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Ukraine: l’Otan veut renforcer son aide à Kiev

AFP et La Presse Canadienne|Publié le 23 mars 2022

Ukraine: l’Otan veut renforcer son aide à Kiev

(Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 23 mars. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire.    

15h30 | L’OTAN a affirmé mercredi vouloir renforcer son soutien à l’Ukraine contre les armes chimiques et ses déploiements tactiques en Europe de l’Est, à la veille d’un sommet extraordinaire de l’Alliance atlantique, tandis que les Ukrainiens disaient reprendre du terrain aux Russes aux abords de Kiev.

Jeudi, un mois jour pour jour après le déclenchement de l’invasion russe, les Occidentaux se réuniront à Bruxelles pour des sommets de l’OTAN, du G7 et de l’Union européenne.

En partant mercredi pour l’Europe, le président américain Joe Biden a estimé qu’une attaque russe à l’arme chimique en Ukraine était « une menace crédible ».

« Les alliés de l’OTAN ont renforcé leur soutien à l’Ukraine, notamment en fournissant des systèmes de défense aérienne avancés, des systèmes antichars, différents types d’armes et de munitions et j’attends des alliés qu’ils examinent comment ils peuvent intensifier leurs efforts et fournir davantage d’équipements de protection et de défense contre les armes chimiques », a déclaré mercredi le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg.

L’Alliance a par ailleurs des « plans pour protéger tous les alliés contre une attaque avec des armes nucléaires », a-t-il affirmé.

Joe Biden va aussi « travailler avec les alliés sur des ajustements de long terme » concernant la présence de l’OTAN en Europe de l’Est, a précisé Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président américain. 

Selon Jens Stoltenberg, l’OTAN va déployer quatre nouveaux groupements tactiques en Bulgarie, en Roumanie, en Hongrie et en Slovaquie, pour renforcer ses défenses contre la Russie sur son flanc oriental. Cela porterait à huit les groupements tactiques déployés de la Baltique à la mer Noire.

Le chef de cabinet du président ukrainien a de son côté appelé les Occidentaux à livrer « des armes offensives », un « moyen de dissuasion » face à Moscou, avant ces sommets auquel Volodymyr Zelensky s’adressera par visioconférence.

 

Gaz contre roubles

À la clef des trois sommets prévus jeudi, « de nouvelles sanctions contre la Russie », selon Jake Sullivan.

Le président ukrainien, qui enchaîne les appels devant les parlements du camp occidental, a demandé mercredi au Parlement français le départ de Russie des entreprises françaises.

Face à des sanctions économiques de plus en plus dures, Vladimir Poutine a annoncé que Moscou n’accepterait plus de paiements en dollars ou en euros pour les livraisons de gaz à l’UE. 

Il a donné une semaine aux autorités russes pour mettre en place le nouveau système en roubles. Une « tentative de renforcer le rouble et de déclarer une guerre économique à l’UE », selon le chef de l’administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak.

 

Poutine au sommet du G20?

« Mais l’Occident pourrait frapper la Russie avec un embargo pétrolier qui ferait plonger l’économie russe. Ce sera désormais une bataille économique clef, et l’Occident doit collectivement la gagner », a-t-il ajouté.

La Russie sera-t-elle exclue de certaines institutions internationales? « Sur la question du G20, je dirais simplement ceci: nous pensons que la Russie ne peut pas faire comme si de rien n’était dans les institutions internationales et dans la communauté internationale », a dit Jake Sullivan. 

La Chine s’est prononcée contre une exclusion de Moscou du prochain sommet en fin d’année de ce vaste groupe de pays industrialisés et émergents, auquel Moscou a indiqué que Vladimir Poutine comptait participer. 

Le sommet de l’Alliance atlantique jeudi appellera par ailleurs la Chine à s’abstenir de soutenir l’effort de guerre de la Russie, a annoncé Jens Stoltenberg, accusant Pékin de fournir « un soutien politique à Moscou, y compris en répandant des mensonges éhontés et de la désinformation » sur l’invasion de l’Ukraine.

Sur le terrain, « près de 100 000 personnes dans des conditions inhumaines » sont toujours piégées dans les ruines de la grande ville de Marioupol (sud), « en état de siège total, sans nourriture, sans eau, sans médicaments, sous des bombardements constants », a alerté M. Zelensky dans une vidéo publiée mercredi à l’aube. 

Des images satellites prises mardi matin par l’entreprise américaine Maxar et distribuées à l’AFP montraient la dévastation de quartiers résidentiels, infrastructures civiles et usines.

Des chars russes ont pénétré dans la ville, et un haut responsable du Pentagone a affirmé mardi soir que la stratégie russe s’appuyait désormais sur « des tirs à longue portée en centre-ville ». 

Des habitants ayant fui Marioupol ont décrit à l’ONG Human Rights Watch « un enfer glacial, avec des rues jonchées de cadavres et de décombres d’immeubles détruits ». Selon le conseil municipal sur Telegram, au total presque 45 000 résidents de cette ville ont pu être évacués.

 

Enquête sur des crimes de guerre

« Ce n’est pas la guerre, c’est un génocide », a déclaré mardi à l’AFP la procureure générale d’Ukraine, Iryna Venediktova. « Les théâtres de guerre ont des règles, des principes. Ce que nous voyons à Marioupol (c’est) l’absence totale de règles ».

C’est à elle qu’il revient d’établir les preuves de crimes de guerre: elle enquête et recense un nombre croissant de crimes de guerre supposés et attribuables aux forces russes, incluant même celui de génocide. 

« Oui, nous pouvons le prouver », a-t-elle affirmé, en allusion aux propos de Joe Biden qui avait qualifié Vladimir Poutine de « criminel de guerre ». « Je peux même dire qu’il est le principal criminel de guerre du 21e siècle ».

Au moins 121 enfants ont été tués et 167 autres blessés en Ukraine depuis le début de l’invasion russe, selon le parquet général ukrainien. Selon le dernier décompte du Haut commissariat aux droits de l’homme de l’ONU diffusé mercredi, 977 civils ont été tués, dont 82 enfants, et 1.594 blessés depuis le début du conflit.

Plus de 3,6 millions de personnes ont fui l’Ukraine depuis le 24 février, indique le décompte de l’ONU publié mercredi. Au total, quelque dix millions de personnes, soit un quart environ de la population du pays, ont été forcées de quitter leur foyer. 

L’offensive russe « s’enlise malgré toutes les destructions qu’elle provoque jour après jour », a estimé mercredi le chancelier allemand Olaf Scholz.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est lui élevé mardi contre une guerre « absurde » et « ingagnable ». Il a jugé que « même si Marioupol tombait, l’Ukraine ne pourrait pas être conquise ville par ville, rue par rue, maison par maison ».

S’adressant mercredi au Parlement japonais, le président ukrainien a cependant dénoncé le fonctionnement de l’ONU qui n’a pas pu empêcher l’invasion, et appeler à de profondes réformes de cette institution.

Les forces russes ont continué en ce début de semaine à bombarder d’autres villes ukrainiennes: Kiev, Kharkiv, Mykolaïv, Tcherniguiv…

À Kiev, où le couvre-feu instauré lundi soir s’est achevé mercredi matin, une nouvelle frappe sur le stationnement d’un centre commercial a fait un mort et deux blessés, dans le quartier nord-ouest de Podilsk, selon le maire Vitali Klitschko. 

Plus tôt dans la journée, quatre personnes ont été blessées dans des bombardements sur des immeubles des districts de Chevtchenkivsky et Sviatoshynsky, dans l’ouest de la ville, toujours selon le maire.

Si la ville continue à se préparer à un assaut russe, les Ukrainiens « sont désormais, dans certaines situations, à l’offensive », selon le porte-parole du Pentagone John Kirby sur CNN.  

« Près de Brovary (périphérie est de Kiev), depuis le nord derrière Liutij se déroule une grande bataille, et selon des informations de sources officielles, la petite localité de Makariv (ouest) et la presque totalité d’Irpin (nord-ouest) sont déjà sous contrôle des soldats ukrainiens », a affirmé mercredi à la presse le maire de Kiev Vitali Klitschko.

 

 

13h30 | 100.000 personnes assiégées à Marioupol

«Près de 100 000 personnes dans des conditions inhumaines» sont toujours piégées dans les ruines de la grande ville de Marioupol (sud), «en état de siège total, sans nourriture, sans eau, sans médicaments, sous des bombardements constants», a alerté le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans une vidéo publiée mercredi à l’aube.

kyiv reste, quant à elle, un objectif de l’armée russe, mais celle-ci est bloquée ces dernières semaines au nord-ouest et à l’est de la capitale ukrainienne. Elle a dû reculer ces derniers jours sur plusieurs de ces fronts, a affirmé le maire Vitali Klitschko.

 

Biden en route pour l’Europe

Joe Biden était en route mercredi pour l’Europe, où il assistera aux trois sommets internationaux organisés jeudi à Bruxelles: OTAN, G7 et Union européenne.

Le président américain, qui va s’efforcer de renforcer l’unité des Occidentaux et d’alourdir les sanctions contre la Russie, se rendra vendredi et samedi en Pologne, première destination pour la majorité des 3,5 millions de réfugiés ukrainiens. 

 

L’OTAN renforce ses défenses

L’OTAN va déployer quatre nouveaux groupements tactiques en Bulgarie, Roumanie, Hongrie et Slovaquie pour renforcer ses défenses contre la Russie sur son flanc oriental, et est préparée à protéger les alliés contre une attaque nucléaire, a annoncé mercredi son secrétaire général.

Jens Stoltenberg a dénoncé « le soutien politique apporté à la Russie par la Chine, y compris en répandant des mensonges éhontés et de la désinformation » et « la possibilité que Pékin apporte un soutien matériel pour l’invasion de l’Ukraine ».

 

Zelensky demande aux groupes français de quitter la Russie

Volodymyr Zelensky s’est adressé au Parlement français, déclarant attendre de la France qu’elle aide l’Ukraine à mettre fin à cette « guerre contre la liberté, l’égalité et la fraternité » et à adhérer à terme à l’Union européenne.

Il a exhorté les entreprises françaises implantées en Russie à cesser de soutenir « la machine de guerre » russe et à quitter ce pays, citant Renault, Auchan et Leroy Merlin.

Il avait auparavant dénoncé le fonctionnement de l’ONU qui n’a pas pu empêcher l’invasion, et appelé à de profondes réformes de cette institution, en vidéoconférence devant le Parlement japonais.

 

Moscou accuse Washington d’entraver les négociations

Moscou a accusé mercredi les États-Unis d’entraver les « difficiles » négociations russo-ukrainiennes, estimant que le but de Washington était de « dominer » l’ordre mondial, y compris par le biais des sanctions.

La partie ukrainienne a également qualifié les pourparlers de « difficiles », soulignant de son côté qu’elle avait « des positions claires et de principe ».

 

L’offensive russe « s’enlise »

L’offensive russe en Ukraine « s’enlise malgré toutes les destructions qu’elle provoque jour après jour », a estimé mercredi Olaf Scholz.

 

Plus de 3,6 millions de réfugiés

Plus de 3,6 millions de personnes ont fui l’Ukraine et les combats déclenchés par l’invasion de l’armée russe le 24 février, selon l’ONU qui estime à presque 6,5 millions le nombre de déplacés à l’intérieur de l’Ukraine.

Au total, ce sont une dizaine de millions de personnes, soit un quart environ de la population qui ont été forcés de quitter leur foyer. 

 

Sanctions

L’Organisation internationale du travail a décidé de « suspendre provisoirement » sa coopération avec la Russie.

Le géant suisse de l’alimentation Nestlé a annoncé qu’il allait réduire encore la gamme de ses produits vendus en Russie, mais maintenir l’approvisionnement en produits pour bébé et aliments médicalisés.

 

La Chine contre une exclusion du G20

La Chine s’est prononcée contre une exclusion de la Russie du prochain sommet du G20, envisagée par Washington après l’invasion de l’Ukraine.

 

 

11h13 | Kyiv — Kyiv reste un objectif de l’armée russe, mais celle-ci est bloquée ces dernières semaines au nord-ouest et à l’est de la capitale ukrainienne, et a dû reculer ces derniers jours sur plusieurs de ces fronts, a affirmé mercredi le maire Vitali Klitschko.

«La cible de l’agresseur est la capitale de l’Ukraine, le cœur de notre pays», a déclaré l’ancien champion du monde de boxe, au cours d’une conférence de presse dans un parc historique du centre-ville dominant le fleuve Dniepr.

«Il y a toujours beaucoup d’attaques venant du nord et de l’est de notre ville», a expliqué M. Klitschko, au pied d’une célèbre statue de l’Archange Saint-Michel. L’édile, s’exprimant tour à tour en anglais et en ukrainien, était accompagné de son frère Wladimir, lui aussi champion du monde de boxe anglaise.

«Près de Brovary (périphérie est de Kyiv), depuis le nord derrière Liutij se déroule une grande bataille, et selon des informations de sources officielles, la petite localité de Makariv (ouest) et la presque totalité d’Irpin (nord-ouest) sont déjà sous contrôle des soldats ukrainiens», a-t-il affirmé.

Interrogé sur une contre-offensive ukrainienne en cours, il a assuré n’avoir aucune information précise sur ce sujet, alors qu’une agence de presse ukrainienne a évoqué un possible encerclement des forces russes à Irpin, Boutcha et Gostomel, des localités au nord-ouest de Kyiv.

Les zones d’Irpin et de Liutij étaient toutes deux mercredi le théâtre d’intenses échanges d’artillerie, avec notamment une forte activité à l’arrière du front d’Irpin, a constaté l’AFP. Ces lignes de front restent aujourd’hui interdites d’accès à la presse, après la mort de plusieurs journalistes dans cette zone.

«Notre message aux Russes: quittez notre pays, rentrez chez vous. Nous ne savons pas combien de temps il faudra (…), cela peut être long», a prévenu le maire de Kyiv.

«Plutôt mourir que de se mettre à genoux devant les forces russes. Nous sommes prêts à défendre chaque immeuble, chaque rue, chaque recoin de notre ville. Toute la ville a désormais des postes de combat», a indiqué M. Klitschko.

«Partout dans le pays l’armée russe détruit toutes les infrastructures civiles, tue les civils (…). Nous estimons que cela peut se passer dans notre ville, que les Russes peuvent lancer des attaques sur les civils et détruire toutes les infrastructures de la capitale de l’Ukraine», a-t-il ajouté.

Un quartier d’habitations du nord-ouest de la ville a été mercredi matin la cible de bombardements, qui ont endommagé plusieurs habitations et fait quatre blessés.

Depuis le début de l’invasion le 24 février, 73 civils, dont 4 enfants, ont été tués, et 297 blessés à Kyiv, selon un dernier bilan communiqué mercredi à l’AFP par la porte-parole du maire.

Interrogé sur les raisons d’un couvre-feu complet de 35 heures ce début de semaine, M. Klitschko a expliqué «avoir reçu des informations des forces armées sur de possibles attaques». Des «dizaines de saboteurs» ont par ailleurs été arrêtés depuis le début de la guerre, a-t-il indiqué.

 

Ukraine: l’OTAN déploie quatre nouveaux groupements tactiques

10h35 | Bruxelles — L’OTAN va déployer quatre nouveaux groupements tactiques en Bulgarie, Roumanie, Hongrie et Slovaquie pour renforcer ses défenses contre la Russie sur son flanc oriental, et est préparée à protéger les alliés contre une attaque nucléaire, a annoncé mercredi son secrétaire général.

«Les dirigeants de l’OTAN vont décider lors de leur sommet demain (jeudi) de renforcer la posture de défense avec quatre nouveaux groupements tactiques (…), portant à huit les groupements tactiques déployés de la Baltique à la mer Noire», a précisé le Norvégien Jens Stoltenberg au cours d’une conférence de presse.

L’Alliance a par ailleurs des «plans pour protéger tous les alliés contre une attaque avec des armes nucléaires», a-t-il ajouté.

«La Russie doit cesser cette rhétorique dangereuse et comprendre qu’une guerre nucléaire ne devrait jamais être menée et qu’elle ne pourra jamais gagner une guerre nucléaire», a-t-il soutenu.

«L’OTAN soutient l’Ukraine dans son droit à l’autodéfense, mais elle n’est pas partie au conflit et ne veut pas que le conflit devienne une guerre entre l’OTAN et la Russie», a insisté Jens Stoltenberg.

Pour cette raison, «l’OTAN n’enverra pas de troupes en Ukraine et n’imposera pas une zone d’exclusion aérienne», a-t-il expliqué. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réclamé à plusieurs reprises la mise en place d’une telle zone.

«Les alliés de l’OTAN ont renforcé leur soutien à l’Ukraine, notamment en fournissant des systèmes de défense aérienne avancés, des systèmes antichars, différents types d’armes et de munitions et j’attends des alliés qu’ils examinent comment ils peuvent intensifier leurs efforts et fournir davantage d’équipements de protection et de défense contre les armes chimiques», a-t-il précisé.

Jens Stoltenberg a dénoncé «le soutien politique apporté à la Russie par la Chine, y compris en répandant des mensonges éhontés et de la désinformation» et «la possibilité que Pékin apporte un soutien matériel pour l’invasion de l’Ukraine».

«Je m’attends à ce que les dirigeants de l’Alliance appellent la Chine à s’abstenir de soutenir l’effort de guerre de la Russie et se joignent au reste du monde pour appeler à une fin immédiate de cette guerre», a-t-il ajouté.

 

Négociations «difficiles» avec Moscou, Kyiv a des positions «de principe»

7h41 | Kyiv — La partie ukrainienne a qualifié mercredi de «difficiles» les pourparlers menés avec la Russie en vue d’une cessation des hostilités, comme Moscou l’avait fait un peu plus tôt, même si les deux parties se rejetaient la responsabilité des blocages. 

«Les pourparlers se déroulent de façon assez difficile, car la partie ukrainienne a des positions claires et de principe», a affirmé le négociateur en chef côté ukrainien, Mykhaïlo Podoliak, dans des commentaires écrits envoyés aux journalistes. 

Un peu plus tôt, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait lui aussi qualifié les négociations de «difficiles», tout en accusant les Ukrainiens de «changer constamment de position» et les États-Unis d’entraver leur déroulement.

«Il est difficile de se débarrasser de l’impression que nos collègues américains tiennent (les Ukrainiens) par la main», a déclaré le ministre dans un discours devant des étudiants. «Les Américains partent tout simplement du principe qu’il n’est pas profitable pour eux que ce processus se termine rapidement», a-t-il ajouté, près d’un mois après le début de l’invasion russe de l’Ukraine. 

«Les pays occidentaux veulent jouer un rôle de médiateurs. Nous ne sommes pas contre, mais nous avons des lignes rouges», a poursuivi M. Lavrov.

Après plusieurs rounds en présentiel sans avancées, les deux parties ont repris leurs pourparlers en visioconférence le 14 mars, et les discussions «se poursuivent en permanence, en ligne», selon M. Podoliak.

 

À la page suivante, les civils toujours piégés à Marioupol

Ukraine: les civils toujours piégés à Marioupol, Kyiv demande des armes offensives

7h11 | Kyiv — Environ 100 000 personnes sont toujours bloquées sous les bombes russes dans Marioupol assiégée, et l’Ukraine a exhorté à nouveau l’Occident à lui fournir des armes offensives, à la veille d’un sommet extraordinaire de l’OTAN à Bruxelles.

Près d’un mois après le début de l’invasion russe, Moscou a accusé mercredi les États-Unis d’entraver les «difficiles» pourparlers russo-ukrainiens. La Russie avait ignoré lundi la proposition du président ukrainien Volodymyr Zelensky de rencontrer son homologue russe Vladimir Poutine pour dégager des «compromis», y compris sur les territoires occupés de la Crimée (sud) et du Donbass (est).

En attendant une éventuelle percée dans les négociations, «près de 100 000 personnes dans des conditions inhumaines» sont toujours piégées dans les ruines de la grande ville de Marioupol (sud), «en état de siège total, sans nourriture, sans eau, sans médicaments, sous des bombardements constants», a alerté M. Zelensky dans une vidéo publiée mercredi à l’aube.

Le président ukrainien enchaîne les appels devant les parlements du camp occidental, avant une fin de semaine à haute activité diplomatique. Jeudi, un mois jour pour jour après le déclenchement de l’invasion russe, les Occidentaux se réuniront à Bruxelles pour des sommets de l’OTAN, du G7 et de l’Union européenne.

À la clef, «de nouvelles sanctions contre la Russie», selon Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président américain Joe Biden. 

Le chef de cabinet de la présidence ukrainienne a appelé mercredi les Occidentaux à livrer «des armes offensives», un «moyen de dissuasion» face à Moscou, à la veille du sommet de l’OTAN auquel Volodymyr Zelensky s’adressera par visioconférence.

Joe Biden, qui part mercredi pour l’Europe, va aussi «travailler avec les alliés sur des ajustements de long terme» concernant la présence de l’OTAN en Europe de l’Est, a précisé M. Sullivan. Après avoir assisté aux trois sommets, il se rendra vendredi en Pologne, pays qui accueille la majorité des 3,5 millions de réfugiés ukrainiens.

 

Exclure la Russie du G20?

La Russie sera-t-elle exclue de certaines institutions internationales? «Sur la question du G20, je dirais simplement ceci: nous pensons que la Russie ne peut pas faire comme si de rien n’était dans les institutions internationales et dans la communauté internationale», a dit M. Sullivan. 

La Chine s’est prononcée mercredi contre une exclusion de la Russie du prochain sommet de ce vaste groupe de pays industrialisés et émergents.

Marioupol, ville portuaire majoritairement russophone et stratégiquement située entre la Crimée (sud), occupée par Moscou depuis 2014, et le territoire séparatiste de Donetsk (est), est bombardée depuis des semaines par les Russes. Elle a été visée mardi par deux «bombes superpuissantes», selon la municipalité, qui n’a pas donné de bilan.

Des images satellites prises mardi matin par l’entreprise américaine Maxar et distribuées à l’AFP montraient la dévastation de quartiers résidentiels, infrastructures civiles et usines.

Des chars russes ont pénétré dans la ville, et un haut responsable du Pentagone a affirmé mardi soir que la stratégie russe s’appuyait désormais sur «des tirs à longue portée en centre-ville». 

Des habitants ayant fui Marioupol ont décrit à l’ONG Human Rights Watch «un enfer glacial, avec des rues jonchées de cadavres et de décombres d’immeubles détruits». Selon le conseil municipal sur Telegram, au total presque 45 000 résidents de cette ville ont pu être évacués.

«Ce n’est pas la guerre, c’est un génocide», a déclaré mardi à l’AFP la procureure générale d’Ukraine, Iryna Venediktova, car «les théâtres de guerre ont des règles, des principes. Ce que nous voyons à Marioupol, (c’est) l’absence totale de règles».

Le président Zelensky a dénoncé mardi soir la capture par les Russes d’un convoi humanitaire. Pour la fourniture de vivres et de médicaments, «toutes nos tentatives, malheureusement, sont réduites à néant par les occupants russes. Avec des bombardements ou une terreur évidente», a-t-il déploré.

Le président du Comité international de la Croix-Rouge, Peter Maurer, est arrivé mercredi à Moscou pour «poursuivre les discussions humanitaires avec les autorités russes», a annoncé la Croix-Rouge dans un communiqué.

Au moins 121 enfants ont été tués et 167 autres blessés en Ukraine depuis le début de l’invasion russe, selon le parquet général ukrainien.

 

L’offensive «s’enlise»

L’offensive russe «s’enlise malgré toutes les destructions qu’elle provoque jour après jour», a estimé mercredi le chancelier allemand Olaf Scholz.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est lui élevé mardi contre une guerre «absurde» et «ingagnable, et a jugé que “même si Marioupol tombait, l’Ukraine ne pourrait pas être conquise ville par ville, rue par rue, maison par maison”.

S’adressant mercredi au Parlement japonais, le président ukrainien a cependant dénoncé le fonctionnement de l’ONU qui n’a pas pu empêcher l’invasion, et a appelé à de profondes réformes de cette institution.

Les forces russes ont continué en ce début de semaine à bombarder d’autres villes ukrainiennes: Kyiv, Kharkiv, Mykolaïv, Tcherniguiv…

À Kyiv, où le couvre-feu instauré lundi soir s’est achevé mercredi matin, au moins quatre personnes ont été blessées dans des bombardements russes dans les districts de Chevtchenkivsky et Sviatoshynsky, dans l’ouest de la ville, a indiqué mercredi la mairie de la capitale. Les bombardements ont touché un centre commercial, des maisons et des immeubles résidentiels.

La population restée en ville attend, anxieuse, mais déterminée, un éventuel assaut des troupes russes. Dans l’ouest, le nord et l’est de la capitale, pas un coin de rue, une contre-allée ou un carrefour qui n’est coupé par une muraille de sacs de sable ou des obstacles antichars.

Après la frappe dimanche soir d’un missile russe sur un centre commercial ultramoderne de Kyiv, où étaient camouflées munitions et pièces d’artillerie selon Moscou, la crainte porte sur des drones espions ou kamikazes, comme des photos sur les réseaux sociaux qui pourraient révéler les positions ukrainiennes.

Les bombardements ont été particulièrement intenses mardi dans plusieurs localités autour de la capitale, et des combats se déroulaient notamment à Irpin et Gostomel, selon le gouverneur de la région, Oleksandre Pavliouk.

 

Contre-offensive

Dans le sud de l’Ukraine, où se trouve Kherson, la seule ville ukrainienne d’importance qu’elles contrôlent, les forces russes tentent d’avancer vers l’ouest et la mer Noire, mais ne progressent pas autour de Mykolaïv.

Kharkiv (nord-est), la deuxième ville du pays, est entourée par les forces russes sur plusieurs côtés et les grands axes, mais n’est pas encerclée. Elle a été bombardée 32 fois mardi, selon le gouverneur régional Oleg Synegoubov.

Les Ukrainiens “sont désormais, dans certaines situations, à l’offensive”, a déclaré le porte-parole du Pentagone John Kirby sur CNN, affirmant qu’ils repoussent les Russes “en dehors de zones où (ils) étaient par le passé”. 

Ces derniers connaissent des problèmes de logistique, de ravitaillement, de coordination, de commandement et de communication, a-t-il énuméré plus tard lors d’un point-presse, “donc il y a beaucoup de choses qu’ils n’ont pas réussies”.

Les Américains suggèrent ainsi la survenue d’un point de bascule dans le conflit. Un haut responsable du Pentagone a avancé mardi soir que, “pour la première fois”, les Russes étaient passés “un peu en dessous de 90% de leur puissance de combat disponible” massée au Bélarus et à la frontière russo-ukrainienne.

Or, le New York Times, s’appuyant sur des sources du Pentagone, explique que la perte de 10% d’effectifs militaires d’une armée (morts ou blessés) entrave fortement sa capacité à combattre.

D’après Washington, la Russie a amplifié ces derniers jours ses opérations aériennes et navales dans le pays face à la résistance des forces ukrainiennes. 

“Ce que nous voyons, c’est une tentative désespérée des Russes de reprendre de l’élan”, constatait en début de semaine un haut responsable du Pentagone.

Les Américains, qui s’inquiétaient d’un possible soutien militaire et économique de la Chine à la Russie, “n’ont pas constaté” d’approvisionnement militaire de Pékin à Moscou depuis un appel entre Joe Biden et son homologue chinois Xi Jinping vendredi dernier, a relevé Jake Sullivan mardi soir.