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Vinnytsia: les recherches de survivants se poursuivent

AFP|Mis à jour le 16 avril 2024

Vinnytsia: les recherches de survivants se poursuivent

Trois enfants figurent au nombre des tués qui n'est «malheureusement pas» définitif, car «des dizaines de personnes sont portées disparues» et il y a des personnes «très gravement» blessées, a déclaré jeudi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 15 juillet 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici.      

Kyiv — Des équipes de secours et des chiens renifleurs ont passé au peigne fin les débris dans une ville du centre de l’Ukraine vendredi, à la recherche de personnes toujours portées disparues après une frappe de missile russe qui a tué au moins 23 personnes la veille.

Pendant ce temps, les forces russes ont pilonné d’autres sites dans une poussée laborieuse pour arracher du territoire à l’Ukraine et tenter de meurtrir le moral inflexible de ses dirigeants, civils et troupes, après presque cinq mois de guerre.

Les frappes de missiles de croisière sur Vinnytsia lancées par un sous-marin russe jeudi ne sont que les plus récents incidents à faucher des vies civiles et à attiser l’indignation internationale depuis que le président Vladimir Poutine a lancé l’invasion le 24 février. La campagne se concentre désormais sur la région orientale du Donbass en Ukraine, mais les forces russes tirent également régulièrement sur des cibles dans de nombreuses régions du pays.

Le ministère ukrainien de l’Intérieur a affirmé vendredi que les forces russes avaient mené plus de 17 000 frappes contre des cibles civiles pendant la guerre, chassant des millions de personnes de chez elles, tuant des milliers de combattants et de civils, et matraquant l’économie mondiale en augmentant les prix et en bloquant les exportations des principaux produits ukrainiens et russes, comme les denrées alimentaires, le carburant et l’engrais.

Plus de 70 personnes ― dont quatre enfants ― demeuraient hospitalisées et 18 personnes étaient portées disparues après la frappe de jeudi, a déclaré Oleksandr Kutovyi, le porte-parole des services d’urgence de la région de Vinnytsia. Vendredi, les équipes de recherche se sont penchées sur deux sites — un immeuble de bureaux avec un centre médical à l’intérieur et une salle de concert près d’une zone de loisirs en plein air et d’un parc, où les mères avec enfants se promènent souvent.

Le gouverneur de Vinnytsia, Serhiy Borzov, a dit que seulement dix personnes parmi la vingtaine de personnes tuées avaient été identifiées jusqu’à présent.

«La Russie a délibérément frappé des civils et tous les responsables du crime doivent être traduits en justice», a-t-il lancé, dénonçant le «comportement barbare de la Russie qui bafoue le droit international humanitaire».

Kyrylo Timochenko, le chef adjoint du bureau du président, a révélé que trois missiles avaient été utilisés.

«Il n’y a pas de réponse à la question pourquoi hier, et pourquoi à Vinnytsia, a dit M. Timochenko. Nous nous attendons à chaque seconde et minute que cela puisse se produire dans n’importe quel coin de l’Ukraine.»

Après le silence initial après les frappes sur Vinnytsia, le ministère russe de la Défense a expliqué vendredi que ses forces avaient bombardé un club d’officiers — ce qu’était la salle de concert à l’époque soviétique.

Le porte-parole du ministère, le lieutenant-général Igor Konashenkov, a indiqué que les missiles de croisière Kalibr ont frappé alors que «cette installation militaire accueillait une réunion entre le commandement de l’armée de l’air ukrainienne et des représentants de fournisseurs d’armes étrangers». Il a ajouté que les participants à la réunion discutaient des fournitures potentielles d’avions de combat et d’armes ainsi que des travaux de réparation des avions ukrainiens.

«Les participants à la réunion ont été éliminés dans la frappe», a dit M. Konashenkov.

Ses allégations n’ont pas pu être vérifiées de manière indépendante. Les autorités ukrainiennes ont insisté sur le fait que le site n’avait rien à voir avec l’armée.

Dans l’ensemble, le bureau présidentiel ukrainien a détaillé vendredi matin que 26 civils avaient été tués et 190 autres blessés par des bombardements russes au cours des dernières 24 heures. Cela comprenait trois autres victimes dans la région de Donetsk qui, avec la ville voisine de Lougansk — presque totalement contrôlée par les forces russes —, constitue la région élargie du Donbass.

«La situation dans la région de Donetsk s’aggrave chaque jour et les civils doivent partir parce que l’armée russe utilise des tactiques de la terre brûlée», a déclaré le gouverneur de Donetsk, Pavlo Kyrylenko. Il est apparu que les villes de Kramatorsk et Sloviansk étaient les prochaines en ligne pour les forces russes, mais il n’était pas du tout clair quand une telle poussée pourrait commencer sérieusement.

Ailleurs, les autorités de Mykolaïv ont déclaré qu’il y avait eu au moins dix explosions dans la ville du sud pendant la nuit, accusant les Russes d’avoir touché des universités. Vitaliy Kim, le chef de l’administration militaire de Mykolaïv, a publié sur les réseaux sociaux une vidéo de fumée s’élevant au-dessus des frappes.

Par ailleurs, l’agence de presse russe Tass, citant des séparatistes soutenus par la Russie, a rapporté vendredi que deux civils avaient été tués et six autres blessés après que les forces ukrainiennes aient apparemment bombardé un terminal de bus dans le quartier Voroshilovsky de la ville de Donetsk un jour plus tôt.

Vendredi également, Daria Morozova, la médiatrice des droits de l’homme pour les dirigeants séparatistes soutenus par Moscou à Donetsk, a annoncé qu’un «mercenaire» britannique était mort en captivité dimanche. Elle a dit que l’homme, qu’elle a identifié comme étant Paul Urey, était décédé de maladies chroniques et de stress.

«De notre côté, il a reçu l’assistance médicale nécessaire malgré les crimes graves qu’il a commis», a-t-elle déclaré.

 

À la page suivante, Ukraine: Moscou affirme avoir visé une réunion militaire à Vinnytsia

7h40 | Kyiv — Moscou a affirmé vendredi avoir visé une réunion de commandement des forces ukrainiennes à Vinnytsia, ville du centre de l’Ukraine où un bombardement russe condamné par l’ONU et l’Union européenne a fait au moins 23 morts la veille.

Dans l’est de l’Ukraine, les forces séparatistes prorusses ont annoncé la mort en détention d’un ressortissant britannique, Paul Urey, capturé en avril, des informations jugées «alarmantes» par Londres.

Sur le plan diplomatique, une réunion des ministres des Finances du G20 en Indonésie a donné lieu à un nouvel affrontement entre les Occidentaux qui dénoncent la responsabilité de Moscou dans les problèmes économiques de la planète et la Russie qui accuse les sanctions occidentales de tous les maux.

À Vinnytsia, ville très éloignée des lignes de front, bien à l’ouest de la capitale Kyiv, les images publiées par le service ukrainien des situations d’urgence montrent des dizaines de carcasses de voitures calcinées et un immeuble d’une dizaine d’étages ravagé par l’explosion et l’incendie ayant suivi les frappes russes de jeudi.

Selon l’armée ukrainienne, «trois missiles» ont touché le stationnement et cet immeuble commercial du centre de la ville, abritant des bureaux et de petits commerces.

Dans un communiqué, le ministère de la Défense russe affirme que des missiles tirés depuis la mer ont frappé la «maison des officiers» de Vinnytsia alors que s’y tenait une réunion du «commandement des forces aériennes ukrainiennes avec des représentants de fournisseurs étrangers d’armements».

«Du fait de cette frappe, les participants à la réunion ont été éliminés», ajoute le ministère, qui n’a jamais reconnu de bavure ou crime de ses forces armées en Ukraine et assure systématiquement ne frapper que des cibles militaires. 

Le dernier bilan donné par les secours ukrainiens jeudi soir s’élève à 23 morts, 29 disparus, 71 personnes hospitalisées et plus d’une centaine de blessés soignés sur place.

Trois enfants figurent au nombre des tués qui n’est «malheureusement pas» définitif, car «des dizaines de personnes sont portées disparues» et il y a des personnes «très gravement» blessées, a déclaré jeudi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

 

«État terroriste»

«Cette journée démontre une nouvelle fois que la Russie doit être reconnue officiellement comme un État terroriste», a-t-il ajouté.

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a déclaré jeudi être «atterré» par ce drame, et l’Union européenne a fustigé pour sa part le «comportement barbare» de la Russie.

L’UE compte d’ailleurs viser les exportations d’or russe dans son prochain train de sanctions, comme l’avaient décidé les pays du G7 fin juin, a annoncé vendredi Maros Sefcovic, vice-président de la Commission européenne.

Selon lui, l’UE va aussi chercher «à fermer les échappatoires» pour ceux qui contournent les précédents trains de sanctions décidés par les Européens contre la Russie, en raison de son invasion de l’Ukraine.

Sur Telegram, Daria Morozova, une responsable séparatiste de la région de Donetsk, province du Donbass contrôlée en partie par l’armée russe et les sécessionnistes, a annoncé que le Britannique Paul Urey était mort en détention.

«Malgré la gravité de (ses) crimes, Paul Urey recevait une aide médicale adéquate. Malgré cela, au regard de son diagnostic et du stress, il est mort le 10 juillet», a-t-elle dit, qualifiant le détenu défunt de mercenaire alors que Presidium Network, une organisation à but non lucratif ayant son siège au Royaume-Uni, l’a présenté comme un humanitaire.

Après sa capture, la mère d’Urey avait indiqué que son fils était en mission humanitaire, qu’il souffrait de diabète et avait besoin d’insuline.

Sur le théâtre des opérations militaires, les autorités séparatistes de Donetsk ont fait état vendredi matin de quatre personnes tuées par des bombardements d’obus ukrainiens dans la zone sous leur contrôle en 24 heures.

À Bali, en Indonésie, les grands argentiers occidentaux ont dénoncé l’invasion russe de l’Ukraine qu’ils accusent d’avoir créé une «onde de choc» dans l’économie mondiale, responsable de la crise alimentaire et énergétique qui frappe de nombreux pays.

«Il y a eu une très large dénonciation de la guerre et de ses conséquences» alors que «la Russie a essayé de dire que la situation économique mondiale n’avait aucun rapport avec la guerre», a indiqué à l’AFP une source dans la délégation française.

À Moscou, le ministère de la Défense a indiqué qu’un «document final» serait prêt sous peu pour permettre l’exportation de céréales d’Ukraine, après la séance de négociations ayant impliqué mercredi en Turquie Moscou, Kyiv, Ankara et l’ONU.

Selon Ankara, une nouvelle rencontre doit avoir lieu la semaine prochaine sur cette question clef pour la sécurité alimentaire de nombreux pays, notamment en Afrique.