Elon Musk, PDG de Tesla, sautille sur scène pour rejoindre l'ancien président et candidat républicain à la présidence Donald Trump. (Photo: Jim Watson / AFP / Getty Images)
Avec son plein soutien à la campagne électorale de Donald Trump, le patron de Tesla Elon Musk ne parie pas uniquement sur le retour de l’ex-président à la Maison-Blanche, mais souligne également sa volonté durable de peser sur les décisions du monde.
Début octobre, le milliardaire est apparu pour la première fois à une réunion politique, bondissant sur scène alors qu’il rejoignait Trump, et devenant par la même occasion une nouvelle source de mémes, ces images détournées qui pullulent sur son réseau social, X.
Dans la foulée, une interview accordée à l’éditorialiste conservateur Tucker Carlson a retenu l’attention, entre blagues sur des tentatives d’assassinat de la candidate démocrate Kamala Harris, et inquiétude sur son avenir en cas de défaite de Donald Trump.
«S’il perd, je suis foutu», a-t-il candidement déclaré.
Car Elon Musk a tout misé sur l’ex-président, dépensant des dizaines de millions de dollars en faveur de sa campagne et se déclarant disponible pour un éventuel poste gouvernemental en cas de victoire.
Pour beaucoup, le virage à droite toute d’Elon Musk ne vient pas de nulle part: certains rappellent qu’il a grandi en Afrique du Sud durant l’Apartheid, estimant que ce passé pouvait peser sur sa vision du monde aujourd’hui, notamment sur les questions démographiques et migratoires.
Le patron de Tesla assure régulièrement, sans preuve, que les migrants menacent la démocratie américaine, reprenant à son compte la théorie du «grand remplacement», déjà présente en Afrique du Sud durant son enfance.
«Dans les années 80, le cauchemar des Sud-Africains blancs était qu’un jour les Noirs se soulèvent et les massacrent», a rappelé l’éditorialiste britannique Simon Kuper dans le Financial Times.
Mais des expériences personnelles plus récentes ont pesé sur son évolution politique, au premier rang desquelles le changement de nom et de sexe de sa fille, Vivian, en 2022, à l’âge de 18 ans.
Pour Elon Musk, son enfant a été «tuée» par le «virus woke» promu par l’école élitiste californienne où sa fille étudiait, participant au durcissement de son discours politique.
Son soutien à Donald Trump n’est pas non plus sans intérêt professionnel, alors que ses entreprises évoluent dans des secteurs particulièrement régulés et entrent régulièrement en conflit avec les autorités.
Risque pour Tesla
Avec Trump à la Maison-Blanche, Musk pourrait potentiellement «être responsable de sa propre régulation, lui donnant la possibilité de faire absolument ce qu’il veut», souligne Rob Enderle, analyste pour Enderle Group.
En l’espèce, Elon Musk dispose d’un réel instrument d’influence, grâce à X et plus particulièrement son compte sur la plateforme, suivi par plus de 200 millions de personnes, où il donne un écho aux contenus controversés, voire à de la désinformation, proches des idées défendues par Donald Trump.
Plus encore, la quasi-absence de modération offre une chambre d’écho aux mensonges ou distorsions de la réalité promues par des comptes proches de l’ex-président.
«Avoir le soutien de quelqu’un comme (Elon) Musk, avec son propre réseau social, n’est pas la même chose qu’avoir son soutien en tant que simple individu», estime Sophie Bjork-James, professeure d’anthropologie à l’Université Vanderbilt.
Et il va plus loin: récemment, le comité de soutien lancé par Elon Musk a promis de payer 47 dollars toute personne amenant un électeur d’un État clé à signer une pétition en faveur de la liberté d’expression et du port d’armes à feu, «argent facile», a posté Elon Musk sur son profil.
«Son influence réside dans son argent, son comité de soutien et X. Et il n’a aucun problème à les employer pour Trump, même s’il s’agit de mettre en avant des mensonges qui l’aideraient», explique Larry Sabato, professeur à l’Université de Virginie.
Ses soutiens voient son implication politique comme l’extension naturelle de sa réussite professionnelle.
«Quasiment systématiquement, les innovations portées par Musk venaient s’ajouter à des choses que le gouvernement voulait faire, mais il le faisait mieux», estime pour le Washington Examiner le professeur Paul Sracic, de l’Université Youngstown State.
Son orientation politique commence pourtant à changer la perception générale à l’égard de ses entreprises, comme Tesla, «qui n’est plus le premier choix pour montrer votre engagement environnemental», souligne Mark Hass, qui conseille de nombreuses grandes entreprises.
Son implication politique est néanmoins une nouveauté dans le paysage politique américain: un géant de la technologie, très riche, avec une énorme influence médiatique, aux penchants autoritaires, détaille Mark Hass, et qui pourrait, en cas de pari gagnant, devenir «le roi du monde».