Inflation: Trudeau dévoile un plan pour aider les Canadiens
La Presse Canadienne|Publié le 13 septembre 2022Le premier ministre Trudeau annonce les premières nouvelles mesures libérales pour répondre directement à la crise du coût de la vie. (Photo: La Presse Canadienne)
St-Andrews — Des ministres libéraux ont déclaré mardi que le gouvernement de Justin Trudeau était à l’écoute des Canadiens qui se démènent avec l’inflation, et ils ont rejeté les critiques du nouveau chef conservateur selon lesquelles ils faisaient partie d’une «coalition woke radicale» avec le NPD.
Le premier ministre Trudeau annonce finalement mardi les premières nouvelles mesures libérales pour répondre directement à la crise du coût de la vie, alimentée par un taux d’inflation qui a atteint en moyenne près de 6% entre janvier et juillet au Canada.
Le gouvernement libéral avait déclaré jusqu’ici qu’il aidait les Canadiens par le biais de politiques publiques existantes, comme le programme national de garderies et les indexations annuelles automatiques de prestations, telles que le remboursement de la TPS et l’Allocation canadienne pour enfants.
Les libéraux rappelaient aussi les promesses contenues dans le budget de 2021 d’augmenter les prestations pour les personnes âgées et les travailleurs à faible revenu.
M. Trudeau doit présenter maintenant le plan visant à doubler le remboursement de la TPS, à mettre en place une prestation de soins dentaires pour la plupart des familles avec des enfants de moins de 12 ans, et à verser un paiement unique de 500$ aux locataires à faible revenu.
«Nous avons passé beaucoup de temps à écouter les Canadiens d’un océan à l’autre cet été», a assuré M. Trudeau lundi dans son discours d’ouverture de la retraite libérale du caucus, à St. Andrews, au Nouveau-Brunswick.
«Nous avons entendu des parents qui s’inquiétaient du coût élevé de l’épicerie ou qui devaient piger dans leurs économies. Nous avons entendu des infirmières et des travailleurs de la santé, au bout du rouleau, travaillant plus dur que jamais, qui se sentaient écrasés et sous-estimés.»
Les libéraux craignaient qu’en injectant trop d’argent dans les poches des Canadiens, ils alimentent la demande des consommateurs et aggravent l’inflation, comme le prévenaient plusieurs économistes.
Ainsi, l’économiste en chef de Marchés des capitaux CIBC, Avery Shenfeld, notait la semaine dernière que les provinces avaient déjà commencé à distribuer des montants forfaitaires à grande échelle pour apaiser les électeurs préoccupés par l’inflation, et il estimait qu’Ottawa ne devrait pas emboîter le pas.
«À moins de cibler de manière très pointue pour n’atteindre que ceux qui ont le plus besoin d’aide pour mettre du pain sur la table, ou mieux encore, de financer [ces chèques] en compensant par des réductions de dépenses ailleurs, cela ajoute à la pression inflationniste dans l’économie en augmentant le pouvoir d’achat» des consommateurs, estime l’économiste de la CIBC.
Entente avec le NPD
Les annonces fédérales de mardi ciblent les Canadiens à revenu faible et moyen. Le nouveau plan devait être dévoilé la semaine dernière, lors d’une retraite du cabinet libéral à Vancouver, mais le dévoilement a été reporté à la suite du décès de la reine Élisabeth II jeudi.
Les libéraux ont été critiqués par les partis d’opposition pendant des mois pour ne pas être intervenus plus tôt face à cette poussée inflationniste. Le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, a déclaré en entrevue que de nombreux Canadiens s’endettent pour mettre de la nourriture sur la table, puis paient des taux d’intérêt plus élevés sur cette dette parce que la Banque du Canada augmente les taux pour tenter de juguler l’inflation.
«Si vous vous souvenez bien, nous disions déjà au gouvernement dès le mois de mai […] que ce sont deux pressions qui ne font que compliquer la vie de ceux qui se sentent déjà coincés: ça ne fait qu’empirer les choses», a soutenu M. Singh.
Alors que le prix de l’essence a commencé à baisser en juin, le coût des produits de première nécessité, y compris les aliments, a augmenté de 10% par rapport à il y a un an, et les coûts du logement ont également grimpé en flèche depuis la pandémie.
Les nouvelles politiques du gouvernement libéral sont toutes tirées des demandes formulées par les néo-démocrates, dont deux auxquelles les libéraux se sont engagés dans le cadre de l’«entente de soutien et de confiance» conclue par les deux partis en mars dernier.
En vertu de cette entente, le Nouveau Parti démocratique (NPD) a accepté d’appuyer le gouvernement minoritaire sur des votes clés aux Communes, en échange de la mise en œuvre par les libéraux de certaines priorités néo-démocrates. Les soins dentaires et l’allocation logement sont explicitement inclus.
Le NPD avait également demandé aux libéraux de doubler le remboursement de la TPS et d’élargir l’Allocation canadienne pour enfants, bien que ces demandes ne fassent pas partie de l’entente.
«Nous estimons qu’il s’agit d’un point de départ, a déclaré M. Singh à propos de l’annonce de mardi. C’est quelque chose pour lequel nous nous étions battus, nous les avons forcés à le faire. Ils n’auraient pas fait cela sans nous, et ils ne pourront pas le faire adopter sans nous en Chambre. Mais nous pensons toujours que d’autres étapes sont nécessaires.»
Le nouveau chef conservateur, Pierre Poilievre, critique sévèrement cette entente entre les libéraux et néo-démocrates, en parlant de «coalition woke radicale».
«Franchement, je ne sais même pas ce que ça veut dire exactement être “’woke”, a déclaré mardi le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, à l’aube de la dernière journée de réunions du caucus libéral. Je travaille pour servir les Canadiens, et les Canadiens nous ont demandé pendant trois élections consécutives d’en faire plus, et de le faire plus rapidement, en matière de lutte contre les changements climatiques.»
Le ministre de l’Innovation, François-Philippe Champagne, a soutenu qu’il n’était pas «woke» et que personne dans sa famille «ne croit cela non plus». Il assure que l’équipe libérale est «pleinement déterminée à travailler sur trois choses: l’économie, l’économie, l’économie».