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Aux États-Unis, le secteur des fusions-acquisitions attend la fin de l’ère Biden

AFP|Publié le 28 août 2024

Aux États-Unis, le secteur des fusions-acquisitions attend la fin de l’ère Biden

L'actuel président américain Joe Biden (Photo: Getty Images)

Le prochain départ de Joe Biden, fervent défenseur de la concurrence au bénéfice du consommateur, marquera-t-il le retour des grandes opérations de fusion dans l’économie américaine, vis-à-vis desquelles le président sortant s’est toujours montré méfiant?

Signe de sa volonté régulatrice, Joe Biden avait nommé les défenseurs de la concurrence Lina Khan à la tête de la FTC – l’autorité américaine de la concurrence – et Jonathan Kanter comme ministre adjoint de la Justice, avec pour mission de renforcer la supervision du gouvernement en la matière.

Les opérations de fusion-acquisition ont dès lors été étudiées en prenant en compte leur impact sur les salariés, mais aussi la possibilité pour d’autres entreprises d’entrer sur les marchés concernés.

Un renforcement des règles qui, selon la profession, est venu augmenter le coût de ces opérations, Lina Khan et Jonathan Kanter assurant de leur côté avoir découragé les transactions les plus problématiques.

Avec le départ de Joe Biden, le petit monde des fusions-acquisitions envisage la suite, alors que la présidentielle du 5 novembre se jouera entre la vice-présidente Kamala Harris et l’ancien président Donald Trump.

Le milliardaire républicain est perçu comme plus favorable aux grosses opérations que la démocrate, même si le colistier de Donald Trump, le sénateur J.D. Vance, a salué le travail de Lina Khan.

Néanmoins, le populisme défendu par Donald Trump «rend difficile de prévoir ce qui pourrait arriver», malgré le pedigree d’entrepreneur du candidat, rappelle Harry First, professeur à l’Université de New York.

Une victoire du républicain «serait plus positive» pour ces opérations, juge un banquier new-yorkais. Mais le risque d’une guerre commerciale avec la Chine suscite des inquiétudes.

Avaler ses concurrents

Joe Biden s’est montré dès le début de son mandat sceptique face aux opérations de fusion, dénonçant que de nombreuses multinationales «avalent leurs concurrents».

Dès juillet 2021, il a signé un décret en faveur de la concurrence et d’une meilleure régulation, une évolution qu’il jugeait nécessaire après ce qu’il estimait être «une expérience» ratée «qui a duré 40 ans, consistant à laisser les multinationales accumuler du pouvoir».

La désignation de Lina Khan à la tête de la FTC, qui a gagné en notoriété en 2017 avec un rapport très critique envers Amazon et la manière dont la régulation de la concurrence avait été menée jusqu’ici, a été un signal clair.

Depuis, le renforcement de la régulation n’a épargné personne, comme l’a rappelé la condamnation début août de Google pour pratiques anticoncurrentielles concernant son moteur de recherche. Des poursuites lancées cependant sous le gouvernement de Donald Trump.

Il n’y a pas eu que des victoires, à l’image de la validation par la justice du rachat d’Activision Blizzard par Microsoft ou de celui de Change Healthcare par UnitedHealth Group.

Peser les risques

Une étude publiée fin 2023 par Ryan Quillian, un ancien membre de la FTC désormais avocat spécialisé au cabinet Covington & Burling, a souligné que la FTC avait lancé moins de procédures sous le gouvernement Biden que sous ses prédécesseurs, en partie, néanmoins, parce que «le discours et la méthode découragent» les opérations de fusions-acquisitions.

Les entreprises prennent en compte le risque de voir la FTC ou le ministère de la Justice intervenir. «Il ne fait aucun doute que les clients y repensent à deux fois avant de se lancer», estime un banquier new-yorkais.

Le Conseil américain de l’investissement (AIC), qui représente le secteur du capital-investissement, est parti en guerre contre une proposition de la Maison Banche qui veut obliger les entreprises à fournir davantage de données sur les conséquences des opérations avant de les lancer.

Ce projet, toujours à l’étude, «va rendre ces opérations encore plus coûteuses», entraînant un ralentissement de l’économie américaine, a assuré fin septembre 2023 l’AIC. Tout cela «au détriment des consommateurs eux-mêmes», selon lui.

La proposition présidentielle sera-t-elle toujours d’actualité une fois les élections passées? Le secteur espère que non, tout comme il espère voir l’attitude de l’exécutif plus conciliante une fois Joe Biden parti.

Mais les procédures pour pratiques anticoncurrentielles continueront de faire l’actualité, en particulier dans le numérique: Apple, Amazon, Google et Meta sont concernés, ce qui pourrait inciter d’autres entreprises à la prudence.