Le soutien international au sort de l’Ukraine a été une fois de plus démontré lorsqu’une médaille du prix Nobel de la paix mise aux enchères par le journaliste russe Dmitry Muratov s’est vendue lundi soir pour 103,5 millions $ US, brisant l’ancien record pour un prix Nobel. (Photo: La Presse Canadienne)
Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 21 juin. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire.
10h35 | Lyssytchansk — Moscou a promis mardi de «sérieuses» représailles contre la Lituanie après la mise en application par Vilnius de sanctions européennes liées à l’invasion de l’Ukraine, où les troupes russes continuent de progresser dans l’est.
À deux jours du sommet des dirigeants de l’Union européenne appelés à se décider sur l’octroi à l’Ukraine du statut de pays candidat au club européen que Kyiv réclame à cor et à cri, le ministre des Affaires européennes français, Clément Beaune, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de l’UE, a déclaré qu’un «consensus total» avait émergé au sein des Vingt-Sept lors d’une réunion avec ses homologues à Luxembourg, pour accéder à cette requête.
Qualifiant d’«actes hostiles» les restrictions imposées par les autorités lituaniennes sur le transit par voie ferrée de marchandises frappées par les sanctions européennes en direction de Kaliningrad, Nikolaï Patrouchev, secrétaire du Conseil de sécurité russe, a déclaré, lors d’une visite dans cette enclave russe sur la Baltique, que «des mesures appropriées» seraient «adoptées prochainement» et qu’elles auraient «de sérieuses conséquences négatives pour la population de la Lituanie».
Alors que les troupes russes accentuent leur progression dans le Donbass, dans l’est de l’Ukraine, un responsable américain a annoncé à Washington que le ministre de la Justice des États-Unis, Merrick Garland, était en visite surprise à Kyiv, où il doit discuter avec la procureure générale ukrainienne, Iryna Venediktova, des «efforts américains et internationaux pour aider l’Ukraine à identifier, appréhender et poursuivre les personnes impliquées dans des crimes de guerre et d’autres atrocités en Ukraine».
«Épicentre de la confrontation»
Dans l’est de l’Ukraine, les Russes «contrôlent entièrement» le village de Tochkivka sur la ligne de front, à quelques kilomètres de Severodonetsk et Lyssytchansk où les combats font rage, a reconnu le chef du district de Severodonetsk, Roman Vlasenko.
«Toute la région de Lougansk est désormais l’épicentre de la confrontation entre armées ukrainienne et russe», a ajouté M. Vlasenko, qui s’exprimait à la télévision ukrainienne.
Cette région est presque entièrement contrôlée par les forces de Moscou. Seule la poche de résistance ukrainienne autour de Lyssytchansk et Severodonetsk échappe encore au contrôle de l’armée russe.
Selon M. Vlasenko, «les combats font rage autour de la zone industrielle» de Severodonetsk, où, d’après les autorités locales, 568 personnes, dont 38 enfants — essentiellement des employés et leurs familles — sont désormais réfugiées à l’intérieur de l’usine Azot.
L’usine est emblématique de cette ville industrielle qui comptait environ 100 000 habitants avant la guerre. La prise de la ville par Moscou serait une étape importante vers la conquête de l’intégralité du Donbass, région essentiellement russophone en partie tenue par des séparatistes prorusses depuis 2014.
«Destructions catastrophiques»
Le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, a fait état de son côté de «destructions catastrophiques à Lyssytchansk», ville jumelle séparée de Severodonetsk par la Donets, rivière infranchissable depuis que les ponts y ont été détruits.
Subissant des bombardements quotidiens, la région est depuis plusieurs semaines le théâtre de violents combats d’artillerie entre forces russes et ukrainiennes. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté l’armée ukrainienne à «tenir», jugeant que l’issue de la guerre dépendrait de sa résistance et de sa capacité à freiner l’armée russe et à lui infliger des pertes.
Disant «apprécier les efforts» de Berlin pour aider militairement Kyiv, le ministre de la Défense ukrainien Oleksiï Reznikov a annoncé la réception de canons d’artillerie automoteurs allemands Panzerhaubitze 2000, après des semaines de négociations de l’Ukraine avec ses alliés occidentaux pour recevoir des «armes puissantes» capables de repousser les attaques russes.
Plusieurs villes du Donbass encore sous le contrôle de Kyiv se préparent à une nouvelle avancée des troupes russes, comme Sloviansk et Kramatorsk, à l’est de Severodonetsk. «Le front s’est rapproché ces dernières semaines, jusqu’à 15-20 kilomètres», a ainsi expliqué à l’AFP Vadym Lyakh, maire de Sloviansk, qui espère l’arrivée rapide des «nouvelles armes» dont l’armée ukrainienne a besoin.
«Jusque-là, tout va bien ici, mais c’est très dur psychologiquement quand on voit à la télévision ce qui se passe dans d’autres villes», indique de son côté Svitlana, 48 ans, bouchère au marché de Kramatorsk.
Sur le plan militaire, toujours, la Russie a affirmé avoir repoussé une «folle» tentative des forces de Kyiv de reprendre l’île aux Serpents, territoire symbolique et stratégique conquis par Moscou en mer Noire au début de son offensive en Ukraine, déclenchée le 24 février.
«Courage et professionnalisme»
«Nous sommes fiers qu'[en Ukraine], nos combattants agissent avec courage, professionnalisme, comme de véritables héros», a déclaré le président russe Vladimir Poutine lors d’une allocution au Kremlin devant les jeunes diplômés des académies militaires russes et les plus hauts cadres de l’armée.
M. Poutine a également jugé «sûr» que les sanctions qui frappent la Russie seraient «surmontées».
À Moscou, un tribunal a entamé mardi le procès d’un élu municipal, Alexeï Gorinov, accusé de «diffusion d’informations mensongères» après avoir critiqué l’offensive en Ukraine.
Ce chef d’accusation pourrait lui valoir 10 ans de prison, et l’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty International a appelé à sa libération immédiate, dénonçant «un procès à haute visibilité» visant à envoyer un «message dissuasif».
Dans le sud de l’Ukraine, «des spécialistes d’unités de transmission des forces armées russes ont connecté et reconfiguré vers la diffusion de chaînes russes le dernier des sept émetteurs de télévision de la région de Kherson», conquise par Moscou dès les premiers jours de la guerre, selon un communiqué du ministère de la Défense russe.
Rattachement
Selon le texte, un million d’habitants de la région ont maintenant accès «gratuitement» aux principales chaînes russes, notamment celles du groupe d’audiovisuel public VGTRK, qui relaie activement la ligne du Kremlin.
Depuis que la région est passée sous le contrôle de Moscou, les forces d’occupation y mènent une politique de russification des territoires: la monnaie russe, le rouble, a été instaurée et des passeports russes commencent à être distribués.
Selon l’agence de presse publique russe TASS, l’un des nouveaux responsables prorusses de la région de Kherson, Kirill Stremooussov, a affirmé que ce territoire pourrait être rattaché à la Russie, «par referendum», «avant la fin de l’année».
Le chef de la police ukrainienne pour la province de Kyiv a déclaré à la télévision que les corps de 1 333 civils ukrainiens, tués selon lui par les forces russes, avaient été retrouvés à la date de mardi, dont 213 n’étaient toujours pas identifiés. Depuis que les forces russes se sont retirées de la zone, 300 personnes sont toujours portées disparues, a-t-il ajouté.
Selon Madrid, un Espagnol, parti combattre les troupes russes en Ukraine, est mort samedi dans ce pays.
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Kyiv — Les attaques russes ont jeté mardi un rideau de feu sur des zones de l’est de l’Ukraine où des poches de résistance refusent à Moscou le contrôle militaire total de la région, près de quatre mois après que le Kremlin a déclenché une invasion.
«Aujourd’hui, tout ce qui peut brûler est en feu», a déclaré à l’Associated Press Serhiy Haidai, le gouverneur de la région de Lougansk, dans l’est de l’Ukraine.
L’armée russe contrôle actuellement environ 95% de la région de Lougansk. Mais Moscou lutte depuis des semaines pour l’envahir complètement, malgré le déploiement de troupes supplémentaires et un énorme avantage en moyens militaires.
Dans la ville de Sievierodonetsk, le point chaud des combats, les défenseurs ukrainiens s’accrochent à l’usine chimique d’Azot dans la périphérie industrielle. Environ 500 civils s’abritent dans l’usine, et M. Haidai a déclaré que les forces russes transformaient la zone «en ruines».
«C’est une pure catastrophe, a lancé M. Haidai à l’AP. Nos positions se font tirer dessus par des obusiers, des lance-roquettes multiples, de l’artillerie de gros calibre, des frappes de missiles…»
La défense de l’usine chimique rappelle le siège de l’aciérie d’Azovstal dans la ville de Marioupol, où les troupes ukrainiennes ont été bloquées pendant des semaines.
La ville voisine de Lysychansk, la seule de la région de Lougansk encore entièrement sous contrôle ukrainien, est également la cible de multiples frappes aériennes.
Le bureau du président ukrainien a déclaré mardi qu’au moins six civils avaient été tués au cours des dernières 24 heures et 16 autres blessés.
Selon sa mise à jour quotidienne, les forces russes ont bombardé au cours de la journée la région nord de Tchernihiv et intensifié leur bombardement de Kharkiv, la deuxième plus grande ville d’Ukraine. Des explosions se sont également produites mardi matin dans la ville méridionale de Mykolaïv.
Les frappes aériennes sur Sievierodonetsk et à proximité de Lysychansk ont détruit plus de dix bâtiments résidentiels et un poste de police. Dans la ville d’Avdiivka, dans la région de Donetsk, une école a brûlé à la suite des bombardements, a indiqué le bureau du président.
Le soutien international au sort de l’Ukraine a été une fois de plus démontré lorsqu’une médaille du prix Nobel de la paix mise aux enchères par le journaliste russe Dmitry Muratov s’est vendue lundi soir pour 103,5 millions $ US, brisant l’ancien record pour un prix Nobel. La vente aux enchères visait à collecter des fonds pour les enfants réfugiés ukrainiens.
Pendant ce temps, les autorités russes ont bloqué le site Web du journal britannique The Telegraph en raison d’un article qu’il a publié, a rapporté mardi le groupe de défense des droits sur Internet Roskomsvoboda.
Le groupe a déclaré dans un communiqué en ligne que le régulateur russe des médias et d’Internet, Roskomnadzor, avait bloqué l’accès de la Russie à une histoire que Moscou a qualifiée de «fausse nouvelle». Cette décision a rendu l’intégralité du site Web du Telegraph inaccessible pour certains Russes.
L’histoire du Telegraph alléguait que les forces russes avaient préparé un crématorium mobile à utiliser dans sa guerre avec l’Ukraine, peut-être pour cacher ses pertes militaires.