Budget fédéral: comment le gouvernement paiera-t-il ses dépenses?
La Presse Canadienne|Mis à jour le 13 juin 2024La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a promis que le déficit ne croîtrait pas. (Photo: La Presse Canadienne)
Les Canadiens peuvent s’attendre à quoi ressemblera le prochain budget — qui sera dévoilé en totalité le 16 avril — à la suite des annonces du gouvernement fédéral qui se sont multipliées au cours des trois dernières semaines.
Mais toutes ces annonces, notamment des dépenses de plusieurs milliards de dollars pour le logement et la défense nationale, soulèvent d’importantes questions.
Comment le gouvernement paiera-t-il tout ça?
La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a promis que le déficit ne croîtrait pas. Elle a aussi exclu l’idée d’augmenter les taxes pour les classes moyennes.
Toutefois, elle n’a pris aucun engagement pour d’autres catégories de contribuables. Les observateurs soupçonnent que les nouveaux programmes seront financés par de nouvelles taxes imposées aux grandes compagnies et aux grandes fortunes.
Le Conseil canadien des affaires (CCA) a déjà soutenu que cette voie nuirait aux investissements à une période où le Canada éprouve des problèmes de productivité.
«Cela serait une assez mauvaise politique économique, selon moi», a lancé Robert Asselin, premier vice-président, politiques publiques du CCA et ancien directeur budgétaire des libéraux.
Toutefois, Tyler Meredith, un ancien directeur de la stratégie et de la planification économique de Chrystia Freeland, rappelle que l’imposition de nouvelles taxes ne devrait pas être une surprise pour personne puisque les nouveaux programmes annoncés coûteront beaucoup d’argent.
Tyler Meredith rappelle que de nombreux actionnaires des grandes sociétés ont réclamé des investissements supplémentaires dans la défense et de nouvelles subventions aux entreprises pour faciliter la transition à une économie verte.
«Si on fait toutes ces choses, c’est beaucoup d’argent», constate-t-il, tout en notant les autres priorités dispendieuses du gouvernement comme les régimes d’assurance-médicament et d’assurance dentaire.
«Et dans un même temps, si on veut aussi une politique fiscale crédible, il faut bien céder quelque chose quelque part. Les gens ne devraient pas être surpris de ça.»
La stratégie prébudgétaire semble avoir aidé le gouvernement à déterminer l’ordre du jour politique après avoir tenté en vain de réfuter le discours conservateur sur le coût de la vie.
Le dernier programme visant à régler la crise du logement au pays a été applaudi par plusieurs entreprises, plusieurs municipalités et même l’homme qui l’a inspiré, Mike Moffatt.
Mike Moffatt, directeur principal, politique et innovation à l’Institut pour l’intelliProspérité, a été conseiller économique de Justin Trudeau avant que celui-ci soit élu premier ministre.
«C’est de loin le plan sur le logement le plus complet que j’ai vu de ma vie», soutient-il.
Toutefois, on ne peut prédire si toutes ses annonces convaincront les électeurs à revenir dans le giron libéral. Selon les sondages, les conservateurs détiendraient une avance de 10 points et plus depuis l’été dernier.
Et si les libéraux cherchent à reprendre le premier rôle sur la question du coût de la vie, l’opposition soutient qu’on ne peut pas faire confiance au gouvernement Trudeau pour obtenir de bons résultats.
M. Meredith croit que les libéraux peuvent toujours renverser la situation. Il leur recommande de demeurer concentrés sur le long terme.
«Ce qu’il faudra surveiller, c’est si les gens ouvrent leur esprit et prêtent leur attention. Il est difficile de renverser une dynamique si les gens n’écoutent pas. C’est vraiment ce que je vais surveiller au cours des six prochains mois.»