L'Institut américain des études de la guerre (ISW) évoque une intensification des tirs d'artillerie sur les installations frontalières ukrainiennes dans les régions de Chernihiv et Sumy ces dernières semaines, dont 70 frappes pour la seule journée de mardi. (Photo: Getty Images)
Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 18 mai. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire.
10h49 | Marioupol — Un millier de militaires ukrainiens, dont leurs commandants, sont encore retranchés sur le site sidérurgique d’Azovstal de Marioupol, a affirmé mercredi un dirigeant séparatiste prorusse, après que Moscou a annoncé que 959 combattants s’étaient rendus depuis lundi.
Il y avait initialement «plus de 2 000 personnes» dans l’aciérie, a déclaré le dirigeant de la république autoproclamé du Donetsk Denis Pouchiline lors d’une rencontre avec la presse à Marioupol, à laquelle a participé l’AFP dans le cadre d’un voyage organisé par le ministère russe de la Défense.
Compte tenu des redditions depuis lundi, il en reste «un peu plus de la moitié», a-t-il ajouté, soit un millier. «Les commandants, les combattants de haut rang du régiment Azov ne sortent pas pour l’instant», a précisé le dirigeant séparatiste.
Dans la matinée, le ministère russe de la Défense avait indiqué qu’«au cours des dernières 24 heures 694 combattants, dont 29 blessés, se sont constitués prisonniers». «Depuis le 16 mai, 959 combattants dont 80 blessés se sont constitués prisonniers», avait-il ajouté.
Selon la même source, 51 d’entre eux ont été hospitalisés à Novoazovsk, localité sous contrôle des Russes et de leurs alliés séparatistes.
Le ministère n’a donné aucune indication quant au sort qu’il réservait à ces prisonniers, alors que les autorités russes ont indiqué à maintes reprises qu’elles considéraient au moins une partie d’entre eux non pas comme des soldats, mais comme des combattants néonazis.
Les autorités ukrainiennes veulent quant à elles organiser un échange de prisonniers de guerre.
Selon Denis Pouchiline, «tous ceux qui sont en bonne santé se trouvent en détention provisoire dans la colonie d’Elenovskaïa». «Concernant les criminels de guerre et ceux qui sont des nationalistes, s’ils ont déposé les armes, il reviendra au tribunal de décider de leur sort», a-t-il ajouté.
Ces militaires ukrainiens étaient retranchés dans les galeries souterraines de l’immense aciérie d’aciérie Azovstal, devenant un symbole international de la résistance à l’offensive russe lancée le 24 février.
Le port stratégique de Marioupol où se situe le site industriel a été complètement ravagé par les combats.
Mercredi, les rues de la ville, dans laquelle des drapeaux russes ont été déployés, étaient désertes, a constaté un journaliste de l’AFP. Une trentaine de voitures faisaient la queue à une station d’essence. Selon quatre habitants interrogés par l’AFP, l’électricité n’a pas été rétablie, elle est coupée depuis le 3 mars.
Guerre en Ukraine: la situation au 84e jour
8h54 | Paris — La reddition de soldats ukrainiens qui défendaient le site d’Azovstal à Marioupol (sud-est) s’est poursuivie mercredi, selon Moscou dont les forces progressent lentement sur la ligne de front, dans la région du Donbass (est).
Le 84e jour de la guerre, marquée depuis le début de l’invasion russe le 24 février par de très nombreuses victimes civiles, est aussi celui du début à Kyiv du procès d’un soldat russe jugé pour crime de guerre.
Voici un point de la situation à partir d’informations des journalistes de l’AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d’analystes et d’organisations internationales.
L’est
La guerre entre dans une «phase prolongée», a estimé mardi le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov. Sur la ligne de front dans la région de Donetsk, sept personnes ont été tuées et six blessées selon Kyiv.
Dans la région voisine de Lougansk, quatre personnes ont été tuées mercredi, a déclaré son gouverneur Serguiï Gaïdaï, évoquant aussi la découverte de deux corps dans le village de Pryvillia.
Les forces russes tentent une percée près de Popasna et en direction de Severodonetsk, l’une des grandes villes de la région sous contrôle ukrainien, a-t-il ajouté, dénonçant «l’intensification des bombardements sur la population civile».
Les forces russes mènent des «offensives tout le long de la ligne de contact», a prévenu le ministère ukrainien de la Défense.
L’Institut américain des études de la guerre (ISW) évoque une intensification des tirs d’artillerie sur les installations frontalières ukrainiennes dans les régions de Chernihiv et Sumy ces dernières semaines, dont 70 frappes pour la seule journée de mardi.
L’institut évoque des avancées limitées des forces russes dans le Donbass et la préparation d’une grosse bataille pour Severodonetsk. Les forces russes pourraient «redoubler d’efforts» pour cette bataille, «en partie pour devancer les critiques qui émergent» en Russie sur les erreurs commises lors de l’opération en Ukraine.
Le sud
Sur le site d’Azovstal à Marioupol, «959 combattants (ukrainiens) dont 80 blessés se sont constitués prisonniers» depuis deux jours, a affirmé mercredi le ministère russe de la Défense, information non commentée par Kyiv à la mi-journée.
L’armée russe concentre ses efforts «sur le blocage de nos unités près d’Azovstal», avec des tirs d’artillerie et des frappes aériennes, a signalé l’état-major ukrainien.
«Dans la région d’Odessa, un autre missile a été lancé depuis les eaux de la mer Noire. (…) Selon les informations préliminaires, il n’y a pas de destructions importantes et de victimes», selon un communiqué d’un responsable du district Sud reproduit par les médias ukrainiens.
Justice
La justice ukrainienne entamait mercredi son premier procès pour crime de guerre depuis l’entrée des troupes de Moscou sur son territoire, celui d’un soldat russe accusé d’avoir abattu un civil non armé.
Le procès, qui devrait être rapidement suivi par plusieurs autres, aura valeur de test pour le système judiciaire ukrainien, au moment où les institutions internationales mènent aussi leurs propres enquêtes sur les exactions commises par les troupes russes.
Le Kremlin affirme ne pas avoir d’information sur la procédure.
Négociations en panne
Le Kremlin a accusé l’Ukraine de refuser de négocier. «Les négociations n’avancent pas et nous constatons une absence totale de volonté des négociateurs ukrainiens de poursuivre ce processus», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
La veille, Kyiv avait jugé les Russes responsables de la suspension des pourparlers.
Rétorsion
La Russie a annoncé mercredi expulser 34 diplomates français, en représailles aux expulsions en avril par la France de 41 Russes. Paris a «déploré» cette décision. 24 diplomates italiens et 27 espagnols ont subi le même sort.
OTAN
Suède et Finlande ont soumis mercredi leurs demandes d’adhésion à l’OTAN, conséquence directe de l’invasion de l’Ukraine.
La Turquie s’oppose à leur intégration et pourrait bloquer le processus, mais des consultations sont en cours pour tenter de lever l’opposition d’Ankara. «Nous espérons conclure rapidement», a déclaré le secrétaire général de l’alliance atlantique, Jens Stoltenberg.
Dizaines de milliers de morts
Il n’existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. Rien qu’à Marioupol, les autorités ukrainiennes ont parlé il y a plusieurs semaines de 20 000 morts. Et les enquêteurs ukrainiens affirment avoir identifié «plus de 8 000 cas» présumés de crimes de guerre.
Sur le plan militaire, le ministère ukrainien de la Défense évalue les pertes russes à 28 300 hommes depuis le début de l’invasion le 24 février. C’est notoirement plus que selon les sources occidentales. Le Kremlin a, lui, tout juste admis des «pertes importantes».
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré qu’environ 2 500 à 3 000 soldats ukrainiens avaient été tués et quelque 10 000 blessés. Aucun chiffre indépendant et fiable n’est disponible.
Déplacés et réfugiés
L’Ukraine a vu plus de six millions des siens fuir son territoire, dont plus de la moitié — 3,4 millions — vers la Pologne, selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) à Genève, qui relève toutefois que le flot de ces départs s’est considérablement tari au fil des semaines et s’est même inversé.
Le solde global reste cependant encore largement négatif — avec 6,3 millions de départs pour 1,85 million de retour, selon les gardes-frontières.