Donald Trump, faisant campagne sur une promesse de «vengeance» après l'élection de 2020, qu'il conteste toujours avoir perdue, a enlevé 51% des voix, loin devant Ron DeSantis et Nikki Haley, désormais ses seuls rivaux à droite. (AP Photo/Andrew Harnik)
Donald Trump a écrasé lundi soir dans l’Iowa la première des primaires républicaines, confirmant son emprise sur le parti et faisant un très grand pas vers un nouveau duel avec Joe Biden lors de la présidentielle de novembre.
Un peu plus 100 000 électeurs de cet État rural et très conservateur ont bravé la neige et des températures glaciales pour donner à l’ancien président une victoire éclatante.
Donald Trump «est clairement le favori de l’autre camp», a réagi l’actuel président démocrate sur son compte X.
Vengeance
«Cette élection, c’est vous et moi contre le trumpistes extrémistes», a encore écrit Joe Biden, qui lui-même n’a guère de concurrence pour la future investiture démocrate.
Donald Trump, faisant campagne sur une promesse de «vengeance» après l’élection de 2020, qu’il conteste toujours avoir perdue, a enlevé 51% des voix, loin devant Ron DeSantis et Nikki Haley, désormais ses seuls rivaux à droite.
Les médias l’ont donné vainqueur avant même que ne se concluent les opérations de vote des caucus de l’Iowa, ces assemblées tenues dans des écoles, bibliothèques et casernes de pompiers, où les participants écrivent le nom d’un candidat sur des morceaux de papier, collectés dans des sachets de congélation ou des pots à popcorn.
Les multiples poursuites judiciaires contre le magnat de 77 ans, dont certaines pourraient l’envoyer en prison, n’ont pas entamé la réelle ferveur qu’il suscite auprès de très nombreux électeurs conservateurs.
Agression sexuelle
Le républicain fait d’ailleurs le pari que ses diverses comparutions, loin de le pénaliser, sont autant d’occasions de mobiliser son électorat. Dès mardi, il veut ainsi se rendre à New York, où s’ouvre un procès pour diffamation intenté par une autrice qui l’a déjà fait condamner en 2023 pour agression sexuelle.
Il ira ensuite dans le New Hampshire, prochaine étape sur la route des primaires, laquelle s’achèvera en juillet par la convention du Parti républicain.
Si le magnat de 77 ans s’impose à nouveau franchement la semaine prochaine dans ce petit État du nord-est, considéré comme plus centriste, il rendrait inéluctable une nouvelle confrontation avec Joe Biden, sans même attendre l’investiture officielle du Parti républicain.
La victoire de l’ancien président n’est «pas une surprise», a commenté Dennis Goldford, politologue à la Drake University dans l’Iowa, notant l’«impressionnante force de Trump auprès des ouvriers, des classes populaires et de l’électorat rural».
«S’unir»
«Il est temps maintenant […] pour notre pays de s’unir», a dit Donald Trump lundi à Des Moines, la capitale de l’Iowa. La déclaration tranche avec les attaques violentes contre ses adversaires politiques et contre les migrants qu’il a lancées ses dernières semaines, usant d’un vocabulaire que Joe Biden qualifie de «nazi».
Lundi soir, un Donald Trump moins incendiaire a promis à nouveau de «fermer la frontière» avec le Mexique.
L’immigration est un sujet très porteur pour l’ancien président: Allan Latcham, un cardiologue de 62 ans, lui a donné sa voix en Iowa parce qu’il espère que Donald Trump va «aider avec la frontière».
Le succès de l’ancien président, dans un État qui compte moins de 1% de la population des États-Unis, avec une participation faible, a toutefois une réelle importance stratégique.
Depuis plus de 50 ans, c’est en Iowa que démarre la saison des primaires, et ce premier scrutin fait un tri parmi les prétendants.
Alors que chacun des 50 États américains doit voter jusqu’en juin, ne restent plus en course que deux concurrents de Donald Trump.
Le gouverneur de Floride Ron DeSantis, conservateur quadragénaire aux positions dures sur l’immigration ou l’avortement, arrive deuxième en Iowa avec 21% des voix.
L’ancienne ambassadrice à l’ONU Nikki Haley, unique femme dans la course, est arrivée troisième avec 19%. Certains analystes estiment qu’elle pourrait faire beaucoup mieux auprès de l’électorat plus modéré du New Hampshire.
Âge
Mais cela ne suffira pas à ébranler l’emprise de Donald Trump sur le Parti républicain, qui s’est majoritairement rallié à ses positions les plus radicales.
Un sondage mené par la chaîne CNN auprès des participants aux primaires de l’Iowa montre ainsi que deux tiers d’entre eux adhèrent à la théorie sans fondement de Donald Trump, selon laquelle Joe Biden aurait volé la victoire à la présidentielle de 2020.
Le président démocrate n’avait pas attendu l’Iowa pour dénoncer la rhétorique autoritaire de son prédécesseur, et pour se présenter comme le garant de la démocratie américaine et le défenseur des libertés, dont le droit à l’avortement.
Joe Biden devrait, sauf surprise, être désigné en août comme le candidat de son parti, malgré l’effet négatif de son âge auprès des électeurs.