(Photo: Adam Nieścioruk pour Unsplash)
SIGNAUX FORTS. La troisième vague de COVID-19 en Europe et au Canada est malheureusement venue confirmer que la crise sanitaire n’était pas terminée. L’évolution de la maladie reste très difficile à prévoir, mais il est tout de même rassurant de constater que les pays et les groupes qui ont été fortement vaccinés semblent, pour le moment, bien résister à cette nouvelle vague. Alors que les programmes de vaccination continuent de s’accélérer, on peut donc toujours espérer le retour à une certaine normale au courant de l’été prochain, mais il faudra continuer de surveiller de près l’évolution de la maladie.
Étant donné les généreux programmes d’aide du gouvernement américain, et alors que la résilience de l’économie canadienne quant à la deuxième vague a dépassé toutes les attentes, nous jugeons que les perspectives économiques nord-américaines demeurent très favorables. Certaines industries touchées directement par les mesures de distanciation physique risquent de connaître encore des difficultés pendant plusieurs trimestres, mais la vigueur exceptionnelle dans d’autres secteurs, dont ceux de l’immobilier résidentiel, des matières premières et de la fabrica-tion, laisse entrevoir que les PIB réels dépasseront prochainement leur niveau prépandémie. Le rétablissement complet du marché du travail s’annonce un peu plus long, mais, là aussi, les perspectives et les derniers résultats sont encourageants. Au bout du compte, il semble que le choc de la COVID-19 en Amérique du Nord aura été très intense, mais de courte durée pour l’économie dans son ensemble.
Les budgets présentés récemment au Québec et en Ontario montrent toutefois que les conséquences pour les finances publiques s’annoncent beaucoup plus durables. Les coûts liés à la pandémie ont été très importants et la crise sanitaire a fait ressortir le besoin de réinvestir dans le secteur de la santé, particulièrement dans les soins aux personnes âgées. Le gouvernement du Québec prévoit ainsi un retour à l’équilibre budgétaire seulement à l’exercice 2027-2028, en supposant qu’un manque à gagner de 6,5 G$sera résorbé d’ici là. La situation de l’Ontario paraît encore plus difficile alors qu’un solde budgétaire positif n’est prévu qu’en 2029-2030.
Le budget fédéral sera présenté le 19 avril prochain, mais on sait déjà que l’élimination rapide des déficits n’est pas envisageable, tout comme aux États-Unis et dans la plupart des pays développés. On comprend parfaitement les gouvernements de continuer de prioriser la lutte contre la COVID-19 et la relance économique plutôt que l’assainissement des finances publiques. Des investissements visant à aider l’économie à s’adapter à la nouvelle réalité et à augmenter son potentiel de croissance semblent aussi pleinement justifiables. Il y a toutefois un risque à prolonger trop longtemps les déficits puisque plus le temps passe, plus la probabilité augmente qu’une hausse des taux obligataires ou qu’un nouveau ralentissement économique ne viennent compliquer encore plus la situation des finances publiques. À un moment où on peut espérer que la croissance économique dépasse les projections des gouvernements à court terme, il pourrait être souhaitable d’utiliser les revenus budgétaires supplémentaires qui en découleraient pour accélérer la réduction des déficits.