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Vincent Allard

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Expert(e) invité(e)

Trois chocs initiaux quand on s’installe aux États-Unis

Vincent Allard|Publié le 10 octobre 2024

Trois chocs initiaux quand on s’installe aux États-Unis

Un américain avec le drapeau des États-Unis sur son visage dans le noir, en prévision du Jour de l'Indépendance. (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Le 21 janvier 1999, c’est le grand départ vers les États-Unis, ce pays si près, mais en même temps si loin du Canada. L’excitation familiale est à son comble. Même Rusty, notre berger de souche allemande, mais de langue française, frétille.

Moi qui croyais connaître les États-Unis avant d’y immigrer! Manger de la crème glacée trois fois dans un village américain près de la frontière canadienne ne m’avait nullement préparé au choc que j’allais vivre.

En réalité, ce fut une série de chocs.

Premier choc: la méconnaissance du Canada par les Américains

Peu après mon arrivée au pays de l’oncle Sam, je croise un chef de police dans une petite ville du Texas. Très sérieux, il me demande: « Pour aller à Montréal, est-ce que je dois passer par le Québec? »

Je lui réponds que ce serait préférable.

Rapidement, je m’aperçois que la majorité des Américains ont une connaissance fort limitée des réalités canadiennes: géographie, économie, système politique. Ici, on ne parle presque jamais du Canada dans les bulletins de nouvelles ou dans la presse écrite.

En réalité, les Canadiens connaissent beaucoup mieux les États-Unis que l’inverse.

Durant son (premier?) mandat, Donald Trump a fortement privilégié une politique « America First », favorisant ainsi l’isolationnisme politique et culturel des États-Unis.

Sous sa gouverne, les Américains se sont principalement concentrés sur les défis domestiques plutôt que sur les réalités internationales, comprenant celles de son voisin du nord.

De son côté, la vice-présidente Kamala Harris s’est évertuée à rebâtir les ponts et reconstruire les alliances internationales.

Le 20 janvier 2021, le jour même de son investiture à titre de 46e président américain, Joseph Robinette Biden Jr. – alias Joe Biden – a signé un décret exécutif pour ramener les États-Unis dans l’Accord de Paris sur le climat.

Il renversait ainsi la décision de son prédécesseur, qui avait retiré le pays de cet accord en 2017.

Deuxième choc: l’omniprésence de la discrimination

Dès que j’ouvre la bouche sur le sol américain, mon interlocuteur du moment me demande d’où je suis originaire.

Humour aidant, je tente sans succès de lui faire croire que je suis né au Texas. Peine perdue: je suis inexorablement l’étranger avec un accent, malgré 25 ans passés aux États-Unis et 21 ans à y voter.

Il y a longtemps, un ami du Maryland m’a mentionné que les Afro-Américains n’étaient nullement bienvenus dans un certain comté, à très forte majorité blanche.

Ici, la discrimination existe en tout temps et sous toutes ses formes: race, langue, accent, origine, argent.

Durant la présidence de Donald Trump, les problématiques raciales ont connu une escalade notable.

Sa gestion des mouvements contestataires, notamment Black Lives Matter, a suscité de vives polémiques.

Son approche des problématiques liées à la discrimination a fréquemment été interprétée comme réductrice, voire comme un facteur aggravant les clivages sociaux. Cette perception s’est particulièrement manifestée dans le cadre de ses politiques migratoires et de ses positions sur l’inclusion sociale.

À l’inverse, Kamala Harris, première femme et première personne de couleur à accéder à la vice-présidence, représente une nouvelle perspective sur les enjeux de discrimination. Son parcours et son identité influencent sa vision politique, qui est axée sur la promotion de l’équité et de la justice sociale.

Elle préconise des changements significatifs aux niveaux judiciaire et social, en mettant l’accent sur des initiatives qui favorisent l’inclusion et la reconnaissance de la diversité au sein de la société américaine.

Troisième choc: l’immense charge de travail

Dans un défunt magasin RadioShack situé au Delaware, un employé m’avait mentionné qu’il devait parcourir 60 milles (presque 100 kilomètres) matin et soir. C’est sans compter qu’il occupait deux autres emplois…

Le peuple américain travaille intensément.

Pourquoi?

Tout d’abord, parce que l’américain moyen consomme énormément, avec en moyenne quatre cartes de crédit à haut taux d’intérêt. De plus, il doit payer – cher – pour une couverture d’assurance-maladie de base. Enfin, il occupe souvent des emplois précaires.

Au niveau politique, républicains et démocrates sont aux antipodes.

Durant sa présidence, Donald Trump a privilégié une importante déréglementation économique et une massive réduction fiscale afin de stimuler la croissance.

Toutefois, ces politiques n’ont pas nécessairement amélioré les conditions des travailleurs à faible revenu.

Les inégalités économiques se sont même accrues durant son administration.

Malgré tout, Donald Trump a insisté sur l’importance de l’effort personnel pour réussir, même si cela implique d’avoir plusieurs emplois.

Par exemple, il s’est opposé à l’augmentation du salaire minimum fédéral, alléguant que cela pourrait affecter négativement les PME et l’emploi. Ainsi, entre 2017 et 2021, le salaire minimum fédéral est demeuré à 7,25$US l’heure, taux inchangé depuis 2009.

Pour sa part, Kamala Harris appuie depuis longtemps une augmentation du salaire minimum à 15$US l’heure au niveau fédéral.

Elle considère cette mesure cruciale pour réduire la pauvreté et améliorer les conditions de vie des travailleurs à bas salaires, sans parler de stimuler l’économie en augmentant le pouvoir d’achat.

Kamala Harris défend également les droits des travailleurs, en particulier dans les secteurs précaires. En tant que sénatrice, elle a coparrainé la loi « Raise the Wage Act », visant à porter progressivement le salaire minimum fédéral à 15$US l’heure.

Bienvenue au pays des contrastes!