Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

Combattre la COVID-19 dans les écoles avec les gains énergétiques

François Normand|Publié le 18 novembre 2020

Une filiale d'une entreprise américaine dit pouvoir aider Québec à limiter la propagation du virus dans les écoles.

Minimise Québec, une nouvelle filiale de la société américaine Minimise Global spécialisée en efficacité énergétique, affirme pouvoir aider le gouvernement Legault à limiter la propagation de la COVID-19 dans les écoles de la province grâce à sa formule de financement qui permet d’installer des équipements de purification de l’air sans investissement initial en capital.

«Nous pourrions rapidement moderniser ou installer des systèmes de ventilation purifiant l’air dans les écoles grâce à notre entente sans investissement en capital», soutient à Les Affaires François Gagnon, directeur général de Minimise Québec. L’entreprise immatriculée au Registre des entreprises depuis le 11 juin s’intéresse aussi aux marchés d’autres provinces canadiennes comme l’Ontario.

Minimise Global a des filiales ailleurs dans le monde, soit au Mexique, en Afrique du Sud, aux Émirats arabes unis, aux Philippines et en Nouvelle-Zélande. Par contre, elle n’est pas présente en Europe pour l’instant.

François Gagnon estime que le modèle d’affaires de Minimise permettrait ainsi aux écoles du Québec de faire une pierre deux coups pendant la pandémie : financer — sans dépenser un sou au départ — l’installation de nouveaux équipements de filtration de l’air afin de limiter la propagation de la COVID-19, tout en améliorant globalement l’efficacité énergétique des établissements scolaires.

 

Une formule de financement assez unique

L’Entente sans investissement en capital (ESIC) de Minimise est assez unique dans le marché, car le client n’a pas besoin investir ou de dépenser de l’argent supplémentaire afin de réaliser des gains d’efficacité énergétique.

En fait, le paiement des services et des équipements que Minimise installe chez un client se finance à partir des économies futures en dépenses énergétiques de ce client.

Par contre, pour que ce modèle soit viable, le client doit pouvoir améliorer son efficacité énergétique d’au moins 17% dans un bâtiment ou un regroupement de bâtiments.

Si les gains potentiels sont seulement de 15%, par exemple, Minimise ne pourra pas réaliser de mandat chez ce client.

D’aucuns pourraient dire que ce modèle d’affaires est trop beau pour être vrai.

Interrogé par Les Affaires à ce sujet, Pierre-Olivier Pineau, spécialiste en énergie à HEC Montréal, affirme qu’il connaissait ce concept de financement, mais pas poussé à ce niveau.

«C’est évidemment une excellente manière de procéder, dit-il. Ça enlève une des barrières à l’entrée», soit le coût, pour réaliser des gains d’efficacité énergétique dans les organisations.

Il précise toutefois que l’argent qu’il faut habituellement investir au départ pour faire de l’efficacité énergétique n’est pas la seule barrière à l’entrée. «La culture interne est aussi une barrière, et ce n’est pas l’investissement «gratuit» qui va tout régler», précise l’universitaire.

En octobre, le site web du magazine Forbes a aussi publié un reportage sur les services en efficacité énergétique dans lequel il abordait entre autres la formule de l’Entente sans investissement en capital (ESIC) de Minimise.

Comment fonctionne concrètement son modèle d’affaires ?

 

Des audits de 56 jours pour un projet

Si une entreprise a un potentiel d’au moins 17% d’économie d’énergie, Minimise dépensera les sommes nécessaires pour installer les équipements nécessaires afin d’atteindre cet objectif, souligne François Gagnon.

Pour évaluer ce potentiel, l’entreprise effectue des audits sur deux périodes de 28 jours en fonction de la norme PIMVP (Protocole international de mesure et vérification de la performance). Il s’agit d’une méthode développée par l’Efficiency Valuation Organization (EVO), une organisation à but non lucratif établie à Washington.

Minimise prétend même pouvoir verser dès le début un montant d’argent au client pour lui faire bénéficier de ses futures économies d’énergie.

Comment Minimise réalise-t-elle ses revenus?

Ce sont deux partenaires de Minimise, une instution financière et RSF Capital Partners, une société britannique de conseil financier, qui remboursent les coûts assumés par Minimise lors de cette première étape.

Par la suite, quand le client commence vraiment à économiser des sous sur sa facture énergétique, une partie de cette somme est versée à l’institution financière sur une base mensuelle, et ce, sur une période de plusieurs années afin que la banque puisse récupérer l’argent qu’elle a prêté à Minimise.

«En fait, ce type de paiements mensuels ressemblent à la facture que l’on paie chaque mois à Hydro-Québec pour avoir de l’électricité dans nos maisons», illustre François Gagnon.

Mais au lieu de payer de l’électricité, on paie pour des gains en efficacité énergétique, mais sans avoir investi un sou à l’origine. Bref, tout s’autofinance à partir de la réduction de la facture énergétique des clients.

Pour démontrer que ce modèle d’affaires fonctionne, François Gagnon donne l’exemple du contrat que Minimise a conclu avec une commission scolaire en Floride en 2018.

En vertu de cette entente, Minimise USA a versé en décembre 2018 un chèque de plus de 1,7 million de dollars américains au Hillsborough County Public Schools (HCPS), à Tampa, en Floride.

Au Québec, les écoles ne sont pas le seul secteur dans le collimateur de Minimise. À terme, la société aimerait aussi offrir ses services dans trois autres secteurs : l’éclairage de rue, le système de santé (hôpitaux, CLSC, CHSLD) et le parc immobilier du gouvernement du Québec.