«La Russie ne devrait pas participer ou être incluse dans ces réunions», a affirmé Chrystia Freeland sur Twitter. (Photo: La Presse Canadienne)
Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 20 avril. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire.
16h00 | Le Canada et un certain nombre de ses alliés démocratiques ont quitté mercredi la plénière du G20 lorsque la Russie a cherché à intervenir, a indiqué la vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland.
La secrétaire au Trésor des États-Unis Janet Yellen et le ministre ukrainien des Finances Serhiy Marchenko se sont retirés de la réunion du G20 au moment où la personne représentant la Russie commençait à parler.
Plusieurs ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales ont également quitté la salle, a indiqué à l’Associated Press une source bien au fait des réunions, qui s’est exprimée sous le couvert de l’anonymat, car l’événement n’était pas public. Certains ministres et gouverneurs de banques centrales qui ont assisté à la réunion ont éteint leurs caméras lorsque la personne représentant la Russie a pris la parole, a indiqué la source.
«Les réunions de cette semaine à Washington ont pour but de soutenir l’économie mondiale, et l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie constitue une grave menace pour l’économie mondiale. La Russie ne devrait pas participer ou être incluse dans ces réunions», a affirmé Chrystia Freeland sur Twitter.
«Les démocraties du monde ne resteront pas les bras croisés face à l’agression et des crimes de guerre russes», a-t-elle ajouté.
Les effets brutaux de la guerre de la Russie contre l’Ukraine ont occupé le devant de la scène lors des réunions printanières du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, au cours desquelles les chefs des finances se réunissent pour s’attaquer aux problèmes les plus urgents du monde.
Le président Joe Biden a déclaré que la Russie ne devrait pas rester membre du G20, un organe international des plus grandes économies du monde qui promeut la coopération économique entre les pays.
11h26 | Zaporijjia — Les combats s’intensifiaient mercredi dans l’est et le sud de l’Ukraine où l’armée russe semblait près de s’emparer du port stratégique de Marioupol, Kyiv recevant cependant un soutien croissant des Européens et des Américains, notamment en armes lourdes.
Dernier dirigeant européen en date à se rendre à Kyiv, le président du Conseil européen Charles Michel a rencontré le président Volodymyr Zelensky.
L’UE fera «tout son possible» pour que l’Ukraine «gagne la guerre», a déclaré Charles Michel après les entretiens, qui ont porté sur le soutien financier et militaire de l’Union européenne et ses sanctions contre la Russie.
L’adhésion de l’Ukraine à l’UE est «une priorité», a dit de son côté Volodymyr Zelensky.
Sur le terrain, le ministère ukrainien de la Défense a affirmé mercredi matin que l’armée russe «concentrait l’essentiel de ses efforts sur la prise de Marioupol et poursuivait ses tentatives d’assaut près de l’aciérie Azovstal», dernier îlot de résistance de ce port situé sur la mer d’Azov, à l’extrémité sud du Donbass.
Sviatoslav Palamar, commandant adjoint du bataillon Azov qui résiste à Azovstal, a indiqué que ses combattants faisaient face à un «front à 360 degrés», «sans arrière» possible.
Il a souligné que des centaines de civils, dont des enfants, se trouvaient dans l’aciérie, complètement détruite par des «bombes super-puissantes», et a appelé les dirigeants internationaux à les «sauver avant tout».
«Nous vivons peut-être nos derniers jours, voire nos dernières heures», et «l’ennemi est 10 fois plus nombreux que nous», avait déclaré dans la nuit de mardi à mercredi Serguiï Volyna, commandant de la 36e brigade de la marine ukrainienne, dans un message posté sur Facebook.
Après trois jours sans couloir humanitaire, Kyiv a indiqué mercredi matin être arrivé à «un accord préliminaire» avec les Russes pour évacuer des civils de Marioupol vers Zaporijjia, à quelque 200 km au nord-ouest.
Mais les cars d’évacuation ont pris du retard et n’étaient plus attendus avant jeudi au plus tôt, a indiqué à l’AFP un responsable de l’accueil des réfugiés à Zaporijjia.
La situation dans la ville, où au moins 20 000 personnes ont péri depuis début mars selon le conseil municipal, est «catastrophique», selon la première vice-première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk.
La Russie, qui a lancé plusieurs ultimatums aux défenseurs de Marioupol, est déterminée à prendre ce port qui lui permettrait de faire la jonction entre la Crimée, qu’elle a annexée en 2014, et les républiques séparatistes du Donbass.
Sa prise permettrait aussi à Moscou d’injecter des forces supplémentaires dans l’offensive visant à prendre le contrôle de l’ensemble du Donbass, que les séparatistes contrôlent en partie depuis 2014.
«Tentatives d’assaut» dans le Donbass
Au-delà de Marioupol, les combats semblaient s’intensifier tant dans l’est que dans le sud de l’Ukraine.
Le ministère ukrainien de la Défense a fait état mercredi matin de «tentatives d’assaut» sur les localités de Soulyguivka et Dibrivné, dans la région de Kharkiv (est), ainsi que sur Roubijné et Severodonetsk, dans la région de Lougansk (est).
Le gouverneur de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, a renouvelé ses appels aux civils à évacuer. «La situation se complique d’heure en heure», a-t-il écrit sur la messagerie Telegram: «Mettez-vous en sécurité (…) Partez».
À Kramatorsk, grande ville de la région de Donetsk, des habitants interrogés par l’AFP s’attendaient au pire. «Ça va être le merdier», a dit Alexandre, 53 ans. «Tant que les Russes ne se calmeront pas, il n’y a rien de bon à attendre».
Les bombardements s’intensifiaient aussi dans le sud, notamment sur les villages de Mala Tokmatchka et d’Orikhiv, à 70 km au sud-est de Zaporijjia, a constaté l’AFP.
Alors que la guerre semblait encore lointaine la semaine dernière, «maintenant, quand ça vient du côté russe, les maisons tremblent et c’est beaucoup plus fréquent», a dit Vitaly Dovbnia, précisant avoir une valise prête dans le coffre de sa voiture.
Dans cette région, le ministère russe de la Défense a indiqué avoir notamment frappé les villages de Kisselivka et Novovorontsovka.
Selon un haut responsable américain du département de la Défense, la Russie a augmenté sa présence militaire dans l’est et le sud de l’Ukraine, portant à 76 le total de ses bataillons dans le pays.
Nouvelles armes pour Kyiv
«Cette nouvelle phase» de la guerre, comme l’a qualifiée mardi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, s’annonce acharnée. D’autant que l’Ukraine reçoit désormais des armes lourdes que les Occidentaux hésitaient à lui fournir auparavant.
Après la livraison de pièces d’artillerie annoncée la semaine dernière par le président américain Joe Biden, les Ukrainiens ont désormais «à leur disposition plus d’avions de chasse qu’il y a deux semaines», a affirmé mardi le porte-parole du Pentagone John Kirby, expliquant qu’ils avaient reçu «des appareils supplémentaires et des pièces détachées pour accroître leur flotte».
Le commandement des forces aériennes ukrainiennes a affirmé de son côté mercredi n’avoir «pas reçu de nouveaux avions», mais «des pièces détachées pour la réparation des appareils existants».
Kyiv réclame des Occidentaux des Mig-29 soviétiques que ses militaires savent déjà piloter et dont disposent encore certains pays d’Europe de l’Est.
Washington s’apprête aussi à approuver un nouveau paquet d’aide militaire s’élevant à 800 millions de dollars, moins d’une semaine après une annonce d’une tranche du même montant, selon plusieurs médias américains.
Négociations au point mort
L’appel mardi du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres à une trêve «humanitaire» de quatre jours pour les fêtes orthodoxes de Pâques — renouvelé mercredi par le coordinateur de l’ONU en Ukraine Amin Awad — semblait en revanche avoir peu de chances d’être entendu.
D’autant que les négociations russo-ukrainiennes, censées continuer en ligne depuis la dernière séance physique à Istanbul fin mars, semblent au point mort.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé mercredi que les Ukrainiens «ne cessent de se retirer de ce sur quoi il y avait des ententes». «La balle est dans leur camp», après que Moscou leur a remis «un projet de document», a-t-il ajouté sans préciser le contenu de ce texte.
L’invasion russe a déjà poussé vers les pays voisins de l’Ukraine, à commencer par la Pologne, plus de cinq millions d’Ukrainiens, un record depuis la Seconde Guerre mondiale.
Certains font néanmoins des allers-retours: le porte-parole des gardes-frontières ukrainien a indiqué mercredi que 1,1 million d’Ukrainiens étaient rentrés en Ukraine depuis le 24 février.
Le conflit a aussi chamboulé certains grands équilibres mondiaux. Des pays européens qui ne faisaient pas partie de l’OTAN semblent désormais prêts à rejoindre l’Alliance militaire, comme la Finlande, dont le Parlement entamait mercredi un débat sur une adhésion.
Sa candidature est désormais probable, et cette évolution est suivie de près par la Suède voisine, qui pourrait lui emboîter le pas.
Les ministres des Finances et les banquiers centraux des pays du G20, réunis mercredi pour la première fois depuis le début du conflit, risquaient de voir leurs discussions paralysées, les Occidentaux ayant demandé en vain à la présidence indonésienne que la Russie en soit exclue.
La directrice générale du Fonds monétaire international Kristalina Georgieva a cependant exhorté les pays à continuer leur coopération. «Aucun pays ne peut résoudre ses problèmes seuls. Il est évident que la coopération doit et va se poursuivre», a-t-elle estimé lors d’une conférence de presse.
À la page suivante, la situation à 8h50 ce matin.
8h50 | Paris — Les Ukrainiens parlent d’intensification, les Russes d’une nouvelle phase: au 56e jour de la guerre, les combats redoublent de violence dans l’est de l’Ukraine, où Moscou se concentre sur une région qu’elle considère comme lui appartenant.
«Cette nouvelle phase» de la guerre, comme l’a qualifiée le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, s’annonce acharnée. D’autant que l’Ukraine reçoit désormais des armes lourdes que les Occidentaux ont longtemps hésité à lui fournir pour éviter une escalade du conflit.
Les forces russes continuent de se renforcer sur la ligne de front et «tentent de percer les défenses ukrainiennes», constate le ministère britannique de la Défense sur Twitter.
Simultanément, les attaques sur plusieurs villes à travers le pays «témoignent de leur volonté de perturber les mouvements des renforts et ravitaillements ukrainiens vers l’Est».
Voici un point de la situation, à partir d’éléments des journalistes de l’AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d’analystes et d’organisations internationales.
L’Est
Les combats dans le Donbass se sont intensifiés depuis lundi soir. Kyiv a fait état mercredi de «tentatives d’assaut» sur les localités de Soulyguivka et Dibrivné (région de Kharkiv), ainsi que sur Roubijné et Severodonetsk (Lougansk).
Selon un responsable américain du département de la Défense, Moscou a augmenté sa présence militaire dans l’est et le sud de l’Ukraine, portant à 76 le total de ses bataillons dans le pays.
Selon l’Institut américain de l’étude de la guerre (ISW), «les forces russes ont conduit d’intensifs bombardements et frappes d’artillerie sur plusieurs points de la ligne de front depuis autour d’Izioum jusqu’à Mykolaïv, mais relativement peu d’offensives terrestres».
L’ISW, qui s’interroge sur la «préparation hâtive» des Russes, estime qu’ils pourraient viser à encercler les troupes ukrainiennes «le long d’axes entre Izioum et le sud-est et entre Donetsk et le nord».
L’institut évoque des offensives autour d’Izioum, de Kreminna (au nord de Severodonetsk), et de la ville de Donetsk vers Avdiivka. Mais une telle stratégie d’encerclement créerait de vastes poches de résistance qui seraient compliquées à réduire pour les Russes, estime l’ISW.
Le Sud
Après bientôt deux mois de siège, le port stratégique de Marioupol (sud-est) semblait mercredi proche de tomber aux mains des Russes. Les séparatistes prorusses ont affirmé mercredi que cinq militaires ukrainiens avaient déposé les armes.
Les derniers à défendre la ville sont essentiellement retranchés dans le complexe métallurgique d’Azovstal, un ensemble d’usines et de souterrains d’où les forces de Moscou peinent à les déloger. La Russie les a plusieurs fois exhortés à déposer les armes.
«Nous vivons peut-être nos derniers jours, voire nos dernières heures», a affirmé Serguiy Volyna, de la 36e brigade de la marine nationale ukrainienne. «L’ennemi est 10 fois plus nombreux que nous», a-t-il ajouté, suppliant «tous les dirigeants du monde (…) d’utiliser la procédure d’extraction et de nous emmener sur le territoire d’un pays tiers».
La ville est soumise à des bombardements incessants depuis le début de l’offensive russe le 24 février. Sa chute permettrait aux Russes de consolider leurs gains territoriaux côtiers le long de la mer d’Azov en reliant la région du Donbass, en partie contrôlée par leurs partisans, à la Crimée que Moscou a annexée en 2014.
Les villages de Mala Tokmachka et d’Orikhiv, à 70 km au sud-est de Zaporijjia, ont eux aussi été la cible d’une recrudescence des bombardements, a constaté l’AFP.
Bilan humain
Il n’existe aucun bilan global des victimes civiles. Rien qu’à Marioupol, les autorités ukrainiennes parlent de 20 000 morts. Un accord y a été trouvé mercredi sur un couloir humanitaire pour évacuer des civils, premier accord de ce type depuis samedi.
Au total, 300 000 Ukrainiens ont été évacués par des couloirs humanitaires depuis le début des hostilités, avait indiqué Kyiv mardi.
Sur le plan militaire, le président Volodymyr Zelensky avait déclaré vendredi qu’environ 2 500 à 3 000 soldats ukrainiens avaient été tués depuis le début du conflit et quelque 10 000 blessés. Le Kremlin a récemment admis de son côté des «pertes importantes». Le 25 mars, il avait reconnu la mort de 1 351 soldats pour 8.825 blessés. Certaines sources occidentales vont jusqu’à 12 000 morts russes.
Des chiffres à prendre avec prudence.
Réfugiés et déplacés
Plus de cinq millions d’Ukrainiens ont fui leur pays, selon de nouveaux chiffres publiés mercredi par l’ONU sur la plus importante crise des réfugiés en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Plus de 218 000 non-Ukrainiens, essentiellement des étudiants et des travailleurs migrants, ont aussi quitté l’Ukraine pour les pays voisins.
L’ONU estime par ailleurs à 7,1 millions le nombre des déplacés à l’intérieur de l’Ukraine.
À la page suivante, Marioupol semble près de tomber, les combats s’intensifient dans l’Est et le Sud
6h16 | Zaporijjia — Après bientôt deux mois de siège, le port stratégique ukrainien de Marioupol semblait mercredi proche de tomber aux mains des Russes, qui intensifiaient leur offensive sur l’est et le sud du pays.
Dans ce contexte, le président du Conseil européen Charles Michel est arrivé mercredi matin à Kyiv pour témoigner du soutien européen, 12 jours après la visite dans la capitale ukrainienne de son homologue de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
«Nous vivons peut-être nos derniers jours, voire nos dernières heures», a affirmé dans la nuit de mardi à mercredi, sur son compte Facebook, un commandant de militaires ukrainiens qui résistent toujours dans la vaste aciérie d’Azovstal, dernier îlot de résistance de Marioupol, grande ville située sur la mer d’Azov, à l’extrémité sud du Donbass.
«L’ennemi est 10 fois plus nombreux que nous», a déclaré Serguiy Volyna, de la 36e brigade de la marine nationale, sur Facebook. «Nous appelons et supplions tous les dirigeants du monde de nous aider. Nous leur demandons d’utiliser la procédure d’extraction et de nous emmener sur le territoire d’un pays tiers».
Le ministère ukrainien de la Défense a affirmé mercredi matin que l’armée russe «concentrait l’essentiel de ses efforts sur la prise de la ville de Marioupol et poursuivait ses tentatives d’assaut près de l’aciérie Azovstal».
La Russie n’a pas commenté directement l’évolution de la situation. Les séparatistes prorusses de la région de Donetsk — dont relève Marioupol — ont affirmé que cinq militaires ukrainiens défendant l’aciérie avaient déposé les armes et que 140 civils avaient été évacués.
Évacuer les civils
Au moins 1 000 civils, surtout des femmes, enfants et personnes âgées, sont terrés, avec les combattants, «dans les abris souterrains» de l’usine, avait affirmé mardi le conseil municipal de Marioupol, qui redoute que plus de 20 000 civils soient déjà morts dans la ville.
Dans ce contexte, Kyiv a indiqué être arrivé à «un accord préliminaire» avec les Russes pour mettre en place mercredi un couloir d’évacuation depuis Marioupol. Les habitants étaient invités à se rassembler à 14h00 (7h00, heure du Québec) pour partir vers Zaporijjia. Un voyage de 200 km devenu avec la guerre un périple, de plusieurs jours parfois, avec plus d’une dizaine de points de contrôle à franchir.
«Compte tenu de la situation catastrophique à Marioupol, nous concentrons nos efforts sur cette direction aujourd’hui», a souligné la vice-première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk.
Mardi soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait accusé les Russes de «bloquer tous les efforts pour organiser des corridors humanitaires et sauver notre peuple».
La Russie, qui a appelé mardi les défenseurs de Marioupol à cesser «leur résistance insensée» après un premier ultimatum dimanche, est déterminée à prendre ce port, qui lui permettrait de faire la jonction entre la Crimée, qu’elle a annexée en 2014, et les républiques séparatistes prorusses du Donbass.
Sa prise lui permettrait aussi d’injecter des forces supplémentaires pour renforcer son assaut visant à «libérer», selon les termes de Moscou, l’ensemble du Donbass, que les séparatistes ne contrôlent qu’en partie.
«Tentatives d’assaut» dans le Donbass
Les combats dans toute cette région est de l’Ukraine se sont intensifiés depuis lundi soir.
Après une série de frappes revendiquées par Moscou mardi, le ministère ukrainien de la Défense a fait état mercredi matin de «tentatives d’assaut» sur les localités de Soulyguivka et Dibrivné, dans la région de Kharkiv, ainsi que sur Roubijné et Severodonetsk, dans la région de Lougansk.
Le gouverneur régional, Serguiï Gaïdaï, a appelé une nouvelle fois les civils à évacuer. «La situation se complique d’heure en heure», a-t-il écrit sur la messagerie Telegram. «Mettez-vous en sécurité (…) Partez», a-t-il ajouté.
Selon un haut responsable américain du département de la Défense, la Russie a augmenté sa présence militaire dans l’est et le sud de l’Ukraine, portant à 76 le total de bataillons dans le pays.
Les bombardements s’intensifiaient aussi dans le sud, autre ligne de front, a constaté l’AFP. Les villages de Mala Tokmachka et d’Orikhiv, à 70 km au sud-est de Zaporijjia, ont vu une recrudescence des bombardements.
Alors que la guerre semblait encore lointaine la semaine dernière, «maintenant, quand ça vient du côté russe, les maisons tremblent et c’est beaucoup plus fréquent», a indiqué Vitaly Dovbnia, un habitant qui dit avoir une valise déjà prête dans le coffre de sa voiture.
Artur Kharlamov, arrivé à Orikhiv après avoir fui mardi matin Melitopol, ville du sud sous contrôle russe, affirme avoir aperçu les troupes de Moscou creuser des tranchées à trois endroits différents sur le chemin. Et des tranchées fraîches sont également visibles du côté ukrainien.
Nouvelles armes pour l’Ukraine
«Cette nouvelle phase» de la guerre, comme l’a qualifiée mardi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, s’annonce acharnée. D’autant que l’Ukraine reçoit désormais des armes lourdes que les Occidentaux ont longtemps hésité à lui fournir pour éviter une escalade du conflit.
Après la livraison de pièces d’artillerie Howitzer annoncées la semaine dernière par le président américain Joe Biden, les Ukrainiens ont désormais «à leur disposition plus d’avions de chasse qu’il y a deux semaines», a affirmé le porte-parole du Pentagone John Kirby.
«Sans entrer dans les détails sur ce que d’autres pays fournissent, je dirais qu’ils ont reçu des appareils supplémentaires et des pièces détachées pour accroître leur flotte» d’avions de combat, a-t-il ajouté, laissant entendre qu’il s’agissait d’appareils de fabrication russe.
Le commandement des forces aériennes ukrainiennes a cependant précisé n’avoir «pas reçu de nouveaux avions», mais «des pièces détachées pour la réparation des appareils existants».
Kyiv réclamait des Occidentaux des Mig-29 (de conception soviétique) que ses militaires savent déjà piloter, et dont disposent une poignée de pays d’Europe de l’Est.
Le gouvernement norvégien a lui indiqué avoir donné à Kyiv une centaine de missiles antiaériens de conception française.
Et Washington s’apprête à approuver un nouveau paquet d’aide militaire à l’Ukraine s’élevant à 800 millions de dollars, moins d’une semaine après une précédente annonce d’une tranche du même montant, ont rapporté mardi plusieurs médias américains.
Dans ces conditions, l’appel mardi du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres à stopper les combats pour une «pause humanitaire» de quatre jours à l’occasion de la Pâque orthodoxe semblait avoir peu de chances d’être entendu.
Vers de nouvelles candidatures à l’OTAN
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février, les pays européens qui ne faisaient pas partie de l’OTAN semblent de plus en plus prêts à franchir le pas.
Le Parlement de la Finlande commence ainsi mercredi à débattre d’une adhésion à l’Alliance atlantique pour mieux se protéger contre une éventuelle agression de son voisin russe. Avec une candidature désormais «très probable» dans les semaines qui viennent, malgré les messages de dissuasion envoyés par Moscou.
Le débat est suivi de près par la Suède voisine, qui envisage elle aussi de rejoindre l’OTAN.
Les États-Unis et leurs alliés, réunis mardi en visioconférence, ont aussi annoncé qu’ils allaient, afin «d’accentuer la pression sur le Kremlin», adopter «de nouvelles sanctions».
Si l’ensemble de la croissance mondiale est ralentie par le conflit, la Russie, déjà sous le coup de sanctions d’une ampleur inédite, devrait voir son économie se contracter de 8,5% cette année, selon de nouvelles prévisions du Fonds monétaire internationale (FMI) mardi.