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Ukraine: l’Europe discute de nouvelles sanctions

AFP|04 avril 2022

Ukraine: l’Europe discute de nouvelles sanctions

Selon la procureure générale d'Ukraine, les corps sans vie de 410 civils ont été retrouvés dans ces territoires de la région de Kyiv. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 04 avril. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire. 

7h57 | Bucha — Les Européens, révoltés par les images de dizaines de cadavres retrouvés dans les environs de Kyiv, discutent lundi d’un alourdissement des sanctions contre Moscou, accusé de «génocide» en Ukraine, mais qui rejette catégoriquement toutes ces accusations.

Plusieurs capitales occidentales et l’ONU ont exprimé dans la matinée leur indignation après le retrait russe de Boutcha, dans la banlieue nord-ouest de Kyiv, et la découverte sur place de nombreux corps de civils dans les rues ou des fosses communes.

La Haute-commissaire aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, s’est dite «horrifiée» par ces informations qui «soulèvent des questions graves et inquiétantes sur de possibles crimes de guerre» et «violations graves des droits de l’homme», appelant «à préserver toutes les preuves».

Après la diffusion de ces images, l’Union européenne discutait lundi en «urgence» de nouvelles sanctions contre Moscou, réclamées notamment par la France et l’Allemagne, a indiqué le haut représentant de l’UE Josep Borrell.

Le premier ministre espagnol Pedro Sanchez a parlé lundi d’un possible «génocide» et réclamé la comparution des coupables «devant la Cour pénale internationale».

Dans la foulée, le premier ministre de la Pologne, voisine occidentale de l’Ukraine, a repris le terme de «génocide» et réclamé la création d’une commission d’enquête internationale sur ce sujet.

En visite lundi à Varsovie, le ministre japonais des Affaires étrangères, Yoshimasa Hayashi, s’est dit «profondément choqué». «Le meurtre de civils innocents est (…) inacceptable, et je condamne fermement ces actions», a-t-il déclaré. 

Dimanche, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait fustigé les «meurtriers, tortionnaires, violeurs, pilleurs» russes responsables des «meurtres» et des «tortures» à Boutcha.

Le Kremlin a vivement réagi lundi matin en rejetant «catégoriquement toutes les accusations», par la voix de son porte-parole, Dmitri Peskov, qui a appelé les dirigeants étrangers à ne pas avancer d’«accusations hâtives» à l’égard de Moscou et à «écouter au moins les arguments russes».

Selon lui, des experts du ministère russe de la Défense ont découvert des signes de «falsifications vidéo» et des «fakes» dans les images présentées par les autorités ukrainiennes comme preuves d’un massacre russe.

 

«Balle dans la nuque»

L’armée russe était parvenue à Boutcha et dans la ville voisine d’Irpin, qui borde Kyiv au nord-ouest, très rapidement après le début de l’invasion de l’Ukraine le 24 février. Dans les semaines qui ont suivi, les deux villes ont été le théâtre de féroces combats qui les ont en partie dévastées et fait fuir la plupart des habitants. 

Les Ukrainiens ont annoncé les avoir reprises ces derniers jours, après que les Russes ont indiqué desserrer l’étau sur Kyiv et le nord pour concentrer leurs efforts militaires sur l’est du pays.

Le nombre total de morts dans les territoires de la région de Kyiv récemment repris aux troupes russes reste incertain. Selon la procureure générale d’Ukraine, Iryna Venediktova, les dépouilles de 410 civils y ont été retrouvées.

Samedi, l’AFP avait vu à Boutcha les cadavres d’au moins 22 personnes portant des vêtements civils dans des rues. Le maire de la ville, Anatoli Fedorouk, avait assuré qu’elles ont été tuées d’«une balle dans la nuque», suggérant des exécutions sommaires massives de la part des soldats russes.

M. Fedorouk a par ailleurs affirmé que «280 personnes» avaient été enterrées «dans des fosses communes», car elles ne pouvaient être inhumées dans les cimetières communaux, tous à portée des tirs russes pendant les combats.

«À en juger par ce que nous avons vu, on ne peut pas faire confiance à ces images vidéo», a répondu M. Peskov.

Moscou, qui dément toute exaction de son fait, a annoncé lundi qu’elle allait enquêter sur cette «provocation haineuse» qui vise selon elle à «discréditer» les forces russes en Ukraine. Et a demandé une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU pour statuer sur ces exactions commises selon elle par «des radicaux ukrainiens» à Boutcha.

Le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les Affaires humanitaires, le Britannique Martin Griffiths, est arrivé dimanche soir à Moscou, et devait se rendre à Kiev, mandaté pour rechercher un cessez-le-feu humanitaire en Ukraine. Jusqu’à présent, la Russie refusait toute visite d’un haut responsable de l’ONU ayant l’Ukraine pour sujet principal.

À la gare de Kramatorsk, dans l’est du pays encore sous contrôle de Kiev, ils étaient des centaines ce week-end à attendre leur train pour fuir dans l’ouest, par crainte d’être encerclés par les Russes.

«Beaucoup de gens sont déjà partis, les hommes restent, nos familles s’en vont», grimaçait Andreï, dont l’épouse et les deux enfants attendaient sagement, bagages aux pieds. Comme bien d’autres, il est angoissé, car «les bombardements peuvent commencer à tout moment».

 

Gaz et pourparlers

Dans le sud, huit personnes ont été tuées et 34 blessées dans des bombardements russes dimanche sur les villes d’Otchakiv et de Mykolaïv, a indiqué lundi le Parquet ukrainien.

Les Occidentaux veulent désormais adopter de nouvelles mesures contre Moscou, après avoir déjà acté plusieurs trains de sanctions depuis le 24 février, ciblant massivement des entreprises, des banques, de hauts responsables, des oligarques, et interdisant l’exportation de biens vers la Russie.

Dans un tweet, le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, a exigé l’adoption immédiate «de nouvelles sanctions dévastatrices du G7», en citant notamment l’«embargo sur le pétrole, le gaz et le charbon» et la fermeture de «tous les ports aux navires et marchandises russes».

La pression porte ainsi notamment sur les hydrocarbures, importante ressource financière pour la Russie. Dès samedi, les États baltes avaient annoncé la cessation de leur importation de gaz russe et le président lituanien Gitanas Nauseda avait appelé le reste de l’UE à les suivre.

Les États-Unis ont interdit l’importation de pétrole et de gaz russes peu après l’invasion de l’Ukraine, mais pas l’UE qui s’approvisionnait en Russie à hauteur de 40% environ en 2021.

La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) a annoncé lundi suspendre l’accès de la Russie et de son alliée le Bélarus à ses financements et à son expertise.

Du côté de Moscou, on anticipe déjà un éventuel alourdissement des sanctions. «Tôt ou tard, nous devrons établir un dialogue, que quelqu’un outre-Atlantique le souhaite ou non», a toutefois souligné le porte-parole du Kremlin.

On ignore quel sera l’impact de Boutcha cette semaine sur les pourparlers russo-ukrainiens, difficiles, mais où perce une lueur d’espoir. Le négociateur en chef russe, Vladimir Medinski, a salué une position «plus réaliste» selon lui de Kiev, prêt sous conditions à accepter un statut neutre du pays, réclamé par Moscou, et Dmitri Peskov a dit à propos d’un sommet Poutine-Zelensky que, «hypothétiquement, une telle rencontre est possible».

Le négociateur en chef ukrainien, David Arakhamia, avait affirmé samedi que Moscou avait accepté «oralement» toutes les positions ukrainiennes, «sauf en ce qui concerne la question de la Crimée».

La guerre, intense, a fait, a minima, des milliers de morts et contraint à l’exil plus de 4,2 millions d’Ukrainiens, à 90% des femmes et des enfants.

 

À la page suivante, le point sur l’invasion russe en Ukraine.

7h24 | Paris — Situation sur le terrain, réactions internationales, sanctions: le point sur l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

 

Boutcha: Moscou rejette «catégoriquement» les accusations

La Russie rejette «catégoriquement» toutes les accusations liées à la découverte d’un grand nombre de cadavres de civils à Boutcha, près de Kyiv, a déclaré lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Selon la procureure générale d’Ukraine, les corps sans vie de 410 civils ont été retrouvés dans ces territoires de la région de Kyiv récemment repris aux troupes russes, ce qui a provoqué de vives réactions internationales incriminant Moscou.

«Nous rejetons catégoriquement toutes les accusations», a indiqué M. Peskov à la presse, assurant que les experts du ministère russe de la Défense avaient découvert des signes de «falsifications vidéo» et des «fakes» dans les images présentées par les autorités ukrainiennes comme preuves d’un massacre dont elles accusent la Russie.

La Russie avait auparavant demandé une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU pour statuer sur les «provocations haineuses» commises selon elle par l’Ukraine à Boutcha.

 

Réunion «en urgence» de l’UE sur de nouvelles sanctions

L’Union européenne discute en «urgence» de nouvelles sanctions contre Moscou, réclamées notamment par la France et l’Allemagne, après la découverte d’un grand nombre de corps de civils dans la région de Kyiv, a indiqué lundi le haut représentant de l’UE Josep Borrell. L’unanimité entre les 27 est nécessaire pour l’adoption de nouvelles mesures.

Le président français Emmanuel Macron a évoqué à la radio française des sanctions individuelles et des mesures sur «le charbon et le pétrole», mais n’a pas mentionné les achats de gaz, sujet de division entre les Européens.

Selon lui, il existe des «indices aujourd’hui très clairs de crimes de guerre» et «il est à peu près établi que c’est l’armée russe» qui était dans cette petite ville. 

 

Accusations de «génocide» et demandes d’enquête internationale

Le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a appelé lundi à créer une commission d’enquête internationale sur «le génocide» commis selon lui par l’armée russe à Boutcha. 

«Nous allons faire tout notre possible pour que ceux qui ont perpétré ces crimes de guerre ne restent pas impunis et puissent comparaître devant les tribunaux, dans ce cas précis devant la Cour pénale internationale, pour répondre de ces cas présumés de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre et, pourquoi ne pas le dire également, de génocide», a également déclaré le premier ministre espagnol Pedro Sanchez.

Le chef de la diplomatie japonaise Yoshimasa Hayashi a dénoncé des «actes de violence exceptionnellement cruels» près de Kyiv, lors d’une visite à Varsovie.

 

Zelensky en vidéo lors des Grammy Awards

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est intervenu dimanche via une allocution enregistrée lors de la 64e édition des Grammy Awards, équivalent des Oscars pour la musique américaine, pour demander le soutien à son pays.

«La guerre. Qu’est-ce qui est l’exact opposé de la musique? Le silence des villes en ruines et des gens tués», a-t-il lancé avant une performance de John Legend, rejoint sur scène par des artistes ukrainiens. «Dites la vérité sur la guerre sur vos réseaux sociaux, à la télévision. Soutenez-nous de toutes les manières possibles, toutes sauf le silence. Et après viendra la paix», a poursuivi M. Zelensky.

 

Réouverture du consulat grec à Odessa

Le consulat grec à Odessa (sud-ouest de l’Ukraine) a rouvert lundi, a annoncé le consul Dimitrios Dohtsis depuis ce port ukrainien situé en mer Noire, bombardé la veille par les forces russes.

Le chef de la diplomatie grecque Nikos Dendias a remis dimanche de l’aide humanitaire aux autorités locales de la ville, aux environs de laquelle vit une communauté grecque d’environ 2 500 personnes.

 

Renforts tchèques au groupement tactique de l’OTAN en Slovaquie

Deux cent cinquante parachutistes tchèques sont partis lundi pour la Slovaquie, pays voisin de l’Ukraine ravagée par la guerre, afin d’y constituer un groupement tactique de l’OTAN, a déclaré le ministère de la Défense à Prague.

Le groupement tactique, dont les Tchèques assureront le commandement, comprendra selon lui jusqu’à 2 100 soldats venus d’Allemagne, des Pays-Bas, de Pologne, de Slovaquie, de Slovénie et des États-Unis.