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Ukraine: le régiment Azov confirme déposer les armes à Marioupol

AFP|Publié le 20 mai 2022

Ukraine: le régiment Azov confirme déposer les armes à Marioupol

Après avoir échoué à prendre Kyiv et Kharkiv, la deuxième ville ukrainienne (nord-est), la Russie concentre ses efforts militaires dans l'est et le sud. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 19 mai. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire.  

9h31 | Kyiv — Le commandant du régiment ukrainien Azov encore retranché avec un nombre inconnu de ses hommes dans l’aciérie Azovstal de Marioupol a confirmé jeudi avoir reçu l’ordre de déposer les armes pour «sauver les vies» des militaires, au moment où Moscou accentue la pression dans le Donbass, transformé en «enfer», selon Kyiv.

«Le commandement militaire supérieur a donné l’ordre de sauver les vies des militaires de notre garnison et d’arrêter de défendre la ville», a déclaré dans une vidéo sur Telegram Denys Prokopenko, le bras droit bandé, depuis ce qui semblait être un local souterrain.

Après l’évacuation de civils puis de centaines de militaires ukrainiens de facto faits prisonniers par les Russes, «le processus se poursuit» pour évacuer les corps des militaires tués, a ajouté le commandant de ce régiment d’élite fondé par des nationalistes ukrainiens, qui défendait Azovstal notamment aux côtés d’une unité de fusiliers marins.

Dernière poche de résistance ukrainienne dans cette ville, l’immense complexe métallurgique avec son dédale de galeries souterraines creusées à l’époque soviétique était la dernière poche de résistance ukrainienne dans cette ville portuaire sur la mer d’Azov, massivement bombardée par les Russes. 

 

«Sauvetage de nos héros»

Plus tôt dans la journée, le ministère russe de la Défense avait affirmé que 1 908 soldats ukrainiens d’Azovstal, s’étaient «constitués prisonniers» depuis lundi aux forces russes.

Moscou a rendu publiques des images montrant des cohortes d’hommes en tenue de combat émergeant de l’aciérie, certains avec des béquilles ou des bandages, après une longue bataille qui était devenue un symbole de la résistance ukrainienne à l’invasion russe. 

Selon Kyiv, cette ville-martyre a été à 90% détruite et au moins 20 000 personnes y ont péri.

Kyiv n’a pas parlé de reddition à Azovstal.

«Je fais tout pour que les forces internationales les plus influentes soient informées, et dans la mesure du possible impliquées, dans le sauvetage de nos héros», a déclaré le président Volodymyr Zelensky jeudi soir.

L’Ukraine souhaite organiser un échange de prisonniers de guerre mais la Russie a fait savoir qu’elle considérait au moins une partie d’entre eux non pas comme des soldats, mais comme des combattants «néonazis».

 

«L’enfer» au Donbass

Après avoir échoué à prendre Kyiv et Kharkiv, la deuxième ville ukrainienne (nord-est), la Russie concentre ses efforts militaires dans l’est et le sud. Moscou cherche notamment à conquérir totalement le Donbass, partiellement contrôlé depuis 2014 par des séparatistes prorusses.

Le ministre russe de la Défense a assuré vendredi que la conquête de la région de Lougansk, qui avec celle de Donetsk forme le Donbass, était «presque achevée».

De son côté, le ministère ukrainien de la Défense affirme que l’armée russe «a intensifié ses offensives et tentatives d’assaut» dans le Donbass, globalement toutes repoussées, et a bombardé «toute la ligne de front». 

«C’est l’enfer» dans le Donbass, et ce n’est pas une exagération», avait déclaré quelques heures plus tôt le président ukrainien. Ses services ont signalé vendredi matin des bombardements sur un axe allant du nord-est au sud du pays.

Des frappes russes avaient fait 12 morts et 40 blessés jeudi à Severodonetsk, dans la région de Lougansk, selon le gouverneur local Serguiï Gaïdaï. 

D’après les autorités ukrainiennes, jusqu’à 15 000 personnes vivent encore dans des abris à Severodonetsk, dévastée par les bombes. Une équipe de l’AFP a constaté que la cité industrielle était transformée depuis plusieurs jours en champ de bataille et écrasée sous les tirs d’artillerie.

Severodonetsk et Lyssytchansk, séparées par une rivière, constituent la dernière poche de résistance ukrainienne dans la région.

«L’ennemi a lancé des tentatives d’assaut en direction de Severodonetsk, n’a pas eu de succès et a été contraint de se replier», a déclaré le ministère ukrainien de la Défense, signalant des «combats en cours près de Tochkivka», à une quarantaine de kilomètres au sud. 

«L’évacuation de la population continue», selon la présidence ukrainienne.

Par ailleurs, des soldats russes ont tué jeudi cinq civils dans la région de Donetsk, selon le gouverneur Pavlo Kyrylenko.

 

Aide financière

Le Congrès américain a débloqué jeudi une enveloppe gigantesque de 40 milliards de dollars pour soutenir l’effort de guerre ukrainien. Et les ministres des Finances du G7 ont commencé à faire le compte des milliards que chaque pays pourrait verser à Kyiv.

La nouvelle aide américaine doit notamment permettre à l’Ukraine de s’équiper en blindés et de renforcer sa défense antiaérienne.

Parallèlement, les pays du G7 ont promis vendredi de mobiliser 19,8 milliards (18,7 milliards d’euros) de dollars afin d’aider l’Ukraine à «combler son déficit financier».

Mais l’Allemagne s’est dite opposée vendredi à un nouvel endettement commun européen, sur le modèle du plan de relance post-COVID.

Semblant s’installer dans la durée, la guerre menace d’aggraver la crise alimentaire mondiale, car elle perturbe gravement l’activité agricole et les exportations céréalières de l’Ukraine, pays qui était jusque-là le quatrième exportateur mondial de maïs et en passe de devenir le troisième exportateur de blé.

«Arrêtez de bloquer les ports de la mer Noire! Autorisez la libre circulation des navires, des trains et des camions transportant de la nourriture hors d’Ukraine», a réclamé jeudi soir le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU.

L’ambassadeur russe aux Nations unies, Vassili Nebenzia, a rétorqué en dénonçant la volonté occidentale «de faire porter le chapeau à la Russie pour tous les problèmes du monde».

Par ailleurs, conséquence du refus de la Finlande de payer le géant russe Gazprom en roubles, les livraisons de gaz naturel russe seront suspendues à compter de samedi matin, selon le groupe énergétique public finlandais Gasum.

L’ex-chancelier allemand Gerhard Schröder, proche de Vladimir Poutine, sous le feu des critiques avec l’offensive russe contre l’Ukraine, va de son côté finalement quitter le conseil d’administration de Rosneft. Cette annonce intervient au lendemain de décisions à Berlin et à Bruxelles visant l’ancien dirigeant social-démocrate, chancelier de 1998 à 2005.

 

Soldat russe jugé

Un soldat russe jugé pour crimes de guerre en Ukraine, le premier dans le conflit, s’est dit «sincèrement désolé» vendredi. 

Vadim Chichimarine, un militaire russe de 21 ans, comparaît depuis mercredi devant un tribunal ukrainien, pour avoir abattu un homme de 62 ans, Oleksandre Chelipov, dans le nord-est de l’Ukraine au début de l’invasion, ce qu’il a reconnu.

Son avocat, Viktor Ovsiannykov, a cependant plaidé vendredi l’acquittement, affirmant qu’il n’était «pas coupable» de crime de guerre. La veille, le parquet avait requis la prison à vie.

«Je ne voulais pas tuer», a dit le jeune sergent, qui affirme avoir obéi à l’injonction d’un autre militaire, pour neutraliser un témoin de leur fuite alors que leur colonne de blindés avait été attaquée par l’armée ukrainienne. Le verdict est attendu lundi.