«Nous devons rendre tout ce qui a été détruit meilleur que ce ne l'était», a souligné le premier ministre ukrainien, Denys Chmygal. (Photo: Getty Images)
Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 04 juillet 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici.
08h56 | Kyiv — Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit mardi «croire» que la Biélorussie, un allié de Moscou, ne se laissera pas «entraîner» dans la guerre livrée par la Russie à son pays.
«Nous croyons que la Biélorussie ne sera pas entraînée dans cette guerre, mais il y a des provocations, et elles continueront», a-t-il déclaré en visioconférence lors du forum annuel du groupe The Economist sur le monde qui change, tenu cette année à Athènes.
Il semblait faire allusion aux récentes déclarations du président biélorusse Alexandre Loukachenko. Ce dernier a affirmé dimanche que ses systèmes antiaériens avaient intercepté des missiles tirés par les forces ukrainiennes et menacé de «riposter».
Depuis l’attaque du Kremlin contre l’Ukraine, le 24 février, la Biélorussie a servi de base arrière aux forces russes.
«De nombreux missiles de différents calibres ont été tirés depuis le territoire de la Biélorussie et causé beaucoup de souffrances à l’Ukraine», a encore dit M. Zelensky.
«Cependant, nous comprenons que ce n’est pas dû à une décision du peuple Biélorussiese», a-t-il poursuivi, avant d’inviter les Biélorussieses à «faire tout leur possible pour ne pas être entraînés dans cette guerre» et à «prendre leurs responsabilités».
M. Zelensky a toutefois indiqué que l’Ukraine serait «prête» en cas d’attaque du côté biélorusse.
Les alliés de l’Ukraine posent les premiers jalons de la reconstruction
8h46 | Lugano — L’Ukraine et ses alliés dans la lutte contre l’envahisseur russe se sont accordés mardi en Suisse sur quelques principes généraux qui devront guider la reconstruction du pays en échange de l’éradication de la corruption et de la poursuite de réformes.
Plusieurs dizaines de pays, d’institutions internationales et du secteur privé sont réunis depuis lundi à Lugano dans le sud de la Suisse pour réitérer leur solidarité à l’Ukraine et pour parler de reconstruction, qui selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky sera une tâche «colossale» et l’affaire de «tout le monde démocratique».
Denys Chmygal, son premier ministre venu à Lugano à la tête d’une importante délégation, a estimé lundi qu’il faudra au moins 750 milliards de dollars américains pour relever le pays des ruines.
«Nous, et vous, avons entrepris une première étape clé vers la longue voie qui mène à la reconstruction de l’Ukraine», a affirmé le président de la Confédération Ignazio Cassis après une minute de silence pour les victimes de la guerre.
«Nous devons rendre tout ce qui a été détruit meilleur que ce ne l’était», a souligné le premier ministre ukrainien.
Dans la déclaration de Lugano qui énumère les principes devant guider l’aide à la reconstruction, les signataires promettent de s’engager au long cours avec en vue le statut de pays candidat à l’UE et reconnaissent que l’Ukraine elle-même doit être aux commandes.
Éradiquer la corruption
La perspective de l’afflux de dizaines de milliards de dollars d’aide a ravivé les inquiétudes sur la corruption, endémique dans le pays malgré des progrès réalisés avant la guerre.
La déclaration commune insiste: «l’État de droit doit être systématiquement renforcé et la corruption éradiquée».
Nous allons «non seulement combattre la corruption, mais la rendre impossible», a promis Denys Chmygal lors d’un point de presse, en détaillant les efforts de son gouvernement dans la numérisation de nombreuses procédures qui doit empêcher «l’interaction humaine» et donc la corruption. Il a cité notamment les efforts dans le secteur de la construction — qui jouera un rôle central — ou encore les opérations douanières.
Dans son rapport 2021, l’ONG Transparency International classe l’Ukraine 122e sur 180. C’est mieux qu’en 2014 (142e), et mieux que la Russie (136e), mais encore très loin derrière ses voisins membres de l’UE (le moins bien placé, la Bulgarie, est au 78e rang).
Plan de reconstruction
Le premier ministre a souligné que son pays était impatient d’agir. «Quand nous disons que nous sommes prêts à aller vite, nous voulons vraiment dire vite», a-t-il déclaré.
Qui paye?
M. Chmygal exhorte les alliés à saisir les avoirs russes gelés dans le cadre des sanctions internationales et à les donner à l’Ukraine. Un pactole qu’il estime entre 300 et 500 G$ US. Il a salué les initiatives de l’Allemagne et du Canada dans ce domaine.
À ses côtés, Ignazio Cassis, président d’un pays prisé des oligarques russes pour y investir ou abriter leur fortune, a souligné l’importance de respecter la loi et le droit de propriété.
Lundi, M. Chmygal avait exposé son plan de reconstruction en trois étapes.
L’urgence est d’aider la population touchée par la guerre avant, dans un 2e temps, de financer des milliers de projets de reconstruction et, à long terme, il faut préparer une Ukraine européenne, verte et numérique.
Pour mieux convaincre, la délégation ukrainienne a longuement exposé lundi avec force détails les dégâts, les besoins et ce que doit être la nouvelle Ukraine.
L’un des mécanismes proposés par les Ukrainiens est «l’adoption» par un pays allié d’une région spécifique en Ukraine pour être plus efficace.
Ainsi, la France concentrera ses efforts sur la région de Tchernihiv (nord) en particulier, a souligné François Delattre, haut responsable de la diplomatie française.
«Cette région a été particulièrement durement touchée par les bombardements russes pendant les premières semaines de la guerre» et elle a des liens avec la région Île-de-France (Paris et ses environs), a-t-il souligné.
Selon le même principe, la région de Kyiv échoit au Royaume-Uni. L’Australie et le Danemark sont aussi impliqués.
«Nous comprenons que notre effort sera de longue haleine et nous sommes prêts», a dit le diplomate français, annonçant également le don d’un laboratoire d’analyse ADN pour aider aux enquêtes sur les crimes de guerre. Si Lugano n’était pas une conférence des donateurs où chacun y va de son chèque, elle est la première d’une très longue série à venir.
M. Chmygal a salué le fait que deux conférences de suivi étaient déjà prévues, l’une dirigée par l’UE dans quelques mois, et une nouvelle conférence sur la reconstruction de l’Ukraine l’année prochaine au Royaume uni. En 2024 ce sera autour de l’Allemagne.