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Une ex-diplomate n’est pas surprise de la résistance ukrainienne

AFP et La Presse Canadienne|13 mai 2022

Une ex-diplomate n’est pas surprise de la résistance ukrainienne

Les actes de Moscou ne font que réaffirmer que Kyiv doit s’en éloigner, selon Jill Sinclair. (Photo: La Presse Canadienne)

Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 13 mai 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici. 

16h00 | Ottawa — L’ex-diplomate canadienne Jill Sinclair est passée par toute la gamme des émotions au cours des derniers mois en voyant le peuple ukrainien se tenir debout devant l’envahisseur russe. Mais contrairement à de nombreux observateurs, elle n’a jamais été étonnée par la force de résistance des Ukrainiens.

«Je vois que les gens sont vraiment surpris de voir la manière dont se défend l’armée ukrainienne, mais aussi de la force de l’Ukraine en tant que peuple et que pays. Moi je ne le suis pas. Ces gens n’avaient qu’à regarder ce qui s’y passait», a mentionné Jill Sinclair.

Dès 2016, l’ancienne sous-ministre adjointe au ministère de la Défense nationale a été choisie pour représenter le Canada au Conseil consultatif sur la réforme de la défense (CCRD) de l’Ukraine, dont l’objectif était d’aider le pays à réformer son armée de fond en comble.

Donc pendant que des militaires canadiens formaient des soldats en Ukraine, Jill Sinclair aidait Kyiv à moderniser ses opérations pour assurer que son armée atteigne les normes d’aujourd’hui.

«Ils avaient un programme de réforme très volumineux, qui allait de la haute hiérarchie aux ressources humaines, en passant par le système d’attribution des promotions. Ils devaient remplacer leur ancien modèle datant de l’époque de l’Union soviétique», a-t-elle expliqué.

Ce genre de réforme est souvent imposé à certains pays qui souhaitent recevoir de l’aide financière des pays occidentaux. Selon Jill Sinclair, c’est l’Ukraine qui a chapeauté la composition du groupe, qui comprenait aussi des hauts gradés des armées des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne, de la Pologne et de la Lituanie.

Puisque l’Ukraine était impliquée à part entière dans le projet, le comité a réussi à poursuivre ses travaux malgré de nombreux changements au sein du gouvernement. Quatre ministres de la Défense se sont notamment succédé au cours des six dernières années, mais ils ont tous continué à consulter le conseil.

«Nous n’avons jamais eu peur que l’un d’eux décide de tout arrêter parce qu’ils n’avaient plus besoin de notre aide», a souligné l’ex-diplomate.

Selon Jill Sinclair, la révolution de la Dignité de 2014 en Ukraine, quand des millions d’Ukrainiens se sont rassemblés pour chasser le gouvernement prorusse en place, était un signe clair que le pays devait tisser des liens plus serrés avec le reste de l’Europe.

Pour ce faire, des changements devaient être apportés non seulement à l’armée, mais à tout l’appareil gouvernemental.

«Toute personne qui a travaillé avec l’Ukraine vous dira qu’elle travaillait sur une modernisation parce qu’elle le voulait, pas parce qu’on lui imposait. Elle souhaitait avoir une démocratie plus forte», croit Jill Sinclair.

La route n’a pas toujours été facile, mais malgré l’invasion russe en cours, le comité poursuit son travail en Ukraine et offre ses recommandations à l’armée et au gouvernement. Les actes de Moscou ne font que réaffirmer que Kyiv doit s’en éloigner, selon Jill Sinclair.

Même si la guerre est loin d’être terminée, Jill Sinclair voit certains défis qui devront être relevés rapidement, surtout concernant l’accompagnement des soldats après leur période de service.

«Comment gérer des milliers de jeunes hommes après une guerre où ils ont gagné des batailles et, espérons-le, la guerre? Ce sera un défi.»

 

 

 

 

12h45 | Moscou — L’inflation, qui s’envole en Russie depuis des mois, a encore accéléré en avril, atteignant 17,8% sur un an, selon les données de l’agence de statistiques Rosstat publiées vendredi, un niveau jamais vu depuis 2002.

Par rapport à avril 2021, les prix de l’alimentaire ont notamment flambé de 20,5%. Les produits de base sont parmi les plus touchés: les céréales (+35,5%), les pâtes (+29,6%), le beurre (+26,1%) et les fruits et légumes (+33,0%).

Les prix du matériel audiovisuel, comme les télévisions, a progressé de 22,7%, tandis que les pris des matériaux de construction ont augmenté de 27,5%.

Par rapport au mois de mars de cette année, les prix ont progressé de 1,6% en avril.

Sur l’ensemble de l’année 2022, l’inflation annuelle pourrait atteindre 23%, avant de ralentir l’année prochaine et de revenir à l’objectif de 4% en 2024, selon la Banque centrale russe.

L’inflation, galopante depuis des mois, est liée à la reprise post-pandémie et à la flambée des prix des matières premières, auxquelles s’ajoutent désormais les sanctions occidentales contre la Russie et leur lot de perturbations de la logistique. 

La hausse de prix mine le pouvoir d’achat des Russes, qui ont peu d’épargne, et s’avère un casse-tête pour les autorités, qui ont tenté des mesures de contrôle des prix controversées. 

La Banque centrale a drastiquement augmenté son taux à 20% dans la foulée des premières sanctions après l’entrée des troupes russes en Ukraine fin février, avant de commencer une baisse graduelle. Il est actuellement à 14%.

Le président Vladimir Poutine a assuré jeudi que l’Occident souffrait davantage que la Russie des sanctions imposées à Moscou en raison de l’offensive en Ukraine, se vantant d’une grande résistance de l’économie russe face aux «défis extérieurs».

 

 

 

12h00 | L’Union européenne s’est engagée vendredi à apporter une aide supplémentaire d’un demi-milliard d’euros pour soutenir le combat de l’Ukraine face à l’invasion russe tandis qu’un de ses membres, la Suède, inquiète pour sa sécurité, faisait un pas de plus, après la Finlande, vers une adhésion à l’OTAN.

À l’occasion d’une réunion en Allemagne des sept puissances les plus riches de la planète, l’Union européenne a annoncé qu’elle allait porter son financement de l’effort militaire ukrainien «à 2 milliards d’euros au total» en ajoutant 500 millions d’euros.

La recette est «claire», a déclaré le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell: il faut «plus de la même chose», à savoir plus de sanctions économiques contre la Russie, plus de soutien à Kiev, et aussi «continuer de travailler à isoler la Russie».

Sur le sujet des sanctions, les 27 membres de l’UE n’ont cependant toujours pas réussi à se mettre d’accord pour arrêter progressivement leurs achats de pétrole russe, la Hongrie, pays enclavé dépendant des hydrocarbures de Moscou, ayant jugé insuffisante une dérogation qu’elle avait obtenue. 

L’absence d’un embargo sur le pétrole russe dans le prochain paquet de sanctions de l’UE constituerait une rupture de l’unité dans son soutien à Kiev, a averti vendredi le chef de la diplomatie ukrainienne.

Son homologue français Jean-Yves Le Drian a assuré de son côté Kiev du soutien du G7 «jusqu’à la victoire de l’Ukraine». «Nous ne sommes pas en guerre contre la Russie, c’est la Russie qui est en guerre contre l’Ukraine: il y a un agresseur et un agressé et nous soutenons l’agressé», a-t-il souligné.

Le Royaume-Uni a demandé «plus d’armes» pour l’armée ukrainienne et de nouvelles sanctions contre Moscou.

Les ministres des Affaires étrangères du G7 (Allemagne, France, Italie, Canada, États-Unis, Japon et Royaume-Uni), rejoints par leurs homologues ukrainien Dmytro Kouleba et moldave Nicu Popescu, sont réunis jusqu’à samedi.

 

Suède et Finlande aux portes de l’OTAN

Vendredi, un rapport officiel suédois a ouvert la voie à une adhésion du pays à l’OTAN, en multipliant les conclusions favorables avant la décision de ce pays nordique et de son voisin finlandais dans les prochains jours.

«Une adhésion de la Suède à l’OTAN relèverait le seuil (de déclenchement) de conflits militaires et aurait ainsi un effet dissuasif en Europe du Nord», conclut le rapport préparé ces dernières semaines par le gouvernement et les partis au Parlement.

Conséquence directe de l’invasion russe de l’Ukraine, Suède et Finlande, deux membres de l’UE restés des décennies hors des alliances militaires, doivent annoncer d’ici le début de la semaine prochaine leur candidature à l’OTAN.

Dans une bascule historique de sa position, le parti social-démocrate au pouvoir en Suède doit décider dimanche s’il soutient une adhésion à l’OTAN. Un feu vert ouvrirait la voie à une annonce rapide de candidature suédoise.

La Finlande doit officialiser sa décision dimanche, mais son président et sa première ministre se sont déjà dits favorables jeudi à une adhésion «sans délai» à l’alliance.

La Russie a mis en garde Helsinki. Et vendredi, la filiale locale du fournisseur russe d’électricité InterRAO a annoncé suspendre à partir de samedi ses livraisons à ce pays, invoquant des problèmes de paiement.

Quant au président turc Recep Tayyip Erdogan, il a exprimé vendredi son hostilité à l’adhésion de ces deux pays à l’OTAN, au risque de bloquer l’ensemble du processus qui requiert l’unanimité des membres de l’Alliance atlantique.

«Nous n’avons pas un avis positif», a déclaré Recep Tayyip Erdogan. Il a expliqué reprocher à Stockholm et Helsinki de servir « d’auberge aux terroristes du PKK », le Parti des Travailleurs du Kurdistan classé comme organisation terroriste par la Turquie, mais aussi l’Union européenne et les États-Unis.

Suède et Finlande ont immédiatement annoncé prévoir de discuter avec la Turquie samedi à Berlin.

 

Premier procès pour crime de guerre

Les accusations de crimes s’accumulaient vendredi contre l’armée russe sur le sol ukrainien à la 12e semaine de guerre, notamment pour le déplacement de force de milliers de personnes dans des «camps de filtration».

Les chaînes américaine CNN et britannique BBC ont diffusé jeudi des images de vidéosurveillance, les décrivant comme la preuve du meurtre de deux civils ukrainiens, sans armes, abattus par des soldats russes dans la banlieue de Kiev, mi-mars.

Cette vidéo s’ajoute aux nombreux témoignages sur les exactions dont sont accusées par Kiev les troupes russes en Ukraine.

Le parquet de la région de Kharkiv, dans l’est du pays, et des témoins interrogés par l’AFP, ont accusé jeudi les forces russes d’avoir tiré depuis un char le 27 mars sur une maison dans un village près de la deuxième ville d’Ukraine, tuant plusieurs civils.

Le premier procès pour crime de guerre depuis l’invasion russe de l’Ukraine débutera le 18 mai à Kiev: celui d’un jeune soldat russe suspecté d’avoir tué un homme de 62 ans. L’audience préliminaire s’est déroulée vendredi à Kiev.

Les actes de l’armée russe feront l’objet d’investigations, notamment de la commission spéciale du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, qui en a reçu le feu vert jeudi, de la Cour pénale internationale et des autorités ukrainiennes.

«Choqué par les atrocités commises par les occupants russes sur notre terre, le monde libre a fixé un nouvel objectif conjoint: non d’arrêter, mais de vaincre le Kremlin», a commenté vendredi le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov, sur Facebook, notant néanmoins que les armes lourdes que son pays commence à recevoir mettraient du temps à égaliser les forces face à l’armée russe.

 

Réponse de Zelensky à Macron

Sur cette question de l’attitude envers le Kremlin, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé que le président français Emmanuel Macron essayait «en vain» de dialoguer avec son homologue russe Vladimir Poutine. «Il ne faut pas chercher une porte de sortie pour la Russie, et Macron le fait en vain», a regretté Volodymyr Zelensky jeudi soir sur la chaîne de télévision italienne RAI 1, selon une vidéo diffusée vendredi sur sa chaîne Telegram.

Emmanuel Macron avait affirmé lundi que, pour mettre fin à la guerre menée en Ukraine par l’armée russe, la paix devrait se construire sans «humilier» la Russie. «Nous aurons demain une paix à bâtir, ne l’oublions jamais. Nous aurons à le faire avec autour de la table l’Ukraine et la Russie (…)», avait-il dit.

Pour Volodymyr Zelensky toutefois, «Macron n’a pas besoin de faire des concessions diplomatiques (à la Russie) maintenant». 

«Le président de la République n’a jamais rien discuté avec Vladimir Poutine sans l’accord du président Zelensky. Il a toujours dit que c’était aux Ukrainiens de décider des termes de leur négociation avec les Russes», s’est défendu de son côté l’Élysée vendredi.

 

 

 

10h42 | Bruxelles — Les conditions exigées par la Hongrie pour accepter un embargo sur le pétrole russe rendent peu probable un accord rapide des Vingt-Sept et paralysent leur volonté de tarir le financement de la guerre menée par Vladimir Poutine en Ukraine.

Le chef de la diplomatie européenne, l’Espagnol Josep Borrell, reste cependant convaincu que cet accord sera trouvé.

«Nous avons besoin de cet accord, et nous l’aurons», a-t-il assuré vendredi après une réunion du G7 en Allemagne. 

«S’il n’y a pas d’accord au niveau des ambassadeurs, je donnerai une nouvelle impulsion politique lundi lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères à Bruxelles», a-t-il annoncé.

La Hongrie refuse pour l’instant ce sixième paquet de sanctions proposé par Ursula von der Leyen, faute de garanties sur le maintien de son approvisionnement.

«Nous avons dit à la présidente de la Commission que sa proposition nous crée un problème et que nous ne pouvons pas l’accepter, à moins qu’elle nous offre une solution», a souligné le chef de la diplomatie hongroise Peter Szijjarto, dans un entretien au quotidien espagnol El Pais.

Le premier ministre Viktor Orban l’a expliqué à Ursula von der Leyen lors de leur dîner de travail le 9 mai à Budapest et lors de son entretien avec le président français Emmanuel Macron, dont le pays préside le Conseil de l’UE.

La Commission travaille à des «solutions concrètes», ont assuré ses porte-parole.

Pays enclavé, sans accès à la mer, la Hongrie dépend du pétrole acheminé de Russie par l’oléoduc Droujba.

Le gouvernement hongrois demande une dérogation d’au moins quatre années avant de se couper de la Russie et près de 800 millions d’euros en financements européens pour adapter ses raffineries et augmenter la capacité de l’oléoduc Adria qui vient de Croatie, a indiqué Peter Szijjarto.

La Slovaquie, la République tchèque, la Bulgarie et même la Croatie, très réservées à l’égard d’un embargo, se cachent derrière la Hongrie, selon un responsable européen.

La sanction doit être graduelle avec un arrêt des importations de brut dans les six mois et des produits raffinés d’ici à fin 2022.

Une dérogation de deux années proposée à la Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque est jugée insuffisante par Budapest et les négociations menées depuis dix jours n’ont toujours pas abouti.

Mais l’idée de scinder le sixième paquet qui comprend également des sanctions pour le secteur bancaire et l’inscription de nouvelles personnalités sur la liste noire de l’UE est rejetée, ont assuré vendredi deux diplomates européens.

Des sanctions sans embargo sur le pétrole russe seraient une rupture de l’unité de l’UE, a jugé le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba.

 

«Pas confiance dans l’UE»

La Hongrie suggère d’exclure les livraisons par oléoduc. Elles représentent une faible partie des achats européens: 0,7 million de barils par jour sur 2,8 millions. 

Mais ce renoncement est également refusé, car «cela remettrait en cause l’unité et la solidarité des 27 dans le partage du fardeau de l’embargo», a argumenté un autre diplomate européen.

«Viktor Orban veut des garanties sur les financements européens et sur la sécurité des approvisionnements pour pouvoir dire aux Hongrois: ne vous inquiétez pas», a-t-il souligné.

Le dirigeant hongrois redoute un renchérissement de la facture pétrolière, car il pourrait ne plus pouvoir plafonner le prix des carburants, comme il le fait depuis novembre 2021.

«Le problème est qu’il n’a aucune confiance dans le système européen et ses institutions», déplore-t-il. La Hongrie refuse pour cette raison de renoncer à l’unanimité des décisions.

«On est dans le dur des sanctions. Il faut du temps pour trouver des solutions et ce n’est pas évident», a-t-il reconnu. Les dirigeants européens pourraient être amenés à trancher lors de leur sommet fin mai.

La réunion des ministres des Affaires étrangères lundi ne sera pas décisionnelle, ont averti vendredi plusieurs délégations.

Malgré sa proximité avec Vladimir Poutine, Viktor Orban a jusqu’à présent avalisé toutes les sanctions européennes contre la Russie et versé sa part au fonds pour les achats d’armements de l’UE en faveur de l’Ukraine.