le président ukrainien demande à l’OTAN «une aide militaire sans restriction» 

7h37 | Bruxelles — Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé jeudi aux pays de l’OTAN de fournir «une aide militaire sans restriction» à son pays, pour qu’il puisse faire face à l’armée russe que Kyiv affronte pour l’instant «dans des conditions inégales».

«Pour sauver les gens et nos villes, l’Ukraine a besoin d’une assistance militaire sans restriction. De même que la Russie utilise, sans restriction, tout son arsenal contre nous», a déclaré M. Zelensky dans un message vidéo publié sur son compte Telegram à l’attention des chefs d’État et de gouvernement de l’Alliance atlantique, réunis en sommet extraordinaire à Bruxelles.

«L’armée ukrainienne résiste depuis un mois dans des conditions inégales! Je répète la même chose depuis un mois maintenant», a-t-il souligné. 

Il a renouvelé notamment ses demandes d’avions de chasse et de chars, notamment pour «débloquer» Marioupol, Berdiansk ou Melitopol, des villes du sud de l’Ukraine assiégées ou occupées par l’armée russe.  

«Vous avez des milliers d’avions de chasse. Mais on ne nous en a pas encore donnés», a-t-il lancé. 

«Vous avez au moins 20 000 chars (…) L’Ukraine a demandé un pour cent de tous vos chars! Donnez-les-nous ou vendez-les-nous! Mais nous n’avons toujours pas de réponse claire».

Le président ukrainien a par ailleurs accusé la Russie d’utiliser des bombes au phosphore sur des cibles ukrainiennes. 

«Ce matin (…) il y a eu des bombes russes au phosphore. Des adultes ont été tués et des enfants ont été tués à nouveau», a affirmé M. Zelensky, relayant des accusations émises jeudi par le gouverneur de la région de Lougansk (est) après des bombardements sur la localité de Roubijné. 

Un autre responsable local de Lougansk avait déjà accusé le 13 mars les forces russes d’utiliser des bombes au phosphore. Et un responsable d’Irpin, à la périphérie nord-ouest de Kyiv, avait relayé mercredi sur les réseaux sociaux des accusations similaires concernant sa ville.

 

Sans l’Ukraine, les voisins de la Russie «en danger», dit Zelensky à la Suède

7h20 | Stockholm — Sans le combat mené par l’Ukraine face à l’invasion russe, tous les voisins de la Russie seront en danger, a mis en garde jeudi le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans un discours devant le Parlement suédois.

«Si l’Ukraine ne résistait et ne se défendait pas (…), cela signifierait que tous les voisins de la Russie seraient en danger à partir de maintenant», a affirmé le dirigeant ukrainien dans un discours par visioconférence.

«Cela signifierait que vous êtes en danger, car seule la mer vous sépare de cette politique agressive» de la Russie, a-t-il mis en garde.

Volodymyr Zelensky a cité des émissions de télévision en Russie où des experts parlent ouvertement d’une attaque sur le Gotland, une île suédoise à la situation stratégique au milieu de la mer Baltique.

«La Russie est entrée en guerre avec l’Ukraine, car elle veut aller plus loin en Europe, ils veulent détruire la liberté en Europe», a affirmé le président ukrainien.

Il a également appelé à prendre des nouvelles sanctions chaque semaine contre la Russie.

«Pour que la paix vienne plus vite, les trains de sanctions doivent être approuvés sur une base hebdomadaire», a-t-il demandé. 

«Aucun baril de pétrole russe, aucun bateau russe dans vos ports (…) leur machine de guerre doit être coupée de ses moyens de subsistance», a enjoint le leader ukrainien.

M. Zelensky a remercié la Suède pour son soutien, alors que le pays scandinave a rompu pour la première fois depuis 1939 avec sa doctrine de ne pas livrer d’armes à un pays en guerre.

Évoquant les couleurs identiques des drapeaux des deux pays, son discours a été salué par deux ovations debout, avant et après son intervention.

Non-membre de l’OTAN et officiellement non alignée, la Suède a annoncé jeudi une deuxième livraison de 5 000 armes antichar à l’Ukraine.

L’invasion russe s’est traduite par un bond historique dans l’opinion suédoise en faveur de l’adhésion à l’OTAN, même si la première ministre Magdalena Andersson a, pour l’heure, fermé la porte à une candidature.