Kamala Harris (Photo: Andrew Harnik / Getty Images)
Washington — S’attaquer à la crise du logement et soutenir le pouvoir d’achat des familles à coups de mesures fiscales ou réglementaires: la vice-présidente américaine Kamala Harris a dévoilé vendredi son programme économique, immédiatement qualifié de «communiste» par son rival républicain pour la Maison-Blanche, Donald Trump.
La démocrate de 59 ans, qui a repris le flambeau après le retrait du président Joe Biden, se rend dans la journée en Caroline du Nord (sud-est) pour présenter son projet de vive voix, mais son équipe de campagne a d’ores et déjà dévoilé quelques mesures phares.
Parmi elles: la construction de trois millions de nouveaux logements afin de faire face à la «pénurie», une aide pour les primo-accédants pouvant aller jusqu’à 25 000 dollars américains ($US) d’apport à l’achat, ou encore des lois censées décourager la spéculation immobilière.
Kamala Harris promet aussi d’aider les familles avec des coups de pouce fiscaux, en particulier via un nouveau crédit d’impôt pour celles avec des nouveau-nés, pouvant aller jusqu’à 6 000$US.
La candidate démocrate entend par ailleurs s’attaquer aux entreprises qui «gonflent» les prix de manière indue, en particulier pour les denrées alimentaires.
La vice-présidente a aussi des projets en matière de santé: elle veut étendre à toute la population un dispositif qui plafonne à 35$US par mois le coût de l’insuline pour les seniors, et s’attaquer aux dettes contractées par les Américains pour se soigner.
Là où Joe Biden avait tout misé sur les grands investissements et la création en masse d’emplois industriels, Kamala Harris opte donc pour une approche à taille plus humaine, autour de quelques propositions qu’elle espère concrètes et accrocheuses.
Elle sait à quel point le coût de la vie toujours élevé a politiquement plombé le mandat du démocrate de 81 ans, en dépit de la croissance robuste, de l’emploi florissant et du recul progressif de l’inflation.
«Communisme»
«La camarade Harris à fond dans le communisme!» a réagi vendredi l’ancien président Donald Trump, qui s’en prend en particulier à la volonté affichée de sa rivale de contenir certains prix.
Le terme a évidemment une connotation péjorative particulièrement forte aux États-Unis.
«Il y a eu dans l’histoire de multiples tentatives de plafonner les prix et elles ont échoué parce qu’elles ont toujours conduit à des queues devant les magasins, des pénuries et une explosion des inégalités», a critiqué le milliardaire républicain de 78 ans.
L’équipe de campagne de Kamala Harris accuse elle le candidat républicain de préparer des cadeaux fiscaux à «ses amis ultra-riches».
Le camp de la démocrate fait par ailleurs valoir que la hausse de taxes douanières envisagée par Donald Trump ferait flamber l’inflation.
Selon un sondage publié vendredi de l’université du Michigan, 41% des consommateurs estiment que la vice-présidente est une meilleure candidate pour l’économie, 38% pensant au contraire que Donald Trump est le bon choix dans ce domaine.
Un revers pour le républicain, ancien homme d’affaires, qui avait toujours largement dominé Joe Biden dans ce type d’enquêtes d’opinion.
La démocrate avait d’ores et déjà provoqué la fureur de Donald Trump en proposant récemment de supprimer les taxes sur les pourboires touchés dans l’hôtellerie-restauration et les autres activités de services. Le républicain l’a accusée de «plagier» l’une de ses idées.
Elle a aussi promis, en cas de victoire le 5 novembre, d’augmenter le salaire minimum.
Là où Joe Biden a dû se débattre face à une économie frôlant la surchauffe, avec des prix en forte hausse, la vice-présidente devra peut-être s’armer contre le scénario inverse: celui d’un refroidissement trop fort.
Le 5 août, les marchés mondiaux ont envoyé une sorte d’avertissement, avec une journée boursière noire, alimentée par des craintes de récession de la première puissance mondiale.