La Chine est, depuis 2017, le premier créancier du monde, devant le FMI, la Banque mondiale et les créanciers du Club de Paris réunis, selon Brent Neiman. (Photo: 123RF)
Pékin — Les mauvais chiffres se succèdent pour l’activité économique chinoise, qui souffre à la fois du ralentissement mondial et de la stricte politique zéro COVID, selon les analystes, une stratégie que la Chine ne semble pas près d’abandonner.
Ces derniers jours, les statistiques concernant les exportations, les prix à la production et l’activité manufacturière dans la deuxième économie mondiale ont toutes été dans le rouge.
Même les milliardaires chinois en pâtissent: leur nombre a connu sa plus forte baisse en 24 ans, selon le classement établi par le cabinet Hurun.
Pour de nombreux analystes, c’est la morosité économique mondiale qui a fait baisser les exportations, longtemps l’un des principaux moteurs de la croissance chinoise.
«Les conditions monétaires se compliquent rapidement dans les autres pays, tandis que l’inflation reste forte dans un contexte de coûts énergétiques élevés», souligne Erin Xin, économiste spécialiste de la Chine pour HSBC, dans une note.
«Avec le ralentissement de la demande mondiale», notamment dans l’habillement et l’électronique, «l’économie nationale devra prendre le relais», estime-t-elle.
Cette mauvaise santé des exportations affectera l’activité manufacturière et l’emploi, redoute Iris Pang, cheffe économiste responsable de la Chine pour ING.
À l’horizon, prédit-elle, le risque d’une déflation, baisse générale et durable des prix à la consommation.
Restrictions
Outre ces facteurs externes, un élément propre à la Chine fait également souffrir son économie: l’obstination de Pékin dans sa politique zéro COVID, qui implique des confinements à répétition et des restrictions sur les transports dès que les cas augmentent.
De quoi miner la confiance des consommateurs et des entreprises.
Actuellement, une zone représentant plus de 12% du PIB de la Chine est affectée par divers degrés de restrictions sanitaires, selon les calculs effectués lundi par les économistes de la banque japonaise Nomura.
Pourtant, aucun changement ne semble se profiler à l’horizon.
Ce week-end, les autorités sanitaires ont martelé que la politique zéro COVID continuerait à être appliquée «indéfectiblement».
Et l’homme qui a supervisé le long confinement de Shanghai au printemps, Li Qiang, vient d’être récompensé en étant promu numéro deux au Parti communiste, derrière le président Xi Jinping.
«Compte tenu du capital politique investi par les dirigeants dans la grande campagne du zéro COVID, il est peu probable qu’ils en déclarent brusquement la fin dans un avenir proche», indiquent Larry Hu et Yuxiao Zhang, économistes chez Macquarie.
«L’économie chinoise affronte deux obstacles cette année: le zéro COVID et l’immobilier», notent-ils.
La construction et l’immobilier représentent environ un quart du PIB chinois, mais de nombreux promoteurs croulent désormais sous les dettes. Certains acheteurs, furieux de voir les chantiers à l’arrêt, ont décidé d’arrêter de rembourser.
Crise de l’immobilier
Pékin vise une croissance autour de 5,5% cette année, mais de nombreux économistes n’y croient plus, même si les chiffres du PIB au troisième trimestre ont agréablement surpris (+3,9%).
Certains observateurs espèrent toutefois que les choses vont s’améliorer.
Les économistes de HSBC disent ainsi «rester constructifs en ce qui concerne la Chine», prévoyant une croissance de plus de 5% l’an prochain.
Ce chiffre sera le résultat de la comparaison avec cette année, plus faible, mais aussi d’«un affinement et assouplissement progressif de certaines restrictions anti-COVID par la Chine en 2023, d’une stabilisation du marché du logement et du maintien de politiques de soutien».
D’autres ne partagent pas cet optimisme. Les analystes de Macquarie indiquent à l’AFP qu’«en raison du ralentissement de l’économie mondiale», les exportations chinoises vont chuter de 5% en 2023.
«En Chine actuellement, il y a un plus gros risque de déflation que d’inflation», estiment-ils, s’attendant à «davantage de mesures d’assouplissement à l’avenir», notamment une réduction du taux de liquidités imposé aux banques chinoises.