«Je promets d'être la présidente de tous les Américains», a dit la vice-présidente de 59 ans sous les ovations assourdissantes des milliers de délégués. (Photo by CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
Chicago — Kamala Harris a voulu «tracer un nouveau chemin» d’unité en acceptant jeudi l’investiture du Parti démocrate pour la présidentielle de novembre, qui l’opposera à Donald Trump.
«Je promets d’être la présidente de tous les Américains», a dit la vice-présidente de 59 ans, vêtue d’un tailleur-pantalon sombre, sous les ovations assourdissantes des milliers de délégués.
Dans un discours plein d’autorité, souvent solennel, Kamala Harris a parfois pris des accents résolument patriotiques : «Dans le combat de toujours entre la démocratie et la tyrannie, je sais où je suis. Et je sais où doivent se tenir les États-Unis», a-t-elle déclaré.
Après avoir fini, sous la traditionnelle avalanche de ballons aux couleurs de l’Amérique, elle est restée sur scène à savourer l’exaltation, rejointe par son mari Doug Emhoff ainsi que par son colistier Tim Walz et des membres de leurs familles.
«Au nom de tous les Américains, peu importe leur parti, leur race, leur genre», «au nom de tous ceux dont l’histoire ne peut s’écrire que dans la plus grande nation du monde, j’accepte votre nomination pour devenir présidente des États-Unis», a lancé la candidate.
«Elle a voulu non seulement nous rassembler et nous rassurer, mais aussi en appeler au camp adverse», a réagi Shani Henry, une déléguée du Montana.
Pour le plus grand discours de sa vie, la Californienne avait choisi comme fil rouge le parcours de sa mère, indienne.
«J’ai vu comme le monde la traitait parfois. Mais ma mère n’a jamais perdu son calme. Elle était forte, courageuse», a affirmé la candidate, ajoutant avoir appris d’elle «à ne jamais (se) plaindre de l’injustice, mais à agir contre».
«Ami-ami»
Kamala Harris a évidemment attaqué avec force son adversaire républicain.
«Nous savons à quoi ressemblerait un second mandat de (Donald) Trump. Tout est écrit dans le Projet 2025», a-t-elle déclaré en référence à un programme ultraconservateur confectionné par des proches du milliardaire dont l’objectif est, selon elle, de «ramener notre pays des années en arrière».
«Contrairement à Trump, je ne ferai pas ami-ami avec les dictateurs», a-t-elle ajouté, en promettant son soutien à l’Ukraine et à Israël, mais aussi l’«autodétermination» pour les Palestiniens.
L’ancienne procureure de Californie a parlé de réformer un système d’immigration «défaillant», de promouvoir une économie «qui permette à chacun de réussir» et de rétablir une garantie du droit à l’avortement dans tout le pays.
L’essentiel pour elle n’était toutefois pas de détailler un programme, mais bien de convaincre l’Amérique de sa stature présidentielle.
«Je serai une présidente qui nous réunit autour de nos plus hautes aspirations. Une présidente qui dirige et écoute», a déclaré Kamala Harris.
Gravité
Son allocution, même accompagnée de clameurs, a apporté une soudaine gravité à la convention démocrate, qui depuis lundi s’est déroulée dans une atmosphère de fête, avec une salle souvent transformée en vaste discothèque.
Mais point de Beyoncé. Les réseaux sociaux ont bruissé de rumeurs toute la journée sur une venue de l’immense vedette, qui a donné à la campagne son hymne officiel avec sa chanson «Freedom».
Devant Kamala Harris, la grande majorité des représentants et représentantes venus de tous les États américains portaient du blanc.
Cette couleur, associée aux grands combats politiques des femmes, témoigne de leur espoir de la voir devenir la première femme à diriger les États-Unis, après le scrutin du 5 novembre.
Son adversaire républicain, qu’elle affrontera lors d’un premier débat le 10 septembre, a inondé son réseau social de messages pendant le discours de la vice-présidente, en évoquant le «pire discours jamais prononcé» et en affirmant : «ELLE A FAIT DE NOUS UNE NATION EN DÉCLIN.»
Les sondages donnent à Kamala Harris une légère avance dans les intentions de vote au niveau national.
Ce n’est en rien une garantie de victoire, à 74 jours d’un scrutin qui se jouera certainement, comme en 2016 et 2020, dans une poignée d’États clés.
Tant de choses peuvent se passer d’ici là. En quatre semaines ahurissantes, l’Amérique a bien vu son actuel président, Joe Biden, abandonner sa candidature et son ancien président, Donald Trump, être victime d’une tentative d’assassinat.
Vendredi, les lignes pourraient bouger encore. Selon les médias américains, le candidat indépendant Robert F. Kennedy Jr va jeter l’éponge et apporter son soutien au milliardaire républicain.
«Mettons-nous au boulot», a écrit sur X l’ancien président Barack Obama, dont la campagne de 2008 a été constamment évoquée cette semaine à Chicago, après le discours.