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Zelensky demande aux entreprises françaises de quitter la Russie

AFP et La Presse Canadienne|Publié le 23 mars 2022

Zelensky demande aux entreprises françaises de quitter la Russie

Vladimir Poutine a annoncé mercredi que la Russie n'acceptera plus de paiements en dollars ou en euros pour les livraisons de gaz à l'UE. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 23 mars 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici.  

11h14 | Paris — Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté mercredi devant le Parlement français les entreprises françaises implantées en Russie à cesser de soutenir «la machine de guerre» russe et à quitter ce pays, citant Renault, Auchan et Leroy Merlin.

«Les entreprises françaises doivent quitter le marché russe. Renault, Auchan, Leroy Merlin et autres, ils doivent cesser d’être les commanditaires de la machine de guerre de la Russie» en Ukraine, a-t-il déclaré dans une allocution retransmise en visioconférence devant les députés et sénateurs français.

«Ils doivent arrêter de financer le meurtre d’enfants et de femmes, le viol», a-t-il martelé. «Tout le monde va se rappeler que les valeurs valent plus que les bénéfices», a-t-il averti.

L’enseigne de bricolage Leroy Merlin, très implantée en Russie, son deuxième marché derrière la France, revendique 36 000 salariés dans ce pays, qui opèrent dans 107 hypermarchés et 62 villes.

Des salariés de la branche ukrainienne de Leroy Merlin ont demandé lundi à l’enseigne de cesser ses activités en Russie après le bombardement d’un magasin du groupe à Kyiv.

La chaîne de magasins Auchan est également emblématique de la grande distribution en Russie, où elle exploite 231 magasins pour un chiffre d’affaires de 3,2 milliards d’euros, soit plus de 10% de son activité globale.

D’autres enseignes internationales emblématiques comme le suédois Ikea et la chaîne de restauration rapide McDonald’s ont en revanche suspendu leurs opérations en Russie en réaction à l’invasion de l’Ukraine.

La Russie est aussi le deuxième marché du groupe automobile Renault dans le monde derrière l’Europe. Le fabricant français est présent via le groupe AvtoVAZ, qui a stoppé une partie de sa production à la mi-mars en raison d’une pénurie de composants liée aux sanctions occidentales infligées à la Russie. 

Renault est d’autant plus exposé qu’il est associé en Russie avec le conglomérat public russe Rostec, dirigé par Sergueï Tchémézov, un allié de Vladimir Poutine.

Le groupe français TotalEnergies, également critiqué pour son maintien en Russie, a quelque peu pris ses distances mardi avec ce pays stratégique en annonçant renoncer à tout achat de pétrole ou produits pétroliers russes, au plus tard à la fin de l’année.

 

Poutine ne veut plus de dollars et d’euros pour le gaz russe

9h30 | Moscou — Vladimir Poutine a annoncé mercredi que la Russie n’acceptera plus de paiements en dollars ou en euros pour les livraisons de gaz à l’UE, donnant une semaine aux autorités russes pour élaborer le nouveau système en roubles.

«J’ai pris la décision de mettre en œuvre un ensemble de mesures pour passer au paiement en roubles de notre gaz livré aux pays hostiles, et de renoncer dans tous les règlements aux devises qui ont été compromises», a dit le président russe lors d’une réunion gouvernementale, expliquant qu’il s’agissait d’une réaction au gel des actifs de la Russie en Occident à cause de son offensive en Ukraine.

M. Poutine a demandé à la banque centrale et au gouvernement d’établir «dans un délai d’une semaine» le nouveau système qui doit être «clair, transparent» et implique «l’acquisition de roubles sur le marché» russe des changes.

Cette annonce a eu un effet immédiat sur la devise russe, qui s’est renforcée face à l’euro et au dollar, alors qu’elle s’était écroulée dès le 24 février et l’entrée des forces russes en Ukraine.

Il a également laissé entendre que d’autres exportations russes seraient concernées, les Occidentaux ayant gelé quelque 300 milliards de dollars de réserves russes détenues à l’étranger, mesure que le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a qualifiée de «vol» mercredi.

«Il est clair que livrer nos marchandises à l’UE, aux États-Unis, et recevoir des dollars, des euros, d’autres devises, ne fait plus aucun sens pour nous», a dit M. Poutine.

Pour le moment, les hydrocarbures russes ont été largement épargnés des lourdes sanctions occidentales contre la Russie.

Certes, Washington a décrété un embargo sur le gaz et le pétrole russe. Mais ces derniers continuent de couler à flots vers l’Europe, très dépendante des hydrocarbures russes et premier marché pour Moscou.

Mais l’Union européenne réfléchit désormais elle aussi à un embargo sur le pétrole russe.

Plusieurs sommets internationaux déterminants sont attendus qui laissent présager de nouvelles sanctions occidentales.

Moscou prône pour sa part depuis des années la dédollarisation de son économie, afin d’en réduire la vulnérabilité aux sanctions.

En mars 2019, le géant gazier public russe Gazprom a ainsi annoncé sa première vente de gaz en roubles à une entreprise européenne.

«Il est absolument évident que sans les hydrocarbures russes, si des sanctions sont imposées, les marchés du gaz et du pétrole s’effondreront. La hausse des prix des ressources énergétiques peut être imprévisible», a déclaré mercredi Alexandre Novak, vice-premier ministre chargé de l’Énergie.

 

Ukraine: l’UE prépare des achats en commun de gaz

7h38 | Bruxelles — Bruxelles se prépare à coordonner des achats communs de gaz au nom des États membres de l’UE pour renforcer la sécurité énergétique du continent et réduire sa dépendance aux hydrocarbures russes, un plan que les Vingt-Sept devraient valider en sommet cette semaine.

Inspirée par les commandes de vaccins anti-COVID pilotées par la Commission européenne, la stratégie vise à diversifier les sources d’approvisionnement énergétiques de l’UE. Soucieux d’isoler Moscou après son invasion de l’Ukraine, Bruxelles veut réduire des deux tiers dès cette année les achats de gaz russe du continent.

Réunis en sommet jeudi et vendredi, les dirigeants des Vingt-Sept devraient s’engager à «travailler de concert à des achats communs de gaz et d’hydrogène», selon un projet de conclusions.

En pratique, la Commission se dit «prête à créer un groupe de travail sur des achats communs au niveau de l’UE. En regroupant les demandes, il faciliterait les contacts avec les fournisseurs internationaux» avant l’hiver prochain et contribuerait à obtenir «des prix avantageux» grâce au poids économique de l’Union.

Pilotée par un «comité directeur» comprenant des représentants des États, «une équipe de négociation dirigée par la Commission s’entretiendrait avec les fournisseurs et préparerait le terrain pour de futurs partenariats énergétiques au-delà du gaz», a ajouté l’exécutif européen.

Bruxelles discute déjà avec les principaux pays producteurs de gaz (Norvège, États-Unis, Qatar, Algérie), et la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a rencontré lundi les patrons de grands groupes énergétiques européens (E.ON, Shell, Vattenfall, Eni, TotalEnergies…) pour étudier de futures coopérations.

La Commission veut par ailleurs obliger chaque État membre à remplir ses réserves de gaz à «au moins 80%» de leurs capacités d’ici le 1er novembre, puis à 90% avant chaque hiver les années suivantes, avec des objectifs intermédiaires précis à respecter de février à octobre.

Le texte dévoilé mercredi, qui devra être approuvé par les États et eurodéputés, est moins ambitieux qu’une version précédente imposant un remplissage à 90% dès novembre 2022, chiffre qu’avait réitéré mardi le vice-président de la Commission Maros Sefcovic.

Les exploitants des installations de stockage, qui seront certifiées par des organismes indépendants, «devront communiquer les niveaux de remplissage aux autorités nationales», qui «devront en rendre compte à la Commission» sur une base mensuelle. «Une réduction de 100% des tarifs de transport» devrait encourager le remplissage.

La Commission a également présenté différentes options pour amortir l’impact de la flambée des cours énergétiques pour les consommateurs, dont un plafonnement des prix, mais qui est loin de faire consensus parmi les États membres.

 

Ukraine: Bruxelles autorise des aides d’État pour les entreprises de l’UE en difficulté

6h42 | Bruxelles — La Commission européenne a annoncé mercredi un assouplissement temporaire de ses règles limitant les aides d’État aux entreprises pour soutenir l’économie face aux conséquences de la guerre en Ukraine.

Les pays de l’UE sont autorisés à accorder des prêts bonifiés et des subventions aux firmes subissant l’impact des sanctions et la flambée des prix du gaz, sous certaines conditions.

«Nous devons atténuer les conséquences économiques de cette guerre et soutenir les entreprises et les secteurs durement touchés et agir de manière coordonnée», a déclaré la commissaire à la Concurrence, Margrethe Vestager, dans un communiqué.

Les sanctions adoptées par l’UE ont touché l’économie russe, mais elles «pèsent également lourdement sur l’économie européenne», a-t-elle reconnu, en avertissant que cette situation risquait de se prolonger «dans les prochains mois».

Les États européens peuvent recourir à trois types de dispositifs pour aider leurs entreprises, jusqu’au 31 décembre 2022, a détaillé la Commission. La durée de cet assouplissement pourra être prolongée si nécessaire.

Des montants d’aide limités, «sous quelque forme que ce soit, y compris sous la forme de subventions directes» sont accessibles, dans une limite de 35 000 euros par entreprise dans les secteurs de l’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture, et de 400 000 euros dans tous les autres secteurs.

Par ailleurs, un soutien de trésorerie sous la forme de prêts bonifiés ou de garanties publiques de prêts, est permis, dans certaines limites liées aux besoins de l’entreprise en difficulté, à son chiffre d’affaires et aux coûts de l’énergie qu’elle doit supporter.

Enfin, les États membres peuvent «indemniser partiellement», y compris par des subventions directes, les entreprises qui sont de gros consommateurs d’énergie pour les surcoûts liés aux hausses exceptionnelles des prix du gaz et de l’électricité. Cette aide sera limitée à 30% des coûts pris en compte jusqu’à un maximum de 2 millions d’euros. 

En cas de pertes d’exploitations, nécessitant un soutien supplémentaire pour assurer la poursuite de l’activité, les plafonds pourront être relevés à 25 millions d’euros et même à 50 millions d’euros dans certains secteurs spécifiques, «comme la production d’aluminium et d’autres métaux, de fibres de verre, de pâte à papier, d’engrais ou d’hydrogène et de nombreux produits chimiques de base».

Les conditions prévues pour chacun des dispositifs d’aide doivent permettre de limiter les distorsions de concurrence au sein du marché unique, a souligné la Commission.

 

Le pétrole remonte, de nouvelles sanctions contre la Russie se profilent

6h33 | Londres — Les prix du pétrole repartaient à la hausse mercredi, avant plusieurs sommets internationaux déterminants qui laissent présager de nouvelles sanctions occidentales contre la Russie en raison de sa guerre menée en Ukraine.

Vers 6h20, heure du Québec, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai prenait 2,45% à 118,31 dollars américains.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison le même mois, dont c’est le premier jour d’utilisation comme contrat de référence, gagnait 2,19% à 111,66 $ US.

Un mois après le début du conflit ukrainien, «le pétrole russe continue de couler à flots. Les niveaux de production et d’exportation restent soutenus», affirme Stephen Brennock, analyste chez PVM Energy.

«Mais cela pourrait bientôt changer», poursuit-il. L’Union européenne réfléchit à un embargo sur le pétrole russe. «Les ministres des Affaires étrangères ont discuté cette semaine d’une éventuelle interdiction du pétrole russe, même s’ils sont divisés sur la question.»

Le chef de cabinet du président ukrainien a appelé les Occidentaux à livrer «des armes offensives», un «moyen de dissuasion» face à Moscou, avant un sommet extraordinaire de l’OTAN consacré à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Le sommet a été convoqué jeudi, jour où se tiennent également à Bruxelles un sommet du G7 et le sommet de l’Union européenne.

Le président américain Joe Biden, qui participera à ces trois rendez-vous, a déjà annoncé que les Occidentaux allaient adopter «de nouvelles sanctions contre la Russie et renforcer» celles déjà en place.

L’arrivée de Joe Biden sur le Vieux Continent «pourrait peut-être faire pencher le vote», estime Stephen Brennock.

«Nous pensons que les sanctions officielles contre la Russie se rapprochent et que les politiciens de différents pays commencent à envisager des plans de rationnement de l’énergie», affirme de son côté Bjarne Schieldrop, analyste chez Seb.

L’Allemagne — gros client de gaz de la Russie — s’est par exemple engagée à «accélérer» la construction de deux terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL) dans le cadre d’un accord énergétique de long terme avec le Qatar.

Alexandre Novak, vice-premier ministre russe chargé de l’Énergie, a quant à lui déclaré mercredi qu’il était «absolument évident que sans les hydrocarbures russes, si des sanctions sont imposées, les marchés du gaz et du pétrole s’effondreront».

Le marché attend également la publication de l’état des stocks américains de pétrole par l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA).

Les analystes tablent sur une baisse hebdomadaire de 750 000 barils des réserves commerciales de brut, selon la médiane d’un consensus compilé par Bloomberg.

 

Sans hydrocarbures russes, le marché va s’effondrer

6h12 | Moscou — Si les Occidentaux décident d’un embargo sur les hydrocarbures russes, le marché s’effondrera et entraînera les prix vers un terrain inconnu, a déclaré mercredi Alexandre Novak, vice-premier ministre chargé de l’Énergie. 

«Il est absolument évident que sans les hydrocarbures russes, si des sanctions sont imposées, les marchés du gaz et du pétrole s’effondreront. La hausse des prix des ressources énergétiques peut être imprévisible», a déclaré M. Novak devant la Douma, chambre basse du parlement.

«Dans l’UE, où il y a (…) une hausse des prix et une pénurie de ressources énergétiques, sous la pression des États-Unis, ils ont refusé de mettre en service le gazoduc Nord Stream 2 déjà construit, au détriment des consommateurs européens», a-t-il poursuivi, cité par les agences russes, estimant que le blocage de ce tube était une «absurdité». 

«Les prix des produits pétroliers, par exemple en Allemagne, ont augmenté jusqu’à 40%. Le prix du gaz par moments a atteint jusqu’à 4 000 $ US par millier de mètres cubes. Et ce n’est pas la fin», a averti le vice-premier ministre. 

Il a ajouté qu’actuellement, le volume de gaz dans les installations de stockage en Europe est de 26%, contre plus de 30% l’année dernière.

Depuis l’automne 2021, les prix du gaz ont flambé en Europe, beaucoup accusant Moscou d’entretenir sciemment une pénurie afin de faire pression pour la mise en service du gazoduc controversé Nord Stream 2, suspendu depuis par l’Allemagne après le début du conflit en Ukraine.