UE: accord sur le sixième paquet de sanctions contre la Russie
La Presse Canadienne|Publié le 02 juin 2022Les forces russes attaquant des villes et des villages ukrainiens en avril. (Photo: La Presse Canadienne)
Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 02 juin 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici.
11h10 | Bruxelles — Les ambassadeurs des pays de l’UE ont approuvé jeudi un sixième paquet de sanctions contre Moscou incluant un embargo, avec des exemptions, sur les achats de pétrole, mais renoncé à inscrire sur la liste noire le chef de l’Eglise orthodoxe russe, sous la pression de Budapest, selon plusieurs sources diplomatiques.
Le texte doit encore recevoir l’accord écrit de chaque État membre en vue de sa publication vendredi au Journal officiel pour permettre l’entrée en vigueur des mesures, a précisé la présidence française du Conseil de l’UE.
La Commission européenne avait proposé d’inscrire sur la liste des personnes sanctionnées par un gel de leurs avoirs et une interdiction d’entrée dans l’UE le patriarche Kirill pour son soutien à l’offensive russe, mais la Hongrie s’y est opposée, estimant qu’il s’agissait d’une atteinte à la liberté de religion.
Budapest avait également bloqué un embargo total sur le pétrole russe. Les sanctions de l’UE doivent être adoptées à l’unanimité.
Au cours d’un sommet lundi à Bruxelles, les chefs d’État et de gouvernement des 27 ont fini par trouver un accord devant aboutir à réduire de quelque 90% leurs importations de pétrole russe d’ici à la fin de l’année afin de tarir le financement de la guerre livrée par Moscou à l’Ukraine.
L’accord prévoit un arrêt progressif des importations de pétrole russe transporté par bateau, soit les 2/3 des achats européens. Afin de lever le veto de Budapest, une exemption provisoire a été prévue pour le pétrole acheminé par oléoduc, ce qui concerne la Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque.
L’Allemagne et la Pologne s’étant engagées de leur côté à cesser leurs importations par l’oléoduc Droujba d’ici à fin 2022, au total ce sont 90% des exportations de pétrole russe vers l’UE qui devraient être arrêtées d’ici à la fin de l’année.
En négociation depuis un mois, le nouveau paquet de sanctions prévoit aussi d’allonger la liste noire de l’UE en y ajoutant une soixantaine de personnalités, dont de nombreux militaires russes soupçonnés de «crimes de guerre» à Boutcha, des membres de la famille du porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, mais aussi l’ancienne gymnaste russe Alina Kabaeva. Certains médias et opposants prêtent en effet à celle-ci une relation depuis des années avec Vladimir Poutine, ce qu’avait démenti le président russe en 2008.
Figure en outre l’exclusion de trois banques russes du système financier international Swift, dont Sberbank, le principal établissement bancaire en Russie, ainsi que d’une banque bélarusse.
Trois chaînes de télévision russes, dont Russia 24 et Russia RTR, seront interdites de diffusion dans l’UE.
Les sanctions européennes, prises depuis 2014 après l’annexion de la Crimée, concernent déjà 1 091 personnes et 80 entités.
Le vice-premier ministre russe chargé de l’Énergie Alexandre Novak a affirmé jeudi que les consommateurs européens seraient les premiers à «souffrir» de l’embargo pétrolier.
Ukraine: Washington sanctionne un financier de Poutine et un courtier en superyachts pour oligarques
10h45 | Washington — Les États-Unis ont annoncé jeudi une nouvelle série de sanctions pour pousser Vladimir Poutine à renoncer à la guerre en Ukraine, visant notamment son proche ami et «financier» Sergueï Pavlovitch Roldouguine et une société de courtage en superyachts pour oligarques russes.
Le Trésor, le département d’État et le ministère du commerce américains visent toute une série de nouveaux oligarques ou membres de «l’élite» de Moscou, dont la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova. Plusieurs yachts régulièrement utilisés, selon Washington, par le président russe, sont également inscrits sur la liste noire américaine, dont «Graceful», «Olympia», «Shellest» et «Nega».
Dans un communiqué, le Trésor affirme s’en prendre à «des réseaux clés utilisés par les élites de Russie, y compris le président Vladimir Poutine lui-même, pour tenter de cacher et déplacer de l’argent et jouir de manière anonyme de leurs biens de luxe à travers la planète» — échappant ainsi aux sanctions occidentales sans précédent imposées depuis l’invasion russe de l’Ukraine fin février.
Parmi les personnalités les plus en vue de ce nouveau volet de sanctions américaines figure le violoncelliste Sergueï Pavlovitch Roldouguine, proche ami du chef de l’État russe «depuis plus de quarante ans», mais aussi présenté comme son «gestionnaire de fonds», «membre d’un système qui gère» sa «fortune offshore». Il avait été sanctionné par l’Union européenne dès la fin février.
Son épouse, la soprano Elena Mirtova, est également concernée par ces sanctions qui gèlent leurs éventuels avoirs aux États-Unis et bloquent leur accès au marché américain.
La société Imperial Yachts, prestataire de services en superyachts pour «membres de l’élite russe, y compris dans le premier cercle du président Poutine», est également inscrite sur la liste noire du Trésor américain.
Il en va de même de la société Skyline Aviation, dont le siège est à Saint-Marin, mais qui est accusée de faire voler ses avions privés en Crimée, partie de l’Ukraine annexée par la Russie en 2014 sans reconnaissance internationale.
De son côté, le département d’État a sanctionné la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova et le magnat de l’acier Alexeï Mordachov, «l’un des milliardaires les plus riches de Russie», qui est déjà visé par l’UE. Cela implique qu’ils sont interdits d’entrée aux États-Unis.
Ukraine: la banque centrale relève son taux directeur de 10% à 25%
9h27 | Kyiv — La banque centrale ukrainienne (NBU) a annoncé jeudi relever son taux directeur à 25%, contre 10% actuellement, pour tenter d’endiguer l’inflation et protéger la hryvnia, la monnaie nationale, des répercussions économiques de l’invasion russe qui dure depuis près de 100 jours.
«Le conseil d’administration de la Banque nationale a décidé d’augmenter le taux d’intérêt directeur à 25% par an», a écrit la NBU dans un communiqué, soit le niveau le plus haut depuis 2015.
Le but de cette «politique interventionniste» est «de protéger les revenus et l’épargne des citoyens, accroître l’attractivité des actifs de la hryvnia et réduire la pression sur le marché des changes», continue le communiqué.
En remontant fortement le taux directeur à 25%, la banque centrale ukrainienne souhaite surtout «renforcer (sa) capacité (…) à assurer la stabilité du taux de change et contenir les processus inflationnistes».
Conséquence notamment de la guerre avec la Russie, l’inflation s’est envolée à 16,4% en avril sur un an, selon des chiffres officiels publiés par la banque centrale. Elle pourrait atteindre 20% en fin d’année sur douze mois, selon de premières estimations.
Une telle mesure devrait, selon la NBU, aussi permettre de limiter la «menace» de «dollarisation» de l’économie ukrainienne, soit le risque d’abandonner la hryvnia au profit du dollar américain.
La monnaie ukrainienne s’échangeait jeudi après-midi autour de 29,5 hryvnias pour un dollar américain, à un niveau relativement stable depuis le début de l’invasion russe.
Le chef de la banque centrale, Kirill Chevtchenko, a par ailleurs révélé jeudi vouloir entamer des discussions avec le Fonds monétaire international (FMI) pour élaborer «un nouveau programme» économique pour l’Ukraine.
L’invasion russe fin février a très fortement impacté l’économie ukrainienne, précipitant la hausse de l’inflation et renforçant la pression sur les réserves de la banque centrale.
À la page suivante, Kyiv: au tour de Londres de promettre des roquettes sophistiquées.
Kyiv — Le Royaume-Uni s’est engagé jeudi à envoyer des systèmes sophistiqués de roquettes à moyenne portée en Ukraine, rejoignant les États-Unis et l’Allemagne pour équiper la nation assiégée d’armes avancées pour abattre des avions et neutraliser l’artillerie.
Les armes occidentales ont joué un rôle essentiel dans le succès de l’Ukraine à contrecarrer une armée russe beaucoup plus nombreuse et mieux équipée pendant une guerre qui en est à son 99e jour. Mais alors que les forces russes se rapprochaient d’une ville clé ces derniers jours, le gouvernement ukrainien a prévenu que ses combattants avaient besoin de meilleurs lance-roquettes pour l’emporter.
Les forces russes ont continué à pilonner des villes et des villages pendant la nuit et à resserrer leur emprise sur la ville orientale de Sievierodonetsk. Le ministère britannique de la Défense a rapporté que la Russie avait capturé la majeure partie de la ville, l’une des deux de la province de Louhansk qui était restée sous contrôle ukrainien.
Le ministre britannique à la Défense, Ben Wallace, a annoncé que le Royaume-Uni enverrait un nombre indéterminé de lanceurs M270, qui peuvent tirer des roquettes à guidage de précision jusqu’à 80 kilomètres. Les troupes ukrainiennes seront formées au Royaume-Uni pour utiliser l’équipement, a-t-il ajouté.
Le gouvernement britannique a expliqué que la décision de fournir les lanceurs avait été étroitement coordonnée avec le gouvernement américain, qui a indiqué mercredi qu’il fournirait des systèmes de fusées d’artillerie à haute mobilité à l’Ukraine.
Les deux systèmes de missiles sont similaires, bien que le système américain ait des roues tandis que le système britannique ― également construit aux États-Unis ― fonctionne sur des chenilles.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a plaidé pour des armes plus nombreuses et de meilleures qualités et a parfois accusé l’Occident d’agir trop lentement pour les fournir. Après que les armes fournies par l’Occident aient aidé l’Ukraine à repousser les tentatives russes de prendre d’assaut la capitale, Moscou s’est concentrée sur la capture de toute la région industrielle du Donbass, dans l’est de l’Ukraine.
Les analystes militaires pensent que la Russie espère envahir le Donbass avant l’arrivée d’armes susceptibles de renverser la vapeur. Il faudra au moins trois semaines pour amener les armes de précision américaines et les troupes entraînées sur le champ de bataille, a déclaré le Pentagone. Mais le sous-secrétaire à la Défense, Colin Kahl, a dit croire qu’elles arriveront à temps pour faire la différence dans le combat.
Kyiv devrait également bénéficier d’un coup de pouce diplomatique avec l’installation officielle d’une nouvelle ambassadrice américaine en Ukraine. Bridget Brink devait remettre ses lettres de créance à M. Zelensky jeudi.
Mme Brink sera la première ambassadrice de Washington à Kyiv depuis que l’ancien président américain Donald Trump a brusquement évincé l’ambassadrice Marie Yovanovitch en 2019. Elle est ensuite devenue une figure clé de la première procédure de destitution contre M. Trump.
Avant sa confirmation au Sénat le mois dernier, Mme Brink a promis aux sénateurs qu’elle travaillerait pour faire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie un «échec stratégique». Son travail à Kyiv devrait se concentrer sur la coordination des livraisons d’armes occidentales.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a qualifié les pressions répétées de l’Ukraine pour plus d’armes de «provocation directe destinée à entraîner l’Occident dans les combats». Il a averti que les lance-roquettes multiples fournis par les États-Unis augmenteraient le risque d’un conflit étendu.
Pendant ce temps, les forces russes ont poursuivi leur bombardement du Donbass et d’autres parties de l’Ukraine tandis que les troupes terrestres progressaient lentement vers l’Est.
Un gouverneur régional a précisé que les forces russes contrôlaient désormais 80% de Sievierodonetsk, une ville essentielle aux efforts de Moscou pour achever sa prise du Donbass. Les forces ukrainiennes et les séparatistes soutenus par la Russie se sont battus dans la région orientale pendant huit ans, et les séparatistes détenaient des pans de territoire avant l’invasion russe.
La seule autre ville de la province de Lougansk que les Russes n’ont pas encore capturée, Lysychansk, est toujours entièrement sous contrôle ukrainien, a-t-il dit, mais sera probablement la prochaine cible. Les deux villes sont séparées par une rivière.
Les forces de Moscou ont également pris d’assaut la ville de Komyshuvakha dans la région sud-est de Zaporizhzhia, dont une grande partie est sous contrôle russe, a annoncé jeudi l’état-major ukrainien.
Dans la région occidentale de Lviv, un missile russe a touché des voies ferrées qui constituaient un conduit essentiel pour l’approvisionnement en armes occidentales et autres fournitures, ont déclaré des responsables.
M. Zelenskyy s’est concentré sur les enfants dans son discours vidéo nocturne, affirmant que 243 d’entre eux ont été tués pendant la guerre, que 446 ont été blessés et que 139 sont portés disparus. Les chiffres réels pourraient être plus élevés, a-t-il prévenu, car son gouvernement n’a pas une image complète des zones sous occupation russe.
M. Zelenskyy a également déclaré que 200 000 enfants faisaient partie des Ukrainiens qui ont été emmenés de force en Russie et dispersés dans ce vaste pays: «Le but de cette politique criminelle n’est pas seulement de voler des gens, mais de faire oublier l’Ukraine à ceux qui sont expulsés et incapables de revenir.»