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CAQ: 2020 verra-t-elle la fin de la lune de miel?

La Presse Canadienne|Publié le 02 janvier 2020

En 2019, l'adhésion de la population au gouvernement Legault a connu son apogée au début décembre.

À la blague, le premier ministre François Legault aime bien dire que sa lune de miel avec son épouse a duré moins longtemps que la romance partagée avec la population québécoise depuis maintenant 14 mois.

C’est un fait que l’exceptionnelle popularité du gouvernement ne se dément pas, depuis l’accession au pouvoir de la Coalition avenir Québec (CAQ), en octobre 2018, le taux de satisfaction à son endroit atteignant des sommets rarement vus dans le passé, à 70% chez les francophones.

En 2019, cette adhésion de la population au gouvernement Legault a connu son apogée au début décembre, lorsque la candidate caquiste Joëlle Boutin a été élue députée avec une forte majorité, lors de l’élection complémentaire dans Jean−Talon, pourtant une véritable forteresse libérale depuis 1965.

Mais la politique étant ce qu’elle est, une telle communion entre le gouvernement et la population ne peut durer toujours et, tôt ou tard, des tensions commenceront à apparaître, des déceptions à s’afficher, des manifestations à déferler dans les rues.

Déjà, des indices laissent croire que la lune de miel pourrait bien perdre de son éclat en 2020, alors que de nombreux dossiers chauds et controversés attendent le gouvernement dès la rentrée de janvier.

 

Colère des syndiqués

Les grandes centrales syndicales vont débuter l’année sur un pied de guerre, ce qui pourrait envenimer le climat social. Le gouvernement devra négocier le renouvellement des conventions collectives des quelque 500 000 employés de l’État, un processus qui promet d’être houleux, certains, aux premières loges les enseignants, étant déjà prêts à en découdre avec la partie patronale. Les syndiqués refusent totalement la prémisse du gouvernement, qui leur a dit qu’ils ne devaient pas espérer une augmentation de rémunération supérieure à l’inflation, malgré les milliards qui dorment dans les coffres de l’État.

 

Cafouillage à l’immigration

En immigration, le programme de l’expérience québécoise (PEQ) a été le théâtre du pire cafouillage du gouvernement en 2019. Après consultation du milieu, le ministre responsable, Simon Jolin−Barrette, devra présenter dans les prochains mois une nouvelle mouture de la liste des métiers recherchés chez les candidats à l’immigration. La liste précédente, qui comportait des métiers inexistants, avait été décriée à l’unanimité. Dans ce dossier, le gouvernement doit rebâtir les ponts avec le milieu des affaires, celui des organismes de défense des immigrants, sans compter le milieu universitaire.

 

Maternelles 4 ans

La création d’un réseau de maternelles 4 ans, une des priorités du gouvernement, n’a toujours pas reçu l’aval de la population. Le difficile arrimage avec les garderies et l’explosion des coûts contribuent à semer le doute sur ce projet.

 

Santé: 90 minutes chrono

En santé, la confiance de la population envers les gouvernements est fragile, après des décennies de promesses non tenues. Celle du gouvernement actuel, audacieuse, de réduire le temps d’attente à l’urgence à 90 minutes sera mise à rude épreuve, alors qu’on observe plutôt la tendance inverse, soit une augmentation du nombre d’heures passées à la salle d’urgence avant de voir un médecin. Comment la population réagira−t−elle si les résultats promis ne sont pas au rendez−vous? Et tout cela surviendra au moment où le gouvernement peine à fournir un médecin de famille aux Québécois qui le réclament, et alors que les relations entre le gouvernement et les médecins omnipraticiens s’annoncent tendues, vu que leur mode de rémunération devrait être changé, de gré ou de force grâce à une loi spéciale.

 

Langue: plan d’action 

La protection du français est de tout temps un sujet délicat au Québec, qui divise la population. Il y a ceux qui jugent qu’on en fait toujours trop, d’autres jamais assez. En retirant ce dossier des mains de la ministre Nathalie Roy, pour le confier à Simon Jolin−Barrette, le premier ministre a dit qu’il voulait qu’un plan d’action vienne renforcer le statut du français au Québec, surtout comme langue du travail. Son plan sera−t−il bien reçu?

 

Réforme parlementaire en vue

Règle générale, les procédures parlementaires intéressent peu le grand public. Mais il peut être sensible au cumul des protestations provenant des partis d’opposition, quand ces derniers se sentent lésés dans leurs droits. Ce scénario pourrait bien se produire, quand le gouvernement déposera son projet de réforme des règles parlementaires, en vue de les rendre plus «efficaces». Des voix s’élèvent déjà dans l’opposition pour craindre le pire, soit une atteinte aux droits des élus de l’opposition, une diminution de leur temps de parole et de leur pouvoir d’influence. Climat de confrontation en vue au parlement.

 

Pénurie de main−d’oeuvre

Le problème de pénurie de main−d’oeuvre est criant et pourrait devenir une importante source de frustration dans la population, surtout dans le secteur de la santé. Un exemple: Québec cherche désespérément à embaucher pas moins de 30 000 préposés aux bénéficiaires, notamment dans le réseau d’hébergement des personnes âgées.

 

Le test de l’environnement 

Sujet de préoccupation d’intérêt croissant pour la société, la protection de l’environnement est devenue un enjeu politique majeur. Le premier ministre Legault est conscient qu’il a un déficit de crédibilité en la matière et qu’il doit répondre aux attentes de la population. Il devra faire ses preuves en 2020, notamment avec son plan d’action de lutte aux gaz à effet de serre (GES) et son programme d’électrification des transports.

 

DPJ: les enfants d’abord

En 2019, les lacunes du Québec quand vient le temps de protéger les enfants les plus vulnérables ont été largement exposées. Le nombre de signalements à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) explose, dépassant le cap des 100 000 par année, ce qui inquiète la population, troublée par des cas comme celui de la fillette de Granby, morte des suites de mauvais traitements le printemps dernier, alors qu’elle était connue de la DPJ. Le gouvernement s’est engagé à revoir tout le système, au besoin, pour assurer la sécurité des enfants en difficulté et devra livrer la marchandise.