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Sans gaz russe, la situation serait difficile pour la Suisse

AFP et La Presse Canadienne|Publié le 03 mai 2022

Sans gaz russe, la situation serait difficile pour la Suisse

En Suisse, les importations de gaz dépendent du privé, qui s'approvisionne sur les marchés européens. (Photo: 123RF)

Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 27 avril 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici.     

10h06 | Zurich — Sans gaz russe, la situation serait «difficile» pour la Suisse, a averti son ministre de l’Économie, qui a mis en avant la nécessité de développer des énergies alternatives pour réduire la dépendance énergétique en hiver.

«La Suisse est totalement dépendante des importations de pétrole et de gaz», a reconnu Guy Parmelin lors d’une émission lundi soir de la SRF, la radio télévision suisse alémanique.

Le ministre était interrogé sur les conséquences d’une perturbation des approvisionnements pour le pays alpin à la suite de la récente décision de Moscou de suspendre les livraisons de gaz à la Pologne et la Bulgarie.

M. Parmelin a souligné que l’État ne pouvait pas intervenir: en Suisse, les importations de gaz dépendent du privé, qui s’approvisionne sur les marchés européens.

En cas de rupture, le pays dispose cependant de réserves obligatoires qui pourraient minimiser l’impact, a-t-il nuancé.

Selon l’Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays, la Suisse fait en outre partie des États européens où la consommation de gaz naturel est la plus basse.

Il représente environ 15% des besoins énergétiques, et est utilisé surtout pour le chauffage et la cuisine dans le cadre domestique. Il concerne environ 300 000 ménages qui se chauffent au gaz, a précisé cet office fédéral dans un courriel à l’AFP, mais est également utilisé dans l’industrie et l’artisanat.

La Russie n’en reste pas moins le principal fournisseur, même si la Suisse ne s’y approvisionne pas directement. Les importations se font par le biais des marchés européens à travers des contrats à long terme, complétés par des achats sur le marché au comptant.

En 2021, 43% du gaz acheté venait de Russie, devant la Norvège (22%), l’Union européenne (19%) et l’Algérie (3%), les 13% restants se répartissant entre divers pays.

«Cela fait longtemps que nous voulons minimiser cette dépendance, par exemple avec des énergies alternatives», a expliqué le ministre de l’Économie, qui a cité l’énergie solaire. «Mais cela prend du temps».

En cas de perturbations des approvisionnements en gaz, il a notamment suggéré de demander aux ménages de baisser d’un à deux degrés la température en hiver. Un degré de moins permettrait de réduire «de 5 à 7%» la consommation de gaz, selon lui.

 

Russie: L’UE prépare un embargo pétrolier avec des dérogations

9h30 | Bruxelles — Un projet d’embargo sur le pétrole et les produits pétroliers achetés à la Russie va être soumis mardi aux pays membres de l’UE, mais la mesure suscite encore des réserves, ont indiqué à l’AFP plusieurs responsables et diplomates européens.

La Commission européenne a finalisé sa proposition pour un sixième paquet de sanctions contre Moscou pour tarir le financement de son effort de guerre contre l’Ukraine. Elle prévoit un arrêt progressif des achats européens sur une période de six à huit mois jusqu’à fin 2022, avec une exemption pour la Hongrie et la Slovaquie, deux pays enclavés et totalement dépendants des livraisons par l’oléoduc Droujba, qui pourront continuer leurs achats à la Russie en 2023, a précisé un responsable européen.

«L’ensemble du processus de remplacement prendra plusieurs années, je vais donc insister sur cette exemption», a déclaré lundi le ministre slovaque de l’Économie, Richard Sulik, au quotidien TASR.

Cette dérogation pose problème, car la Bulgarie et la République tchèque veulent également en bénéficier, ont expliqué des diplomates informés des discussions menées par la Commission.

«Il y a des pays qui ne pourront le supporter», dont la Bulgarie qui dépend quasiment 100% du pétrole russe, a averti dimanche à la télévision le premier ministre Kiril Petkov.

«Il faut éviter l’effet contamination, tout le monde va vouloir des exemptions. Il va falloir trouver les bonnes solutions», a confié un responsable européen.  

Les commissaires doivent adopter la proposition mardi lors de leur réunion organisée à Strasbourg, en marge de la session plénière du Parlement. Elle sera ensuite communiquée aux ambassadeurs des États membres qui vont commencer à l’étudier.

Aucune communication de la Commission n’est prévue avant l’intervention de la présidente Ursula von der Leyen mercredi devant les députés européens, ont indiqué plusieurs sources.

«Je ne sais pas si l’adoption de la proposition sera possible d’ici au week-end», a confié lundi le ministre allemand de l’Énergie Robert Habeck à l’issue d’une réunion avec ses homologues à Bruxelles.

«L’unanimité est nécessaire, rien n’est garanti. Chaque nouveau paquet de sanctions contre la Russie est plus difficile à adopter, car il impose des choix politiques à chaque État membre», a expliqué le responsable européen.

 

Taxe sur les tankers

«Nous ne voterons pas pour des sanctions qui rendraient impossible l’approvisionnement de la Hongrie en pétrole ou en gaz», a prévenu mardi le ministre des Finances hongrois Peter Szijjarto.  

«Il ne s’agit pas d’une décision politique (…) c’est une véritable question d’approvisionnement pour nous, car il est actuellement impossible de faire fonctionner la Hongrie et son économie sans le pétrole russe», a-t-il justifié.

Selon le porte-parole du gouvernement hongrois, Zoltan Kovacs, 65% du pétrole et 85% du gaz utilisés par la Hongrie proviennent de Russie.

«L’idéal serait que tout le monde fasse la même chose au même moment, mais si deux pays ont besoin de plus de temps pour cesser leurs achats, ce n’est pas si grave», a estimé un diplomate européen.

La Russie exporte deux tiers de son pétrole dans l’UE. En 2021, elle a fourni 30% du brut et 15% des produits pétroliers achetés par l’UE et la facture s’est chiffrée à 80 milliards de dollars, a indiqué le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Outre l’embargo progressif, les Vingt-Sept examinent également des mesures immédiates comme une taxe sur le transport par tankers, selon le responsable européen.

Ce nouveau paquet de sanctions prévoit également l’exclusion d’autres banques russes du système interbancaire Swift, a déclaré lundi Josep Borrell. Sept établissements russes ont déjà été bannis de Swift par l’UE.

La plus importante banque russe, la Sberbank, qui représente 37% du marché, en fera partie, selon plusieurs sources diplomatiques.

 

Boris Johnson promet plus d’aide militaire à l’Ukraine devant les élus du pays

9h16 | Londres — Le Royaume-Uni va augmenter son aide militaire à l’Ukraine, face à l’invasion russe, avec des radars et des drones, et continuer afin que plus personne «n’ose attaquer» le pays, a promis mardi le premier ministre Boris Johnson au Parlement ukrainien.

«Nous allons continuer à aider l’Ukraine (…) en armes, financement et aide humanitaire, jusqu’à atteindre notre objectif à long terme qui doit être de renforcer l’Ukraine de manière à ce que personne n’ose plus jamais vous attaquer», a assuré le dirigeant conservateur, dans ce discours prononcé par visioconférence depuis Londres.

Ce nouveau plan de 300 millions de livres (environ 355 millions d’euros) inclut «des radars pour localiser l’artillerie qui bombarde vos villes, des drones de transport lourd pour approvisionner vos forces, et des milliers d’appareils de vision nocturne», a-t-il précisé.

Londres avait déjà débloqué 450 millions de livres d’aide militaire à Kyiv, fournissant notamment des milliers de missiles antichars légers et promis récemment des véhicules blindés pour les évacuations, des missiles antinavires et des systèmes de défense antiaérienne.

Dans un communiqué, le ministère britannique des Affaires étrangères a indiqué que 13 véhicules blindés seraient livrés «dans les prochains jours» à l’Ukraine, à la demande du gouvernement ukrainien, pour évacuer des civils des zones de front dans l’est du pays, et transporter des responsables civils. 

Dans son discours, Boris Johnson a reconnu que les Occidentaux avaient été «trop lents à saisir ce qu’il se passait» et à sanctionner Moscou: «Nous ne pouvons pas répéter cette erreur».

Le dirigeant, qui s’est rendu en avril dans la capitale ukrainienne, a salué la résistance des Ukrainiens, qui ont repoussé les forces russes «des portes de Kyiv» et «non seulement accomplis le plus grand fait d’armes du 21e siècle», mais aussi «révélé la folie historique de (Vladimir) Poutine».

«Vous avez détruit le mythe de l’invincibilité de Poutine et vous avez écrit un des chapitres les plus glorieux de l’histoire militaire et de la vie de votre pays», a-t-il souligné. «C’est l’heure de gloire de l’Ukraine, dont on se souviendra et qu’on racontera pendant des générations.»Sur le front diplomatique, le Royaume-Uni a prévu de rouvrir son ambassade à Kyiv, mais le gouvernement britannique n’a pas fourni de date.