Le propre avocat de Donald Trump, John Lauro, a admis qu’il apprécierait une couverture en direct. (Photo: La Presse Canadienne)
Washigton et Atlanta — C’est une de ces séquences historiques qui tiennent le pays en haleine : Donald Trump est arrivé jeudi à une prison d’Atlanta pour se rendre aux autorités de l’État américain de Géorgie, qui l’ont inculpé de tentative de manipulation de la présidentielle de 2020.
Après y avoir échappé lors de ses trois précédentes inculpations pénales, le milliardaire risque cette fois de ne pas couper à l’infamant rituel du mugshot, la prise de la photo d’identité judiciaire, une première pour un ancien président américain.
« Encore un triste jour en Amérique », avait dénoncé Donald Trump sur sa plateforme Truth Social peu avant son départ pour cet État, frontalier de la Floride.
Le passage de l’ex-dirigeant, favori des primaires républicaines pour la présidentielle de 2024, par la prison du comté de Fulton, devrait cependant être bref.
Comme dix des onze prévenus dans ce dossier qui se sont déjà livrés, sauf imprévu, Donald Trump ressortira libre sous caution — fixée pour lui à 200 000 dollars.
Il a été précédé ces derniers jours dans cet établissement surpeuplé et notoirement insalubre, guetté par les médias du monde entier, par plusieurs de ses 18 coaccusés.
Tous ont été inculpés le 14 août de tentatives illicites d’obtenir l’inversion du résultat de l’élection de 2020, remportée dans cet État clé par l’actuel président démocrate Joe Biden.
Mugshots viraux
Ceux qui ont déjà poussé la porte de la prison, comme l’ex-avocat de Donald Trump Rudy Giuliani, ont vu leur passage immortalisé et leur « mugshot » circuler en boucle à la télévision et sur les réseaux sociaux. Les règles en vigueur prévoient aussi la prise des empreintes digitales, d’être mesuré et pesé.
Avant son arrivée, Donald Trump a officiellement changé jeudi le chef de son équipe d’avocats en Géorgie. Aucune explication n’a été fournie au remplacement de Drew Findling par Steven Sadow, un ténor du barreau d’Atlanta, tous deux habitués à défendre des célébrités.
Mais Steven Sadow a par le passé critiqué la loi sur la délinquance en bande organisée utilisée par la procureure pour inculper solidairement les 19 accusés, et qui prévoit des peines de cinq à vingt ans de prison.
Les prévenus ont jusqu’à vendredi midi pour se présenter aux autorités.
Ils devraient revenir à Atlanta, cette fois au tribunal, la semaine du 5 septembre, vraisemblablement pour annoncer s’ils plaident coupable ou non.
Quatre inculpations en six mois
Les déboires judiciaires s’accumulent pour l’ancienne star de la téléréalité, inculpée au pénal pour la quatrième fois en moins de six mois.
Le septuagénaire est accusé à New York de paiements suspects à une ancienne actrice de films X, et par la justice fédérale de pressions électorales lors de la présidentielle de 2020 ainsi que de gestion négligente de documents confidentiels.
L’ancien président a plaidé non coupable dans toutes ces affaires.
Mais, c’est tout le paradoxe, chaque rebondissement lui rapporte aussi des millions de dollars en dons de campagne, versés par des trumpistes convaincus qu’il est victime d’une « chasse aux sorcières » manigancée par l’administration Biden pour l’écarter de la présidentielle.
Le président américain, candidat à sa réélection, se garde bien de commenter les ennuis judiciaires de Donald Trump, soucieux de ne pas alimenter ses accusations d’instrumentalisation de la justice.
Illustration de la drôle de campagne dans laquelle l’ancienne star de la téléréalité est lancée, ce passage de Donald Trump en Géorgie intervient au lendemain du premier grand rendez-vous de la présidentielle de 2024, le débat des primaires républicaines, organisé dans le Wisconsin.
L’ancien magnat de l’immobilier s’est jugé dispensé d’y participer en raison de son avance spectaculaire sur ses rivaux, dans les sondages, préférant s’exprimer dans une interview fleuve à Tucker Carlson, ancien animateur vedette de la chaîne conservatrice Fox News, diffusée sur X (ex-Twitter) au même moment.