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Zaporijjia: Poutine et Macron pour une inspection de la centrale

La Presse Canadienne|Publié le 19 août 2022

Zaporijjia: Poutine et Macron pour une inspection de la centrale

Dans l'est, les combats se poursuivent notamment dans le Donbass. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 16 août 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici.      

10h51 | Moscou — Les présidents russe Vladimir Poutine et français Emmanuel Macron ont appelé lors d’un entretien téléphonique vendredi à organiser «dans les plus brefs délais» une inspection de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, cible de bombardements.

Les deux dirigeants ont «relevé l’importance d’envoyer dans les plus brefs délais une mission de l’Agence internationale de l’énergie atomique à la centrale nucléaire, qui pourra évaluer la situation sur place», a indiqué le Kremlin, précisant que l’entretien avait eu lieu à l’initiative de M. Macron. 

«La partie russe a confirmé être prête à fournir toute l’assistance nécessaire aux inspecteurs de l’Agence» atomique, selon la même source.

La présidence française a de son côté déclaré que M. Macron avait «soutenu l’envoi sur place dans les meilleurs délais d’une mission d’experts de l’AIEA, à des conditions agréées par l’Ukraine et les Nations unies».

MM. Macron et Poutine doivent se reparler «dans les prochains jours à ce sujet après échanges des équipes techniques et avant le déploiement de la mission», selon l’Élysée.

Lors de cet entretien, M. Poutine a en outre «souligné que le bombardement systématique (…) du territoire de la centrale nucléaire de Zaporijjia crée un danger de catastrophe de grande envergure qui pourrait conduire à la contamination radioactive de vastes territoires», d’après le Kremlin. 

De son côté, M. Macron a dit «une nouvelle fois sa préoccupation face aux risques que fait peser la situation à la centrale de Zaporijjia pour la sûreté et la sécurité nucléaire», a indiqué l’Élysée. 

Située dans le sud de l’Ukraine et contrôlée par les forces russes, la centrale de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, a été plusieurs fois bombardée ces dernières semaines, Moscou et Kyiv s’accusant mutuellement de ces frappes.

Cette situation a fait resurgir le spectre d’une catastrophe majeure similaire à celle de Tchernobyl en 1986.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a demandé vendredi à Moscou de ne pas couper la centrale nucléaire de Zaporijjia du réseau ukrainien, ce que redoutent les autorités de Kyiv.

MM. Poutine et Macron ne s’étaient plus appelés depuis le 28 mai.

Auparavant, le président français avait eu des entretiens téléphoniques avec M. Poutine début mai, début mars et à cinq reprises en février en pleine montée des tensions jusqu’à l’offensive du Kremlin en Ukraine, le 24 février. Il s’était aussi rendu en personne à Moscou, le 7 février, pour rencontrer M. Poutine.

Ces multiples contacts ont valu des critiques à Emmanuel Macron, certains lui reprochant d’avoir maintenu des échanges réguliers avec le chef du Kremlin sans parvenir à empêcher le lancement d’une offensive contre l’Ukraine.

Vendredi, MM. Poutine et Macron ont aussi discuté d’un accord signé à Istanbul le mois dernier pour débloquer les exportations de céréales ukrainiennes

Moscou réclame en échange la levée des restrictions sur ses exportations de produits agricoles et d’engrais, touchées par les sanctions occidentales visant la Russie depuis le lancement de son offensive contre l’Ukraine.

Vendredi, M. Poutine a «souligné les obstacles qui demeurent devant les exportations russes, ce qui ne contribue pas à une solution aux problèmes relatifs à la sécurité alimentaire mondiale», selon le Kremlin.

 

Guterres demande que Moscou ne coupe pas la centrale de Zaporijjia du réseau ukrainien

8h25 | Odessa — Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a demandé vendredi à la Russie de ne pas couper la centrale nucléaire de Zaporijjia, qu’elle contrôle, du réseau ukrainien, au moment où Kyiv et Moscou s’accusent mutuellement de dangereux bombardements du site.

«Bien évidemment, l’électricité de Zaporijjia est une électricité ukrainienne (…) ce principe doit être pleinement respecté», a déclaré M. Guterres lors d’une conférence de presse en marge d’une visite dans le port d’Odessa.

L’opérateur des centrales ukrainiennes Energoatom a dit craindre vendredi que la Russie ne coupe la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d’Europe et qu’elle contrôle depuis mars, du réseau électrique ukrainien.

«Il y a des informations selon lesquelles les occupants russes prévoient d’arrêter le fonctionnement des réacteurs et de les couper des lignes d’approvisionnement du système d’énergie ukrainien», a indiqué Energoatom sur Telegram.

Selon l’opérateur ukrainien, les militaires russes sont en train de chercher des approvisionnements pour des générateurs au diesel qui seraient activés après l’arrêt des réacteurs et ont limité l’accès du personnel au site.

Moscou et Kyiv se sont accusé mutuellement ces dernières semaines de bombardements qui ont ciblé cette centrale nucléaire située dans le sud de l’Ukraine, faisant resurgir le spectre d’une catastrophe majeure en Europe.

M. Guterres avait estimé jeudi que «tout dégât potentiel à Zaporijjia serait un suicide» et appelé à démilitariser le territoire de la centrale.

 

Guerre en Ukraine: Guterres attendu à Odessa

6h56 | Lviv — Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres est attendu vendredi à Odessa, grand port du sud de l’Ukraine, après avoir promis la veille de tout faire pour intensifier le récent déblocage des exportations de céréales ukrainiennes.

Dans l’est, les combats se poursuivent notamment dans le Donbass, objectif stratégique prioritaire de Moscou que ses forces continuent de pilonner et où 5 morts ont été recensés ces dernières 24 heures dans la seule province de Donetsk, selon les autorités ukrainiennes.

À Odessa, M. Guterres poursuivra sa visite en Ukraine, entamée mercredi soir et marquée jeudi par une rencontre à Lviv (ouest) avec les présidents ukrainien Volodymyr Zelensky et turc Recep Tayyip Erdogan, consacrée notamment à l’épineuse question des exportations de céréales ukrainiennes.

Lors d’une conférence de presse conjointe avec MM. Zelensky et Erdogan, M. Guterres a promis que l’ONU allait s’efforcer d’«intensifier» la reprise de ces exportations avant l’arrivée de l’hiver.

Bloquées après l’invasion russe du 24 février dernier, ce qui a fait planer le spectre d’une crise alimentaire mondiale, elles ont repris après la conclusion en juillet d’un accord entre Moscou et Kyiv, avec la médiation de M. Erdogan.

Elles sont notamment cruciales pour l’approvisionnement alimentaire de nombreux pays d’Afrique, l’Ukraine étant un des principaux producteurs et exportateurs mondiaux de céréales.

Fruit de l’accord de juillet, 25 navires transportant «plus de 600 000 tonnes de produits agricoles ukrainiens» ont transité depuis cette semaine par le «corridor céréalier» depuis les ports d’Odessa, Pivdenny et Tchornomorsk, selon Kyiv.

M. Guterres s’est félicité d’un «début de stabilisation» sur les marchés agricoles depuis l’accord.

Mais «il y a encore un long chemin avant que cela ne se traduise dans la vie quotidienne des gens, dans leur boulangerie et sur les marchés», a-t-il nuancé, pointant du doigt les «chaînes d’approvisionnement perturbées» et les «coûts de l’énergie et du transport inacceptables».

M. Zelensky a de son côté souligné lors de la conférence de presse conjointe le «besoin mondial d’augmenter le nombre des navires exportant sans risques des produits agricoles ukrainiens». «Notre État est prêt à être et sera le garant de la sécurité alimentaire mondiale», a-t-il souligné.

Après Odessa, M. Guterres prévoit d’aller en Turquie pour visiter le Centre de coordination conjointe (CCC) qui supervise l’application de l’accord de juillet.

 

«Suicide»

Dans l’est, des bombardements russes ont fait au moins cinq morts et dix blessés dans plusieurs localités de la région de Donetsk, l’une des deux provinces du Donbass, a annoncé son gouverneur, Pavlo Kyrylenko, sur les réseaux sociaux.

L’artillerie russe a avancé lentement ces dernières semaines dans le Donbass, une région qui était déjà avant le conflit actuel, depuis 2014, en partie aux mains de séparatistes prorusses, et que Moscou entend conquérir totalement.

Des bombardements ont par ailleurs frappé tôt vendredi Kharkiv (nord-est), la deuxième ville d’Ukraine, et fait au moins un mort selon les autorités locales. Au moins 12 autres personnes avaient trouvé la mort de la même manière dans la région ces deux derniers jours, selon elles.

Autre sujet d’inquiétudes ces derniers jours, la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporijia (sud), la plus grande d’Europe.

Occupée par les forces russes depuis début mars, elle est la proie depuis fin juillet de bombardements dont Moscou et Kyiv s’accusent mutuellement.

Le risque d’un accident nucléaire provoqué par un tir sur la centrale nourrit les inquiétudes des responsables internationaux.

Jeudi à Lviv, M. Guterres a averti que tout dégât y serait un «suicide», et M. Erdogan a dit craindre un «nouveau Tchernobyl», en référence à l’explosion le 26 avril 1986 du réacteur numéro 4 de la centrale, également située en Ukraine et d’où s’était échappé un nuage radioactif qui s’était propagé dans toute l’Europe.

«Gravement préoccupé» par cette situation, Guterres a appelé à démilitariser la centrale pour éviter qu’elle ne soit utilisée «pour quelque opération militaire que ce soit».

Jeudi, l’armée russe avait fermement démenti avoir déployé des «armes lourdes» dans et autour de la centrale, comme Kyiv l’en a accusé. 

Jeudi soir, un responsable de l’administration d’occupation prorusse de la région de Zaporijjia, Vladimir Rogov, a accusé les forces ukrainiennes d’avoir bombardé Energodar, la ville proche de la centrale nucléaire. 

En Russie, deux villages ont été évacués jeudi à cause d’un incendie qui s’est déclaré dans un dépôt de munitions situé près de la frontière avec l’Ukraine, ont annoncé les autorités locales.

Cet incendie intervient quelques jours après des explosions sur une base militaire et un dépôt de munitions situés en Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014 par Moscou. La Russie a reconnu dans ce dernier cas qu’il s’agissait d’un «sabotage».