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Comment Ottawa se prépare à l’arrivée de Donald Trump

François Normand|Mis à jour le 13 juin 2024

Comment Ottawa se prépare à l’arrivée de Donald Trump

S’il retourne à la Maison-Blanche, Donald Trump songe à imposer de nouveaux tarifs de 10% sur tous les produits importés aux États-Unis, peu importe leur pays d’origine, incluant le Canada. (Photo: Getty Images)

C’est connu, Ottawa se prépare à la possibilité d’une nouvelle administration Trump à Washington, à compter de janvier 2025. Ce qui l’est moins, c’est qu’il a notamment réactivé le Conseil de coopération Canada–États-Unis en matière de réglementation (CCR) afin de réduire le «fardeau administratif» à la frontière et de limiter ainsi le risque de mauvaises surprises.

La question est cruciale pour le Canada. Chaque jour, la valeur des marchandises échangées des deux côtés de la frontière s’élève en moyenne à 2,6 milliards de dollars (G$), pour un total de 969,5 G$ en 2023, selon Statistique Canada.

En entrevue à Les Affaires, la Secrétaire du Trésor, Anita Anand, explique que la relance du comité est essentielle pour anticiper les différends commerciaux entre le Canada et les États-Unis.

«Le but du comité est de régler les enjeux avant qu’ils deviennent des disputes commerciales», dit-elle.

La ministre a relancé les travaux du CCR en juillet, lors de la nomination à ce ministère – elle était auparavant à la Défense.

De hauts fonctionnaires à Ottawa ont déjà eu des contacts avec leurs vis-à-vis à Washington, et la ministre a l’intention de rencontrer son homologue dans les prochains mois.

 

Un comité fondé par les conservateurs

Les conservateurs de Stephen Harper ont fondé le CCR en 2011.

Siégeant au moins une fois par année, le comité a eu sa dernière rencontre en septembre 2019, soit six mois avant le début de la pandémie de la COVID-19 au Canada.

Le comité a deux missions: discuter avec l’industrie canadienne des lois qui représentent des obstacles pour commercer et investir aux États-Unis ainsi que proposer aux Américains des avenues pour coopérer davantage en harmonisant la réglementation.

La secrétaire du Trésor Anita Anand (Photo: Getty Images)

De concert avec les États-Unis, les travaux du CCR visent donc à terme à proposer aux entreprises canadiennes des mesures concrètes afin de réduire la paperasserie et leurs coûts d’expédition, notamment au chapitre du camionnage.

Le Secrétariat du Trésor a déjà tenu un forum en Colombie-Britannique pour tâter le pouls de l’industrie, et il en tiendra notamment un au Québec dans les prochains mois.

«Nous devons nous attaquer à tous les enjeux afin d’avoir plus d’efficacité entre les deux marchés», insiste Anita Anand.

 

Maintenir les contacts avec les Américains

La ministre souligne «qu’il est nécessaire de continuer nos conversations avec les États-Unis» afin de ne pas avoir de mauvaises surprises, mais sans faire allusion directement à la possible élection de Donald Trump, à la présidentielle en novembre.

Certes, l’administration démocrate de Joe Biden a adopté des mesures protectionnistes depuis 2021, en renforçant entre autres le contenu américain dans les produits vendus aux États-Unis.

En revanche, une possible nouvelle administration Trump irait beaucoup plus loin, selon diverses analyses.

Par exemple, s’il retourne à la Maison-Blanche, Donald Trump songe à imposer de nouveaux tarifs de 10% sur tous les produits importés aux États-Unis, peu importe leur pays d’origine, incluant le Canada.

Le cas échéant, les entreprises canadiennes qui exportent au sud de la frontière seraient donc moins compétitives par rapport à leurs concurrents qui produisent et vendent les mêmes biens aux États-Unis.

Reste à avoir si un allégement ou une harmonisation réglementaire pourrait avoir un impact important pour atténuer ces nouveaux  tarifs douaniers sur les exportateurs canadiens.