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Déficit: «Il y a ce que ça coûte, mais aussi ce que ça rapporte»

La Presse Canadienne|Publié le 22 novembre 2023

Déficit: «Il y a ce que ça coûte, mais aussi ce que ça rapporte»

Selon Jean-Yves Duclos, les libéraux poursuivent le même objectif que «tous les économistes», soit de réduire à travers le temps le ratio de la dette par rapport au produit intérieur brut. (Photo: La Presse Canadienne)

Le gouvernement fédéral ne doit pas viser à tout prix l’équilibre budgétaire, mais plutôt continuer de prendre en compte le rendement de ses dépenses publiques lorsqu’il s’endette, comme c’est le cas actuellement, a plaidé le ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Jean−Yves Duclos. 

«Il y a ce que ça coûte, mais aussi ce que ça rapporte», a-t-il déclaré mercredi au lendemain d’un énoncé économique que sa collègue ministre des Finances, Chrystia Freeland, continue de signer à l’encre rouge, celle des déficits.

M. Duclos, qui a été longtemps professeur d’économie à l’Université Laval, se faisait questionner à son arrivée au caucus libéral quant à son niveau de confort alors que l’augmentation des taux d’intérêt conduira le gouvernement à dépenser pas moins de 46,5 milliards de dollars (G$) en intérêts pour l’exercice financier courant.

Les libéraux, qui n’ont aucun plan de retour à l’équilibre budgétaire, se fixent l’objectif de maintenir les déficits en dessous de 1% du PIB à partir de 2026−2027.

Les libéraux, a-t-il insisté, poursuivent le même objectif que «tous les économistes», soit de réduire à travers le temps le ratio de la dette par rapport au produit intérieur brut (PIB), un indicateur qui permet de quantifier la production de richesse d’un pays.

«C’est la même chose pour une famille ou pour un couple, a-t-il illustré. Si votre revenu double et que votre hypothèque augmente de 50%, ben vous êtes davantage capable de rembourser l’hypothèque.»

Quelques minutes plus tard, le premier ministre Justin Trudeau a lui aussi affirmé que son gouvernement est à «investir» de manière à «créer de la croissance économique».

Il a mentionné au passage les fonds alloués au logement ou encore dans «l’économie de l’avenir» avec les usines de Northvolt et de Volkswagen.

«On continue de démontrer une responsabilité fiscale, a-t-il poursuivi. On a le meilleur ratio dette−PIB au G7. On a le plus bas déficit du G7. On continue d’avoir une cote AAA par les agences d’évaluation. On est dans une piste responsable et on est en train d’aider les Canadiens.»

 

«Ça n’a pas de bon sens»

Or, les conservateurs ne l’entendent pas ainsi, et leur chef Pierre Poilievre s’est brièvement présenté devant les journalistes pour reprocher aux libéraux leur mise à jour qui n’a «pas de bon sens». Celle−ci se résume, selon lui, à «plus de dettes, plus d’inflation, plus d’intérêts, plus de taxes».

«Le coût du logement a doublé, le loyer a doublé, les hypothèques ont doublé, les premiers versements nécessaires pour une hypothèque ont doublé, a-t-il énuméré. Ça, c’est le résultat de ses programmes. Et qu’est−ce que Justin Trudeau veut faire? Il veut ajouter davantage.»

À l’une des rares questions auxquelles il a répondu, M. Poilievre a déclaré que s’il était porté au pouvoir, il ferait adopter «une loi de gros bon sens qui obligera mon gouvernement de trouver un dollar d’économie pour chaque nouveau dollar de dépenses». C’est ainsi, a-t-il dit, que «les mères monoparentales et les petites entreprises» gèrent leur budget.

Bien que l’énoncé économique de l’automne présenté mardi prévoit 2,1 G$ par année de nouvelles dépenses, en moyenne, sur cinq ans, il s’adonne tout de même à une certaine retenue.

Le document met essentiellement l’accent sur de nouvelles propositions pour répondre à la crise du logement. Ottawa injecte notamment 15 G$ supplémentaires à un programme de prêts pour la construction d’appartements ainsi qu’un milliard de dollars pour du logement abordable. Il étend aussi aux coopératives la mesure visant à exempter de la TPS la construction de logements locatifs.

Le gouvernement fédéral prévoit que le déficit pour l’exercice en cours s’élèvera à 40,0 G$, soit un chiffre pratiquement inchangé par rapport à ses prévisions budgétaires du printemps, avec des déficits diminuant, mais ne disparaissant pas, sur cinq ans.

Michel Saba, La Presse Canadienne