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Ukraine: la Russie déterminée à atteindre ses objectifs

AFP|Publié le 24 mai 2022

Ukraine: la Russie déterminée à atteindre ses objectifs

«Les prochaines semaines de guerre seront difficiles», a prévenu lundi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 24 mai. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire.

9h17 | Kyiv — A l’entame du quatrième mois de la guerre en Ukraine, la Russie s’est dite mardi bien déterminée à atteindre tous ses «objectifs», intensifiant son offensive contre la dernière poche de résistance de la région de Lougansk, dans l’est.

Après avoir éloigné les forces russes des deux plus grandes villes du pays, la capitale Kyiv fin mars et début avril, puis Kharkiv (nord-est) en mai, les Ukrainiens reconnaissent depuis quelques jours des «difficultés» dans le bassin houiller du Donbass, formé par les provinces de Lougansk et de Donetsk.

«Les prochaines semaines de guerre seront difficiles», a prévenu lundi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

«Nous continuons l’opération militaire spéciale jusqu’à la réalisation de tous les objectifs, peu importe l’énorme aide occidentale au régime de Kyiv et la pression sans précédent des sanctions», a, le lendemain, souligné le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou. «Les objectifs fixés par le président (Vladimir Poutine) seront remplis», a renchéri le secrétaire du Conseil de sécurité de Russie, Nikolaï Patrouchev.

 

Deux villes en ligne de mire

Moscou concentre précisément sa puissance de feu sur le réduit ukrainien de la région de Lougansk, essayant de cerner les villes de Severodonetsk et de Lyssytchansk.

Le ministère ukrainien de la Défense a aussi évoqué d’intenses combats en cours à proximité de là, dans les environs des localités de Popasna et de Bakhmout, dont la chute donnerait aux Russes le contrôle d’un carrefour qui sert actuellement de centre de commandement impromptu pour une grande partie de l’effort de guerre ukrainien.

Ses habitants, en tout cas, rechignent à fuir, malgré les risques: «Les gens ne veulent pas partir», se désole son maire adjoint, Maxim Soutkovyï, devant un autocar à moitié vide prêt à emmener des civils vers des endroits plus sûrs.

Dans ce secteur, «l’ennemi a amélioré sa position tactique sur le territoire de Vasylivka», a admis mardi matin l’état-major de l’armée ukrainienne, qui assure que «la plus grande activité hostile» est observée «près de Lyssytchansk et de Severodonetsk» que les Russes cherchent à «encercler».

«Severodonetsk est entièrement sous le contrôle des autorités ukrainiennes. Mais c’est vraiment très difficile. Nous comprenons que les Russes ont maintenant jeté toutes leurs forces soit pour s’en emparer, soit pour assiéger toute la partie de la région de Lougansk qui est contrôlée par l’Ukraine», a commenté mardi son gouverneur, Serguiï Gaïdaï. 

«Aujourd’hui, nous constatons que le nombre des bombardements à Severodonetsk a augmenté (…). Ils détruisent simplement toute la ville», a-t-il ajouté, déplorant que quatre personnes aient été tuées dans la matinée par une frappe sur une usine fabriquant des produits chimiques où ont été installés des abris et une autre dans le centre-ville.

Le sort de Severodonetsk rappelle celui de Marioupol, la grande cité portuaire du sud-est pratiquement rasée après plusieurs semaines de siège.

«Nous avons de très violents combats dans les régions de Gorlovka, d’Avdiivka, de Maryinka, de Novomaryinka», a signalé le même jour Edouard Bassourine, un représentant des forces séparatistes prorusses de Donetsk.

Deux républiques séparatistes prorusses ont été proclamées en 2014 dans le Donbass et c’est pour les défendre d’un prétendu «génocide» que le président russe Vladimir Poutine avait déclenché le 24 février l’invasion de l’Ukraine. Cette «opération militaire spéciale», selon les termes du Kremlin, a débuté quelques jours après que Moscou a reconnu leur indépendance.

Retour progressif à la normale en revanche à Kharkiv, où le métro, qui a des mois durant servi d’abri contre les bombes, a été remis en service mardi.  

 

«État terroriste»

Le front méridional semble quant à lui stable, bien que les Ukrainiens y revendiquent des gains territoriaux. 

Le commandement sud a fait état, dans la nuit de lundi à mardi, d’une «avancée» de ses divisions «à travers la région de Mykolaïv en direction de la région de Kherson», contrôlée par les Russes qui y ont introduit leur monnaie, le rouble. Il a accusé les «occupants» d’avoir tué des civils cherchant à fuir en voiture.

Les forces ukrainiennes pilonnent dorénavant les positions russes avec des systèmes d’artillerie occidentaux tout nouvellement acheminés, en particulier des obusiers américains, a expliqué à l’AFP un porte-parole de l’armée ukrainienne.

De son côté, le maire de Marioupol Vadim Boïtchenko a accusé dans une communication vidéo avec Davos, où se déroule une conférence économique mondiale, «les forces d’occupation russes» de se comporter en «État terroriste».

Dans ce contexte, Kyiv appelle instamment les Occidentaux à lui livrer davantage d’armements.

«L’offensive russe dans le Donbass est une bataille impitoyable, la plus vaste sur le sol européen depuis la Deuxième Guerre mondiale. J’exhorte nos partenaires à accélérer les livraisons d’armes et de munitions», a ainsi lancé mardi le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba.

«Nous avons noté des progrès dans la fourniture de canons de 155 mm», au cours d’une réunion lundi avec des responsables occidentaux, a toutefois tempéré le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov.

Un embargo de l’Union européenne sur le pétrole russe est par ailleurs possible «d’ici quelques jours», a estimé le ministre allemand de l’Économie Robert Habeck, alors que le sujet ne fait pour l’instant pas l’unanimité nécessaire au sein de l’UE, dont le ministre délégué français chargé de l’Europe, Clément Beaune, s’est dit «convaincu» mardi que l’Ukraine ferait un jour partie.

 

Des centaines d’enfants tués ou blessés

En trois mois de conflit armé, 234 enfants ont été tués et 433 blessés, a dénoncé mardi le bureau de la procureure générale d’Ukraine Iryna Venediktova.

Au total, des milliers de civils et de militaires ont péri, sans qu’il existe un bilan chiffré. Pour la seule ville de Marioupol, les autorités ukrainiennes parlent cependant de 20 000 morts.

Côté russe, des sources occidentales évaluent à 12 000 le nombre des soldats tués, un chiffre proche de celui enregistré en neuf ans par l’armée soviétique en Afghanistan, tandis que le Kremlin a admis des «pertes importantes». 

L’Ukraine n’a pour sa part fourni aucun bilan du nombre de ses militaires mis hors de combat.

La guerre a aussi chamboulé la répartition de la population: plus de huit millions d’Ukrainiens ont été déplacés à l’intérieur de leur pays, selon l’ONU. S’y ajoutent 6,5 millions qui ont fui à l’étranger, dont plus de la moitié — 3,4 millions — en Pologne.

En Russie, où est préparé un projet de loi en vue d’éliminer la limite d’âge concernant les citoyens en âge de travailler pour s’engager dans l’armée, les autorités continuent de se montrer intraitables: un tribunal de Moscou a ordonné mardi le placement en détention par contumace de deux blogueurs accusés de discréditer les forces russes et leur action en Ukraine.