Six secteurs favorisés par une présidence Trump ou Harris
François Normand|Mis à jour le 25 octobre 2024Bien entendu, la composition du Congrès américain exercera une influence sur la marge de manœuvre du prochain locataire de la Maison-Blanche pour déployer son programme économique. (Photo: Getty Images)
ANALYSE GÉOPOLITIQUE. Les entreprises québécoises déjà actives aux États-Unis ou qui s’intéressent à ce marché ont intérêt à suivre de près la course à la Maison-Blanche. Plusieurs secteurs de l’économie américaine seront favorisés en fonction de qui, entre Donald Trump et Kamala Harris, dirigera les États-Unis à compter de 2025, selon plusieurs analyses.
Bien entendu, la composition du Congrès américain — le Sénat et la Chambre des représentants — exercera une influence sur la marge de manœuvre du prochain ou de la prochaine locataire de la Maison-Blanche pour déployer son programme économique.
Si les deux chambres du Congrès sont républicaines, Donald Trump aura les coudées franches pour au moins deux ans, et ce, jusqu’aux élections de mi-mandat à l’automne 2026. C’est la même logique pour Kamala Harris: un congrès démocrate lui permettra de favoriser davantage certains secteurs.
Actuellement, les démocrates contrôlent le Sénat, tandis que les républicains ont la majorité des sièges à la Chambre des représentants.
Mentionnons que notre analyse exclut les effets des tarifs douaniers de 10% (voire 20%) que Donald Trump compte imposer sur tous les produits importés aux États-Unis, incluant ceux en provenance du Canada, ce qui réduirait les ventes de plusieurs entreprises sur le marché américain.
Tout comme notre analyse exclut les mesures proposées par Kamala Harris qui pourraient cibler potentiellement les entreprises canadiennes, car elle veut augmenter la proportion de biens fabriqués aux États-Unis et vendus sur le marché américain — ce qui pourrait aussi y faire diminuer nos exportations.
Une présidence Trump
Dans le scénario où Donald Trump obtient un second mandat, trois secteurs pourraient être particulièrement dynamiques: les hydrocarbures, la défense et l’aérospatiale ainsi que les services financiers.
1. Les hydrocarbures: le candidat républicain s’est engagé à accroître la production de pétrole, de gaz naturel et de charbon, ainsi que les activités d’extraction. Pour favoriser ce secteur, Donald Trump pourrait alléger des lois en matière d’environnement.
Quand il était au pouvoir de 2017 à 2021, ses politiques avaient contribué au boom de l’industrie pétrolière, rappelle le New York Times.
2. La défense et l’aérospatiale: plusieurs analystes estiment qu’une nouvelle administration Trump augmenterait le budget de la défense américaine. Les autres pays de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) pourraient suivre le pas, en achetant en partie des armes aux États-Unis.
Dans son premier mandat, le président Trump avait accru de manière importante le budget de la défense, rappelle la publication spécialisée Defense News.
3. Les services financiers: une seconde administration Trump chercherait à réduire considérablement le pouvoir des régulateurs financiers américains, selon un examen des documents publics et des entretiens avec des personnes alliées à l’ancien président, réalisé par l’agence Reuters.
L’idée est de libéraliser l’industrie – qui est très encadrée depuis la crise financière de 2008-2009 – afin de permettre aux entreprises de lever des fonds avec moins de contrôle.
Selon l’équipe de campagne de Donald Trump, cette déréglementation stimulerait la croissance dans ce secteur.
Une présidence Harris
Parmi les secteurs qui devraient être favorisés dans le scénario d’une victoire de Kamala Harris, on retrouve les énergies renouvelables et les technologies propres, la construction résidentielle ainsi que les technologies et l’innovation.
1. Les énergies renouvelables: Kamala Harris a indiqué que la lutte aux changements climatiques sera une grande priorité. Cela devrait stimuler la croissance dans le secteur des énergies vertes et des technologies propres.
Selon le réseau de télévision ABC, quand elle était sénatrice, Kamala Harris a été l’une des premières à parrainer le «Green New Deal», soit un plan visant à faire rapidement des États-Unis un pays carboneutre.
2. La construction: pour stimuler l’offre de logements abordables aux États-Unis, Kamala Harris propose une aide financière de 25 000$US (34 722$CA) pour l’achat d’une première maison.
Selon la firme Moody’s Analytics, la stratégie de la candidate démocrate pour stimuler la construction pourrait être la politique la plus audacieuse depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
Pour augmenter le nombre de logements abordables, le plan Harris accorderait aussi aux constructeurs un allègement fiscal sur les bénéfices des logements construits et vendus à des premiers acheteurs, souligne le magazine Fortune.
3. Les technologies: Kamala Harris devrait poursuivre la politique des 31 Tech Hubs (dans 32 États et à Porto Rico) aux quatre coins des États-Unis, annoncée en octobre 2023.
Ce programme vise à stimuler l’innovation régionale et la création d’emplois, et ce, en renforçant la capacité d’une région à fabriquer, à commercialiser et à déployer des technologies qui feront progresser la compétitivité américaine.
Adoptés en vertu du CHIPS and Science Act, ces 31 Tech Hubs se concentrent sur des secteurs d’avenir comme les systèmes autonomes, l’informatique quantique, la biotechnologie, la médecine de précision, les énergies propres ou la fabrication de semi-conducteurs, selon le département américain du Commerce.
À moins de deux semaines de l’élection présidentielle du mardi 5 novembre, la course à la Maison-Blanche demeure très serrée.
Bien malin qui peut prévoir avec certitude qui, entre Donald Trump et Kamala Harris, remportera l’élection et sera donc à la tête des États-Unis à compter de la fin du mois de janvier.