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Ukraine: le Royaume-Uni interdit son espace aérien

AFP et La Presse Canadienne|Publié le 25 février 2022

Ukraine: le Royaume-Uni interdit son espace aérien

Aucun avion privé russe ne peut traverser l’espace aérien britannique. (Photo: 123RF)

Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l’invasion de la Russie en Ukraine. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici. 

 

16h30 | Le secrétaire britannique aux Transports Grant Shapps a annoncé vendredi soir une interdiction avec effet immédiat de l’espace aérien du Royaume-Uni aux avions privés russes, en réponse à l’invasion de l’Ukraine par l’armée de Vladimir Poutine.

«J’ai renforcé notre interdiction au Royaume-Uni, afin qu’aucun avion privé russe ne puisse traverser l’espace aérien britannique ou se poser (en Grande-Bretagne), avec effet immédiat», a expliqué Grant Shapps sur Twitter.

«Les actions de Poutine sont illégales et quiconque bénéficie de l’agression de l’Ukraine par la Russie n’est pas le bienvenu ici», a-t-il dit, après avoir plus tôt interdit la compagnie aérienne nationale russe Aeroflot.

Le Royaume-Uni est une destination prisée des oligarques russes et de leurs familles, et a été critiqué pour ne pas lutter avec assez d’énergie contre les flots d’argent russe se déversant sur le pays.

14h40 | le Québec entend faire sa part, aussi modeste soit elle

Le drapeau de l’Ukraine flotte sur l’Assemblée nationale alors que le gouvernement Legault est à étudier les mesures qu’il peut mettre en œuvre tant pour soutenir les Ukrainiens que pour participer aux sanctions contre la Russie.

De passage à Repentigny pour une annonce d’aide aux organismes communautaires de l’endroit, vendredi, François Legault a expliqué que ses ministres de l’Immigration et des Relations internationales, Jean Boulet et Nadine Girault, sont à analyser les possibilités d’offrir une terre d’accueil aux réfugiés ukrainiens qui fuient le pays.

Une aide financière à l’Ukraine, ainsi qu’aux pays limitrophes pour l’accueil des réfugiés, sont à l’agenda des deux ministres.

L’invasion russe du territoire ukrainien est vigoureusement condamnée par le premier ministre François Legault, qui a dit être aussi à regarder tout ce que le Québec peut faire pour « pénaliser au maximum Vladimir Poutine ». Par exemple, la possibilité de cesser toute importation de vodka russe par la Société des alcools du Québec a été mentionnée.

François Legault a toutefois rappelé que les échanges commerciaux du Québec avec la Russie sont relativement modestes, s’élevant à environ 200 millions de dollars par année.

Son gouvernement est néanmoins à faire l’inventaire des entreprises québécoises qui font affaire avec la Russie afin d’évaluer l’impact des sanctions sur celles-ci.

 

14h20 | L’accès à Facebook restreint en Russie

L’accès à Facebook et aux autres réseaux sociaux du groupe a été restreint en Russie après que ses dirigeants ont refusé de cesser la vérification des faits sur la plateforme comme le leur avait demandé les autorités russes, a indiqué vendredi le vice-président de Meta, Nick Clegg.

«Les Russes utilisent les applications de Meta pour s’exprimer et organiser des actions», a écrit, depuis son compte Twitter, l’ancien vice-premier ministre britannique, aujourd’hui vice-président du géant technologique. «Nous voulons qu’ils continuent à se faire entendre, à partager ce qui se passe et à s’organiser à travers Facebook, Instagram, WhatsApp et Messenger», les plateformes du groupe.

14h00 | Aeroflot suspend ses vols à destination de Londres et Dublin

Moscou — La principale compagnie aérienne russe Aeroflot a annoncé vendredi la suspension de ses vols à destination de Londres et Dublin, après l’introduction de sanctions par la Grande-Bretagne en guise de représailles pour l’invasion de l’Ukraine.

«En raison des restrictions imposées par les autorités britanniques, Aeroflot suspend tous les vols vers Londres et Dublin jusqu’au 23 mai 2022», a indiqué dans un communiqué Aeroflot, membre de l’alliance internationale SkyTeam avec Air France-KLM.

En réponse aux sanctions britanniques, qui interdisent à Aeroflot de desservir le pays, Moscou a annoncé vendredi bannir de son espace aérien tous les avions liés au Royaume-Uni.

L’interdiction concerne non seulement les vols à destination de Russie, mais aussi ceux survolant le territoire russe, un espace clé reliant l’Europe à l’Asie.

 

13h25 | L’OCDE ferme la porte à une adhésion de la Russie

L’OCDE va clôturer le processus d’adhésion de la Russie et va fermer son bureau à Moscou en représailles à l’invasion russe de l’Ukraine, a indiqué vendredi l’organisation internationale.

«L’OCDE demeure fermement solidaire du peuple ukrainien», a-t-elle déclaré dans un communiqué, qui condamne «avec la plus grande fermeté, l’agression à grande échelle de la Russie contre l’Ukraine». 

L’Organisation de coopération et de développement économique, qui réunit l’ensemble des pays développés, va ranger pour de bon le dossier d’adhésion russe qui avait déjà été suspendue en 2014 après le déploiement de forces russes dans la péninsule ukrainienne de Crimée.

La Russie ne sera par ailleurs plus la bienvenue «aux niveaux ministériels et dans les organes où elle figure sur la liste des invités», précise l’OCDE.

 

13h20 | Poutine et Lavrov sanctionnés par L’UE

Le président Vladimir Poutine et son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov figurent sur la liste des personnes sanctionnées par l’Union européenne, en réponse à l’invasion de l’Ukraine, a annoncé vendredi le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

«C’est un pas important. Les seuls dirigeants dans le monde sanctionnés par l’UE sont le président syrien Bachar al-Assad et le président du Belarus Alexandre Loukachenko, et donc désormais Poutine pour la Russie», a déclaré Josep Borrell.

À la page suivante, Les pays occidentaux frappent au portefeuille

12h15 | Les pays occidentaux frappent au portefeuille : le secteur financier est au centre des mesures envisagées pour sanctionner la Russie après son invasion de l’Ukraine.

L’objectif assumé est «une coupure encore plus forte des institutions russes de l’accès au système financier», selon un communiqué signé vendredi par les ministres des Finances européens, la Commission européenne et la Banque centrale européenne.

Quelles sont les mesures envisagées ?

Le premier niveau des sanctions prises par l’Union européenne, les États-Unis ou encore le Royaume-Uni, le Japon ou le Canada, porte sur les avoirs des proches de Vladimir Poutine.

Le second niveau vise les acteurs financiers. Londres et Washington notamment ont ciblé un certain nombre de banques russes, dont VTB Bank.

Cette dernière a d’ailleurs annoncé que l’utilisation de ses cartes bancaires de types Visa et Mastercard à l’étranger était désormais «impossible».

«Exclure une banque du système financier américain, cela revient à l’empêcher de réaliser des paiements en dollars», explique à l’AFP Stephen Le Vesconte, avocat du cabinet Linklaters.

Peu de chances qu’il en soit de même avec l’euro «puisqu’il est question d’exemptions des paiements en rapport avec l’énergie», nuance-t-il.

 

Vont-elles assez loin ?

Non, de l’avis du président ukrainien Volodymyr Zelensky.  La pression sur la Russie doit augmenter», a-t-il tweeté.

Les pays occidentaux se sont pour l’instant gardés de couper la Russie du réseau bancaire Swift, qui permet de recevoir ou d’émettre des paiements dans le monde entier.

La France y est favorable, a indiqué vendredi le ministre français des Finances Bruno Le Maire, notant cependant que «certains États membres ont fait part de réserves».

Hors Swift, les sanctions évoquées ne sont « ni faibles, ni lourdes », résume Stephen Le Vesconte. Elles sont le fruit « d’un compromis pour faire mal sans se tirer une balle dans le pied ».

La Russie dispose par ailleurs de réserves de changes qui atteignaient quelque 640 milliards de dollars US au 18 février (soit environ le double du montant constaté en 2014, selon une note de Natixis) et d’un fonds souverain évalué à 175 milliards. De quoi potentiellement aider à financer des entreprises stratégiques en grande partie publique.

 

Quelles conséquences pour les banques occidentales sur place ?

Plusieurs banques européennes disposent de filiales en Russie. Les plus exposées sont la Française Société Générale, l’italienne Unicredit et l’autrichienne Raiffeisen Bank International.

Elles «ne subissent pas pour l’instant de conséquences juridiques», relève cependant M. Le Vesconte, mais «vont opérer dans un pays où la devise va chuter en valeur, où l’inflation risque d’augmenter drastiquement».

Elles devront également faire le ménage parmi leurs clients si les avoirs de certains d’entre eux sont gelés.

Dans des termes assez proches transmis par leurs porte-paroles respectifs à l’AFP, Société Générale et Unicredit déclarent suivre de près la situation en Russie et soulignent, chiffres à l’appui, que leurs activités ne représentent qu’un faible pourcentage à l’échelle du groupe. 

Raiffeisen s’attend de son côté «à de nouvelles sanctions», selon un communiqué transmis à l’AFP, mais assure que ses banques en Russie et en Ukraine « sont bien capitalisées et s’autofinancent ».

 

Est-il possible de contourner les sanctions ?

En pratique, oui, répond à l’AFP Julien Martinet, avocat chez Swiftlitigation.

Prenant l’exemple de l’Iran, sous le coup de sanctions encore plus dures, il constate que «des systèmes sont mis en place, via un tiers payeur par exemple. Mais ce n’est ni officiel ni acceptable par les grandes institutions bancaires sur le plan de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.»

Les sociétés risquent cependant gros à contourner les sanctions. BNP Paribas avait par exemple été condamnée à payer une amende colossale de 8,9 milliards de dollars US pour avoir fait transiter de 2004 à 2012 par les États-Unis de l’argent au nom de clients soudanais, cubains et iraniens.

L’alternative au dollar est par ailleurs mise en avant par les producteurs de pétrole, dont Rosneft et Gazprom Neft, qui «ont déclaré que l’option de paiement en devises alternatives était incluse dans de nombreux contrats d’approvisionnement», explique John Plassard, analyste de Mirabaud.

Nicolas Fleuret, spécialiste de l’industrie financière au sein du cabinet Deloitte, imagine enfin l’utilisation de cryptomonnaies «comme un véhicule de paiement» alternatif, la Russie «en produisant de plus en plus».

 

 

12h14 | La Russie interdite de participer à l’Eurovision

La Russie ne pourra pas participer cette année au concours de l’Eurovision de la chanson, son organisateur craignant pour la réputation de l’un des événements culturels les plus populaires d’Europe.

«Dans le contexte de la crise sans précédent qui se déroule aujourd’hui en Ukraine, l’on pouvait craindre qu’une participation russe cette année ne jette le discrédit sur le Concours. Avant de prendre sa décision, l’UER a pris le temps de mener une large consultation auprès de ses membres», souligne dans un communiqué publié vendredi l’Union européenne de Radio-Télévision (UER). 

Non seulement aucun artiste représentant la Russie ne pourra participer à cet événement populaire, diffusé en direct sur toutes les chaînes publiques de télévision du continent européen et qui a pris une dimension culte, mais ce pays ne pourra pas voter pour les autres prestations.

La Russie «est complètement exclue de tout l’événement» qui rassemble des dizaines de millions de spectateurs chaque année, a dit un porte-parole de l’UER interrogé par l’AFP.

«Nous restons déterminés à protéger les valeurs d’un concours culturel qui favorise les échanges internationaux et la compréhension mutuelle, rassemble les publics, célèbre la diversité à travers la musique et unit toute l’Europe sur une même scène de spectacle», souligne encore l’UER, qui rassemble de nombreux organismes de radiotélévision publique et sert un public potentiel d’un milliard de personnes.

À la page suivante, Blocage des technologies, vaccins et SWIFT.

11h10 | bloquer les composants technologiques vers la Russie, une mesure à double tranchant

 Paris — En limitant l’accès de la Russie aux semi-conducteurs et composants technologiques, essentiels pour ses industries automobile et militaire, les pays occidentaux tentent de renforcer leurs sanctions face à l’agression de l’Ukraine, au risque d’ouvrir davantage le marché russe à la Chine et de prolonger les pénuries mondiales qui affectent le secteur.

Le Japon, patrie de l’industriel Fujitsu, a spécifiquement annoncé vendredi le blocage des exportations vers la Russie des « biens à usage général comme les semi-conducteurs ».

L’Union européenne y réfléchit, tandis que les États-Unis ont décidé d’imposer des restrictions à l’utilisation par la Russie de leurs technologies, comprenant les semi-conducteurs, les télécommunications, le chiffrement, les lasers et les capteurs.

Or, les décisions américaines peuvent s’imposer au-delà de leurs frontières, car leurs entreprises (Intel, NVidia ou Qualcomm) dominent la chaîne d’approvisionnement de ce secteur. Le leader taïwanais TSMC avait notamment dû s’y plier en 2019, lorsque l’administration Trump avait décidé d’empêcher la firme chinoise Huawei d’utiliser des puces ou logiciels (dont Android) d’origine américaine.

« Bien sûr, la Russie peut renforcer ses liens avec la Chine » pour se passer de ces technologies, mais « pensez à combien cela a été long et difficile pour Huawei », explique à l’AFP Francisco Jeronimo, analyste du cabinet IDC. L’impact sera donc « significatif » pour toutes les entreprises russes qui ne pourront pas faire cette transition rapidement.

Cet expert relève toutefois que «la Russie n’est peut-être pas si dépendante à la technologie américaine que ce que l’on voudrait croire». Son gouvernement avait notamment annoncé il y a plusieurs années un plan pour se passer dès 2025 du système d’exploitation Windows dans l’administration et développer des solutions alternatives pour le grand public.

 

Pénuries

«La Chine fait face exactement aux mêmes défis et doit pousser sa propre technologie», explique Francisco Jeronimo, qui prévoit que la Russie — qui représente seulement 0,1% des achats mondiaux de puces, selon l’association de l’industrie des semi-conducteurs — devienne un débouché très intéressant pour les fabricants chinois.

Surtout, la Russie détiendrait le pouvoir d’affecter toute la chaîne mondiale de production des semi-conducteurs, si elle répliquait aux sanctions en coupant ses exportations de ressources clés dans la production de ces composants.

Début février, des experts de l’entreprise spécialisée dans les matériaux électroniques Techcet avaient publié un rapport sur la dépendance des États-Unis aux importations russes des gaz néon et C4F6 et du palladium, utilisés pour produire les puces.

« La Russie est une source cruciale de C4F6 que plusieurs fournisseurs américains achètent et purifient pour l’utiliser dans la gravure (…) et dans les processus de lithographie avancés pour la production de puces. Le marché américain consomme environ 8 mégatonnes de C4F6 par an », avançaient ces experts.

La Russie est également de loin le premier fournisseur des États-Unis en gaz néon, un sous-produit de la fabrication de l’acier, qui est ensuite purifié en Ukraine et est nécessaire à la gravure ultra fine au laser des circuits électroniques. Enfin, elle fournit un tiers du palladium mondial, un métal utilisé dans la fabrication des capteurs et mémoires informatiques, notamment à destination de l’industrie automobile.

Des ruptures dans l’approvisionnement de ces matériaux pourraient avoir des conséquences sur les producteurs de puces, notamment américains, prévenait Lita Shon-Roy, présidente de Techcet. Si c’était le cas, les pénuries mondiales actuelles, nées pour partie de la crise sanitaire, « se prolongeraient à coup sûr, et les consommateurs en paieraient le prix », prévient Francisco Jeronimo.

 

10h22 | Rome suspend sa collaboration avec Moscou sur le vaccin Sputnik

 Rome — Le Latium, la région de Rome, a annoncé vendredi suspendre sa collaboration avec la Russie sur le vaccin Sputnik-V contre la COVID en raison de l’invasion de l’Ukraine.

«Nous suspendons la coopération concernant Sputnik parce que la science doit être au service de la paix et non de la guerre», a déclaré le responsable de la Santé du Latium, Alessio D’Amato, cité par le quotidien La Repubblica.

Ces propos ont été confirmés à l’AFP par un porte-parole de la région.

La coopération en question prévoyait une batterie de tests conduite en Italie par le prestigieux institut Spallanzani sur environ 600 volontaires qui après une 1re dose de vaccin anti-Covid d’Astrazeneca avaient reçu comme seconde injection une dose de Sputnik-V.

Le projet, qui a débuté en avril 2021, s’est poursuivi jusqu’en janvier dernier, mais «l’escalade en Ukraine a convaincu» la région Latium «de bloquer la collaboration» financée par la partie italienne, assure le quotidien.

 

10h08 | La France en faveur de l’exclusion de la Russie de Swift

La France est en faveur de l’exclusion de la Russie du système bancaire Swift, a affirmé vendredi le ministre français des Finances Bruno Le Maire, afin de sanctionner la Russie de l’invasion en Ukraine.

«Certains États membres ont fait part de réserves, la France ne fait pas partie de ces États», a déclaré le ministre au cours d’une conférence de presse dans le cadre d’une conférence rassemblant les ministres des Finances de l’UE.

«Il faut qu’il y ait un consensus européen», a-t-il poursuivi pour justifier de l’absence de cette «arme nucléaire financière» à l’arsenal des sanctions occidentales contre Moscou.

«C’est la toute dernière option », avait affirmé un peu plus tôt le ministre vendredi.

Swift est l’un des plus importants réseaux de messagerie bancaire et financière, permettant les règlements interbancaires entre les établissements financiers du monde entier.

Mais l’Allemagne ne veut pas l’imposer pour le moment, craignant de devoir faire face à de sérieuses difficultés économiques, et notamment aux transactions liées au marché du gaz russe dont Berlin est fortement dépendant.

«Des étapes supplémentaires sont encore possibles, mais nous devons être méfiants quant à leurs effets : c’est à l’économie russe qu’il s’agit de faire subir des conséquences», a souligné le ministre allemand des Finances Christian Lindner vendredi.

Les ministres des Finances européens ont par ailleurs demandé à la Commission européenne et à la Banque centrale européenne d’« évaluer les conséquences que provoquerait une coupure encore plus forte des institutions russes de l’accès au système financier », selon un communiqué publié vendredi.

«Toutes les options sont sur la table», précise également ce document.

 

 

 

«Plus de sanctions» nécessaires

9h55 | Londres — Le premier ministre britannique Boris Johnson et ses alliés d’Europe du Nord ont convenu vendredi que «plus de sanctions» étaient nécessaires contre Moscou après l’invasion de l’Ukraine, visant notamment «l’entourage proche» du président Vladimir Poutine, a indiqué Downing Street.

Lors d’un appel entre M. Johnson et ses alliés de la Joint Expeditionary Force (JEF), qui regroupe dix États, dont les pays Baltes, «les dirigeants sont convenus que plus de sanctions étaient nécessaires, se concentrant notamment sur l’entourage proche du président Poutine», a précisé une porte-parole de Downing Street.

«Un soutien accru doit être apporté à l’Ukraine de toute urgence», a insisté Boris Johnson. «Les actes néfastes du président Poutine ne pourront jamais être normalisés ou son agression contre l’Ukraine acceptée comme un fait accompli», a-t-il ajouté.

Fondée en 2012, la JEF rassemble des pays membres de l’OTAN (Danemark, Estonie, Islande, Lettonie, Lituanie, Pays-Bas, Norvège et Royaume-Uni) et des non-membres (Finlande et Suède). Elle se concentre sur la sécurité dans le «Grand Nord» autour de l’Arctique, de l’Atlantique Nord et de la mer Baltique.

Lors d’une réunion de ses ministres de la Défense mardi, la JEF a annoncé des manœuvres à venir en mer Baltique pour démontrer la «liberté de mouvement» dans la zone stratégique.

Plus tôt vendredi, Boris Johnson avait lors d’un appel avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky promis de renforcer le soutien à l’Ukraine. Londres a exclu tout envoi de soldats britanniques face aux soldats russes, mais s’est déjà dit prêt à fournir des armes défensives.

 

À la page suivante, quelques réactions en rafales et le gel des avoirs de Poutine par l’UE

9h42 | Quelques réactions en rafales

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est membre de l’OTAN, a reproché vendredi à l’Alliance atlantique et à l’Union européenne leur manque d’«action déterminée» face à l’invasion de l’Ukraine, appelant à «des mesures plus décisives».

Le président syrien, Bachar Al-Assad, a salué vendredi l’invasion de l’Ukraine par la Russie lors d’un entretien téléphonique avec son homologue russe, Vladimir Poutine, estimant qu’il s’agissait d’une «correction de l’Histoire et un rétablissement de l’équilibre de l’ordre international après la chute de l’Union soviétique».

Le pape François s’est rendu vendredi matin à l’ambassade de Russie près le Saint-Siège, à Rome, pour «exprimer sa préoccupation» face à la guerre en Ukraine.

Le Grand Prix de Russie de Formule 1, prévu le 25 septembre à Sotchi, a été annulé, a annoncé vendredi le promoteur du Championnat du monde de F1, en raison de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe.

La finale de la Ligue des champions a été déplacée au Stade de France à Saint-Denis, près de Paris, le 28 mai, a annoncé vendredi l’UEFA, qui a retiré son organisation à Saint-Pétersbourg (nord-ouest de la Russie).

 

Gel des avoirs de Poutin et Lavrov 

8h58 | Bruxelles — Les Européens ont décidé vendredi de sanctionner le président russe Vladimir Poutine et son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov par un gel de leurs avoirs dans l’UE, ont indiqué des sources diplomatiques européennes à l’AFP.

La mesure avait été évoquée pendant le sommet européen extraordinaire jeudi à Bruxelles et a été ajoutée vendredi au paquet de sanctions que les ministres des Affaires étrangères vont valider, a-t-on précisé de mêmes sources.

L’Allemagne et l’Italie ont levé vendredi les réserves opposées pendant le sommet à cette proposition soutenue par un grand nombre de dirigeants européens, ont précisé deux responsables.

Les Européens ont en outre décidé de supprimer la faculté de voyager sans visas dans l’UE pour les porteurs de passeport russe de service dans le train de sanctions approuvé par les 27 jeudi soir.

Ces mesures répondent à l’appel du président ukrainien Volodymyr Zelensky de renforcer les sanctions européennes contre la Russie pour la punir de son invasion de l’Ukraine.

Le chef de la diplomatie russe a justifié vendredi l’invasion de l’Ukraine décidée par Vladimir Poutine et déclaré qu’il s’agissait d’une «opération militaire spéciale de démilitarisation et de dénazification de l’Ukraine pour que, libérés de cette oppression, les Ukrainiens puissent librement choisir leur avenir».

 

Pologne: fermeture de son espace aérien à la Russie

Le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a demandé à ses services de préparer une décision qui fermera l’espace aérien de ce pays aux vols des compagnies aériennes russes, a-t-il annoncé vendredi sur Facebook.

Ce projet suit une décision similaire, frappant la compagnie nationale russe Aeroflot, prise jeudi par la Grande-Bretagne, dans le contexte de l’attaque russe en Ukraine. 

La Russie a réagi vendredi en interdisant le survol de son territoire à tous les avions liés au Royaume-Uni, y compris aux vols en transit.

La Moldavie a suivi dès jeudi l’exemple britannique.

 

Pour consulter «l’article le gaz russe au coeur des réticences européennes sur Swift», cliquez sur suivant.

7h44 | Berlin — L’Occident a échoué jusqu’ici à se mettre d’accord sur des sanctions maximalistes contre la Russie, refusant de l’exclure du système bancaire Swift, en raison principalement de crainte de plusieurs pays européens pour leur approvisionnement énergétique.

Alors que le sujet était sur la table, aucune mesure de blocage des banques russes de cette interface de paiements internationaux, rouage essentiel de la finance mondiale, n’a été décidée jeudi par les dirigeants européens en sommet à Bruxelles, en représailles à l’invasion de l’Ukraine.

Plusieurs pays, dont l’Allemagne, l’Autriche et la Hongrie, ont en effet émis des réserves, craignant notamment l’impact d’une telle décision sur les livraisons de gaz russe.

«Une suspension de Swift aurait des répercussions massives (…) pour les entreprises allemandes dans leurs relations avec la Russie, mais aussi pour régler les paiements de livraison d’énergie», s’est justifié vendredi le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Hebestreit.

En Hongrie, le premier ministre Victor Orban s’est félicité que les sanctions décidées jeudi «ne s’étendent pas à l’énergie», garantissant «l’approvisionnement en énergie de la Hongrie et des autres États membres de l’UE».

 

«Arme nucléaire»

Swift, acronyme de Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication, est une société basée à Bruxelles, et donc soumise au droit belge et européen.

Fondée en 1973, elle est l’un des plus importants réseaux de messagerie bancaire et financière, permettant les règlements interbancaires entre les établissements financiers du monde entier.

Selon le site de l’association nationale russe Rosswift, la Russie est le deuxième pays après les États-Unis en nombre d’utilisateurs de ce système, avec quelque 300 banques et institutions russes membres.

Concrètement, ce système permet par exemple à un pays comme l’Allemagne de régler électroniquement ses achats de gaz russe.

Bloquer un pays de ce système est considéré comme une «arme nucléaire économique», tant l’impact est important sur les relations économiques de ce pays avec le reste du monde.

Mais débrancher un État de Swift, c’est aussi empêcher ses propres banques de faire des transactions avec les banques du pays puni. Une donnée qui n’a pas échappé aux nations les plus dépendantes économiquement de la Russie, comme l’Allemagne.

«Il faut toujours faire attention à ne pas se nuire à soi-même plus qu’aux autres — dans ce cas, les sanctions n’ont aucun sens», a ainsi déclaré le très écouté député allemand Jürgen Trittin, spécialiste de l’international pour le parti écologiste.

Même du côté des États européens les moins dépendants des matières premières russes, comme la France, on reste sceptique, tant l’application d’une telle mesure est complexe.

«Swift fait partie des options», mais «c’est la toute dernière option», a commenté jeudi le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire.

 

Agacement

L’Autriche, à travers le chancelier Karl Nehammer, a de son côté déclaré que les sanctions économiques décidées jeudi par les dirigeants du G7 affecteraient déjà 70% des banques russes dans leurs transactions, rendant inutile le blocage de Swift.

Un attentisme qui agace au sein même de l’Europe: «Les gouvernements de l’UE qui ont bloqué les décisions difficiles (…) se sont déshonorés», a déclaré l’ancien président du Conseil européen Donald Tusk, actuellement chef du parti de droite PPE au Parlement européen. Une critique exprimée également par l’Ukraine.

Du côté anglo-saxon, on tente de faire fléchir l’UE. Le premier ministre britannique Boris Johnson a ainsi plaidé, durant la réunion du G7, en faveur d’une telle mesure, selon un porte-parole.

«Nous voulons que (Swift) soit désactivé. D’autres pays ne le veulent pas», a regretté le ministre britannique de la Défense Ben Wallace à la radio BBC.

Le chef de l’État américain, Joe Biden, a pour sa part assuré jeudi que couper la Russie du réseau Swift restait «une option», tout en reconnaissant qu’«actuellement ce n’était [pas] une position partagée par les Européens».

Déjà en 2014, peu après l’annexion de la Crimée par la Russie, l’option avait été évoquée, mais finalement abandonnée.