«Je ne considère pas que l’Assemblée nationale et ses membres sont racistes», dit Haroun Bouazzi
La Presse Canadienne|Publié il y a 42 minutes | Mis à jour il y a 11 minutesLe critique de Québec solidaire en matière de finance, Haroun Bouazzi (Photo: Jacques Boissinot La Presse Canadienne)
Québec — Alors que la controverse se poursuit au sujet des propos du député solidaire Haroun Bouazzi concernant du racisme allégué à l’Assemblée nationale, le principal intéressé a finalement fait acte de contrition mardi.
«Je réaffirme mon engagement à travailler aux côtés de mes collègues du caucus solidaire, au service de notre mouvement et des causes qu’il défend pour améliorer la vie des gens. En ce sens, je me joins à elles et eux pour dire que je ne considère pas que l’Assemblée nationale et ses membres sont racistes et qu’il ne s’agit pas de la position du parti», a-t-il écrit sur le réseau social X.
Le député solidaire poursuit son message en affirmant qu’il tient à «assurer particulièrement mes collègues parlementaires Lionel Carmant et Christian Dubé de mon estime».
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«Les exemples qui les concernent et dont j’ai parlé lors de mon entrevue à Tout un matin étaient certainement maladroits. Je m’excuse de cette maladresse qui a éclipsé le fond de mon propos et de ma pensée qui, comme mon historique d’engagement antiraciste en atteste, n’a jamais consisté à cibler des personnes», a-t-il ajouté.
M. Bouazzi a écrit ce message après un caucus d’urgence avec ses collègues solidaires qui s’est tenu mardi matin à l’Assemblée nationale. À la sortie de cette rencontre, aucun député solidaire n’a fait de commentaire malgré les questions des journalistes. Les visages étaient cependant longs et les mines basses.
Haroun Bouazzi est au centre d’une controverse en raison des propos qu’il a tenus au gala de la Fondation Club Avenir: «Dieu sait que je vois ça à l’Assemblée nationale tous les jours, la construction de cet Autre, de cet Autre qui est maghrébin, qui est musulman, qui est noir, qui est autochtone, et de sa culture qui, par définition, serait dangereuse ou inférieure», avait-il alors déclaré.
Il a été rappelé à l’ordre par les deux co-porte-parole du parti, Gabriel Nadeau-Dubois et Ruba Ghazal, qui ont affirmé que ses déclarations étaient «maladroites, exagérées et polarisantes». Malgré tout, M. Bouazzi avait persisté et signé lors d’une entrevue à la radio de Radio-Canada vendredi matin, en ciblant entre autres les ministres Christian Dubé et Lionel Carmant ainsi que le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon.
Mardi matin, avant la réunion du caucus, la députée solidaire Christine Labrie s’est fait demander si M. Bouazzi devait rester au caucus.
«Haroun va prendre ses propres décisions, a-t-elle répondu. Ce que je peux vous dire, c’est que ses propos me rendent extrêmement mal à l’aise, je ne les partage pas.
«La notion que les membres de l’Assemblée nationale sont racistes, on n’y adhère pas à Québec solidaire», a-t-elle ajouté.
Front commun des autres partis
Les trois autres partis politiques comptent faire front commun mardi en déposant chacun une motion pour dénoncer les propos de l’élu solidaire.
La motion de la Coalition avenir Québec (CAQ) réclame notamment que M. Bouazzi retire ses propos et s’excuse auprès de tous les membres de l’Assemblée nationale «qui ont été visés par ses accusations de racisme».
Celle du Parti québécois (PQ) vise à ce que les élus affirment qu’aucun des membres de l’Assemblée nationale «n’est motivé par le racisme et la construction négative ou inférieure de “l’Autre” et dénonce fortement tout propos en ce sens».
Enfin, la motion du Parti libéral du Québec (PLQ) demande que le Parlement du Québec «se dissocie de toute déclaration suggérant que cette Assemblée et ses membres sont racistes».
Dimanche dernier, les délégués de QS qui étaient réunis en congrès se sont montrés divisés: 11 associations de circonscription, avec le Réseau militant intersyndical et la Commission nationale des femmes, ont appuyé publiquement les propos de M. Bouazzi.
Les délégués ont finalement adopté une résolution d’urgence mi-figue mi-raisin pour tenter de mettre fin à la controverse.
Cette motion dénonce «l’instrumentalisation injustifiée dont sont régulièrement victimes les personnes immigrantes», tout en maintenant n’avoir jamais soutenu que «l’Assemblée nationale et ses membres sont racistes».
À l’issue de ce vote, le co-porte-parole de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, avait dit estimer que le dossier était clos.
Par Caroline Plante et Thomas Laberge