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Ukraine: bombardements intenses dans l’est, Kramatorsk frappée

La Presse Canadienne|07 juillet 2022

Ukraine: bombardements intenses dans l’est, Kramatorsk frappée

De nouvelles hostilités ont été signalées en mer Noire, où l’armée ukrainienne a annoncé jeudi qu’un drapeau ukrainien avait été planté sur une île stratégique dont les troupes russes se sont retirées le mois dernier. (Photo: La Presse Canadienne)

Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 04 juillet 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici.      

10h30 | Kramatorsk — Les forces russes ont bombardé jeudi plusieurs villes du Donbass, bassin de l’est de l’Ukraine qu’elles tentent de conquérir en totalité, notamment celle de Kramatorsk, où au moins un civil a été tué, selon les autorités locales.

À Kramatorsk, capitale de la partie du Donbass tenue par les Ukrainiens, l’explosion a creusé un large cratère dans une cour située entre un hôtel et des immeubles d’habitation, ont constaté des journalistes de l’AFP. Ils y ont vu le corps d’une personne tuée et des blessés, ainsi que deux voitures en feu. 

«Frappe aérienne contre la partie centrale de Kramatorsk. Il y a des victimes», a annoncé sur Facebook le maire de la ville, Oleksandr Gontcharenko, en appelant les habitants à rester dans les abris.

Cette «attaque délibérée contre les civils» a fait «un mort et six blessés», a déclaré sur Telegram le gouverneur de la province de Donetsk, Pavlo Kyrylenko, en précisant que ces chiffres étaient provisoires et que «six immeubles ont été endommagés, dont un hôtel et un immeuble résidentiel»

«Je demande à tout le monde: évacuez! L’évacuation c’est provisoire, il faut préserver la vie maintenant», a-t-il ajouté.

Les Russes, qui ont avancé ces dernières semaines dans le Donbass, leur objectif prioritaire depuis leur retrait des environs de Kyiv fin mars, affirment avoir pris il y a quelques jours le contrôle total de la province de Lougansk, l’une des deux formant le bassin minier.

Les Russes «ne sont toujours pas parvenus aux limites de la région», a démenti jeudi le gouverneur de la province, Serguiï Gaïdaï, en accusant les Russes d’enrôler de force des habitants des villes de Severodonetsk et Lyssytchansk, sous leur contrôle, en leur faisant miroiter un emploi. 

 

«Plus le choix»

Les forces de Moscou cherchent maintenant à conquérir l’autre province, celle de Donetsk, pour occuper l’intégralité du Donbass, que les séparatistes soutenus par Moscou contrôlent partiellement depuis 2014.

Le gouverneur de la province de Donetsk, Pavlo Kyrylenko, a fait état d’au moins sept civils tués mercredi par de multiples tirs d’artillerie et de lance-roquettes sur plusieurs localités.

Dans cette province, Sloviansk et sa ville jumelle Kramatorsk sont considérées comme les prochaines cibles des forces russes dans leur plan de conquête du Donbass, après quatre mois et demi de conflit.

Mardi, les roquettes russes avaient frappé et en partie incendié et détruit un marché dans le centre de Sloviansk, et tué au moins deux personnes.

Mercredi, le maire de Sloviansk, Vadim Liakh, avait indiqué que l’évacuation de la ville, encouragée par les autorités locales, était «en cours».

«J’envoie ma femme et après je n’ai plus le choix, je m’enrôle dans l’armée demain», a déclaré à l’AFP Vitaly, 30 ans, après avoir fait ses adieux à sa femme Svitlana, partie mercredi pour Dnipro (centre) dans un bus avec quelque 150 femmes et enfants à bord.

«Il fallait qu’elles partent, après ce qui est arrivé hier (mardi), ils ont touché le centre-ville», a expliqué Vitaly, en se disant persuadé que Sloviansk ne tombera pas aux mains des Russes et que sa famille y reviendra.

Il restait mercredi dans la ville encore environ 23 000 des quelque 110 000 habitants qu’elle comptait avant le conflit, avait précisé son maire, en y dénombrant 17 morts et 67 blessés depuis le début des hostilités.

Dans le sud, les Russes bombardent toujours la région de Mykolaïv et les combats font rage autour de la ville de Kherson, qu’ils occupent depuis les premiers jours de la guerre et où ils tentent d’empêcher les contre-attaques ukrainiennes, selon Kyiv.

L’armée ukrainienne a enfin affirmé jeudi avoir repris le contrôle de l’île aux Serpents en mer Noire, après y avoir remis son drapeau quelques jours plus tôt, à la suite du retrait des forces russes de ce petit territoire symbolique.

Moscou a de son côté affirmé y avoir procédé dans la matinée à une frappe avec des «missiles de haute précision», tuant une partie des soldats ukrainiens allés y planter un drapeau et provoquant la fuite des survivants.

 

G20 sous tension

Alors qu’en Europe de l’Ouest, les regards étaient braqués jeudi sur Londres, où le premier ministre britannique Boris Johnson s’est résolu à quitter le pouvoir, la présidence ukrainienne l’a remercié pour son soutien dans les «moments les plus difficiles» de l’invasion russe. Le président Volodymyr Zelensky a exprimé sa «tristesse».

En Indonésie, une rencontre des ministres des Affaires étrangères des vingt plus grandes économies mondiales (G20) a commencé jeudi sur l’île de Bali, en présence de la Russie et des alliés occidentaux de l’Ukraine.

Compte tenu de la tension entre les deux camps et de la présence du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, «on s’attend à une confrontation assez rude», a indiqué une source diplomatique française.

L’Union européenne a prévenu qu’elle refusait que la Russie se serve de ce G20 comme d’«une plateforme pour sa propagande» sur le conflit en Ukraine.

Un responsable américain a toutefois indiqué s’attendre à ce que «pratiquement tous les pays du G20» s’accordent sur des initiatives visant à remédier à l’insécurité alimentaire mondiale et à la volatilité des prix de l’énergie entraînées par la guerre.

Il a ajouté qu’une déclaration commune du G20 sur l’Ukraine ne serait pas possible en raison de la participation de la Russie au sommet.

Jeudi, à la veille de la réunion interministérielle de Bali, M. Lavrov y a rencontré son homologue chinois Wang Yi. Les deux parties ont notamment jugé «inacceptables» les «sanctions unilatérales adoptées en contournant l’ONU», selon le ministère russe.

La Chine, qui a refusé de condamner l’invasion russe de l’Ukraine, a conservé de bonnes relations avec le Kremlin malgré les efforts des pays occidentaux pour l’isoler.

La première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern, a de son côté fustigé «l’échec» de l’ONU à empêcher la guerre en Ukraine, et a accusé la Russie d’avoir imposé au Conseil de sécurité sa position «moralement corrompue» et sa «guerre illégale».

Mme Ardern, qui critique depuis longtemps le droit de veto des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie), a renouvelé son appel à une réforme des Nations unies.

 

À la page suivante, la Russie pourrait prendre une pause en Ukraine.

8h30 | Kyiv — Des analystes étrangers croient que la Russie pourrait temporairement atténuer son offensive en Ukraine, alors que l’armée russe tente de rassembler ses forces pour un nouvel assaut.

Mercredi, les forces russes n’ont fait aucun gain territorial revendiqué ou évalué en Ukraine «pour la première fois en 133 jours de guerre», selon l’Institut pour l’étude de la guerre. Le groupe de réflexion basé à Washington a suggéré que Moscou pourrait prendre une «pause opérationnelle», mais que cela n’implique pas «la cessation complète des hostilités actives».

«Les forces russes se limiteront probablement à des actions offensives à relativement petite échelle alors qu’elles tentent de créer des conditions pour des opérations offensives plus importantes et de reconstruire la puissance de combat nécessaire pour tenter ces entreprises plus ambitieuses», a analysé l’Institut.

Une déclaration jeudi du ministère russe de la Défense semble confirmer cette évaluation. Il a indiqué que les unités militaires russes impliquées dans les combats en Ukraine avaient eu le temps de se reposer.

«Les unités qui ont effectué des missions de combat au cours de l’opération militaire spéciale prennent des mesures pour recouvrer leurs capacités de combat. Les militaires ont la possibilité de se reposer, de recevoir des lettres et des colis de chez eux», lit-on dans le communiqué, cité par l’agence de presse russe Tass.

Les bombardements se sont poursuivis dans l’est de l’Ukraine, où au moins neuf civils ont été tués et six blessés en 24 heures, ont indiqué des responsables ukrainiens.

Le bureau présidentiel ukrainien a révélé dans sa mise à jour de jeudi matin que des villes et des villages de sept régions ukrainiennes avaient été bombardés au cours de la dernière journée. La plupart des décès de civils sont survenus dans la province de Donetsk, où les combats se poursuivent. Sept civils y ont été tués, dont un enfant, a indiqué le bureau présidentiel.

Dix villes et villages ont été bombardés à Donetsk et 35 bâtiments ont été détruits, dont une école, un collège professionnel et un hôpital, ont indiqué des responsables.

Donetsk fait partie du Donbass, une région industrielle majoritairement russophone où se concentrent les soldats ukrainiens les plus expérimentés. Les séparatistes prorusses ont combattu les forces ukrainiennes et contrôlé une grande partie du Donbass pendant huit ans. Le président russe Vladimir Poutine y a reconnu l’indépendance de deux républiques autoproclamées tout juste avant que la Russie n’envahisse l’Ukraine le 24 février.

M. Poutine a revendiqué lundi la victoire à Lougansk, l’autre province constituant le Donbass, après le retrait des forces ukrainiennes de la dernière ville qu’elles contrôlaient là-bas. Le gouverneur de Lougansk, Serhiy Haidai, a nié mercredi que les Russes aient complètement capturé la province.

À Kharkiv, la deuxième plus grande ville d’Ukraine, un pensionnat a été touché, mais personne n’a été blessé. La région de Kharkiv, située le long de la frontière avec la Russie, est bombardée quotidiennement et deux civils y ont été tués au cours des dernières 24 heures.

L’armée ukrainienne a déclaré jeudi que les forces russes avaient également effectué des bombardements et des frappes d’hélicoptères dans la région de Soumy, dans le nord-est.

Alors même que les combats se poursuivaient, le ministère britannique de la Défense indiquait qu’il pensait que l’armée russe «reconstituait» ses forces. Une évaluation du ministère des renseignements publiée jeudi a indiqué que les bombardements intensifs le long de la ligne de front à Donetsk sont probablement destinés à garantir les gains russes antérieurs.

De nouvelles hostilités ont été signalées en mer Noire, où l’armée ukrainienne a annoncé jeudi qu’un drapeau ukrainien avait été planté sur une île stratégique dont les troupes russes se sont retirées le mois dernier.

Le commandement opérationnel sud de l’Ukraine a déclaré dans un communiqué que les unités militaires ukrainiennes avaient nettoyé l’île aux Serpents, un avant-poste au large de la côte sud-ouest de l’Ukraine, vital pour garantir les voies maritimes qui partent du port clé d’Odessa. Le groupe de commandement a également déclaré que l’armée ukrainienne avait détruit une trentaine de pièces d’équipement militaire russe, décrivant la découverte de «munitions abandonnées et de vastes ruines».

Les troupes russes se sont retirées de l’île le 30 juin dans ce que le ministère russe de la Défense a qualifié de «geste de bonne volonté». Mais le ministère a déclaré jeudi qu’un avion des forces aérospatiales russes avait lancé une frappe de missiles sur l’île alors que les forces ukrainiennes tentaient de planter le drapeau.

L’Ukraine a également déclaré que la Russie avait tiré deux missiles visant un pétrolier battant pavillon moldave dans la mer Noire, l’incendiant.

Le commandement militaire du sud de l’Ukraine a ajouté que la frappe avait touché le Millennial Spirit, qui transportait plus de 500 tonnes de carburant diesel à bord. L’Ukraine affirme qu’un missile a touché le navire, tandis que l’autre a raté la cible. Les images des médias sociaux montraient de la fumée s’élevant au large d’Odessa jeudi matin.

Le navire est sans équipage et dérive en mer depuis le début de la guerre en février. La Russie n’a pas immédiatement reconnu la frappe sur le navire. Les dispositifs de repérage du navire sont en panne depuis son abandon par son équipage.