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Ukraine: la Russie contrôle 20% du pays, selon Kyiv

AFP et La Presse Canadienne|Mis à jour le 16 avril 2024

Ukraine: la Russie contrôle 20% du pays, selon Kyiv

Les forces russes continuent de progresser jeudi autour de la ville de Severodonetsk, clé stratégique de la conquête du Donbass. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 02 juin. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire.

9h12 | Kyiv — L’armée russe resserrait jeudi son emprise dans l’est de l’Ukraine, son objectif prioritaire, au 99e jour d’une guerre qui lui a permis de mettre la main sur 20% du pays selon Kyiv.

Après l’échec de leur offensive-éclair pour faire tomber le gouvernement de Kyiv, les forces russes se concentrent sur la conquête du reste du Donbass (est) où se joue désormais une guerre d’usure, notamment autour de la ville stratégique de Severodonetsk.

Et la tactique du rouleau compresseur appliquée par Moscou pour grignoter lentement le Donbass semble porter ses fruits.

«La situation la plus difficile» concerne Lougansk, l’une des deux régions du Donbass, où «l’ennemi essaie de déloger nos troupes de leurs positions», a souligné le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Valeri Zaloujny, cité dans un communiqué de l’armée publié dans la nuit de mercredi à jeudi.

Severodonetsk, capitale administrative de la région, est désormais «occupée à 80%» par les forces russes et les combats font rage dans les rues, a déclaré le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, dans la nuit de mercredi à jeudi.

 

«Nouveau Marioupol»

Selon Kyiv, les forces ukrainiennes y sont notamment retranchées dans une zone industrielle bombardée par les Russes, comme à la toute fin du long siège de la ville stratégique de Marioupol (sud-est), largement détruite et conquise par les Russes fin avril.

Les dirigeants ukrainiens ont ces derniers jours accusé Moscou de vouloir faire de Severodonetsk un «nouveau Marioupol».

La pression russe reste également importante sur Donetsk, l’autre région du Donbass, notamment Sloviansk, à quelque 80 km à l’ouest de Severodonetsk. Les habitants de la région manquent notamment de gaz, d’eau et d’électricité, selon Kyiv.

Trois mois après le début de l’invasion, les forces russes contrôlent actuellement «environ 20%» du territoire ukrainien, soit près de 125 000 km2, a déclaré jeudi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dans un message au Parlement luxembourgeois.

Avant l’invasion, les forces russes ou prorusses y contrôlaient 43 000 km carrés, depuis l’annexion de la Crimée et la prise d’un tiers du Donbass en 2014. Depuis le 24 février, elles ont notamment avancé dans l’est et au sud, le long des mers Noire et d’Azov, contrôlant désormais un corridor côtier stratégique reliant l’est russe à la Crimée.

«L’ennemi a un avantage opérationnel en termes d’artillerie», a concédé Valeri Zaloujny lors d’une conversation téléphonique mercredi avec le chef d’état-major français des armées, le général Thierry Burkhard, selon Kyiv.

Le général ukrainien a plaidé pour la livraison le plus rapidement possible à son pays d’armes «du type de celles de l’OTAN». «Cela sauverait des vies», a-t-il souligné.

Kyiv attend notamment des livraisons de systèmes de lance-missiles plus puissants promis par le président américain Joe Biden, en espérant que cela change le rapport de force militaire sur le terrain.

La Russie a affirmé jeudi avoir stoppé l’afflux de «mercenaires» étrangers voulant combattre aux côtés de l’armée de Kyiv en Ukraine, à force de leur infliger de lourdes pertes ces dernières semaines. Selon le ministère russe de la Défense, le nombre de combattants étrangers y a été «quasiment divisé par deux», passant de 6 600 à 3 500, et un «grand nombre» d’entre eux «préfèrent quitter» le pays «le plus rapidement possible».

Dans la nuit de mercredi à jeudi, les forces russes ont bombardé plusieurs lignes de chemin de fer dans la région de Lviv (ouest), une région où arrivent notamment les armes livrées à l’Ukraine par les pays occidentaux, une aide dénoncée par Moscou.

 

Risque de crise alimentaire

Les forces ukrainiennes perdent chaque jour jusqu’à 100 soldats, a assuré le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky, au média américain Newsmax dans un entretien publié mercredi.

«La situation dans l’est est vraiment difficile (…) Nous perdons de 60 à 100 soldats par jour, tués au combat, et quelques 500 sont blessés», a-t-il détaillé.

Dans le sud, les Ukrainiens s’inquiètent d’une possible annexion des régions conquises par les forces russes, Moscou évoquant des référendums dès juillet en vue d’une annexion. Les combats et bombardements se poursuivent notamment dans la région de Kherson, en partie conquise par les Russes et où les habitants manquent de médicaments et ont besoin d’aide humanitaire, selon Kyiv.  

Les Occidentaux essaient aussi de débloquer les ports ukrainiens de la mer Noire, notamment celui d’Odessa (sud), principale porte de sortie de la production agricole du pays, pour relancer les exportations de céréales dont l’Ukraine est l’une des grandes productrices mondiales. 

Au moins 20 millions de tonnes de céréales ukrainiennes ne peuvent être exportées à cause d’un blocus russe, faisant planer le risque d’une crise alimentaire mondiale.

Le président sénégalais Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine (UA), se rend jeudi en Russie pour s’entretenir vendredi avec son homologue russe Vladimir Poutine qui l’a invité à Sotchi, ont indiqué ses services dans un communiqué.

L’UA espère ainsi «contribuer à l’accalmie dans la guerre en Ukraine, et à la libération des stocks de céréales et de fertilisants dont le blocage affecte particulièrement les pays africains», ont-ils ajouté.

 

Kyiv reprend des couleurs

À Kyiv et dans ses alentours, que les forces russes ont quitté fin mars pour se replier vers l’est, l’activité reprend des couleurs avec le retour progressif des habitants.

Près de la capitale, la demande «augmente chaque semaine» pour l’usine de boulangerie Tsar-Khlib, se félicite Oleksandr Tarenenko, directeur du groupe Khlibni Investytsiï qui la possède. Malgré la guerre, elle n’a jamais cessé d’alimenter Kyiv en pain.

Avec une petite fraction de ses 800 salariés, dont une vingtaine installés à demeure dans le sous-sol, la fabrique a réduit la voilure, mais continue de produire 16 tonnes de pain frais par jour contre 100 avant-guerres.

Quand les sirènes antiaériennes retentissent, les ouvriers partent à la cave. Les miches chaudes s’amoncellent alors à la sortie du four.

Après avoir poussé la Finlande et la Suède à demander leur adhésion à l’OTAN, l’invasion russe de l’Ukraine continue à avoir d’autres effets géostratégiques: les Danois ont ainsi massivement voté «oui» mercredi au référendum sur une entrée de leur pays dans la politique de défense de l’Union européenne, après s’y être refusés pendant trois décennies.

L’équipe d’Ukraine de football a par ailleurs battu l’Écosse (3-1) mercredi soir en match de barrages pour le Mondial 2022, permettant aux habitants d’oublier brièvement le quotidien de la guerre. L’Ukraine obtiendra son billet pour le Qatar si elle bat le Pays de Galles dimanche.

 

À la page suivante, l’état des lieux à 6h30 ce matin.

6h29 | Paris — Un rouleau compresseur lent, mais dévastateur. Les forces russes continuent de progresser jeudi autour de la ville de Severodonetsk, clé stratégique de la conquête du Donbass, dans l’est de l’Ukraine.  

Selon Kyiv, ses forces y sont notamment retranchées dans une zone industrielle bombardée par les Russes, comme à la toute fin du long siège de la ville stratégique de Marioupol (sud-est), largement détruite et conquise par Moscou en mai.

Les dirigeants ukrainiens accusent d’ailleurs la Russie de vouloir faire de Severodonetsk un «nouveau Marioupol».

Voici un point de la situation au 99e jour de la guerre à partir d’informations de journalistes de l’AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d’analystes et d’organisations internationales.

 

L’est

«La situation la plus difficile est dans la région de Lougansk, où l’ennemi essaye de déloger nos troupes de leurs positions», indique le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Valeri Zaloujny, évoquant «un avantage opérationnel en termes d’artillerie» pour les Russes.

Severodonetsk, capitale administrative de la région de Lougansk, est désormais «occupée à 80%» par les forces russes et les combats de rue y font rage, a déclaré le gouverneur de la région, Serguiï Gaïdaï. 

«La principale route dans la poche de Severodonetsk reste probablement sous contrôle ukrainien, mais la Russie continue d’enregistrer des gains locaux importants, grâce à une intense concentration d’artillerie», estime le ministère britannique de la Défense sur Twitter.

 

L’ouest

Dans la nuit de mercredi à jeudi, les forces russes ont bombardé plusieurs lignes de chemin de fer dans la région de Lviv, où arrivent notamment les armes livrées à l’Ukraine par les pays occidentaux.

 

Le sud

Les Ukrainiens s’inquiètent d’une possible annexion des régions conquises par les forces russes, Moscou évoquant des référendums dès juillet en vue d’une annexion. 

Les combats et bombardements se poursuivent notamment dans la région de Kherson, en partie conquise par les Russes et objet d’une contre-offensive des Ukrainiens. Les forces ukrainiennes sont de «nouveau à l’offensive» et «gagnent du terrain», selon une source sécuritaire occidentale.

Les habitants y manquent de médicaments et ont besoin d’aide humanitaire, selon Kyiv.

L’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW) précise pour sa part que les forces de Kyiv visent «des positions sur la rive est de la rivière Ihulets, très proche d’une autoroute clé pour la progression russe vers le nord». 

 

Mercenaires

La Russie a affirmé jeudi avoir stoppé l’afflux de «mercenaires» étrangers voulant combattre aux côtés de l’Ukraine, à force de leur infliger de lourdes pertes.

Le nombre de combattants étrangers en Ukraine a été «quasiment divisé par deux» (de 6 600 à 3.500) et un «grand nombre» d’entre eux «préfèrent quitter l’Ukraine le plus rapidement possible», selon le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov.

Il n’était pas possible de vérifier ces affirmations de manière indépendante.

 

Diplomatie

Le président sénégalais Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine (UA), se rendait jeudi en Russie. Il s’entretiendra vendredi avec son homologue russe Vladimir Poutine à Sotchi, ont indiqué ses services dans un communiqué.

L’UA espère ainsi «contribuer à l’accalmie dans la guerre en Ukraine, et à la libération des stocks de céréales et de fertilisants, dont le blocage affecte particulièrement les pays africains».

 

«Longtemps»

Le conflit pourrait durer «de nombreux mois», selon Washington. «Cela pourrait se terminer demain, si la Russie mettait fin à son agression», mais «nous ne voyons aucun signe dans cette direction», a estimé le secrétaire d’État américain Antony Blinken. Appréciation confirmée par une source sécuritaire occidentale, pour qui «le conflit devrait durer jusqu’à la fin de cette année, et probablement au-delà».

 

Dizaines de milliers de morts

Il n’existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. Pour la seule ville de Marioupol (sud-est), les autorités ukrainiennes parlaient de 20 000 morts il y a plusieurs semaines.

Sur le plan militaire, des sources occidentales évoquent quelque 12 000 soldats russes tués. Une source militaire française a indiqué à l’AFP un chiffre proche des 15 000. Ces pertes sur trois mois avoisinent celles enregistrées en neuf ans par l’armée soviétique en Afghanistan, note le ministère britannique de la Défense.

Les forces ukrainiennes perdent chaque jour entre 60 et 100 soldats ukrainiens au combat et quelque 500 autres sont blessés, a assuré mercredi le président ukrainien Volodymyr Zelensky au média américain Newsmax, sans fournir de bilan global.  

 

Déplacés et réfugiés

Plus de huit millions d’Ukrainiens sont déplacés à l’intérieur de leur pays, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR). S’y ajoutent 6,8 millions qui ont fui à l’étranger, dont plus de la moitié — 3,6 millions — en Pologne.

Avant l’invasion russe, l’Ukraine comptait 37 millions d’habitants dans les régions contrôlées par son gouvernement.