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Ukraine: Macron extrêmement préoccupé pour la sécurité nucléaire

AFP et La Presse Canadienne|Publié le 04 mars 2022

Ukraine: Macron extrêmement préoccupé pour la sécurité nucléaire

L’armée russe occupe vendredi la plus grande centrale nucléaire ukrainienne. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l’invasion de la Russie en Ukraine en date du 3 mars. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire.  

14h55 | Paris — Emmanuel Macron est «extrêmement préoccupé des risques» sur la sécurité nucléaire «qui résultent de l’invasion russe» et «va proposer dans les prochaines heures (…) des mesures concrètes afin d’assurer» la sécurité des cinq sites nucléaires ukrainiens, a annoncé l’Élysée vendredi.

«La Russie et l’Ukraine doivent trouver un accord sur» la base de ces propositions, issues de critères de l’AIEA, pour «assurer ensemble la préservation de la sécurité» de ces sites, ajoute la présidence française dans un communiqué.

Le président français «condamne fermement toute atteinte à l’intégrité des installations nucléaires civiles ukrainiennes provoquée par les forces russes dans la conduite de leur agression militaire contre l’Ukraine. Il est impératif de garantir leur sécurité et leur sûreté», ajoute l’Élysée.

«La Russie doit également autoriser un accès libre, régulier et sans entrave du personnel des installations pour garantir la poursuite de leur exploitation en toute sécurité», dit la présidence.

Après le bombardement dans la nuit de la centrale de Zaporojie, la plus grande d’Europe, le G7, dont la France fait partie, a sommé la Russie de mettre fin à ses attaques «dans les environs immédiats des centrales nucléaires ukrainiennes».

«Toute attaque armée et toute menace contre des installations nucléaires utilisées à des fins pacifiques constituent une violation des principes de la Charte des Nations unies, du droit international (…)», selon les pays du G7 qui regroupe l’Allemagne, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, le Canada et le Japon.

Ils disent soutenir l’initiative du directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, «en faveur d’un accord entre l’Ukraine et la Russie qui garantisse la sûreté des installations nucléaires en Ukraine».

Emmanuel Macron s’est d’ailleurs entretenu vendredi avec le directeur général de l’AIEA. 

«La Russie doit cesser immédiatement ses actions militaires illégales et dangereuses afin de permettre le plein contrôle des autorités ukrainiennes sur toutes les installations nucléaires à l’intérieur des frontières internationalement reconnues de l’Ukraine», réclame Paris dans son communiqué.

L’attaque de la centrale ukrainienne a fait craindre une catastrophe sur le terrain et monté le ton contre Moscou, Washington évoquant une «menace pour l’Europe et le monde».

«Nous avons survécu à une nuit qui aurait pu mettre un terme à l’Histoire. L’Histoire de l’Ukraine. L’Histoire de l’Europe»: une explosion à la centrale de Zaporojie, dans le sud de l’Ukraine, aurait été l’équivalent de «six Tchernobyl», a mis en garde le président ukrainien Volodymyr Zelensky alors qu’ailleurs sur le terrain la pression de l’armée russe se maintient sur les villes clés du pays.

 

Poutine: «toutes les exigences russes» doivent être acceptées

11h30 | Le président russe Vladimir Poutine a déclaré vendredi lors d’un entretien avec le chancelier allemand Olaf Scholz que le dialogue en faveur de la paix avec l’Ukraine n’était possible que si «toutes les exigences russes» étaient acceptées.

«La Russie est ouverte au dialogue avec la partie ukrainienne, ainsi qu’avec tous ceux qui veulent la paix en Ukraine. Mais à condition que toutes les exigences russes soient satisfaites», a indiqué le Kremlin dans un compte rendu de cet appel, qui a eu lieu «à l’initiative de l’Allemagne».

Le président russe a répété ses exigences: un statut «neutre et non-nucléaire» pour l’Ukraine, sa «démilitarisation obligatoire» et sa «dénazification», la reconnaissance de l’annexion de la péninsule de Crimée par la Russie et la «souveraineté» des régions séparatistes prorusses de l’Est ukrainien, Donetsk et Lougansk, dans leurs territoires administratifs, alors que les rebelles n’en contrôlent actuellement qu’un tiers.

Il a dit «espérer que les représentants de Kyiv adopteront une position raisonnable et constructive au cours du troisième cycle de négociations» prévu selon Kyiv ce weekend.

Vladimir Poutine a aussi assuré que les forces russes ne bombardaient pas Kyiv et les grandes villes ukrainiennes, qualifiant de «grossière fabrication de propagande» les informations sur les destructions menées par Moscou.

Il a affirmé que les «buts et objectifs» de Moscou dans sa guerre avec l’Ukraine seront «sans aucun doute mis en œuvre».

 

Scholz demande la fin des hostilités

9h39 | Berlin — Le chancelier allemand Olaf Scholz a exhorté le président russe Vladimir Poutine à mettre fin «immédiatement» aux hostilités en Ukraine, au cours d’un entretien téléphonique vendredi.

Lors de cet échange, «le chancelier s’est dit très inquiet. Depuis plusieurs jours, il y a des images et des informations terribles en provenance d’Ukraine», selon un communiqué de la chancellerie. Olaf Scholz a appelé le dirigeant russe à «cesser immédiatement tous les combats et à autoriser l’accès humanitaire dans les zones de combat».

 

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OTAN : rejet d’une zone aérienne en Ukraine

8h50 | Bruxelles — Les membres de l’OTAN ont rejeté vendredi la demande de Kyiv de créer une zone d’exclusion aérienne en Ukraine pour éviter de se laisser entraîner dans le conflit, a déclaré le secrétaire général de l’Alliance.

«La question a été évoquée et les Alliés sont convenus que nous ne devrions pas avoir d’avions de l’OTAN opérant dans l’espace aérien ukrainien ou des troupes de l’OTAN au sol, car nous pourrions nous retrouver avec une guerre totale en Europe», a expliqué Jens Stoltenberg au terme d’une réunion d’urgence des ministres des Affaires étrangères de l’Alliance à Bruxelles.

Au neuvième jour de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba s’est adressé à ses homologues durant cette réunion, a précisé Jens Stoltenberg lors d’une conférence de presse.  

«La seule façon de mettre en œuvre une zone d’exclusion aérienne est d’envoyer des avions de chasse de l’OTAN dans l’espace aérien de l’Ukraine, puis d’abattre des avions russes pour la faire respecter», a souligné M. Stoltenberg.

«Nous avons la responsabilité d’empêcher l’escalade de cette guerre au-delà de l’Ukraine. Parce que cela serait encore plus dangereux, plus dévastateur, et causerait encore plus de souffrances humaines», a-t-il déclaré.

«L’OTAN est alliance défensive. Nous ne voulons pas être partie prenante au conflit en Ukraine», a-t-il insisté.

«Les jours à venir seront pires, avec plus de morts, plus des destructions, parce que la Russie va utiliser des armes plus lourdes», a averti Jens Stoltenberg.

L’OTAN a renforcé ses défenses à l’Est avec le déploiement pour la première fois de sa force de réaction rapide, l’envoi des milliers de soldats de l’Alliance dans les pays du flanc oriental, la mise en alerte de plus 130 avions de combat et plus de 200 navires en mer, a-t-il précisé.

«Il s’agit de la réponse immédiate de l’OTAN et elle sera renforcée si nécessaire», a-t-il assuré. Une réunion des ministres de la Défense de l’OTAN a été convoquée le 16 mars pour «prendre les décisions qui s’imposeront», a-t-il précisé.

Une discussion va également s’engager sur la posture de dissuasion et de Défense sur le plus long terme, a-t-il ajouté. Le sujet sera à l’ordre du jour du sommet de l’OTAN les 29 et 30 juin à Madrid.

 

L’armée russe occupe la première centrale nucléaire ukrainienne

7h28 | Kyiv — L’armée russe occupe vendredi la plus grande centrale nucléaire ukrainienne, où des bombardements dans la nuit ont fait craindre une catastrophe, au neuvième jour d’une offensive accompagnée d’une répression croissante de toute voix dissidente en Russie. 

Dans le sud de l’Ukraine, Zaporojie, plus grande centrale nucléaire d’Europe, touchée dans la nuit par des frappes d’artillerie russe selon les Ukrainiens, a été le théâtre d’un incendie.

Cet incendie a contribué à l’angoisse grandissante des Occidentaux face à un conflit qui embrase désormais tout le pays, avec une liste de plus en plus longue de villes bombardées, au neuvième jour de l’invasion russe.

En début de matinée, le régulateur ukrainien a cependant indiqué que le feu, qui avait touché un laboratoire et un bâtiment de formation, avait été éteint et qu’aucune fuite radioactive n’avait été détectée.  

«Le territoire de la centrale nucléaire de Zaporojie est occupé par les forces armées de la Fédération de Russie. Le personnel opérationnel contrôle les blocs énergétiques et assure leur exploitation en accord avec les exigences des règlements techniques de sécurité d’exploitation», a ajouté le régulateur.

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a confirmé que les niveaux de radioactivité restaient inchangés sur le site de la centrale, qui fournit une grande partie de l’électricité du pays, et affirmé qu’aucun équipement «essentiel» n’a été endommagé.

Son chef, Rafael Grossi, s’est dit prêt à se rendre en Ukraine pour négocier une solution afin de garantir la sécurité des sites nucléaires. 

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui réclamé un renforcement des sanctions occidentales contre Moscou après cette attaque.  

«Un renforcement immédiat de sanctions contre l’État terroriste nucléaire est nécessaire», a-t-il déclaré dans une adresse vidéo dans la matinée en appelant les Russes à «descendre dans la rue» pour arrêter les attaques contre les sites nucléaires en Ukraine. 

«L’attaque contre une centrale nucléaire démontre le caractère irresponsable de cette guerre et la nécessité d’y mettre fin», a déclaré le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg, avant une réunion d’urgence des ministres des Affaires étrangères de l’Alliance à Bruxelles.

Plus tôt, le premier ministre britannique Boris Johnson avait appelé à une nouvelle réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU, tandis que le président américain Joe Biden «exhortait la Russie à cesser ses activités militaires dans la zone» de la centrale.

Zaporojie, située sur le fleuve Dniepr à environ 550 km au sud-est de Kyiv, a une capacité totale de près de 6 000 mégawatts, assez pour fournir en électricité environ quatre millions de foyers. Elle a été inaugurée en 1985, quand l’Ukraine faisait encore partie de l’Union soviétique.

Le 24 février, des combats avaient déjà eu lieu près de l’ancienne centrale de Tchernobyl, à une centaine de kilomètres au nord de Kyiv, désormais aux mains des troupes russes.

 

«Un enfer»

Ailleurs dans le pays, l’Ukraine a notamment accusé Moscou jeudi d’avoir bombardé une zone résidentielle et des écoles à Tcherniguiv, au nord de Kyiv, faisant 33 morts. Des combats s’y poursuivaient vendredi, selon les Ukrainiens.

La situation est aussi devenue «un enfer» à Okhtyrka, et «critique» à Soumy, deux villes à quelque 350 km à l’est de Kyiv, selon les autorités locales.

Quant au port stratégique de Marioupol, au sud-est, où le maire accusait jeudi les forces russes de vouloir instaurer «un blocus», les autorités régionales indiquent ne disposer d’«aucune communication».  

Dans des déclarations à la télévision russe jeudi, le président Vladimir Poutine n’a donné aucun espoir d’apaisement.

«L’opération militaire spéciale se déroule strictement selon le calendrier, selon le plan», a-t-il affirmé. Il a salué le courage des soldats russes qui combattent contre «des néonazis» et «des mercenaires étrangers» qui utilisent les civils comme «boucliers humains».

Moscou a toutefois subi un nouveau revers diplomatique avec le vote, vendredi matin, au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, à une écrasante majorité, d’une résolution en faveur d’une commission d’enquête internationale sur les violations des droits de la personne et du droit humanitaire en Ukraine.

La résolution a été adoptée par 32 votes pour, 2 contre (Russie et Érythrée) et 13 abstentions.

«Le monde entier est contre vous», a lancé l’ambassadrice ukrainienne auprès de l’ONU à Genève, à l’attention du président Poutine. 

 

Nouvelles lois répressives

Le Kremlin a durci dans le même temps sa répression de toutes les voix dissidentes face au conflit.

Depuis le début de l’offensive le 24 février, arrestations, fermetures des rares médias indépendants restants et nouveaux textes répressifs s’enchaînent, alors que le Kremlin et les grands médias russes présentent le conflit comme «une opération militaire spéciale» et bannissent le mot «invasion».

Vendredi, les autorités russes ont restreint l’accès aux sites de quatre médias indépendants: l’édition locale de la BBC, la radiotélévision internationale allemande Deutsche Welle, le site indépendant Meduza et Radio Svoboda, antenne russe de RFE/RL.

Les députés russes ont également adopté un texte prévoyant des peines pouvant aller jusqu’à quinze ans de prison pour toute personne publiant des «informations mensongères» qui entraîneraient des «conséquences sérieuses» pour les forces armées.

Alors que Moscou fait face à des sanctions économiques sans précédent infligées par les Occidentaux, un autre texte prévoit de pénaliser les «appels à imposer des sanctions à la Russie».

Des perquisitions sont aussi en cours vendredi dans les locaux moscovites de l’emblématique ONG des droits de la personne Mémorial, la plus respectée du pays, après sa dissolution ordonnée par la justice, a indiqué Mémorial.

De nombreux Russes tentent de quitter leur pays. Avec la suspension de la quasi-totalité des vols reliant la Russie à l’Europe, les trains reliant Saint-Pétersbourg à Helsinki arrivent bondés dans la capitale finlandaise, a constaté l’AFP.

«Nous avons décidé de rentrer le plus vite possible, car on ne sait pas quelle sera la situation dans une semaine», a dit à l’AFP Polina Poliakova, une Moscovite étudiant à Paris, à son arrivée à Helsinki. 

Ces trains ne sont cependant de facto accessibles qu’aux Russes qui vivent ou travaillent déjà en Europe: ne passent que les personnes avec un visa Schengen en règle, et un vaccin anti-Covid reconnu par l’Union européenne, autrement dit pas le vaccin Spoutnik le plus administré en Russie. 

 

Couloirs humanitaires

On ignorait pour l’instant si les «couloirs humanitaires», que des négociateurs russes et ukrainiens se sont mis d’accord jeudi pour organiser, se mettaient en place. 

Ces négociateurs s’étaient retrouvés à la frontière entre la Pologne et le Bélarus, après une première tentative lundi, dans l’espoir d’obtenir une trêve. «Malheureusement, il n’y a pas encore les résultats escomptés pour l’Ukraine. Il n’y a qu’une solution pour organiser des couloirs humanitaires», a déploré après les discussions un membre délégation ukrainienne, Mikhaïlo Podoliak.

Plus de 1,2 million de réfugiés ont déjà fui le pays, selon l’ONU.