Zaporijjia: l’AIEA réclame l’établissement d’une zone de sécurité
AFP et La Presse Canadienne|Publié le 06 septembre 2022Des responsables russes ont accusé les forces ukrainiennes d’avoir bombardé la ville où se trouve l’usine mardi, quelques heures après que les Ukrainiens aient déclaré que les forces du Kremlin avaient attaqué une ville de l’autre côté du fleuve. (Photo: La Presse Canadienne)
Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 06 septembre 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici.
Vienne — L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a réclamé, dans un rapport publié mardi, la mise en place d’une «zone de sécurité» pour prévenir un accident nucléaire à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, occupée par les Russes.
«La situation actuelle est intenable», écrit l’instance onusienne dans ce texte de 52 pages. «Il est urgent de prendre des mesures provisoires», poursuit-elle, préconisant «l’établissement immédiat d’une zone de sécurité nucléaire et de protection».
«Les bombardements sur le site et dans les environs doivent cesser tout de suite pour éviter de provoquer de nouveaux dommages aux installations», insiste l’AIEA, se disant «prête à démarrer les consultations».
L’Agence note par ailleurs «les conditions extrêmement stressantes» dans lesquelles travaille le personnel ukrainien, sous le contrôle des troupes russes.
Depuis des semaines, la confusion règne autour de la centrale de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, qui a été touchée par de multiples frappes dont Kiev et Moscou s’accusent mutuellement.
Après moult tractations, une délégation de l’AIEA avait pu se rendre jeudi dernier sur son site. Deux inspecteurs doivent rester sur place de façon permanente.
«J’espère qu’il sera objectif», avait déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky avant la diffusion du rapport.
Il avait reproché la semaine dernière à l’AIEA d’avoir occulté la question de la «démilitarisation» du site.
Zaporijjia: les craintes d’une catastrophe nucléaire augmentent
Kyiv — Les craintes concernant la plus grande centrale nucléaire d’Europe se sont avivées mardi, alors que les bombardements autour d’elle se poursuivaient, un jour après que l’installation ait de nouveau été coupée du réseau électrique ukrainien et placée dans la position précaire de compter sur sa propre énergie pour faire fonctionner les systèmes de sécurité.
Les avertissements répétés des dirigeants mondiaux selon lesquels les combats autour de l’usine de Zaporijjia l’ont placée dans une situation intenable qui pourrait conduire à une catastrophe nucléaire n’ont pas fait grand-chose pour endiguer les hostilités. Des responsables russes ont accusé les forces ukrainiennes d’avoir bombardé la ville où se trouve l’usine mardi, quelques heures après que les Ukrainiens aient déclaré que les forces du Kremlin avaient attaqué une ville de l’autre côté du fleuve.
Les deux parties ont échangé de telles accusations depuis que les troupes russes se sont emparées de l’usine au début de la guerre. Le danger augmentant, une équipe de l’Agence internationale de l’énergie atomique s’est finalement rendue à l’usine la semaine dernière, et les inspecteurs devraient rendre compte de ce qu’ils ont trouvé au Conseil de sécurité de l’ONU plus tard dans la journée.
Deux inspecteurs restent à l’usine, qui est dirigée par des travailleurs ukrainiens, et le conseiller présidentiel ukrainien Mykhailo Podolyak a applaudi cette décision.
«Il y a des troupes russes qui ne comprennent pas ce qui se passe, qui n’évaluent pas correctement les risques, a déclaré M. Podolyak. Il y a un certain nombre de nos travailleurs là-bas, qui ont besoin d’une sorte de protection, des gens de la communauté internationale qui se tiennent à leurs côtés et disent (aux troupes russes): “Ne touchez pas à ces gens, laissez-les travailler”.»
Mais cela semble avoir fait peu pour réduire les risques. Lundi, l’AIEA a déclaré que les autorités ukrainiennes avaient signalé que la dernière ligne de transmission de l’usine avait été déconnectée pour permettre aux travailleurs d’éteindre un incendie causé par des bombardements.
«La ligne elle-même n’est pas endommagée et elle sera reconnectée une fois l’incendie éteint», a assuré l’AIEA.
Dans l’intervalle, le seul réacteur opérationnel restant de la centrale «produirait l’énergie dont la centrale a besoin pour sa sécurité et d’autres fonctions», a dit l’agence.
Mycle Schneider, un analyste indépendant au Canada sur l’énergie nucléaire, a expliqué que cela signifiait que la centrale fonctionnait probablement en «mode îlot», produisant de l’électricité uniquement pour ses propres opérations.
«Le mode îlot est un moyen très fragile, instable et peu fiable de fournir une alimentation électrique continue à une centrale nucléaire», a prévenu M. Schneider.
Ce n’était que le dernier incident qui a alimenté les craintes d’une catastrophe nucléaire potentielle dans un pays toujours hanté par le pire accident nucléaire au monde, celui de Tchernobyl. Les experts disent que les réacteurs de Zaporijjia sont conçus pour résister aux catastrophes naturelles et même aux accidents d’avion, mais les combats imprévisibles autour de la centrale ont menacé à plusieurs reprises de perturber les systèmes de refroidissement critiques, augmentant le risque de catastrophe.
Des responsables russes installés dans la région de Zaporijjia ont accusé mardi les forces ukrainiennes d’avoir bombardé Enerhodar, la ville où se trouve l’usine, et d’avoir endommagé une ligne électrique à proximité de l’usine.
L’agence de presse d’État russe RIA Novosti a rapporté, citant son correspondant sur le terrain, que le courant était coupé à Enerhodar mardi et que des bruits d’explosions pouvaient être entendus.
Pendant ce temps, le bureau présidentiel ukrainien a indiqué que les forces russes avaient bombardé des bâtiments résidentiels à Nikopol, une ville située de l’autre côté du Dniepr depuis l’usine de Zaporijjia. Deux personnes ont été blessées et une école, un jardin d’enfants et une trentaine de bâtiments ont été endommagés, selon le bureau.
Les bombardements russes ailleurs ont tué au moins trois civils, selon le communiqué.
Dans la région sud de Kherson, occupée par les Russes depuis le début de la guerre, l’armée ukrainienne poursuit sa contre-offensive, détruisant les centres logistiques russes. Un pont flottant a explosé dans la nuit et un centre de commandement a été touché, ainsi que deux points de contrôle.
Dans la ville orientale de Sloviansk, des travailleurs de la Croix-Rouge ukrainienne ont ramassé lundi les débris d’une deuxième attaque à la roquette sur ses locaux en une semaine. Personne n’a été blessé dans les deux attaques, a déclaré Taras Logginov, chef de l’unité d’intervention rapide de l’agence. Il a blâmé les forces russes et a qualifié les attaques de crimes de guerre.