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Grève: «Pas parce qu’on jase qu’on est sur le point de régler»

La Presse Canadienne|Publié le 12 Décembre 2023

Grève: «Pas parce qu’on jase qu’on est sur le point de régler»

Les parties sont donc encore loin d'une entente. (Photo: La Presse Canadienne)

Après avoir parlé d’«avancées réalisées au cours des dernières heures» lundi soir, la FAE a calmé les ardeurs, mardi, justifiant sa déclaration par le fait que le gouvernement «semble enfin vouloir parler également des demandes syndicales, pas seulement des demandes patronales».

«Ce n’est pas parce qu’on jase qu’on est sur le point de régler», a insisté le vice-président à la vie politique de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), Patrick Bydal, mardi, lors d’un point de presse au départ d’une manifestation de ses membres à Montréal.

Les 66 000 enseignants des niveaux primaire et secondaire membres de la FAE sont en grève illimitée depuis le 23 novembre. Toujours aussi mobilisés, ils ont marché en nombre du parc Jeanne-Mance au bureau montréalais du premier ministre François Legault au centre-ville.

Les parties sont donc encore loin d’une entente.

Pourtant lundi en fin d’après-midi, le cabinet de la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, avait rapporté que «d’importantes discussions ont eu lieu avec la FAE dans les derniers jours. Nous avons maintenant sur la table des éléments essentiels pour nous entendre. Malgré certains écarts, nous entrons dans une phase cruciale».

Le changement constaté par la FAE, dans les faits, «c’est qu’enfin le gouvernement semble vouloir parler à la table de négociation non seulement de ses demandes, mais également des demandes des enseignants», a résumé Patrick Bydal.

Il n’a pas voulu donner de détails publiquement sur le contenu de ces négociations. «Il y a des discussions sur l’ensemble des priorités.»

Lundi matin, la FAE avait révélé avoir fait une concession, qu’elle qualifiait de très importante, quant à l’affectation d’enseignants aux classes au mois de juin plutôt qu’à la rentrée en août. Mais elle avait déploré que le gouvernement lui avait répondu qu’il lui fallait maintenant faire des compromis sur d’autres sujets.

 

FSE: «si on joue encore à ce qu’on a joué»

Du côté de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE), qui représente la majorité des enseignants du primaire et du secondaire, on n’était pas impressionné par les mouvements des dernières heures aux tables de négociation.

«Dans la semaine à venir ou dans les deux semaines qui nous restent, on pourrait en venir à une entente, mais si on joue encore à ce qu’on a joué hier, non, on ne pourra pas avancer présentement», a rapporté en entrevue Josée Scalabrini, présidente de la FSE.

La FSE, affiliée à la CSQ, représente 95 000 enseignants des niveaux primaire et secondaire. Comme la CSQ fait partie du front commun intersyndical, ses membres sont en grève du 8 au 14 décembre.

Les deux priorités de cette négociation sectorielle pour la FSE sont la composition de la classe et l’allègement de la tâche des enseignants. Les enseignants se retrouvent avec plusieurs enfants, en classe régulière, qui ont des difficultés d’adaptation ou d’apprentissage et ils n’ont pas toujours la formation et le soutien nécessaire pour s’occuper d’eux.

En période de pénurie, Québec martèle qu’il ne peut pas ajouter des enseignants qu’il n’a pas, soit pour alléger la tâche des enseignants, soit pour abaisser les ratios maître/élèves.

Mme Scalabrini se dit consciente du problème de pénurie d’enseignants. Elle évoque un plan qui ne bouleverserait pas les façons de faire du tout au tout en quelques mois, mais qui comprendrait des mesures étalées sur quelques années, afin de redonner espoir aux enseignants quant aux allègements à venir à leur tâche.

Il faut «trouver une façon de compenser, pour un certain temps, pour du temps qui est fait, mais donner le signe positif aux enseignants que oui, on a compris le message, que les services seront au rendez-vous; l’aide s’en vient et qu’on va alléger leur tâche dans les années à venir», explique la dirigeante syndicale.

La négociation se poursuivait encore, mardi après-midi, à la FSE.

 

Par Lia Lévesque