Poutine doit s’entretenir avec le président iranien Ebrahim Raisi et le président turc Recep Tayyip Erdogan. (Photo: La Presse Canadienne)
Ce texte regroupe toutes les dernières réactions au niveau international à propos de l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 19 juillet. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire.
Téhéran — La visite du président russe Vladimir Poutine en Iran à partir de mardi vise à approfondir les liens avec les poids lourds régionaux dans le cadre du défi lancé par Moscou aux États-Unis et à l’Europe dans le cadre de sa campagne acharnée en Ukraine.
Lors de son deuxième voyage à l’étranger seulement depuis que les chars russes sont entrés chez son voisin en février, M. Poutine doit s’entretenir avec le président iranien Ebrahim Raisi et le président turc Recep Tayyip Erdogan sur les problèmes urgents auxquels la région est confrontée, notamment le conflit en Syrie et une proposition soutenue par l’ONU pour reprendre les exportations de céréales ukrainiennes pour atténuer la crise alimentaire mondiale.
Alors que l’Occident multiplie les sanctions contre la Russie et que la campagne coûteuse se prolonge, M. Poutine cherche à renforcer les liens avec Téhéran, une autre cible de sanctions américaines sévères et un partenaire militaire et commercial potentiel. Au cours des dernières semaines, des responsables russes ont visité un aérodrome du centre de l’Iran au moins deux fois pour examiner les drones capables d’armes de Téhéran en vue d’une éventuelle utilisation en Ukraine, a affirmé la Maison-Blanche.
Mais peut-être plus important encore, le voyage à Téhéran offre à M. Poutine une chance d’avoir une rencontre aux enjeux élevés avec M. Erdogan, qui a cherché à aider à négocier des pourparlers sur un règlement pacifique du conflit russo-ukrainien, ainsi qu’à aider les négociations pour débloquer le grain ukrainien à travers la mer Noire.
La Turquie, qui est membre de l’OTAN, s’est retrouvée face à la Russie dans des conflits sanglants en Azerbaïdjan, en Libye et en Syrie. Elle a même vendu des drones mortels que les forces ukrainiennes ont utilisés pour attaquer la Russie. Mais la Turquie n’a pas imposé de sanctions au Kremlin, ce qui en fait un partenaire indispensable pour Moscou. Aux prises avec une inflation galopante et une monnaie qui se déprécie rapidement, la Turquie s’appuie également sur le marché russe.
La rencontre a également une signification symbolique pour le public national de M. Poutine, montrant l’influence internationale de la Russie alors même qu’elle s’isole de plus en plus et plonge plus profondément dans la confrontation avec l’Occident. Cela survient quelques jours seulement après la visite du président américain Joe Biden en Israël et en Arabie saoudite — les principaux rivaux de Téhéran.
Acculé par l’Occident et ses rivaux régionaux, le gouvernement iranien accélère l’enrichissement d’uranium, réprime la dissidence et fait la une des journaux avec des positions optimistes et dures destinées à empêcher la monnaie iranienne, le rial, de s’effondrer. Sans allégement des sanctions en vue, le partenariat tactique de l’Iran avec la Russie est devenu un partenariat de survie, alors même que Moscou semble saper Téhéran sur le marché noir du pétrole.
Lors de sa cinquième visite à Téhéran, M. Poutine rencontrera le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, avec qui il entretient un «dialogue de confiance», a déclaré le conseiller aux affaires étrangères de M. Poutine, Iouri Ouchakov. Il s’entretiendra également avec le président Raisi sur des questions telles que l’accord nucléaire de Téhéran, dont la Russie est l’un des principaux signataires. Les dirigeants se sont rencontrés à Moscou en janvier et à nouveau le mois dernier au Turkménistan.
Les pourparlers entre les trois présidents porteront sur le conflit vieux de dix ans en Syrie, où l’Iran et la Russie ont soutenu le gouvernement du président Bashar Assad, tandis que la Turquie a soutenu les factions armées de l’opposition. La Russie est intervenue dans le conflit en 2015, unissant ses efforts avec les forces iraniennes et utilisant sa puissance aérienne pour renforcer l’armée d’Assad.
Des pourparlers pour lever le blocus russe et faire entrer les céréales ukrainiennes sur les marchés mondiaux seront également à l’ordre du jour. La semaine dernière, des responsables de l’ONU, russes, ukrainiens et turcs sont parvenus à une entente de principe sur certains aspects d’un accord visant à assurer l’exportation de 22 millions de tonnes de céréales et d’autres produits agricoles désespérément nécessaires, piégés dans les ports ukrainiens de la mer Noire par les combats.
La réunion de mardi entre MM. Poutine et Erdogan pourrait aider à éliminer les obstacles restants, une étape majeure vers l’atténuation d’une crise alimentaire qui a fait monter en flèche les prix de produits vitaux comme le blé et l’orge.