À Kharkiv (nord-est), deuxième ville d'Ukraine proche de la frontière russe, Svetlana, 63 ans, exhorte les Russes à ignorer l'ordre de mobilisation et à «enfin se réveiller», pendant qu'autour d'elle des habitants déblaient les débris d'un immeuble touché dans la nuit par un missile. (Photo: Getty Images)
Ce texte regroupe tous les derniers développements depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 16 septembre 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici. NDLR: Certains contenus peuvent être difficiles à lire.
Moscou — Le président russe Vladimir Poutine a mobilisé mercredi des centaines de milliers de réservistes pour relancer son offensive en Ukraine, se disant prêt à utiliser contre l’Occident «tous les moyens» de son arsenal, y compris nucléaires.
«Ce n’est pas du bluff», a mis en garde Vladimir Poutine dans une rare adresse à la nation lors de laquelle il a dépeint l’Occident comme un ennemi cherchant à «détruire» la Russie.
Les pays occidentaux ont vu dans l’annonce d’une mobilisation un «aveu de faiblesse» face aux récentes contre-offensives ukrainiennes. Et même la Chine, courtisée par la Russie, a pris ses distances en appelant au cessez-le-feu et au respect de l’intégrité territoriale des États, une référence au projet d’annexion russe d’une partie de l’Ukraine.
La mobilisation partielle, qui débute mercredi et sera progressive, marque une escalade majeure dans ce conflit où les forces de Moscou, enlisées depuis des mois, ont récemment essuyé plusieurs revers.
Cette escalade avait été amorcée mardi avec l’annonce de «référendums» d’annexion par la Russie, du 23 au 27 septembre, dans quatre régions de l’est et du sud de l’Ukraine contrôlées en partie par Moscou, une initiative fermement condamnée par les Occidentaux.
La mobilisation partielle est «urgente et nécessaire», a déclaré M. Poutine dans une allocution télévisée préenregistrée diffusée mercredi matin.
Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a déclaré que 300 000 réservistes étaient concernés dans un premier temps par cet ordre de mobilisation.
Signe de l’inquiétude de nombreux Russes, les sites des compagnies aériennes ont été pris d’assaut après l’allocution de M. Poutine. Et une pétition en ligne contre la mobilisation a recueilli plus de 200 000 signatures en quelques heures.
L’opposant emprisonné du Kremlin Alexeï Navalny a critiqué cette mesure, estimant qu’elle mènerait à «une énorme tragédie».
«Désarroi»?
De Londres à Berlin, en passant par Washington, des capitales occidentales ont vu dans la mobilisation un «aveu d’échec» et un «signe de faiblesse». Cette mesure montre le «désarroi» de M. Poutine, a estimé le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a qualifié cette mobilisation, ainsi que l’annonce de référendums dans des territoires de l’est de l’Ukraine, «d’acte de désespoir».
Même la Chine, dont Moscou cherche à se rapprocher, a appelé au «cessez-le-feu» et au respect «de l’intégrité territoriale de tous les pays», au lendemain de l’annonce des «référendums» d’annexion par Moscou.
Sur le terrain, la mobilisation pourrait annoncer un redoublement de violence à l’aube du début du 8e mois de conflit.
Les autorités ukrainiennes ont accusé la Russie d’avoir à nouveau bombardé mercredi le site de la centrale de Zaporijjia (sud de l’Ukraine), la plus grande d’Europe
À Kharkiv (nord-est), deuxième ville d’Ukraine proche de la frontière russe, Svetlana, 63 ans, exhorte les Russes à ignorer l’ordre de mobilisation et à «enfin se réveiller», pendant qu’autour d’elle des habitants déblaient les débris d’un immeuble touché dans la nuit par un missile.
Galina, une voisine âgée de 50 ans, s’emporte contre les Russes qui disent vouloir la «libérer». «Vous voulez nous libérer de quoi? De nos maisons? De nos proches? De nos amis?», lance-t-elle.
C’est justement l’évolution récente de situation dans la région de Kharkiv qui semble avoir poussé M. Poutine à décréter une mobilisation partielle, une mesure qui avait jusque-là été écartée par le Kremlin qui s’efforce de maintenir un semblant de normalité en Russie malgré le conflit.
L’armée russe a en effet essuyé des revers face à des contre-offensives ukrainiennes à Kharkiv, où les forces de Moscou ont été contraintes de céder beaucoup de terrain, ainsi que dans la région de Kherson (sud).
«Pas du bluff»
L’allocution de M. Poutine mercredi marque aussi une escalade dans la rhétorique contre les nations occidentales, qu’il a accusées de vouloir «détruire notre pays» et de soumettre Moscou à un «chantage nucléaire».
«J’aimerais rappeler à ceux qui font ce genre de déclarations que notre pays aussi possède divers moyens de destruction», a déclaré le président russe.
«Nous utiliserons certainement tous les moyens à notre disposition pour protéger la Russie et notre peuple», a-t-il poursuivi. «Ce n’est pas du bluff.»
Son ministre de la Défense a lui carrément affirmé que la Russie ne combattait «pas tant l’Ukraine que l’Occident».
Avant même la mobilisation partielle, l’annonce mardi de «référendums» d’annexion dans les régions contrôlées par Moscou en Ukraine, du 23 au 27 septembre, avait signalé un durcissement.
D’autant que la doctrine militaire russe prévoit la possibilité de recourir à des frappes nucléaires si des territoires considérés comme russes par Moscou sont attaqués.
Ces scrutins se dérouleront dans les régions de Donetsk et de Lougansk, qui forment le Donbass (est), ainsi que dans les zones occupées de Kherson et de Zaporijjia, dans le sud.
Ces votes ont été critiqués par Kiev et ses alliés occidentaux, qui les ont qualifiés de «pseudo-référendums» et de «simulacres» de scrutins.