Il s’explique par une hausse des rentrées fiscales qui ont dépassé les attentes.
Six semaines après le dépôt de son budget, le ministre des Finances, Éric Girard, doit revoir la taille du surplus de l’année financière terminée le 31 mars, qui devrait gonfler à 3,6 milliards $, après le versement effectué au Fonds des générations.
Cet écart de 1,1 milliard $ par rapport à la dernière prévision s’explique par une hausse des rentrées fiscales qui ont dépassé les attentes, signale le rapport mensuel des opérations financières au 28 février, publié vendredi après la fermeture des marchés.
En outre, Québec a pu empocher 961 millions $ de plus grâce à des revenus fiscaux plus élevés, une économie du côté du service de la dette attribuable à des taux d’intérêt moins élevés et d’autres baisses de dépenses. Le froid hivernal mordant a fait grimper la facture de chauffage des Québécois, ce qui a permis à Hydro-Québec d’envoyer 100 millions $ de plus à son actionnaire.
« Ce ne sont pas nos prévisions économiques qui ne sont pas justes, a expliqué M. Girard au cours d’un entretien téléphonique. Ce sont des rentrées fiscales imprévues non récurrentes. On apprécie néanmoins cela. »
N’empêche, à la fin du mois de février, les finances publiques affichaient un excédent de 9,1 milliards $, une somme qui ne tient toutefois pas compte du 2,83 milliards $ envoyé au Fonds des générations. M. Girard estime que l’on confirmera que les quelque 2,7 milliards $ de dépenses qui étaient prévues en mars ont été effectuées.
Le gouvernement Legault précise toutefois qu’il reste « plusieurs analyses » à réaliser avant de pouvoir confirmer avec certitude l’excédent ainsi que les autres données budgétaires, ce qui sera fait en juin, comme à l’habitude.
En vertu de la mise à jour qui vient d’être effectuée, on devrait s’attendre à des variations moins importantes de la taille de l’excédent, a indiqué M. Girard.
Pour la dette
Toutefois, les contribuables qui s’attendent à ce que le gouvernement Legault retourne le 1,1 milliard $ qui s’ajoute au surplus budgétaire initialement prévu resteront sur leur faim.
« Nous sommes au mois de mai, je n’ai aucune capacité à dépenser de l’argent (pour l’exercice qui s’est terminé le 31 mars), a dit le ministre des Finances. Cette somme (supplémentaire) va réduire la dette du Québec. »
Pour la période de 11 mois terminée le 28 février dernier, les revenus autonomes, qui excluent les recettes générées par les sociétés d’État comme Hydro-Québec, Loto-Québec et la Société des alcools du Québec, atteignaient près de 59 milliards $, en hausse de 8,2 %, ou 4,5 milliards $.
Plus précisément, l’impôt prélevé sur le revenu des particuliers a permis à Québec d’empocher 1,8 milliard $ de plus, alors que pour celui des entreprises, c’est 1,1 milliard $ supplémentaire qui a été récolté. Les taxes à la consommation ont aussi généré 697 millions $ de plus.
De leur côté, les dépenses de programmes étaient de 67,2 milliards $, en hausse de 5,3 %, ce qui est inférieur à la cible de croissance de 6,1 % du budget déposé en mars dernier par M. Girard.
Quelque 19 milliards $ en transferts fédéraux avaient été reçus par l’État québécois à la fin du mois de février, en hausse de quatre pour cent. Selon le budget Girard, cette somme devrait être de 21 milliards $.
Les sociétés d’État ont également été plus performantes, puisqu’en date du 28 février, elles avaient permis au gouvernement Legault d’empocher 4,4 milliards $, soit 8,9 % de plus comparativement à la période correspondante de l’exercice précédent.
Pas de changement
Même si les chiffres sont meilleurs que prévu, M. Girard n’a pas modifié sa prévision pour l’exercice en cours, où l’on devrait atteindre l’équilibre budgétaire, sans toutefois dégager un surplus.
« La Banque du Canada a abaissé à 1,2 % sa prévision de croissance du produit intérieur brut, a-t-il rappelé. Il y a des facteurs qui peuvent améliorer la situation budgétaire, mais d’autres peuvent l’influencer négativement. »
Néanmoins, dans un contexte où les taux d’intérêt ne semblent pas sur le point de repartir à la hausse, cela procure une marge de manœuvre d’environ 200 millions $ au ministre étant donné que la facture du service de la dette est moins salée.