Dans l'Est, quatre civils ont été tués et trois autres blessés dans des tirs de lance-roquettes sur un centre médical à Kharkiv. (Photo: Getty Images)
Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 25 mars. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire.
16h40 | Contre-offensive ukrainienne sur Kherson
Les forces ukrainiennes ont lancé une contre-offensive sur la ville de Kherson (sud), seul centre urbain majeur conquis entièrement par les forces de Moscou, qui est désormais « contestée », a indiqué vendredi un haut responsable du Pentagone.
« Les Ukrainiens tentent de reprendre Kherson », a déclaré ce responsable ayant requis l’anonymat. «Nous ne pouvons dire exactement qui contrôle Kherson, mais le fait est qu’elle n’est plus aussi solidement sous contrôle russe qu’auparavant».
L’armée russe se concentre sur l’Est
La Russie a dit vouloir désormais concentrer ses efforts sur la «libération» de l’Est de l’Ukraine et a reconnu la mort de 1 351 de ses soldats depuis le début de son offensive militaire.
Commandement des forces aériennes ukrainiennes bombardé
Le centre de commandement des forces aériennes ukrainiennes, à Vinnytsia (centre), a été frappé par une salve de missiles de croisière russes, qui ont provoqué des «dommages significatifs», selon l’armée ukrainienne.
À Kharkiv (est), un bombardement russe sur un centre médical a fait quatre morts, selon la police régionale.
« Opération humanitaire » d’évacuation de Marioupol
La France, la Turquie et la Grèce vont mener «une opération humanitaire» d’évacuation «dans les tout prochains jours» de la ville assiégée de Marioupol (sud), a annoncé le président français Emmanuel Macron.
Par ailleurs, la mairie de Marioupol a déclaré redouter la mort d’environ 300 personnes dans le bombardement du théâtre de la ville par l’aviation russe le 16 mars.
Pourparlers « très difficiles » (Kyiv)
Les pourparlers avec Moscou sont «très difficiles», a jugé le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, démentant tout accord avec la Russie.
Plus tôt dans la journée, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait assuré que la Russie et l’Ukraine étaient d’accord sur quatre points de négociation sur six.
Biden en Pologne
Joe Biden, qui a promis à plusieurs reprises de défendre « le moindre pouce » du territoire de l’OTAN, a rendu visite à des militaires américains stationnés en Pologne, non loin de la frontière avec l’Ukraine.
Après avoir atterri à Rzeszow, à 80 km de la frontière, le président américain a entamé une visite très attendue, de deux jours, par une rencontre avec les militaires de la 82e division aéroportée américaine.
Avions de ligne «volés»
La Russie a «volé» des centaines d’avions de ligne, représentant des milliards d’euros de préjudice pour leurs loueurs étrangers, ont accusé de hauts responsables européens, après que Moscou a permis l’immatriculation de ces appareils sur son territoire.
Les compagnies aériennes russes ont jusqu’à lundi pour rendre ces appareils, aux termes des sanctions visant le secteur aérien adoptées par l’Union européenne.
Les États-Unis excluent l’arme chimique
Les États-Unis «n’ont pas l’intention d’utiliser des armes chimiques, quelles que soient les circonstances», c’est-à-dire même si la Russie en emploie en Ukraine, a assuré le conseiller à la sécurité nationale américain Jake Sullivan.
Disparitions et détentions arbitraires
Des dizaines de responsables, journalistes et militants ukrainiens opposés à l’invasion par Moscou ont été arbitrairement détenus par les forces russes ou ont disparu, a dénoncé l’ONU, estimant que certains cas s’apparentent à des «prises d’otages».
Réduction de la dépendance énergétique
Les États-Unis et l’Union européenne ont annoncé la création d’un groupe de travail visant à réduire la dépendance de l’Europe envers les énergies fossiles russes.
Les Américains s’efforceront ainsi de fournir à l’Europe 15 milliards de m3 supplémentaires de gaz naturel liquéfié (GNL) cette année.
L’Allemagne pour sa part a annoncé qu’elle pourrait se passer du charbon de la Russie d’ici l’automne et de son pétrole à la fin de l’année. Pour le gaz, Berlin vise une date plus tardive, à savoir «mi-2024».
Poutine signe une loi réprimant les «mensonges»
Le président russe Vladimir Poutine a signé une loi réprimant de peines de prison pouvant aller jusqu’à 15 ans les « informations mensongères » sur l’action de Moscou à l’étranger.
12h45 | La Russie a annoncé vendredi sa décision de se concentrer sur «la libération du Donbass», dans l’est de l’Ukraine, alors que le conflit qui en est à son 30e jour piétine et qu’aucune issue claire ne se dessine.
«Les principaux objectifs de la première phase de l’opération ont été remplis. Les capacités de combat des forces ukrainiennes ont été réduites de manière importante, ce qui permet (…) de concentrer le gros des efforts sur l’objectif principal: la libération du Donbass», a déclaré l’adjoint au chef de l’état-major russe, Sergueï Roudskoï.
«La guerre se fige dans l’impasse sur la plupart des théâtres», écrivait auparavant l’Institut américain de l’étude de la guerre (ISW).
Voici un point de la situation établi à partir d’éléments des journalistes de l’AFP sur place ainsi que des déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d’analystes et d’organisations internationales.
Kyiv et le Nord
La Russie a affirmé avoir détruit jeudi soir la plus grande réserve de carburant de l’armée ukrainienne près de Kyiv avec des missiles de croisière.
«Des missiles Kalibr de haute précision ont visé une base (de stockage) de carburant près du village de Kalinovka, près de Kyiv», a déclaré le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov, dans un communiqué.
Selon lui, plusieurs équipements militaires ukrainiens dont trois systèmes de défense antiaérienne et quatre drones ont aussi été détruits. Il n’était pas possible de vérifier ces affirmations de manière indépendante.
Par ailleurs, «les contre-attaques ukrainiennes et le repli des forces russes vers des lignes de réapprovisionnement trop étirées ont permis à l’Ukraine de réoccuper des villes et des positions défensives jusqu’à 35 kilomètres à l’Est de Kyiv», a affirmé le ministère britannique de la Défense.
Le Sud et la Mer Noire
Kherson reste la seule ville significative conquise entièrement par les forces de Moscou, qui « essayent toujours d’encercler Mykolaïv en tentant d’avancer sur l’Ouest vers Odessa, avec des progrès ralentis par les problèmes de logistiques et la résistance ukrainienne », précise le ministère britannique.
La marine ukrainienne affirmait jeudi avoir détruit un navire russe de transport de troupes ancré dans le port de Berdiansk, sur la mer d’Azov.
«Frappe (ou sabotage) très efficace contre les docks de Berdiansk, détruisant un navire et endommageant un autre», confirme vendredi l’ex-colonel français Michel Goya. «Les capacités amphibies de la flotte de la mer Noire se trouvent amoindries et l’usage du port, proche de Marioupol, affecté pour un temps».
Environ 300 morts sont redoutés dans le théâtre de Marioupol bombardé par l’aviation russe le 16 mars, selon la mairie de la ville citant des témoins. Le dirigeant de la république russe de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, a assuré jeudi que ses forces avaient pris la mairie, avant de publier une vidéo où il n’est question que d’un bâtiment officiel de la périphérie de cette grande ville.
«Lente progression (par le feu surtout) des forces russes à l’intérieur de Marioupol», selon Michel Goya.
L’Est
Un bombardement russe vendredi sur un centre médical à Kharkiv a fait quatre morts et trois blessés, selon la police régionale de la deuxième ville du pays, qui a fait état d’un « bombardement au lance-roquettes multiple ».
La deuxième ville du pays est entourée par les forces russes sur plusieurs côtés et les grands axes, mais n’est pas encerclée.
Bilan humain
Aucun bilan précis et récent des victimes civiles n’est disponible. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) évoquait au moins 925 civils tués, dont 75 enfants, il y a quelques jours. Il fait peu de doutes que les bilans réels sont très supérieurs.
Sur le plan militaire, les fourchettes sont extrêmement larges. La Russie a reconnu vendredi la mort de 1 351 de ses soldats pour 3 825 blessés, premiers chiffres depuis plus de trois semaines.
Les sources occidentales parlent à l’unisson de plusieurs milliers de morts côté russe, Kyiv allant même jusqu’à 12 000.
Côté ukrainien, le président Volodymyr Zelensky a évoqué le 12 mars « environ 1 300 » militaires tués. Presque deux semaines après, ce chiffre a peu de signification.
Réfugiés et déplacés
Plus de la moitié des enfants en Ukraine ont dû quitter leur foyer pour fuir l’insécurité et les combats déclenchés par l’invasion de l’armée russe le 24 février, a indiqué l’Unicef jeudi.
Plus de dix millions d’Ukrainiens (sur environ 40 millions) ont fui leurs foyers, dont 3,7 millions sont partis à l’étranger, principalement en Pologne, selon l’ONU, qui a confirmé vendredi un ralentissement du nombre de passages.
L’armée russe a déclaré vendredi accueillir près de 420 000 réfugiés d’Ukraine.
11h38 | Kyiv — Les pourparlers avec Moscou sont «très difficiles», a jugé vendredi le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, démentant tout accord avec la Russie plus d’un mois après le début de l’invasion russe.
«Le processus de négociation est très difficile», a déclaré le chef de la diplomatie ukrainienne dans un communiqué, niant tout «consensus» avec Moscou à ce stade.
Plus tôt dans la journée, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait assuré que la Russie et l’Ukraine étaient d’accord sur quatre points de négociation sur six.
«Il n’y a pas de consensus avec la Russie sur les quatre points mentionnés par le président de la Turquie», a souligné M. Kouleba, saluant toutefois «les efforts diplomatiques» de ce pays «visant à mettre fin à la guerre».
M. Kouleba et son homologue russe Sergueï Lavrov s’étaient vus à Antalya en Turquie le 10 mars dernier, à l’invitation d’Ankara, pour ce qui est la seule rencontre officielle à ce niveau depuis le début de la guerre.
Le chef de la diplomatie ukrainienne a répété la «position forte» et les «exigences» de Kyiv pour parvenir à un accord avec Moscou: «un cessez-le-feu, des garanties de sécurité et l’intégrité territoriale de l’Ukraine», mais aussi que «la langue ukrainienne soit et demeure la seule langue d’État en Ukraine».
Selon lui, «la classification» par Ankara «des sujets clés des négociations en quatre ou autres points est incorrecte», a-t-il précisé dans le communiqué. «De nombreuses questions différentes sont discutées en même temps dans les sous-groupes de délégations», a-t-il ajouté.
«L’Ukraine poursuivra son dialogue avec la Turquie et les autres parties prenantes afin de rétablir la paix sur le sol ukrainien», a enfin déclaré M. Kouleba pour qui la «stratégie tripartie — sanctions, soutien militaire, négociations —» actuelle «ne doit pas être remise en question».
Les pourparlers russo-ukrainiens font du «surplace», selon Moscou
10h37 | Moscou — Les pourparlers entre la Russie et l’Ukraine font du «surplace» sur les principaux points, a déploré vendredi le négociateur en chef de Moscou, tout en soulignant un rapprochement sur des aspects moins importants.
«Les positions convergent sur les points secondaires. Mais sur les principales (questions) politiques, nous faisons du surplace», a déclaré Vladimir Medinski, cité par les agences de presse russes.
Il a ajouté que Moscou insistait sur la signature d’un «traité exhaustif» prenant en compte ses exigences de neutralité, démilitarisation et «dénazification» de l’Ukraine, ainsi que la reconnaissance de la souveraineté russe sur la Crimée et de l’indépendance des deux «républiques» séparatistes prorusses du Donbass.
Selon M. Medinski, Kyiv «s’inquiète principalement d’obtenir des garanties de sécurité de la part de puissances tierces au cas où l’Ukraine ne pourrait pas intégrer l’OTAN», une position «totalement compréhensible».
Après avoir débuté par des rencontres physiques entre délégations, les pourparlers entre la Russie et l’Ukraine se font désormais en visioconférence à un rythme quasi quotidien.
Les deux camps ont un temps exprimé leur optimisme quant à une issue positive de ces discussions, avant de faire le constat de leurs divergences ces derniers jours.
L’armée russe admet 1 351 morts en Ukraine
9h43 | Moscou — La Russie a reconnu vendredi la mort de 1 351 de ses soldats depuis le début de son offensive militaire en Ukraine, accusant les pays occidentaux de commettre une «erreur» en livrant des armes à Kyiv.
Depuis le début de l’intervention en Ukraine le 24 février, «1 351 militaires ont été tués et 3 825 blessés», a déclaré l’adjoint au chef de l’état-major russe Sergueï Roudskoï lors d’un point de presse.
Le précédent bilan officiel de Moscou, datant du 2 mars, faisant état de 498 soldats russes tués en Ukraine. Kyiv, de son côté, fait état de pertes beaucoup plus lourdes dans les rangs de l’armée russe.
M. Roudskoï a également qualifié de «grosse erreur» la livraison d’armes à Kyiv par les pays occidentaux. «Cela prolonge le conflit, augmente le nombre de victimes et n’aura aucune influence sur l’issue de l’opération», a-t-il déclaré.
Il a en outre ajouté que la Russie «répondrait en conséquence» si l’OTAN mettait en place une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine, ce que Kyiv réclame sans succès depuis plusieurs semaines.
Par ailleurs, la Russie a accueilli 419 736 réfugiés originaires de l’est de l’Ukraine depuis le début de l’opération, a déclaré Mikhaïl Mizintsev, directeur du Centre national russe de gestion de la défense, lors de la même réunion avec la presse.
«L’armée russe va continuer de mener cette opération militaire spéciale jusqu’à ce que tous les objectifs soient atteints», a de son côté affirmé le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov.
Un nouveau général russe tué en Ukraine, affirme Kyiv
9h40 | Kyiv — Kyiv a affirmé vendredi avoir à nouveau tué dans des combats un général russe, dans le sud de l’Ukraine, selon un conseiller de la présidence ukrainienne, Oleksiï Arestovytch.
«Nos troupes (…) ont tué le commandant de la 49e armée du district sud de la Russie, le général Iakov Rezantsev, dans un bombardement de l’aérodrome de Tchornobaïvka», situé dans la région de Kherson (sud), a déclaré M. Arestovytch dans un message vidéo.
La Russie a confirmé à ce jour la mort en Ukraine du général Andreï Soukhovetski, commandant adjoint de la 41e armée après avoir servi en Syrie en 2018-19.
Mais un autre général russe, Vitali Guerassimov serait lui aussi mort au combat, selon Kyiv.
«Un autre général deux étoiles a été tué aujourd’hui côté russe, c’est le second en douze jours», avait déclaré le 8 mars sur CNN le général américain à la retraite Mark Hertling, relevant que l’armée russe commettait «des erreurs à répétition» et «communiquait par des moyens non cryptés».
Des rumeurs faisaient état d’autres officiers russes tués, alors que l’offensive russe est, de l’avis d’observateurs, beaucoup moins efficace qu’initialement prévu par Moscou.
Tous les analystes consultés par l’AFP convergeaient vers l’étonnante impréparation de l’armée russe avant l’offensive.
Alexander Grinberg, analyste au Jerusalem Institute for Security and Strategy (JISS), relève que si les conditions de la mort de Guerassimov restent encore inconnues, Soukhovetski a été, semble-t-il, tué par un sniper.
«Il a été tué deux jours après (le début de) l’opération parce que personne n’avait vraiment jamais envisagé la guerre» en Russie, a-t-il expliqué à l’AFP.
«Ils ont pensé que ce serait une opération de type policier pour mettre un gouvernement loyal à Moscou à la place de Zelensky», a-t-il ajouté. «C’est impossible qu’un officier de ce rang soit si près des combats».
Elie Tenenbaum, chercheur de l’Institut français des relations internationales (IFRI), estime pour sa part que la présence sur le terrain de gradés de ce niveau témoigne de ce que Moscou «demande aux généraux d’être en tête de leurs troupes et de prendre des risques» pour compenser une situation morale difficile des troupes.
Joe Biden atterrit en Pologne, non loin de la frontière ukrainienne
9h40 | Rzeszów — L’avion transportant le président américain Joe Biden a atterri vendredi à Rzeszow en Pologne, à 80 km de la frontière avec l’Ukraine, peu après 14h00 locales (9h00, heure du Québec).
Durant les premières heures de sa visite de deux jours en Pologne, Joe Biden doit tenir des réunions sur la situation humanitaire en Ukraine et alentour, puis rencontrer des soldats américains stationnés à Rzeszow.
Il gagnera ensuite Varsovie pour des entretiens avec les dirigeants polonais et une visite dans un centre d’accueil de réfugiés ukrainiens qui ont fui l’invasion russe de leur pays.
Le président américain doit conclure samedi cette visite, qui a lieu un mois après que le président russe Vladimir Poutine a déclenché la guerre contre l’Ukraine, par un discours que la Maison-Blanche promet «majeur» et «significatif».
Cette visite de la Pologne, pays allié au sein de l’OTAN et aussi premier refuge pour des millions d’Ukrainiens fuyant les combats, intervient au lendemain d’une journée d’intense activité diplomatique à Bruxelles, en conclusion de laquelle Joe Biden a estimé que l’alliance militaire n’avait «jamais été aussi unie.»
Son conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan a rappelé vendredi que les États-Unis avaient au total quelque 10 500 militaires stationnés en Pologne, et souligné la promesse du président américain de «défendre le moindre pouce du territoire de l’OTAN».
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7h00 | Bruxelles — Les États-Unis et l’Union européenne ont annoncé vendredi à Bruxelles des mesures pour réduire la dépendance européenne au gaz russe, peu avant le départ pour la Pologne du président américain Joe Biden, seconde étape d’un voyage en Europe consacré à l’invasion russe en Ukraine.
À des milliers de kilomètres de là, la mairie de Marioupol, port ukrainien stratégique de la mer d’Azov, dont le théâtre dramatique avait été bombardé le 16 mars, a affirmé sur Telegram qu’environ 300 personnes y seraient mortes, selon des témoins. Des centaines de personnes, «principalement des femmes, enfants et personnes âgées», étaient réfugiées dans ce théâtre.
Plus de 2 000 civils ont été tués dans la ville assiégée, indique un dernier bilan communiqué par la mairie et quelque 100 000 personnes sont toujours bloquées et manquent de tout, selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
À Bruxelles, Joe Biden et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont annoncé dans un communiqué la création d’un groupe de travail visant à réduire la dépendance de l’Europe envers les énergies fossiles russes.
Dans ce contexte, les États-Unis s’efforceront de fournir à l’Europe 15 milliards de mètres cubes supplémentaires de gaz naturel liquéfié (GNL) cette année, selon le communiqué.
Au même moment, l’Allemagne, qui importait avant l’invasion russe un tiers de son pétrole et quelque 45% de son charbon de Russie, a annoncé qu’elle se passerait du charbon russe d’ici l’automne et réduirait très fortement sa dépendance au pétrole russe d’ici la fin de l’année.
Pour le gaz, l’Allemagne pourra être «largement indépendante (…) d’ici mi-2024», a indiqué le ministère allemand de l’Économie dans un communiqué. Le pays a déjà réduit ces dernières semaines ses importations de gaz en provenance de Russie, qui ne représentent plus que 40% du total.
Le ministère ukrainien des Infrastructures a de son côté demandé à l’UE, sur Telegram, de «bloquer complètement les liaisons terrestres et maritimes avec la Russie et le Bélarus» pour empêcher la fourniture de biens pouvant servir à des fins militaires.
Réserve de carburant détruite
En Ukraine, l’offensive russe, qui entre dans son deuxième mois, se poursuit et se mue de plus en plus en une guerre d’usure. Vendredi, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir détruit avec des missiles de croisière la plus grande réserve de carburant de l’armée ukrainienne près de Kyiv, qui servait selon Moscou «à approvisionner les unités dans la partie centrale du pays».
De son côté, le ministère des Situations d’urgence a confirmé qu’un dépôt de produits pétroliers situé à Kalynivka, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Kyiv, avait été touché jeudi soir par un bombardement et qu’un incendie y faisait toujours rage vendredi matin.
«L’opération (dans l’ensemble du pays) doit se poursuivre jusqu’à ce qu’elle atteigne son objectif de démilitariser et de dénazifier l’Ukraine», a déclaré vendredi le vice-président du conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev, dans une interview à l’agence de presse RIA-Novosti, reprenant la rhétorique chère au président Vladimir Poutine.
Dans l’Est, quatre civils ont été tués et trois autres blessés dans des tirs de lance-roquettes sur un centre médical à Kharkiv, selon la police régionale tandis qu’à Roubijné, localité située près de Lougansk, deux habitants ont été tués dans des bombardements la nuit de jeudi à vendredi, selon le gouverneur de la région Serguiï Gaïdaï.
La nuit précédente, au moins quatre personnes dont deux enfants y étaient déjà mortes et les autorités ukrainiennes avaient accusé Moscou d’avoir employé des bombes au phosphore.
Interrogé sur ces accusations, le Kremlin a démenti vendredi toute violation du droit international et accusé Joe Biden de vouloir «détourner l’attention» des «programmes de développement des armes chimiques et biologiques que les États-Unis ont mis en place dans plusieurs pays, y compris en Ukraine».
Par ailleurs, une unité militaire en périphérie de Dnipro, dans le centre du pays, a été touchée jeudi soir par deux frappes de missiles, a indiqué le gouverneur régional Valentyn Reznitchenko sans donner de bilan des victimes. «Destructions importantes. Des secouristes déblaient les décombres et cherchent des gens», a-t-il écrit sur Telegram.
Sur le front de la capitale ukrainienne, la bataille s’intensifie.
«Nos soldats tiennent la ville de Tcherniguiv et entravent l’avancée de l’ennemi en direction de Kyiv. Nous continuons de repousser l’offensive ennemie sur Kyiv», affirme le dernier bulletin de l’état-major de l’armée ukrainienne, publiée vendredi à l’aube.
«Il y avait beaucoup de tirs, ils ont touché ma maison. Les fenêtres, les portes, les plafonds sont détruits», raconte à l’AFP Iaroslava Delichevska, 58 ans, qui a fui, avec les cinq chiens de la famille, sa banlieue de Kyiv, transformée en théâtre de combats acharnés.
L’armée ukrainienne affirme aussi qu’en mer d’Azov, le navire russe «Saratov», destiné à une opération de «débarquement», «a été détruit lors de l’attaque contre le port occupé de Berdiansk».
Deux autres navires russes de débarquement, le «Caesar Kunikov» et le «Novotcherkassk», ont aussi été «endommagés», selon Kyiv.
Dans sa dernière vidéo publiée sur Facebook, dans la nuit de jeudi à vendredi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, retranché à Kyiv, a rendu hommage à «l’opposition héroïque du peuple ukrainien face à l’invasion militaire russe».
En un mois de guerre, des milliers d’Ukrainiens ont été tués, 6,5 millions ont dû quitter leurs maisons dont plus de 4 300 ont été détruites, selon un dernier bilan du président Zelensky. Le parquet général a fait état de son côté d’au moins 135 enfants tués et 184 autres blessés.
Joe Biden est attendu vendredi en début d’après-midi dans la ville polonaise de Rzeszow, à environ 80 kilomètres de la frontière avec l’Ukraine, seconde étape de son voyage en Europe.
Arrivant de Bruxelles, il sera reçu par le président polonais Andrzej Duda à l’aéroport de cette ville polonaise située à deux heures et demie de route de Lviv, principale ville de l’ouest de l’Ukraine, où affluent les réfugiés.
Il recevra ensuite un breffage sur «la réponse humanitaire afin d’apaiser la souffrance des civils en Ukraine et de répondre au flux croissant de réfugiés qui fuient la guerre que (Vladimir) Poutine a choisie», a précisé la Maison-Blanche.
2,2 millions de réfugiés ukrainiens en Pologne
Depuis le 24 février, plus de 2,2 millions de personnes fuyant le conflit en Ukraine sont entrées en Pologne, ont annoncé les gardes-frontières polonais.
Joe Biden ira à la rencontre de soldats américains positionnés dans cette région, qui font partie des plus de 100 000 militaires américains actuellement présents en Europe.
Il ira ensuite à Varsovie, où il prononcera un discours «sur les efforts unis du monde libre pour soutenir le peuple ukrainien» et «tenir la Russie responsable de sa guerre brutale», selon la Maison-Blanche.
Ces deux jours de visite en Pologne interviennent à la suite d’un marathon diplomatique hors du commun à Bruxelles, où Joe Biden a multiplié les sommets — OTAN, G7, UE — pour vanter l’unité occidentale dans sa réponse à la Russie, un mois jour pour jour après le début de son invasion de l’Ukraine.
Joe Biden a promis jeudi à Bruxelles pour la première fois une «réponse» de l’OTAN dans le conflit en Ukraine si la Russie y recourait à l’arme chimique, une menace qu’il a jugée «crédible».
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a par ailleurs fait part jeudi soir de son «inquiétude» après avoir été informée par les autorités ukrainiennes de bombardements de la ville où vit le personnel du site de Tchernobyl.