Bernard Drainville annonce un plan de rattrapage de 300M$
La Presse Canadienne|Publié le 09 janvier 2024Certaines écoles, dont les enseignants sont représentés par la Fédération autonome de l’enseignement, ont fermé depuis la fin novembre, tandis que d’autres ont fermé seulement quelques journées de cours en novembre et en décembre. (Photo: La Presse Canadienne)
Les écoles pourront organiser des activités de rattrapage pendant la semaine de relâche, les élèves auront accès à des mesures de tutorat supplémentaires et des cours d’été gratuits seront offerts afin de combler les retards d’apprentissage causés par la grève qui a touché le milieu de l’éducation.
Ces mesures font partie du plan de rattrapage de 300 millions de dollars (M$) annoncé par le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, mardi matin, au moment où des centaines de milliers d’élèves retournent en classe après plusieurs semaines de grève.
«On ne fera pas du mur-à-mur, les besoins sont différents d’une école à l’autre, d’un centre de service à l’autre», a indiqué le ministre en ajoutant que ce sont les écoles qui sont les mieux placées pour évaluer les besoins des élèves.
Certaines écoles, dont les enseignants sont représentés par la Fédération autonome de l’enseignement, ont fermé depuis la fin novembre, tandis que d’autres ont fermé seulement pendant quelques jours en novembre et en décembre.
Tutorats
Le ministre Drainville a indiqué que des activités de tutorat seront organisées en dehors des heures de classe pour tous les élèves qui en ont besoin.
Le ministre prévoit que des enseignants, des enseignants retraités ou des étudiants en enseignement, offriront, sur une base volontaire et rémunérée, ces services.
Lors des deux prochaines semaines, les écoles devront identifier les élèves qui ont besoin d’aide supplémentaire et les parents de ceux-ci devront être avisés d’ici la fin du mois de janvier.
Semaine de relâche
Les écoles pourront ouvrir pendant la semaine de relâche afin d’offrir des activités de rattrapage.
Le ministre Drainville prévoit que ces activités seront organisées sur une base volontaire et assorties d’une rémunération additionnelle.
Les centres de services scolaires et les directions d’école «auront la latitude nécessaire et seront responsables de déterminer les moyens qu’ils mettront en place avec les équipes-écoles pour aider les élèves à rattraper les retards».
Élèves aux besoins particuliers
Les écoles devront mettre en place des mesures d’aide spécialisée pour les élèves ayant des besoins particuliers.
Selon le choix des moyens mis en place par les écoles et les centres de services scolaires, «cette aide pourrait se donner à l’extérieur des heures de classe, par le personnel spécialisé, à de petits groupes d’élèves qui ont les mêmes difficultés».
Un fonds d’urgence de 42M$ sera mis en place pour financer des initiatives de persévérance.
Ainsi des organismes de lutte contre le décrochage, de persévérance scolaire et d’alphabétisation pourront bénéficier de fonds pour aider les élèves en difficulté.
Des services d’accueil et de soutien supplémentaires seront également mis en place pour permettre aux élèves immigrants d’apprendre le français.
Des cours d’été gratuits seront offerts aux élèves de 4e et 5e secondaire dans les matières pour lesquelles des épreuves sont imposées.
Pondération et calendrier ajustés
Les examens ministériels prévus à la fin de mai et au début de juin pourraient être reportés de deux à sept jours, a mentionné le ministre de l’Éducation.
Bernard Drainville a également l’intention de modifier la pondération des épreuves ministérielles afin d’accorder une part plus importante aux évaluations des enseignants, comme ce fut le cas lors de la pandémie.
Par exemple, les épreuves ministérielles du primaire et de 2e secondaire compteraient pour 10% des résultats finaux des compétences évaluées, plutôt que 20%.
Les épreuves ministérielles de 4e et 5e secondaire compteraient pour 20% des résultats finaux des compétences évaluées, au lieu de 50%.
Le ministre a aussi indiqué que le calendrier pour les épreuves ministérielles sera ajusté, mais qu’il n’y aura aucun examen après le 23 juin.
Un plan plutôt bien accueilli
La Fédération autonome de l’enseignement (FAE), qui regroupe neuf syndicats et représente plus de 65 000 enseignants, accueille le plan du ministre positivement, mais «avec une certaine prudence», a expliqué sa présidente Mélanie Hubert.
«Ça va demander quand même beaucoup de travail à tout le monde en dehors de l’horaire régulier, il faudra que l’argent soit au rendez-vous pour répondre aux besoins», mais «assurément, ça reste une proposition qui est intéressante à plusieurs niveaux», a souligné Mélanie Hubert.
La FAE apprécie notamment que le plan repose sur les épaules «des multiples acteurs du réseau et qu’il cible tous les secteurs de l’éducation, incluant l’éducation des adultes et la formation professionnelle».
La présidente de la FAE est d’avis que plusieurs professeurs seront au rendez-vous pour offrir des activités de tutorat pendant la semaine de relâche ou en dehors des heures de cours.
«Est-ce que ça sera suffisant? Est-ce que toutes les ressources seront là? C’est difficile à dire en ce moment, mais les profs avaient répondu présents pendant la pandémie, quand on a mis en place des mesures de tutorat» et «on fait l’hypothèse que ça va être encore le cas», a expliqué Mélanie Hubert.
La FAE invite les enseignants à «profiter de l’occasion pour identifier tous les besoins de leurs élèves, jeunes et adultes, sans se restreindre en fonction des sommes disponibles».
Elle appelle toutefois à la vigilance contre la surcharge mentale que pourraient subir les élèves en difficulté pour rattraper leurs retards.
De son côté, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) accueille le plan de rattrapage scolaire avec satisfaction et quelques questionnements.
«Nous saluons le fait que le ministre n’y soit pas allé de mesures appliquées mur à mur» et «si le plan du ministre semble a priori inclure l’ensemble des catégories de personnel, nous maintenons que l’absence de véritables consultations des acteurs du réseau dans son élaboration n’a pas de sens», a indiqué Éric Gingras, président de la CSQ.
La CSQ s’inquiète également que le plan de rattrapage pose des risques de surcharge de travail pour le personnel enseignant.
À l’instar des syndicats d’enseignants, l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES) s’est dite satisfaite de l’autonomie accordée aux établissements dans le plan du ministre Drainville.
«En centrant les mesures de rattrapage à partir des établissements et de l’évaluation des équipes-écoles, le ministre a donné une suite positive à nos propositions», a déclaré la présidente de l’AMDES, Kathleen Legault.
La Fédération des centres de services scolaires du Québec (FCSSQ) et l’Association des directions générales scolaires du Québec (ADGSQ) ont tenu à souligner la «souplesse de ce plan laissant le soin à chaque milieu de cibler les moyens les plus adaptés à sa situation».
Stéphane Blais, La Presse Canadienne
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