Course à la direction du PLQ: Charles Milliard réfléchit
Dominique Talbot|Mis à jour le 18 juin 2024Le président-directeur général de la FCCQ, Charles Milliard (Photo: courtoisie)
Il ne lui reste plus que quelques jours à titre de PDG de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), et l’envie de la politique semble faire peu de doute pour Charles Milliard, qui, de passage à Québec, a lancé une première pointe à l’endroit du gouvernement sur le sujet de l’heure dans la Vieille-Capitale.
Répondant à une question de Les Affaires sur la volonté du gouvernement Legault d’aller de l’avant avec un troisième lien autoroutier entre Québec et Lévis, malgré l’avis contraire exprimé par CDPQ Infra dans son rapport déposé plus tôt cette semaine, Charles Milliard se dit surpris par la réaction de François Legault.
«La Caisse est une autorité importante en matière d’infrastructures au Québec. Je souligne ce travail-là. Je suis surpris qu’au lendemain où on demande un rapport, on propose de faire exactement l’inverse. J’ai envie de dire que lorsque je demande l’opinion de quelqu’un, c’est parce que je la veux», commente-t-il.
Rappelons que le plan de transport de CDPQ Infra, rédigé à la demande même du gouvernement Legault après que ce dernier eût retiré le projet de tramway des mains de la mairie de Québec en novembre 2023, propose un réseau de tramway de 28 kilomètres et exclut la nécessité d’un troisième lien autoroutier, que la CAQ s’est empressée de remettre sur la table en faisant valoir l’argument de la «sécurité économique».
«Je pense qu’une grande capitale comme Québec doit se poser la question (sur un troisième lien). Mais il faut se fier aux experts. Il ne faut pas se fier uniquement aux politiciens là-dessus. C’est ça qui m’inquiète. C’est que nous avons une discussion subjective sur la chose, alors que ça devrait être éminemment chiffré, objectivé. Et 24 heures plus tard, on semble déjà mettre le rapport de côté. On peut se poser des questions», affirme-t-il, tout en disant comprendre les besoins et la réalité des habitants de la Rive-Sud de Québec.
Réflexion estivale
Le départ annoncé mardi par Charles Milliard n’a pas causé une grande commotion dans les milieux économiques et politiques, lui qui ne cache depuis un certain temps son intérêt pour se lancer dans la course à la direction du Parti libéral du Québec.
De nombreux militants semblent voir d’un bon œil son arrivée éventuelle dans la course à la succession de Dominique Anglade. Au printemps, il avait notamment reçu l’appui de près de 80 membres de l’aile jeunesse du parti. Rappelons que selon les règles de la formation politique, le vote des moins de 26 ans compte pour le tiers des résultats.
Le prochain chef sera connu le 14 juin 2025 à Québec. Pour le moment, selon un sondage Léger mené pour le compte des médias de Québecor, Charles Milliard obtient 1% des intentions de vote chez les militants libéraux. Ce qui, à ses dires, est loin de le décourager.
«C’est la première fois que mon nom est dans un sondage. C’est donc une bonne nouvelle. Ça ne peut qu’augmenter. En ce moment, le parti traîne dans les sondages. Je suis convaincu qu’il va remonter. Il va remonter chez les francophones parce que nous irons parler aux francophones, partout dans les régions. Après ça, les militants décideront. J’ai 44 ans, je peux faire le lien entre la plus jeune génération et la plus vieille», exprime-t-il.
Poursuivant sa réflexion, le futur ex-PDG de la FCCQ prendra l’été pour mesurer ses appuis et rencontrer les militants de partout dans la province, avant d’annoncer s’il se lancera ou non dans la course.
Karl Blackburn s’éloigne
Malgré les nombreux appels reçus par les militants «qui lui ont fait chaud au cœur», le président du Conseil du patronat, Karl Blackburn, sera encore dans ses fonctions à l’automne prochain, a-t-il confié à Les Affaires en marge d’un événement du Rendez-vous d’affaires de la Francophonie qui avait lieu à Québec cette semaine.
Bien qu’il attendra le début de la semaine prochaine pour annoncer sa décision, il affirme que «me présenter n’était pas dans mes plans. Mon employeur est le Conseil du patronat du Québec. Je n’étais pas insensible à ce que j’entendais».
«Dans ce contexte de réflexion, j’ai toujours été très engagé avec mon employeur. Je n’ai pas cherché à m’organiser et à faire des assemblées de cuisine et tenter de préparer mon éventuelle course. Parce que je ne suis pas là», dit-il.
D’autres candidats éventuels feront également connaître leurs intentions prochainement. C’est notamment le cas de l’ex-maire de Montréal, Denis Coderre. Les appels sont également nombreux pour que le maire de Victoriaville, Antoine Tardif, se lance dans la course.