Ukraine: des gains dans la région annexée par la Russie
La Presse Canadienne|Publié le 04 octobre 2022Malgré l’apparente bravade politique du Kremlin, l’image sur le terrain a souligné le désarroi auquel Vladimir Poutine est confronté. (Photo: La Presse Canadienne)
Kyiv — Les corps de soldats russes gisaient mardi dans les rues d’une ville clé de l’est de l’Ukraine, preuve d’une retraite précipitée qui a marqué une nouvelle défaite militaire pour Moscou qui lutte pour s’accrocher aux zones qu’elle a illégalement annexées la semaine dernière.
La chambre haute du Parlement russe a approuvé mardi l’annexion de quatre régions ukrainiennes, à la suite de «référendums» que l’Ukraine et ses alliés occidentaux ont qualifiés d’illégaux et frauduleux.
Répondant à la décision d’annexion, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a formellement exclu les pourparlers avec la Russie. Le décret de Volodymyr Zelensky publié mardi déclare que la tenue de négociations avec le président russe Vladimir Poutine est devenue impossible après sa décision de prendre le contrôle des quatre régions de l’Ukraine.
Le Kremlin a répondu au décret du président ukrainien en disant qu’il attendra que l’Ukraine accepte de s’asseoir pour des pourparlers sur la fin du conflit, notant que cela pourrait ne pas se produire tant qu’un nouveau président ukrainien n’entrera pas en fonction.
«Nous attendrons que le président sortant change de position ou attendons un futur président ukrainien qui réviserait sa position dans l’intérêt du peuple ukrainien», a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Malgré l’apparente bravade politique du Kremlin, l’image sur le terrain a souligné le désarroi auquel Vladimir Poutine est confronté dans sa réponse aux avancées ukrainiennes et aux tentatives d’établir de nouvelles frontières russes.
Au cours du week-end, les troupes russes se sont retirées de Lyman, une ville stratégique de l’est que les Russes avaient utilisée comme plaque tournante logistique et de transport, pour éviter d’être encerclées par les forces ukrainiennes. La libération de la ville a donné à l’Ukraine un avantage pour enfoncer son offensive plus profondément dans les territoires sous contrôle russe.
Deux jours plus tard, les corps des soldats russes étaient toujours au sol. L’armée ukrainienne semble avoir récupéré les corps de leurs camarades après de féroces batailles pour le contrôle de Lyman, mais n’a pas immédiatement enlevé ceux des Russes.
«Nous nous battons pour notre terre, pour nos enfants, pour que notre peuple puisse mieux vivre, mais tout cela a un prix très élevé», a déclaré un soldat ukrainien qui se fait appeler Rud.
Les habitants de Lyman ont émergé des sous-sols où ils s’étaient cachés pendant la bataille pour le contrôle de la ville et ont allumé des feux pour cuisiner. La ville n’a ni eau, ni électricité, ni gaz depuis mai. Des immeubles résidentiels ont été incendiés. Quelques habitants ont émergé à bicyclette.
Les forces russes ont lancé mardi de nouvelles frappes de missiles sur des villes ukrainiennes alors que les forces ukrainiennes poursuivaient leurs contre-offensives à l’est et au sud.
Plusieurs missiles ont frappé la deuxième plus grande ville d’Ukraine, Kharkiv, endommageant ses infrastructures et provoquant des coupures de courant. Le gouverneur de Kharkiv, Oleh Syniehubov, a annoncé qu’une personne avait été tuée et qu’au moins deux autres, dont une fillette de 9 ans, avaient été blessées.
Dans le sud, quatre civils ont été blessés lorsque des missiles russes ont frappé la ville de Nikopol.
Après avoir repris le contrôle de Lyman dans la région de Donetsk, les forces ukrainiennes ont poussé plus à l’est et sont peut-être allées jusqu’à la frontière de la région voisine de Louhansk alors qu’elles avançaient vers Kreminna, a indiqué l’Institut pour l’étude de la guerre basé à Washington dans sa dernière analyse de la situation de combat.
Lundi, les forces ukrainiennes ont également marqué des gains significatifs dans le sud, levant des drapeaux sur les villages d’Arkhanhelske, Myroliubivka, Khreshchenivka, Mykhalivka et Novovorontsovka.
Malgré les derniers gains militaires, le vice-ministre ukrainien des Affaires étrangères Yevhen Perebyinis a appelé au déploiement de davantage d’armes en Ukraine à la suite de l’annonce de mobilisation partielle par la Russie le mois dernier.
Dans une allocution vidéo lors d’une conférence dans la capitale turque, Ankara, sur la guerre de la Russie contre l’Ukraine mardi, Yevhen Perebyinis a expliqué que les armes supplémentaires ne conduiraient pas à une escalade, mais aideraient à mettre fin à la guerre plus tôt.
«Nous avons besoin d’artillerie et de munitions à longue portée supplémentaires, d’avions de combat et de véhicules armés pour poursuivre la libération des territoires occupés, a énuméré le vice-ministre. Nous avons besoin de systèmes de défense anti-aériens et anti-missiles pour protéger nos civils et nos infrastructures critiques contre les attaques terroristes contre les forces russes.»
Les succès ukrainiens à l’est et au sud sont survenus alors même que la Russie tente d’absorber quatre régions ukrainiennes au milieu des combats.
La chambre haute du parlement russe, le Conseil de la Fédération, a voté mardi pour ratifier les traités visant à faire de Donetsk et de Lougansk, dans l’est, et des régions de Kherson et de Zaporijjia, dans le sud, une partie de la Russie.
La chambre basse avait rapidement approuvé les pactes d’adhésion après les «référendums» d’annexion orchestrés par le Kremlin la semaine dernière que l’Ukraine et ses alliés occidentaux ont rejetés comme illégaux et frauduleux.
On s’attend à ce que Vladimir Poutine approuve rapidement les traités d’annexion.
Les mesures prises par la Russie pour incorporer les régions ukrainiennes ont été si hâtives que même les frontières exactes des territoires absorbés n’étaient pas claires.