Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

Ukraine: Poutine accuse les É.-U. de faire traîner le conflit

La Presse Canadienne|Publié le 16 août 2022

Ukraine: Poutine accuse les É.-U. de faire traîner le conflit

La président de la Russie, Vladimir Poutine, a reproché plus globalement aux États-Unis de chercher à «déstabiliser» le monde. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 16 août 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici.      

Kyiv — Le président russe Vladimir Poutine a accusé mardi les États-Unis de faire traîner le conflit en Ukraine, lancé par une offensive militaire de Moscou il y a presque six mois, tandis que le premier navire humanitaire affrété par l’ONU quittait l’Ukraine chargé de céréales pour se rendre en Afrique.

Pour discuter notamment de la mise en œuvre de l’accord permettant ces exportations de céréales ukrainiennes, signé en juillet par Kyiv et Moscou sous l’égide des Nations unies et via une médiation de la Turquie, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres se rendra jeudi en Ukraine, où il rencontrera les présidents ukrainien Volodymyr Zelensky et turc Recep Tayyip Erdogan, a annoncé mardi son porte-parole.

Le président Zelensky reste très actif sur le front diplomatique, rapportant sur les réseaux sociaux des entretiens avec des représentants du groupe des «Sages» («The Elders»), dont l’ancien secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, ou avec le président zambien Hakainde Hichilema, son homogue français Emmanuel Macron et la première ministre danoise Mette Frederiksen.

Avec cette dernière, a notamment été «discuté l’augmentation du soutien financier à (l’Ukraine) et des sanctions contre la Russie», selon M. Zelensky.

La guerre, entamée le 24 février, a entraîné de la part des pays occidentaux de lourdes sanctions à l’encontre de la Russie et une aide financière et militaire historique pour l’Ukraine, aggravant encore les tensions internationales.

Vladimir Poutine a ainsi reproché mardi aux États-Unis de chercher à «déstabiliser» le monde, évoquant la récente visite à Taïwan de la présidente de la Chambre américaine des représentants Nancy Pelosi.

«La situation en Ukraine montre que les États-Unis cherchent à faire traîner ce conflit. Et ils agissent de la même manière en cultivant la possibilité d’un conflit en Asie, en Afrique, en Amérique latine», a déclaré M. Poutine à la Conférence internationale sur la sécurité à Moscou.

Il a dénoncé une «démonstration insolente de leur manque de respect envers la souveraineté des autres pays et leurs obligations internationales».

 

«Travail d’orfèvre»

Sur le terrain, un nouvel incident est survenu mardi dans une base militaire russe en Crimée (sud), annexée par la Russie en 2014, qui sert de base arrière logistique aux forces de Moscou: «Un acte de sabotage», selon Moscou, a provoqué l’explosion de munitions à Djankoï.

Deux civils ont été blessés, selon le gouverneur de la péninsule Sergueï Aksionov. Une ligne à haute tension, une centrale électrique, une voie ferroviaire et des maisons ont été endommagées, selon l’armée russe.

Le chef de l’administration présidentielle ukrainienne Andriï Iermak a revendiqué sur Telegram une «opération +démilitarisation+ façon travail d’orfèvre par les forces armées ukrainiennes».

La Crimée joue un rôle clé dans la stratégie russe. C’est de là qu’a été lancée l’offensive sur le sud de l’Ukraine qui a permis à Moscou de capturer de larges pans de territoire dans les premières semaines de la guerre. Des avions russes décollent aussi quasi quotidiennement de Crimée pour frapper des cibles dans des régions sous le contrôle de Kyiv. 

Malgré le conflit, la péninsule est restée un important lieu de villégiature pour de nombreux Russes qui continuent de profiter de l’été sur ses plages.

Ils se rendront moins facilement en Finlande à partir du 1er septembre: le pays voisin de la Russie a annoncé une réduction drastique des visas pour les touristes russes, à 10% du volume actuel.

 

«Dissuasion nucléaire»

La centrale nucléaire de Zaporijjia dans le sud de l’Ukraine, prise par les Russes en mars, reste également une source de tensions majeures. Plusieurs frappes dont s’accusent mutuellement Moscou et Kyiv ont visé l’installation, la plus grande d’Europe.

Si la crainte d’une catastrophe nucléaire a été brandie jusqu’au Conseil de sécurité de l’ONU, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a tenté de rassurer mardi sur les intentions russes.

«L’objectif principal des armes nucléaires russes est la dissuasion d’une attaque nucléaire», a-t-il affirmé.

Le président français Emmanuel Macron a néanmoins appelé au retrait des forces russes de la centrale. Lors d’un entretien téléphonique avec son homologue ukrainien, il a souligné «sa préoccupation quant à la menace que font peser la présence, les actions des forces armées russes et le contexte de guerre avec les conflits en cours sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires ukrainiennes et a appelé au retrait de ces forces», a indiqué la présidence française.

L’opérateur public ukrainien Energoatom a dénoncé une cyberattaque russe «sans précédent» contre son site mardi, en précisant toutefois que son fonctionnement n’avait pas été perturbé.

 

Céréales pour l’Afrique

Selon le ministère ukrainien de l’Infrastructure, un navire de l’ONU chargé de 23 000 tonnes de céréales est parti mardi de Pivdenny (sud de l’Ukraine) pour l’Éthiopie. C’est le premier navire de l’ONU à quitter l’Ukraine à la suite de l’accord du 22 juillet permettant l’exportation des céréales ukrainiennes. Depuis, plus d’une quinzaine de bateaux ont pu prendre la mer, selon Kyiv, mais aucune cargaison humanitaire de l’ONU.

Le conflit a bloqué pendant des mois l’exportation de ces produits agricoles, aggravant l’insécurité alimentaire dans de nombreux pays en développement.

Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), 345 millions de personnes dans 82 pays sont aujourd’hui confrontées à une insécurité alimentaire aiguë et jusqu’à 50 millions de personnes dans 45 pays risquent de sombrer dans la famine sans aide humanitaire.