Banque du Canada et Poilievre: «On perd de la crédibilité»
La Presse Canadienne|Publié le 18 mai 2022«Je crois que l’on perd de la crédibilité», a déclaré Ed Fast, le porte-parole en matière de finances, lors d’une mêlée de presse à son entrée au caucus du parti, mercredi. (Photo: La Presse Canadienne)
Ottawa — Les attaques de Pierre Poilievre contre la Banque du Canada et son engagement à renvoyer le gouverneur de la banque centrale s’il est porté au pouvoir nuisent à la crédibilité des conservateurs, selon son propre parti.
«Je crois que l’on perd de la crédibilité», a déclaré Ed Fast, le porte-parole en matière de finances, lors d’une mêlée de presse à son entrée au caucus du parti, mercredi.
Ed Fast, qui a assuré ne pas s’exprimer à titre de coprésident de la campagne de Jean Charest, mais bien au nom du parti, s’est également dit «profondément troublé» par le fait que le candidat à la direction soit prêt à «s’immiscer» dans l’indépendance de la banque centrale.
«L’indépendance de l’une de nos principales institutions monétaires est essentielle et je serais très prudent avant de toucher à cette institution», a-t-il dit.
La semaine dernière, lors du premier débat officiel de la course à la direction, Pierre Poilievre, qui est considéré comme le meneur, a lancé un pavé dans la marre en annonçant qu’il licencierait le gouverneur Tiff Macklem parce que le taux d’inflation au pays atteint des sommets jamais vus depuis des décennies.
Mercredi encore, Statistique Canada annonçait que son indice des prix à la consommation avait continué de croître en avril, l’inflation ayant augmenté de 6,8% par rapport à il y a un an. Il s’agissait de la plus forte inflation depuis janvier 1991, alors qu’elle s’était établie à 6,9%.
Le malaise semblait palpable même dans les rangs du candidat Poilievre.
La députée ontarienne Marilyn Gladu, qui l’appuie et copréside sa campagne en Ontario, a refusé de dire si montrer la porte au gouverneur Macklem serait une bonne idée, notant simplement que «dans le feu de l’action, tout le monde a des idées».
Est-elle préoccupée qu’une figure importante du parti puisse nuire à la crédibilité de la formation politique?
«Non. Je ne pense pas, a-t-elle répondu. En fait, plus les médias libéraux s’excitent et s’énervent à propos de Pierre Poilievre, plus je sais qu’ils s’inquiètent qu’il soit parti pour gagner.»
Les commentaires de Pierre Poilievre ont amené le premier ministre Justin Trudeau à défendre le lendemain l’indépendance de la Banque du Canada.
L’institution est «hautement réputée à l’international», avait-il insisté en vantant sa «rigueur», son «professionnalisme» et son «indépendance des machinations politiques».